samedi 26 septembre 2009

Fantastique - Les vampires high-tech de Guillermo del Toro et Chuck Hogan

New York aux mains des vampires. C'est ce qui risque d'arriver dans le premier tome de cette trilogie signée Guillermo del Toro et Chuck Hogan.


Dans la littérature de genre, le roman de vampire a toujours obéi à des codes bien précis. « La lignée » n'échappe pas à la règle tout en réactualisant le thème. Le premier tome de cette trilogie est signée de deux grands noms de l'imaginaire : Guillermo del Toro, cinéaste surdoué à qui l'on doit, entre autres « Hellboy » et « Le labyrinthe de Pan » s'est associé au romancier Chuck Hogan, maître du thriller.

L'arrivée de la menace ne se fait pas en bateau mais en avion. Dracula avait débarqué à Londres dans un voilier, cette fois le vampire, le Maître rebelle, rejoint New York à bord d'un Boeing 777, le dernier fleuron de la flotte du constructeur américain. Débarquement manquant de discrétion. Après avoir traversé l'Atlantique sans encombre et s'être posé sur le tarmac de l'aéroport international JFK, le gros porteur s'immobilise en bout de piste, tous feux éteints. Les premiers techniciens et pompiers se rendant sur place découvrent un avion hermétiquement clos et sans signe de vie à l'intérieur. Craignant un attentat au gaz, c'est le chef du CDC (Center for Disease Control), Eph Goodweather qui est sollicité. Son unité surnommée Projet Canari, est une « brigade d'intervention rapide composée d'épidémiologistes de terrain et organisée de manière à détecter et identifier les risques biologiques potentiels. Son domaine de compétence comprenait aussi bien les risques naturels tels que les infections virales que les contaminations délibérées. Mais bien sûr, son financement était principalement justifié par la lutte contre le bioterrorisme. » Eph doit donc abandonner son fils, Zack, dont il n'a la garde que les week-ends pour se rendre à JFK. Ce qu'il découvre à l'intérieur de l'avion est saisissant. Tous les passagers et membres d'équipage sont morts, comme foudroyés en un instant. Il n'y a que quatre survivants : le troisième pilote, une juriste, un informaticien et une star du rock. Ils sont mis en quarantaine dans un hôpital alors que les cadavres, plus de 200, sont placés dans un hangar de l'aéroport.

Disparition de cadavres

Commence une enquête médicale complexe qui va interpeller les médecins et l'équipe du CDC. Première bizarrerie, les cadavres ne semblent pas se décomposer. Et les autopsies révèlent qu'ils ont été vidé de leur sang par des entailles, quasi chirurgicales, au cou. Les survivants ne se souviennent de rien mais n'ont qu'une envie : retourner chez eux. La juriste, spécialisée dans les actions contre les administrations, parvient rapidement à trouver une faille et fait rompre la quarantaine. Tout se complique pour Eph quand trois des survivants se retrouvent dans la nature et que les cadavres disparaissent du hangar. C'est la première nuit, le début de l'éveil, de l'invasion.

Ce roman de près de 500 pages est passionnant par sa démarche scientifique tout en faisant monter l'angoisse puisée dans les peurs ancestrales des civilisations. On apprécie le foisonnement de personnages, de la rock star gothique imbue de sa personne au petit truand new-yorkais dépassé en passant par le rescapé de la Shoah ayant déjà combattu les strigoï. Tous ont leur utilité dans la dramaturgie des événements. Sans oublier le Maître vampire. Les auteurs ne le font intervenir directement qu'à mi roman, mais son image et sa stature devraient longtemps rester dans vos mémoires, voire vos cauchemars...

« La lignée », Guillermo del Toro & Chuck Hogan, Presses de la Cité, 21,50 € 

vendredi 25 septembre 2009

BD - L'avenir sur polaroïd


Combien donneriez-vous pour connaître votre avenir ? Savoir exactement le lieu et la date de votre mort. Certains sont prêts à mettre des millions d'euros. Et quelques vies de gêneurs au passage. C'est le thème central de cette série fantastico-réaliste écrite par Godard et dessinée par Plumail. 

