dimanche 14 octobre 2012

Chronique - Un peu de ciel bleu en direct de Roswell


Un ciel bleu, quelques nuages d'altitude. Mardi après-midi, durant de longues minutes, je scrute cet azur immobile. Pourtant je ne suis pas dehors. Au contraire, calé devant mon écran d'ordinateur, je suis censé travailler. La curiosité (et une bonne connexion internet) m'ont entraîné devant la retransmission, en direct sur Youtube, du saut en chute libre de Felix Baumgartner depuis la stratosphère. Ce casse-cou autrichien veut battre deux records : d'altitude (36.576 mètres) et de vitesse (atteindre le mur du son soit 1227,6 km/h). 

Un exploit très médiatisé car sponsorisé par une boisson énergisante présumée vous donner des ailes. Alors voilà plus d'un quart d'heure que je contemple cette image fixe du ciel bleu de Roswell. Rien ne bouge. J'attends. Je rêvasse. Une soucoupe volante va-t-elle surgir ? Ou Baumgartner à la vitesse d'une balle de pistolet ? En fait je ne sais pas si l'expérience a débuté. Seule certitude : comme moi, plus de 800 000 personnes dans le monde sont connectées et scrutent cette immensité. Je passe en mode plein écran. Guère plus concluant. 

Catastrophe, mon chef approche. Je ripe sur Echap, la touche magique qui permet de faire disparaître la vidéo. Le ciel bleu continue d'illuminer mon écran. Pris en flagrant délit de glandage. « Ah, toi aussi tu regardes le saut ? Je crois que ça va être annulé, trop de vent... » Sauvé, il a délaissé son édito pour un pan de ciel bleu. Et je me rattrape comme je peux... « Euhhh, je crois que je vais en faire mon sujet de chronique de demain... »

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce jeudi en dernière page de l'Indépendant.

samedi 13 octobre 2012

Chronique - Les « plus » de Facebook, nouveau dada des sociologues

S'il en est bien dont le succès de Facebook booste les carrières ce sont les chercheurs en sociologie. Pas un jour ne passe sans que les journaux ne décryptent une étude comportementale sur les habitudes du milliard d'utilisateurs du troisième pays (virtuel) le plus peuplé de la planète.

Après « Pourquoi les utilisateurs du réseau social sont-ils plus méchants que la moyenne des gens ? », une nouvelle étude démontre que « plus on est sur Facebook, plus on est en surpoids et à découvert. »
Dans le même temps, des chercheurs de l'université de Chicago affirment que « consulter Facebook et Twitter semble plus tentant que d'avoir des relations sexuelles ou de fumer une cigarette. »
Une constante dans ces études : plus on est sur Facebook, moins on a de qualités... Au final, si l'on additionne tous les résultats, le portrait type d'un utilisateur a tout du monstre : un être renfrogné, détestant les vrais gens, gros, pauvre, méchant et affabulateur. Le portrait craché du regretté "Gros Dégueulasse" de Reiser (illustration)... Pas étonnant dans ces conditions s'il se tourne vers des amis « virtuels ».
A moins que ces adeptes de Facebook fassent eux aussi partie du domaine de l'imaginaire. Quel outrecuidant irait vérifier la pertinence d'études de prétendus chercheurs qui passent leur temps à diaboliser le grand méchant Facebook et si ça se trouve, sont encore plus asociaux que les cobayes débusqués sur le net ? Reste à analyser l'étude ultime, celle encore à réaliser qui démontrera, à coup sûr, que « plus on est sur Facebook, plus on se prend pour des chercheurs en sociologie qui ont réponse à tout. »
 
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce samedi en dernière page de l'Indépendant.

BD - Justiciers galactiques dans Orbital de Pellé et Runberg



La bande dessinée de science-fiction a toujours été très présente dans les présentoirs des librairies. Mais les vrais amateurs n'ont pas eu grand chose d'intéressant à se mettre sous les yeux depuis la fin de Valérian. Heureusement est arrivé Orbital de Runberg (scénario) et Pellé (dessin). 
Du space-opéra intelligent, avec une multitude d'aliens, tous plus originaux les uns que les autres. En quatre albums, Caleb et Mezoke, les deux agents de la confédération, ont conquis des milliers de lecteurs. Le couple est formée d'un humain et d'une extraterrestre, peau noire et yeux en amandes.

