lundi 18 juin 2012

BD - Un méchant gazeux face à un gentil Masqué



Célèbre auteur de science-fiction français, Serge Lehman s'essaie à la BD depuis quelques années. Toujours dans son domaine de prédilection et plus spécialement les super héros dans « Masqué », série dessinée par Stéphane Créty. Dans un Paris futuriste replié sur lui même, où les très riches ne sont jamais plus au contact des très pauvres, des phénomènes anormaux se multiplient. Un ancien militaire, Braffort, va se transformer alors qu'un de ses collègues, lui aussi va évoluer au contact d'un gaz toxique. Le premier va devenir une sorte de vengeur masqué alors que le second se transforme en fuseur, être gazeux animé de noirs desseins. Un tome 2 tout en action et en combat au dessus d'une capitale transformée. Une transition, comme pour mieux fixer ce monde aux multiples possibilités. Prometteur.

« Masqué » (tome 2), Delcourt, 13,95 €

dimanche 17 juin 2012

BD - Black Crow sur la piste d'une cité perdue en Afrique



Jean-Yves Delitte
, peintre officiel de la marine belge, délaisse un peu les voiliers dans le troisième tome des aventures du corsaire Black Crow. Il s'enfonce dans la savane africaine aux trousses d'un Hollandais à la quête d'un fabuleux trésor. Le corsaire, métis d'un colon blanc et d'une indienne Algonquin, profite de ses connaissances en pistage pour suivre à la trace la petite troupe. Arrivés en territoire hostile, ils seront tous capturés par une mystérieuse peuplade sanguinaire. Et le trésor convoité a plus de valeur que des montagnes d'or. Delitte, malgré ses multiples séries en cours (il sort presque un album tous les 4 mois), parvient toujours à émerveiller le lecteur, à le surprendre et à le tenir en haleine. Sans compter sa virtuosité au dessin, parfait pour prolonger le voyage.

« Black Crow » (tome 3), Glénat, 13,90 €

dimanche 10 juin 2012

BD - L'enfance de Jeanne, la pucelle, en bande dessinée chez Soleil


Véritable légende et emblème de l'Histoire de France, Jeanne d'Arc a donné naissance à quantité d'adaptations. Souvent au cinéma, rarement en BD. Fabrice Hadjadj, le scénariste, a choisi de mettre en lumière l'enfance de la célèbre pucelle. Fille de paysan, elle garde des porcs. Est assidue à la messe et ne comprend pas grand chose du conflit entre Bourguignons et Armagnac. La notion de Bien et de Mal est parfois absconse pour une fillette. A l'âge de 13 ans, elle entend pour la première fois les voix célestes de l'archange Saint Michel et des saintes Marguerite et Catherine. Des scènes donnant l'occasion au dessinateur, Jean-François Cellier, de s'affranchir de l'étroitesse des cases. Il utilise toute la planche pour amplifier la grandeur de ces signes divins. Un album à savourer graphiquement. C'est du grand art, décors et tronches secondaires bénéficient du même soin que l'héroïne. Et force est de constater que Jeanne, dans sa simplicité et sa détermination, est d'une rare beauté.

« Jeanne la Pucelle » (tome 1), Soleil, 13,95 €

samedi 9 juin 2012

BD - Une série pour comprendre les malheurs de Kriss de Valnor


Thorgal s'est imposé comme un best-seller de la BD franco-belge. Logiquement, la reprise du scénario par Yves Sente (auparavant directeur des éditions du Lombard) a débouché sur une valorisation de ce monde aux multiples possibilités. Deux séries dérivées ont donc vu le jour. Voici déjà le second tome des aventures de Kriss de Valnor. L'archère, sans cœur et sans pitié, n'a pas toujours été dans cet état d'esprit. On a découvert dans le premier tome son enfance malheureuse, quasiment réduite en esclavage. On la retrouve adolescente, accompagnée de Sigwald, le voleur sans nez. Ils vont construire leur légende de rapines en attaques, volant aux riches, n'épargnant pas toujours les pauvres. Deux êtres libres, sans contraintes ni frontières. Mais le passé va rattraper Kriss. Au détour de ses pérégrinations, elle va retrouver le village de son enfance et sa vengeance sera terrible. 
La légende noire de Kriss de Valnor est en marche. Un album très féminin, donnant des clés au lecteur pour comprendre la mentalité de Kriss. Et pour son physique, on peut faire confiance à Giulio de Vita, le dessinateur...

