samedi 7 juillet 2007

BD - "La confrérie du crabe" a une imagination de malades

Dans un vaste et vieil hôpital, quatre enfants sont devenus amis. Ils ont fondé la Confrérie du crabe. Société secrète de pacotille, elle leur permet de résister à la maladie qui les mange de l'intérieur, ce fameux crabe. Dans leur dortoir, un cinquième vient d'être admis. Comme eux, il sera le lendemain sur la table d'opération. Les médecins vont lui enlever le crabe qui lui dévore le cerveau. En pleine nuit, bien qu'il ne réagisse pas, il est intronisé dans la confrérie. 

Un début d'album très mystérieux et angoissant, des enfants attachants, déjà grands dans leurs têtes à cause de la maladie, « La confrérie du crabe » de Gallié (scénario) et Andreae (dessin) bascule dans le fantastique dans la seconde partie. On suppose que c'est après l'opération, les cinq gamins se réveillent dans une vaste demeure gothique. Un peu perdus il vont croiser trois femmes vampires, un loup-garou et des légions de chauve-souris. La vie avec le crabe n'était pas agréable, mais après, c'est un vrai cauchemar. Une série de la collection « Terres de légendes » prévue en quatre volumes. 

"La confrérie du crabe", Delcourt, 12,90 €

vendredi 6 juillet 2007

BD - Tony Corso au Togo

Tony Corso est détective privé. De ces privés qui ne choisissent pas toujours leurs clients. Et qui parfois ne les gardent pas très longtemps. C'est le cas dans les premières pages du quatrième album de ce héros aux chemises à fleurs voyantes imaginé par Berlion. Il est contacté par un éditeur pour retrouver un certain Kowaleski, l'informateur d'un journaliste d'investigation. 

Ce dernier enquêtait sur une vaste affaire de détournement de fonds. Au passé, car il a été retrouvé mort chez lui, une balle entre les deux yeux. L'éditeur est donc inquiet. A juste titre puisque quelques heures après il est retrouvé lui aussi mort, une balle dans la tête. Tony Corso, bien que sans commanditaire, va quand même se lancer dans l'affaire. La seule piste qu'il a le conduit au Togo. En compagnie d'une jeune et jolie journaliste, confrère du premier cadavre, il va se retrouver entre deux feux. D'un côté des malfrats agissant dans l'ombre, de l'autre des policiers français guère plus francs du collier. 

Un polar ensoleillé et exotique, avec beaucoup d'humour malgré le sérieux du sujet abordé. (Dargaud, 9,80 €)

jeudi 5 juillet 2007

Roman - Passé trouble

Un homme, après une enfance étouffante, fait une promesse mortelle à sa mère. Récit d'une dérive solitaire par Patrick Cauvin.

Le devoir de mémoire a mis en lumière les exactions commises par les nazis dans les camps de la mort. Mais leur pouvoir de nuisance ne s'est pas arrêté à la libération des rares survivants. Ces rescapés ont dû essayer de se reconstruire, de réapprendre à vivre malgré les horreurs vécues durant des mois, voire des années. Simon, le narrateur de ce roman noir de Patrick Cauvin est indirectement une victime de ces camps de la mort.

Au début de la guerre, ses parents, juifs, ont préféré l'exiler chez la grand-mère, à la campagne. Les rues de Paris devenaient de moins en moins sûres. Il a donc passé trois ans dans une ferme, sans nouvelles de ses parents. A la Libération, quand il revient à la capitale, il n'y a que sa mère pour l'accueillir. Victime d'une dénonciation, elle a été internée. Depuis le jour de la rafle, à son domicile, elle n'a plus de nouvelles de son mari. Les rares forces qui lui restent vont servir à tenter de le retrouver. En vain.

La promesse des derniers instants

A son fils, enfant triste et taciturne, sans amis, solitaire, elle va raconter l'enfer qu'elle a vécu. Ne négligeant aucun détail. Elle va se refermer sur elle même, entraînant dans sa solitude le jeune garçon qui devient des plus en plus asocial. Cette longue partie du roman, revenant sur l'enfance du narrateur, est essentielle pour mieux comprendre la réaction de Simon, alors âgé de 30 ans, quand sa mère, à l'article de la mort, va lui avouer un terrible secret : « Nous avons été dénoncés ». Et de lui donner la photo de la voisine, l'amie, qui a profité des événements pour tenter de s'accaparer l'appartement.