Dans la première partie de ce nouveau diptyque, Mezoke se retrouve face aux juges, accusée d'avoir provoqué une catastrophe sur terre. Caleb, dans le coma, est mal en point. Sa collègue, voyant que les dés sont pipés, prend la fuite et fait un détour par l'hôpital pour récupérer Caleb. Complot, jeux de pouvoir, affrontement humains contre aliens : les centres d'intérêt sont multiples. Sans oublier les meurtres de mystérieux hommes masqués réclamant « Justice ».
Un dernier conseil, lisez l'album, puis reprenez-le, juste pour détailler les dessins de Pellé. Il fait partie des très grands !
« Orbital » (tome 5), Dupuis, 14,50 €


vendredi 12 octobre 2012

BD : Les clés d'Ythaq, enjeu du tome 10 de la série de Floch et Arleston


Arleston n'est pas le scénariste d'une seule et unique série. Il a connu le succès avec Lanfeust et les Trolls, mais a lancé une autre série au long cours dans le même genre. « Les naufragés d'Ythaq », en 9 tomes, a bouclé un premier cycle. Le tome 10 est le premier de cette nouvelle série d'aventures pour Callista, Granite et Narvarth. Le trio a quitté Ythaq et rend compte de l'existence de ce monde parallèle aux autorités de Nehorf, la planète primaire de l'univers. Narvarth a les clés pour ouvrir les portes de ce nouveau monde. Mais il n'a pas l'intention de les livrer aux exploiteurs de tous poils. Résultat il est enlevé, avec Granite sa petite amie. Conduits sur une lune privée, ils vont devoir affronter milice, robots mécaniques et grosses bébêtes carnivores dans ce milieu hostile. 
Toujours dessiné par Adrien Floch, la série devient un peu plus sombre, avec de nouveaux personnages négatifs assez inquiétants dont un certain Fludio, amateur de torture et de lames acérées. On retrouve la pâte Arleston avec l'apparition d'une troisième femme dans la vie de Narvarth, une militaire chargée de le protéger. D'un peu trop près selon la jalouse Granite.
« Les naufragés d'Ythaq » (tome 10), Soleil, 13,95 €


mercredi 10 octobre 2012

Roman - "Chaos brûlant" dans la tête de DSK

Un fou, accusé par une amie de viol, se retrouve dans la même cellule que Dominique Strauss-Kahn. Rencontre romancée par Stéphane Zagdanski.

L'affaire DSK, quand elle a éclaté en 2011, a semblé rendre fous les commentateurs. L'énormité de l’événement, la vision du patron du FMI, promis à l’Élysée en 2012, mal rasé, l’œil hagard, menotté, a été un incroyable électrochoc. La folie n'est donc pas absente de ce tremblement de terre médiatique. Tout à été écrit, mais la version, la vision plus exactement, de Stéphane Zagdanski dans « Chaos brûlant » est passionnante et novatrice. Il ne se contente pas des faits. Il raconte le fait divers par l'intermédiaire d'un narrateur qui était aux premières loges.
Sac d'Os est un schizophrène new-yorkais. Accusé de viol par sa petite amie, il est arrêté quasiment au même moment que DSK. Sac d'Os doit son surnom aux tatouages lui recouvrant le corps : un squelette. Quand les policiers l'interrogent, ils ont la bizarre impression de s'adresser à un crâne. L'accusé sait qu'il ne risque rien. Les dénonciations hasardeuses c'est le jeu préféré de sa dulcinée. Dans sa cellule, en attendant d'être relâché, il utilise son don. Il peut lire les pensées de ses voisins. Or, ce jour-là, il est à quelques mètres d’un certain Dominique Strauss-Khan, tout étonné de se retrouver accusé de viol.