Tout a commencé quand Sébastien, représentant dans le domaine de la BD, découvre dans l'ancienne maison de Maurice Leblanc un manuscrit inachevé et un appareil photo expérimental. Un polaroïd qui a le pouvoir de photographier l'avenir. On vous tire le portrait aujourd'hui, mais sur le papier c'est la photo de votre cadavre tout frais qui apparaît. Sébastien en a fait l'expérience et s'est vu, égorgé, dans deux mois exactement. Et de fait sa vie tranquille s'anime car ils sont nombreux a vouloir récupérer l'appareil. 

Des religieux, œuvrant pour le Vatican, mais également le descendant de Lars Heine-Huppin, l'homme qui a inspiré le personnage d'Arsène Lupin à Maurice Leblanc. En compagnie d'Ariane, sa fiancée, une blonde pulpeuse du plus bel effet visuel, Sébastien va devoir déjouer bien des pièges pour conserver, vie, appareil et liberté.

« Dédales » (tome 2), Glénat, 13 €

jeudi 24 septembre 2009

BD - Pirate au grand cœur


Mériadec, pirate et sorcier, est un des personnages de la série « Le sang du dragon » dont le 4e titre vient de sortir. Désormais, il bénéficie également d'une série à son seul nom. On retrouve le terrible marin une dizaine d'années avant son périple dans la forêt de Scissy. Jean-Luc Istin y conte sa quête des larmes d'Odin. Ce sont sept énormes diamants d'une pureté jamais égalée. Mais Hannibal n'est pas seul à les convoiter. 

Il trouvera sur sa route un Ordre ancien et secret, l'Ordre des cendres, composé de religieuses plus sorcières sataniques que saintes nitouche... Dans cet album, dessiné par Créty, Istin développe également la folle passion de Mériadec pour la belle Sélina. Il a acheté cette superbe esclave en Afrique, l'a affranchie et elle est devenue sa compagne. Mais ce bonheur n'a pas duré longtemps. Enlevée alors que lui est laissé pour mort, elle sera conduite de l'autre côté de l'Atlantique, aux Caraïbes. 

L'occasion pour les auteurs de montrer une autre facette de Mériadec, impitoyable avec ses adversaires mais très romantique avec sa belle adorée.

« Hannibal Mériadec » (tome 1), Soleil, 12,90 €

mercredi 23 septembre 2009


Début d'un nouveau cycle pour la série de science-fiction « Orbital ». Ce monde imaginé par Runberg et dessiné par Pellé se déroule dans un futur très éloigné. Les humains sortent d'une guerre particulièrement rude avec un peuple extraterrestre, les sandjarrs. Une fois la paix signée, il faut montrer que les deux races se sont réconciliées. Des équipes mixtes de policiers sont donc formées. La série propose de suivre le quotidien de l'une d'elle composée de Caleb, un homme et de Mézoké, sandjarr femelle. 

Dans les premières pages de ce 3e titre, ils sont chargés d'assurer la sécurité d'un sommet entre les gouvernements de deux planètes. Mais la ville de Kuala-Lumpur s'agite. Des marins locaux prétendent avoir été attaqués par des extraterrestres nomades et cannibales, des rapakhuns. Les représailles sont sur le point d'être déclenchées. Caleb et Mézoké interviennent avant que ces combats ne viennent ternir l'image pacifique de la Terre. 

Cette BD, dans la lignée de Sillage ou de Valérian, permet au dessinateur de débrider son imagination, tant au niveau de la technologie (vaisseaux, architecture) que des créatures. Et comme Pellé est un virtuose, cela donne un album passionnant, tant au point de vue scénaristique que graphique.

« Orbital » (tome 3), Dupuis, 13,50 € 

mardi 22 septembre 2009

BD - Faim de rire avec la compil gore de Kid Paddle


Kid Paddle, imaginé par Midam, est devenu en quelques années une des vedettes du catalogue Dupuis. Un gamin peu recommandable, baignant dans les jeux vidéo et prêt à toutes les expériences pour donner un peu de sel à sa vie. Pour lui, du ketchup c'est du sang, de la mayonnaise, du pus d'abcès. Effet assuré.... Pour cette rentrée, pas de nouveauté mais un gros album de 64 pages reprenant les gags les plus gores de 10 premiers titres. 

On apprécie de découvrir en un volume l'évolution du dessin de Midam (de classique, il devient de plus en plus caricatural) ainsi que la progression du scénario, repoussant de page en page les limites du bon goût. Fous rires assurés.