« Les mondes de Thorgal, Kriss de Valnor » (tome 2), Le Lombard, 12 €

vendredi 8 juin 2012

BD - Pirates contemporains dans "Skipper", nouvelle série de Joël Callède et Gihef


Dans le genre marin aventurier parcourant toutes les mers du monde pour tabasser les méchants, Bernard Prince reste une référence. Mais désormais, le héros de Greg et Hermann a de la concurrence en la personne de Erwann Kerrien. Mais Erwann navigue seul et à bord d'un voilier, le Gecko. Cet ancien sportif de haut niveau a abandonné la compétition du jour au lendemain après un deuil douloureux. Au début de ce premier tome, il est en train de végéter dans les îles grecques, transportant de riches et adipeux Américains de crique en crique pour quelques dollars. Et pour oublier cette déchéance, il boit. Son salut viendra de la femme de Damien Renaud, un reporter indépendant. Cela fait plusieurs semaines qu'elle n'a plus de nouvelles. Il enquêtait au large des côtes de Somalie, la zone maritime la moins sûre du globe. Erwann va accepter de sortir de sa retraite dorée et repart à l'aventure, récupérant au passage un peu de fierté et d'honneur. Histoire très psychologique pour lancer la série. Joël Callède et Gihef, les scénaristes, ne lésinent pas sur le pathos. Un peu de politique et de bagarres complètent agréablement cette BD dessinée par Lenaerts.

« Skipper » (tome 1), Dupuis, 11,95 €

mercredi 6 juin 2012

Roman - Ados hors de contrôle dans "Teenage lobotomy" de Fabien Henrion

Des adolescents deviennent soudainement fous furieux et tirent sur tout ce qui bouge. Drôle d'ambiance dans ce roman de Fabien Henrion.

Roman contemporain américain écrit par un Français, « Teenage lobotomy » pour être encore plus efficace, peut s'écouter avec en fond sonore quelques vieux tubes rock. D'ailleurs, en fin de volume, dans ses remerciements, Fabien Henrion salue The Ramones et The Clash.

Tout débute le jour de Noël. Et risque de se terminer aussi vite. Le héros, Alan Jones, célibataire, la trentaine, en plein repas de famille, s'écroule, la tête dans le cheesecake préparé par sa mère. Un banal infarctus. Brièvement hospitalisé, il va se remettre lentement de ce pépin de santé. Et réfléchir sur sa vie pas toujours très sereine. Alan est photographe. Photographe de charme. Il est expert dans son « art ». Le journal qui l'emploie y trouve son compte.

Dans sa belle villa, une Porsche sur le devant de la porte, il se repose. Limite au maximum les rapports avec ses parents mais accueille régulièrement sa jeune sœur Missy. Si Alan semble impersonnel, un peu passe-partout, ce n'est pas le cas de Missy. Véritable tornade, éternelle étudiante, elle est rebelle et indépendante. Toujours à la recherche de la dernière mode, c'est une pile électrique. Alan a une grande tendresse pour elle. C'est réciproque, mais elle n'a pas encore trouvé le moyen de lui dire...

Jeunes meurtriers

Suivant assidument l'actualité, Alan note une recrudescence de jeunes meurtriers. Adolescent fonçant à contresens sur l'autoroute, tireur dans un centre commercial, suicidaire à la ceinture d'explosif dans un lycée... l'Amérique déraille.

Il a l'occasion de le constater de ses propres yeux lors de vacances dans un palace. Ses voisins, un couple, sont retrouvés assassinés dans le jacuzzi. En compagnie de la police, Alan se rend dans la chambre et constate que « les deux corps avaient fusionnés comme liquéfiés. C'était un spectacle insoutenable, mais je regardai. Leurs attributs sexuels avaient disparu. La poitrine de l'un semblait avoir été découpée. » Qui est le responsable de ce massacre ? Tout accuse le fils, un adolescent retrouvé dormant dans son lit comme si de rien n'était.

Le roman, de plus en plus psychédélique, va alors dévier vers le scandale pharmaceutique. Tous ces adolescents ont un point commun : ils sont traités au Fluvotril, « pilule dite de l'obéissance, une molécule agissant sur le système nerveux et indiquée dans le traitement des troubles du comportement chez l'enfant. » Se transformant en détective (de pacotille), Alan va remonter jusqu'à l'inventeur du Fluvotril.

L'écriture nerveuse de ce premier roman lui donne des petits airs de thriller. Mais Fabien Henrion, journaliste dans l'audiovisuel, a quand même gardé de nombreuses références littéraires françaises. Un mélange de branché et de classique, de moderne mâtiné de références au siècle dernier. Un ovni littéraire, souvent plaisant, parfois déroutant, toujours étonnant.
« Teenage lobotomy », Fabien Henrion, Flammarion, 19 €


dimanche 3 juin 2012

Billet - Du cannibale de Miami au tueur de Montréal : overdose d'images chocs



En une semaine, les faits divers les plus horribles ont déferlé sur internet. Cannibalisme en pleine rue, attaque à coups d'intestins, meurtre filmé... âmes sensibles s'abstenir.