Joueur d'échecs
Ce roman propose donc une véritable virée dans la tête de DSK. Une façon pour l'auteur d'élaborer une hypothèse crédible. L'homme politique, très porté sur le sexe, a simplement laissé, une nouvelle fois, parler son instinct. En sortant de la douche, il tombe sur cette Africaine. Il ne lui reste que cinq minutes avant d'aller déjeuner avec sa fille, mais cela lui suffira pour arriver à ses fins après avoir ordonné « Suck my dick ! ». La description de la scène est très crue. Le roman est pourtant beaucoup plus que la relation d'une relation... sexuelle. On apprend nombre de détails sur la personnalité de DSK. Un joueur d'échecs brillant. Il a toujours un coup d'avance. Sauf ce samedi à New York. Stéphane Zagdanski profite également de cette affaire pour plonger le lecteur dans le Manhattan Psychiatric Center, repaire de Sac d'Os et de quelques-uns de ses amis aussi détraqués que lui.

Remise en cause du « système »
Dans de longs dialogues, que l'on imagine aisément sur scène, ils jugent la société. Et leur folie se transforme en clairvoyance. Par exemple un personnage du roman parle de Twitter : « le triomphe du peu ou prou médisant, le bégaiement délationnel à la portée de tous, l'épieur qui pépie pour ne rien dire, le totalitarisme du cancan fragmentaire, l'hyperbolique redondance du creux. » De la même façon les médias traditionnels, la justice, la politique et autres sujets de société sont passés à la moulinette.
C'est parfois presque un essai tant les exemples sont développés et argumentés. On n'est plus dans un roman de fous, ni dans un fait divers sordide. « Chaos brûlant » est un texte visionnaire sur les maux de l'Humanité. D'un cas précis, connu de tous, Stéphane Zagdanski bouleverse toutes nos certitudes. Impossible de ne pas se remettre en question quand on arrive à la fin de ce pavé digne de mai 68 et de toutes les révolutions.

« Chaos brûlant » de Stéphane Zagdanski, Seuil, 21 €

mardi 9 octobre 2012

BD - Épée payante avec "Duelliste" au Lombard


Dans la droite ligne des feuilletonistes du 19e siècle, Emmanuel Herzet signe une nouvelle série de cape et d'épée rondement dessinée par Alessio Coppola, virtuose italien passé par l'école Disney, au trait classique éclatant de réalisme.
L'histoire, qui se passe essentiellement à Paris au temps de Louis XIV, débute en pleine mer. Alors que la tempête fait rage, un enfant naît à bord d'un navire marchand. La mère meurt. Un samouraï, accroché à une épave est recueilli à bord. Le Japonais et le petit garçon ne se quitteront plus. Le bébé s'appelle Antoine Velayne. Devenu adulte, il gagne sa vie en provoquant des duels très lucratifs. Dans son ombre, son père et mentor, Masao, veille. Antoine, fougueux, intempestif, a l'art pour se mettre dans des situations compliquées. Sans le vouloir, il est même au centre d'une intrigue au plus haut niveau de l’État. 
Une BD idéale pour les amoureux d'aventure et personnages au tempérament bien trempé.
« Duelliste » (tome 1), Le Lombard, 14,45 €


Billet - Fantômes urbains : du virtuel au réel sur Google Street View

Du virtuel au réel, des écrans à la rue. La démarche artistique de Paolo Cirio, artiste hacker, si elle ne révolutionne pas l'art contemporain, a le mérite de faire réfléchir sur notre société connectée et ses dérives.

Tout le monde est déjà allé sur Google Street View. Cette fonction bonus de Google Maps permet de se balader virtuellement dans les rues et sur les routes des pays photographiés sous toutes les coutures par le géant américain du net.

Après quelques scandales et procès pour atteinte à la vie privée, tous les visages des passants sont floutés. Ils en deviennent méconnaissables, comme des ectoplasmes figés dans un décor très réel. Paolo Cirio, pour s'insurger contre l'utilisation abusive de ces images,  reproduit ces « fantômes » de Google Street et les peint sur les murs, à l'adresse exacte où ils se trouvaient au moment de la photo originale. De silhouettes immobiles mais virtuelles (et quasi immortelles, les images de Google Street ne sont pas mises à jour), elles reviennent dans la vie réelle après le passage de Paolo Cirio. L'illusion est étonnante quand on compare la photo sur le site et celle réalisée par l'artiste italien.