« Kid Paddle, compil gore », Dupuis, 11,50 € 

lundi 21 septembre 2009

BD - Fin de vie


Cadre moyen menant une vie anodine, Oscar est en train de changer. Il semble ne plus supporter sa femme (qui le trompe), ses deux filles (qui l'ignorent) et son père (artiste qui se moque de sa médiocrité). Oscar change car il vient d'apprendre qu'il a un cancer. Il n'a plus que quelques mois à vivre. Il va tenter de rattraper le temps perdu. Il va méthodiquement faire ce qu'il n'a jamais osé réaliser dans sa vie raisonnable. Voiture de sport, escort girl, opéra, vol à l'étalage. Il transgresse au maximum et décide même de régler ses comptes avec son père. Ce récit de Bourhis et Conty est dessiné par Durieux. Un trait réaliste épuré amplifiant l'impression de sentiments bruts, sans fioritures ni concession.

« Appelle-moi Ferdinand », Futuropolis, 16 € 

dimanche 20 septembre 2009

BD - Fin d'époque pour les "Sept cavaliers"


L'insurrection gagne du terrain. Dans ce pays imaginaire, des hordes de jeunes gens pillent et tuent tout ce qui représente le pouvoir du Margrave. La ville, assiégée, presque sans défense, est sur le point de tomber. C'est le moment que choisissent sept cavaliers pour aller à l'intérieur des terres. Pour comprendre ce qui se passe. 

L'adaptation fidèle du roman de Jean Raspail par Jacques Terpant plonge le lecteur dans un monde révolu. Dans cette seconde partie, les cavaliers errent dans les montagnes, découvrant des villages déserts, des populations méfiantes, des hordes de Tchétchènes prenant leur revanche. En filigrane, on retrouve les thèmes de prédilection de Jean Raspail : l'honneur et le déclin du christianisme.

« Sept cavaliers » (tome 2), Delcourt, 13,95 € 

samedi 19 septembre 2009

Roman - Los Angeles, la star racontée par James Frey

Ville immense, attirante et inhumaine, Los Angeles permet de rêver. Mais avec James Frey, parfois, les rêves se transforment en cauchemars.


Plus qu'un roman, ce « L. A. Story » est un véritable voyage dans une des villes qui personnifie le mieux le mythe américain. James Frey offre une vision globale de la mégapole. A côté d'un aspect purement historique et anecdotique (saviez-vous qu'il est « interdit de lécher un crapaud dans les limites de Los Angeles » ?), c'est à la vie des gens qu'il s'intéresse. Des dizaines d'habitants de Los Angeles.

Certains ne font que quelques apparitions alors que d'autres reviennent régulièrement. C'est toute la richesse de ce roman, le lecteur devenant rapidement passionné par les existences d'Esperanza, Amberton, Vieux Joe, Dylan et Maddie. La première est une jeune latino-américaine. Ses parents ont franchi la frontière en espérant un monde meilleur. Esperanza est née du bon côté. Américaine, elle est brillante à l'école. Mais elle a un double handicap. Son origine et des cuisses énormes. Complexée, elle abandonne ses études et, pour vivre, devient femme de ménage chez une riche bourgeoise qui passe son temps à l'humilier. Esperanza souffre en silence, pleure dans les toilettes. Sa condition va un peu s'améliorer quand elle croisera la route du fils de la patronne.

Acteur de sa vie

Amberton est un acteur, une star. Il a plusieurs maisons valant chacune des millions de dollars. Il forme avec Casey (actrice elle aussi) un couple très glamour. Il choisit soigneusement ses rôles, il incarne toujours le « héros américain ». « Amberton Parker. Symbole de la vérité et de la justice, de la sincérité et de l'intégrité. Amberton Parker. Hétérosexuel en public. Homosexuel en privé ». Le romancier décrit minutieusement la vie de cette star. En permanence dans le paraître. Son meilleur rôle, c'est celui qu'il interprète au quotidien pour donner le change à ses fans, essentiellement des femmes. Mais Amberton, particulièrement antipathique, n'est pas à l'abri des sentiments. Un jour, il tombe amoureux. Amoureux fou. D'un ancien joueur de football américain. Grand, musclé, jeune, noir... Il lui donne rendez-vous dans un restaurant. Dans un quartier « réservé » aux afro-américains. En s'y rendant, Amberton est « terrifié. Il essaie de rassembler un peu de la bravoure dont il fait montre à l'écran dans ses rôles de héros américain mais n'en trouve pas trace. » C'est certainement la partie la plus noire du roman. Sous les paillettes et la convivialité d'un milieu où tout le monde semble ami, se cache un monde où l'égoïsme règne en maître.