Dans un dernier effort, la mère fait promettre au fils de retrouver la traîtresse et de lui faire payer... De professeur de psychologie enfantine à la Sorbonne, vieux garçon avant l'heure, Simon va devoir se transformer en vengeur.

Coup de théâtre dans les Ardennes

Luttant contre son caractère casanier, il va endosser le costume d'un détective privé. La photo va lui donner une première piste. Il parvient à y identifier le monument aux morts d'une petite ville des Ardennes. La voisine, avant de vivre à Paris, aurait vécu là. Il va s'y rendre et découvrir un second secret familial dans une vieille maison perdue au fond des bois humides.

Il règne un peu une ambiance à la Simenon dans ce roman de Patrick Cauvin. En raison de l'époque, les années 50 et 60, et les personnages, gris, ternes, comme vieillis prématurément, blanchis sous le poids des secrets et des reniements. Simon, le narrateur, va aller au bout de lui-même dans cette quête imposée par sa mère sur son lit de mort. Découvrir la vérité, même si elle est plus complexe que ce qu'il croit au début de son enquête. Si l'ultime coup de théâtre est un peu prévisible, celui qui intervient au milieu du roman, dans la maison des Ardennes, redonne du tonus à une histoire qui n'est finalement pas si banale que cela.

« Venge-moi ! », Patrick Cauvin, Albin Michel, 16 €

mercredi 4 juillet 2007

BD - Joann Sfar, le voyageur

Joann Sfar, en très peu de temps, a imposé son style dans le milieu très fermé de la BD d'auteur. Scénariste prolifique, il dessine également, pour la jeunesse et parfois pour lui. Des cahiers de voyage qu'il avait pris l'habitude de publier chez l'Association. Désormais ces récits de voyage seront repris, en couleur, dans la collection Shampoing de Delcourt. « Missionnaire » explore le Japon et les USA. Deux populations radicalement différentes des origines méditerranéennes de l'auteur. 

Il parvient, en 250 pages, à mesurer les fossés séparant ces trois civilisations. Ne jugeant pas, mais n'hésitant pas à donner son avis, le Japon de Joann Sfar est poétique et inquiétant.

Missionnaire, Delcourt, 19,90 €

mardi 3 juillet 2007

BD - Natacha, hôtesse sexy en intégrale

Les éditions Dupuis ont décidé de donner une seconde jeunesse aux séries phares de leurs catalogues. Une collection d'intégrales qui après Buck Danny et Gil Jourdan, accueillent les aventures de Tif et Tondu, les exploits de Spirou par Franquin et depuis peu les courbes affolantes de l'hôtesse de l'air la plus sexy du monde : Natacha. L'héroïne créée par François Walthéry n'a rien perdu de sa splendeur. 

ouvelles couleurs, illustrations pleines pages (des couvertures de Spirou) et dossier replaçant la série dans le contexte de la fin des années 60 : cette intégrale est incontournable.

Natacha, l'intégrale, Dupuis, 16 €

lundi 2 juillet 2007

BD _ Pirates et Sang noir en intégrale

Rien de tel pour bien débuter les vacances qu'une bonne grosse intégrale de plus de 180 pages vous faisant voguer sur la mer des Caraïbes au temps de pirates. « Le sang noir » était le première collaboration au long cours entre Bernard Vrancken, le dessinateur, et Stephen Desberg, le scénariste. Ensuite ils ont connu le succès avec IR$. 

Le jeune Tristan est un quarteron. Il a un quart de sang noir. C'est peu mais cela suffit pour le classer dans les bannis de la société. Il deviendra pirate et perdra beaucoup de ses illusions et de son idéal. Une histoire romantique rééditée en intégrale de luxe grand format avec un dossier très complet sur les deux auteurs et leur parcours.

Le sang noir, Lombard, 38 € 

dimanche 1 juillet 2007

BD - Kung Foo Fighters, positions extrêmes

Ce gros album de plus de 80 pages couleurs n’est pas à mettre entre toutes les mains. En effet, il y est effectivement question d’art martial, mais également de positions acrobatiques dignes du Kama Sutra. Ces histoires complètes imaginées par un auteur Taïwanais, Richard Metson, et publiées mondialement dans les différentes éditions du magazine de charme Playboy, virent rapidement à la gaudriole. 

Sans êtres vulgaires ou pornographiques, ces scénettes ne sont pas dénuées d’humour, par exemple quand deux jeunes élèves, pour prendre la relève de leur maître, piochent dans son livre de chevet ses techniques secrètes. Le problème c’est qu’ils se sont trompé de livre et appliquent à la lettre ce qu’ils découvrent dans un « Voyage d’un pervers » pour lecteurs avertis. 