Premier choc avec les images de la vidéo-surveillance de la ville de Miami. Au bord d'une voie rapide, deux hommes nus sont allongés côte à côte. Les policiers se rendent sur place. Demandent à celui de dessus de cesser d'embrasser son compagnon. Mais il ne l'embrasse pas. Il lui mange, littéralement, le visage. Et comme il continue malgré les injonctions des agents, ces derniers mettent fin au festin en abattant le cannibale. Sur les images on ne distingue que quatre jambes nues. Mais on ne peut s'empêcher d'imaginer ce qui est caché. Cauchemars assurés.
Dans le New Jersey, les forces de l'ordre interviennent chez un homme barricadé dans son appartement. Pris de démence, il s'éventre et n'hésite pas à bombarder les représentants de la loi avec des morceaux de ses intestins...
Au Québec, Luca Rocco Magnotta, un ancien acteur porno a filmé l'assassinat d'un de ses amants. La scène s'est retrouvée sur la toile. On le voit poignarder l'homme allongé sur un lit, puis découper ses membres. Pieds et mains reçus par la Poste quelques jours plus tard au siège de deux partis politiques canadiens. Il est en fuite. Peut-être en France. Lui aussi aurait des tendances au cannibalisme.
Parfois, surfer sur Internet c'est trop, beaucoup trop. L'overdose me guette. J'ai besoin de vacances. Rendez-vous en juillet.
(Chronique "ça bruisse sur le net" parue ce samedi en dernière page de l'Indépendant)

samedi 2 juin 2012

Billet - Des psaumes en podcast


L'église catholique est en pointe sur l'utilisation des nouveaux médias. Après les prières sous forme de tweets, voici les psaumes en podcast. Au lieu de faire votre jogging avec le dernier tube de Lady Gaga dans les oreilles, pourquoi ne pas transpirer en écoutant des textes sacrés dits par des comédiens, Michael Lonsdale en tête.

Le premier psaume a été mis en ligne lundi, lendemain de Pentecôte, sur le site « psaumedanslaville.org ». Une initiative que l'on doit aux dominicains de Lille. Le comédien Michael Lonsdale, apparu récemment dans le film "Des hommes et des dieux", pose une voix profonde sur quelques notes de hang, cet instrument de musique inventé en 2000. Il comporte sept ou huit notes dont une fondamentale.

L'idée est venue de réunir comédiens, joueur de hang et psaumes, l'an passé au Festival d'Avignon, après une prestation du comédien Jean-Damien Barbin, professeur au conservatoire de Paris. S'ils s'inscrivent, les internautes reçoivent directement dans leur boîte électronique, trois fois par semaine, le podcast du psaume, ainsi que la méditation d'un prédicateur. Au total, 150 psaumes ont été enregistrés. La moitié ne font pas l'objet d'interrogations philosophiques : dans ce cas, les internautes peuvent laisser leurs propres commentaires sur le blog du site. Précurseurs, les dominicains de Lille s'étaient déjà distingués en proposant depuis dix ans de suivre une retraite « interactive et multimédia » à l'occasion du carême.

(Chronique "ça bruisse sur le net" parue le vendredi 1er juin en dernière page de l'Indépendant)

BD - Enfants kamikazes en l'an 2021


Nous sommes en 2021. Dans moins de 10 ans. A Détroit, devenu territoire autonome, une colonne de blindés s'avance prudemment dans les ruines de ce qui reste de la mégapole américaine. Les militaires ont pour mission de capturer et neutraliser Ike Mercy, le leader de cette ville où la violence et l'anarchie règnent. C'est un guet-apens. Mais la perte de plusieurs unités ne perturbe pas les dirigeants, bien à l'abri dans leur bunker. En fait c'est une diversion pour permettre au véritable commando de pénétrer incognito dans la cité. Ils sont quatre. Quatre enfants aux pouvoirs surnaturels. Seul problème : quand il les utilisent, ils vieillissent très vite. Ce scénario d'apocalypse a été imaginé par Stéphane Betbeder qui, au fil de ses contributions, s'affirme comme une plume prometteuse du monde de la BD. Il s'est adjoint les talents de graphiste de Stéphane Bervas. C'est son premier album mais il est déjà extrêmement efficace. Logique quand on sait qu'il vient du monde des jeux vidéo.

« 2021 » (tome 1), Soleil, 13,95 €

vendredi 1 juin 2012

BD - Soledad est zen dans "Restons calmes !" chez Casterman


Dessinatrice de presse, Soledad Bravi reste des heures assise devant sa table. Mère de deux adolescentes, elle se ramollit, grossit... Une bonne occasion pour reprendre le sport. C'est cette reconquête de son corps qu'elle raconte dans ce recueil de gags et d'histoires courtes. Comment elle a galéré au début, puis ses premières victoires et enfin sa quasi dépendance à la course à pied. Dans le jardin du Luxembourg, elle décrit les habitués, ceux qui friment, ceux qui sont dans leur monde, celles qui font des gestes pour accompagner la musique indispensable à la réussite d'une course. L'autre partie de l'album raconte les rapports conflictuels qu'elle entretient avec ses deux filles, des ados. Fine observatrice, elle n'est pas tendre pour sa progéniture visiblement dotée d'un énorme poil dans la main. C'est tendre, dynamique et toujours positif malgré les prises de tête incessantes. Soledad nous entraîne également en vacances sur la côte basque. Une dernière occasion de se réfugier dans la course à pied quand tout part en sucette...

« Restons calmes ! », Casterman, 15 €