Violence et motos

Changement de décor avec le Vieux Joe. Ce clochard vit sur Venice Beach. Il mendie la journée, dort dans des toilettes la nuit et dépense tout son argent pour acheter sa boisson favorite : du chablis. Le Vieux Joe qui un matin découvre une jeune fille à moitié morte près de ses toilettes. Droguée, tabassée, agressive. Ils vont pourtant réussir à s'apprivoiser mutuellement. Et puis il y a le gentil couple composé de Dylan et Maddie. Ils ont quitté leur campagne arriérée, ont mis cap à l'Ouest et ont achevé leur fugue amoureuse à Los Angeles. Dylan parviendra à trouver des petits boulots. Notamment comme réparateur de moto dans un garage réservé aux Hells Angels. Un passage d'une rare violence qui fait furieusement penser à un film de Tarantino.

Cependant ces fragments d'existence ne forment qu'une partie du roman de James Frey. Ce dernier se permet régulièrement des digressions plus ou moins longues, de la naissance des divers quartiers au fonctionnement des gangs en passant par l'arrivée des premiers transports en commun. Tout ce qui fait la substance d'une ville. Après cette lecture, vous aurez l'impression que Los Angeles n'a plus de secrets pour vous.

« L. A. Story », James Frey, Flammarion, 21 € 

jeudi 10 septembre 2009

Bd - Violence et religion dans la série "Missi Dominici"


Le Moyen Age sans violence c'est un peu comme un couscous sans harissa : cela manque de saveur et de piquant. Les scénaristes de BD l'ont bien compris, se permettant dans diverses séries des déchaînements de fureur sans commune mesure avec ce qui se passe dans nos banlieues actuellement. « Missi Dominici » de Gloris (scénario) et Dellac (dessin) nous éclaire sur une corporation encore dans l'ombre. Ces hommes d'armes, mandatés par le Vatican, avaient pour mission de récupérer des reliques partout en Europe. Le jeune Ronan Chantilly de Guivre est associé à l'expérimenté Ernst Wolfram. Ils se rendent à Riga, ville nouvelle sur la Baltique. 

Leur objectif : un clou de la sainte croix. Ils auront fort à faire dans cette région où le christianisme balbutiant est battu en brèche par les croyances des Lives, des barbares aux pouvoirs magiques. Mais le duo aussi a des armes inédites à son actif. Comme lire dans les pensées ou se transformer en bête féroce. 

La saga religieuse se transforme rapidement en quête fantastique où il est question d'un enfant aux pouvoirs immenses. Un peu de religion, beaucoup de violence : le Moyen Age dans toute sa splendeur...

« Missi Dominici » (tome 1), Vents d'Ouest, 13 € 

mercredi 9 septembre 2009

BD - Pastiche à moustache


Nouvelle parodie pour Pierre Veys qui semble particulièrement à l'aise dans ce genre. Après Sherlock Holmes, Harry Potter ou Blake et Mortimer, il s'attaque cette fois au héros emblématique d'Agatha Christie : Hercule Poirot. Le détective aux fines moustaches n'est plus belge mais Français. Il se nomme Hercule Potiron et est très colérique. Qu'il soit privé de son camembert au petit déjeuner et c'est la crise de nerfs assurée. 

Dans ce premier album dessiné par Caracuzzo, il se trouve confronté à des morts particulièrement étranges. Un couple est englouti dans des sables mouvants en plein Londres, un riche industriel tombe de sa baignoire qui elle même chute d'un dirigeable et un Lord est retrouvé écrasé par un dinosaure. Exactement le squelette d'un diplodocus du Museum d'histoire naturelle. Quel est le lien entre ces morts ? S'agit-il d'accidents ou de meurtres habilement déguisés ? 

Comme d'habitude, Veys met un peu de côté l'intrigue pour développer la personnalité du héros. En l'occurrence un prétentieux susceptible donnant tout son sel à cette parodie. Et pour ceux qui ont apprécié, le second album, « Hercule Potiron à Hollywood », parait à la fin du mois de septembre.

« Hercule Potiron » (tome 1), Delcourt, 13,95 €