On croise également dans cet album quantité de belles jeunes filles, quelques mâles très actifs ainsi que des fantômes et autres extraterrestres qui donnent un ton décalé à cette sommité de la BD érotique. (Albin Michel, 18 €)

samedi 30 juin 2007

BD - Les "Time Twins", voleuses de temps

Cybill et Cynthia, blondes, étudiantes, tout juste 18 ans, ont une double vie. Si elles passent leurs journées dans les amphithéâtres à tenter de maîtriser l'Histoire, la nuit elles se transforment en voleuses. Cybill met au point le plan, Cynthia l'exécute. La tête et les jambes. Mais elles ne le font pas dans le but de s'enrichir. Elles agissent sur les recommandations de leur père, sorte de hippie altermondialiste désirant prendre aux riches pour redonner aux pauvres. Un duo de choc et de charme, plein d'humour et de fantaisie imaginé par Derrien et Vignaux. 

Les deux héroïnes pourraient continuer leur petit commerce en paix si elles ne tombaient pas dans un piège. Une multinationale, la PAST, a besoin d'elles. Spécialisée dans le voyage dans le passé, cette agence de voyages pas comme les autres doit retrouver divers éléments d'une machine à voyager dans le temps intégrés dans des objets cultes. Première mission pour les jumelles, Chicago en 1929. Elle devront subtiliser la mitraillette d'Al Capone. 

Un ton très humoristique, un dessin souple et élégant : ces deux jolies héroïnes ont tout pour faire une belle carrière dans le 9e art. 

("Time twins", Le Lombard, 9,80 €)

vendredi 29 juin 2007

BD - Mystère, secte et énigmatique "Box"

Erica, danseuse érotique dans une petite ville des USA, était au centre de la première partie de cette série politico-fantastique signée Alain Mounier. Erica qui aurait des pouvoirs surnaturels depuis qu'elle a été mise en contact avec Box, un objet découvert en Afghanistan et qui devient un enjeu entre Russes et Américains. 

Erica, devenue amnésique, est recueillie dans une communauté vivant en autarcie dans des bois enneigés. Communauté ressemblant énormément à une secte placée sous la coupe de Samuel, gourou rejetant toutes les religions et endoctrinant la trentaine de personnes demeurant dans ces baraques de fortune, coupées du monde. 

Erica l'intrigue. Cette amnésique, très belle et peu sûre d'elle, ne se doute pas que de très nombreuses personnes la recherchent. Dont Anton Dawson, un analyste de la NSA, le premier a avoir repéré des événements étranges liés au transport de Box. Anton parvient à se faire intégrer dans la secte, mais il n'aura que peu de temps pour sauver Erica et les autres membres de la folie meurtrière de Samuel.

 Autour de l'intrigue principale, les agissements des services secrets font de cette BD un chef-d'oeuvre de complexité. Et on ne sait toujours pas ce qu'est exactement Box... ("Box", Bamboo, 12,90 €)

jeudi 28 juin 2007

BD - Tout ce qui brille...


Nouvelle saga historico-financière pour les éditions Glénat qui avaient déjà touché le jackpot avec « Les maîtres de l'orge ». Cette fois ce sont Agnès et Jean-Claude Bartoll qui vont raconter la saga de la famille Van Berg, régnant sans partage sur le diamant mondial. 

Si le premier tome prend le nom de Charles Van Berg, le fondateur de la dynastie, le récit n'est pas du tout chronologique. Les premières scènes se passent de nos jours dans le Nord du Canada, sur de nouvelles mines prometteuses visitées par l'héritier, Charles junior. Il va se retrouver en mauvaise posture quand son avion devra se poser aux USA après une avarie. 

Son père ayant été condamné pour collaboration avec les nazis, il est emprisonné immédiatement. Cette relation du patriarche avec les industriels allemands durant la seconde guerre mondiale est au centre de ce premier tome. Le lecteur découvre ses motivations, son amour pour une espionne allemande, ses arrangements avec la légalité. Une immense fortune pas toujours très propre. Mais qui agit en coulisse pour mettre hors jeu l'héritier ? 

Entre intrigue du passé et manipulations du présent, le dessinateur, Bernard Kölle jongle avec les époques et les lieux. 

("Diamants", Glénat, 9,40 €)