Ces fantômes urbains font leur apparition depuis quelques semaines dans trois villes (New York, Londres et Berlin), mais la performance n'est pas terminée et de nouveaux spectres numériques sont en passe d'apparaître dans d'autres villes.

Ces anonymes de la toile deviennent acteurs involontaires d'une double démarche artistique : capturés par Google, relâchés par Paolo Cirio.

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce mardi en dernière page de l'Indépendant.

lundi 8 octobre 2012

Billet - Pain au chocolat vs chocolatine


Internet est le lieu de tous les débats. Du plus profond au plus futile. Vendredi, Jean-François Copé, en meeting à Draguignan, explique comprendre l'exaspération de ces parents quand ils apprennent, en rentrant du travail, que « leur fils s'est fait arracher son pain au chocolat par des voyous qui lui expliquent qu'on ne mange pas pendant le ramadan. »


Après le « racisme anti blanc », cette nouvelle déclaration sous forme d'anecdote du candidat à la présidence de l'UMP provoque une levée de boucliers. Nombreux sont ceux qui s'indignent de le voir marcher sur les plate-bandes du Front National. Un tweet résume cet état d'esprit : « Copé, c'est Le Pen au chocolat ! »
Ce débat de société on ne peut plus grave en provoque un second, beaucoup moins essentiel, mais qui suscite lui aussi quantité de réactions. En parlant de pain au chocolat, Jean-François Copé se met à dos les millions de zélateurs de la chocolatine.

Et sur Twitter les deux camps s'affrontent. Férocement. Mathieu Madénian : « Jean-François Copé dépasse les bornes. Ses propos sont honteux. On ne dit pas pain au chocolat. On dit chocolatine. »


Un certain Stan réplique « Ayons une pensée de compassion pour les attardés qui disent chocolatine. »


Comment trancher ? Facile, un site spécialement dédié a vu le jour samedi. Vous pouvez voter et faire triompher le bien face au mal. Et le premier Belge qui ose parler de couque au chocolat sera passé par les armes !

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce lundi en dernière page de l'Indépendant.

BD - "Minas Taurus", un spartiate amnésique

Presque nu, un homme se réveille sur les marches d'un temple grec. Nous sommes au Ve siècle avant JC et Minas mettra quelques jours pour se souvenir de son passé. Il retrouve la mémoire et la santé dans la maison d'une jeune veuve. Il est aidé par le fils, un jeune garçon d'une dizaine d'années. Mais quand Minas reprend pied dans la réalité, elle ne lui plaît pas. Il est un soldat d'élite, un Spartiate, un tueur sanguinaire. 
Il est allé trop loin au cours d'une bataille. Depuis, il est hanté par des démons. Se sentant devenir dangereux, il quitte la maison, mais, au dernier moment, intervient pour protéger la veuve et l'orphelin. 
Cette superbe série, renouvelle le genre du péplum. Elle est signée Mosdi (scénario) et Cerqueira (dessin).

« Minas Taurus » (tome 1), Le Lombard, 14,45 €


dimanche 7 octobre 2012

BD - Une galette saignante au menu de "Pizza roadtrip" de Cha et El Diablo


Quand
Cha, blogueuse punk dessinatrice dans un style humoristique « gros nez » mais sans nez, rencontre El Diablo, un des scénaristes des Lascars, cela donne une BD bien allumée, pleine de baston, de coups tordus et de descente aux enfers. Une nuit, dans l'appartement parisien d'un jeune couple. Leur meilleur ami vient d'arriver en n'en croit pas ses yeux. 
Le couple a besoin de sa Kangoo familiale pour déménager un paquet encombrant. Le paquet, c'est un dealer de 2 mètres, 120 kilos. De la viande froide car il a le crâne explosé. Après avoir campé la situation, les deux auteurs prennent un malin plaisir à mettre quantité d'obstacles sur la route du trio. 
Même si c'est publié dans la collection Hostile Holster (aux titres très violents), c'est avant tout comique. Hilarant même !
« Pizza roadtrip », Ankama, 14,90 €