samedi 23 juin 2007

BD - Tigresses volantes

Délicieuse Poison Ivy. La jeune délurée du bayou au pouvoir redoutable (quiconque l'embrasse sur les lèvres meurt instantanément) arrive en Chine pour sa première mission secrète au sein du WOW, Women on war. Elle est chargée de remettre un microfilm essentiel pour l'avenir de la guerre en Asie à un agent caché dans la ville assiégée de Loïwing. 

Mais que d'embûches avant de parvenir à ses fins. En premier lieu l'avion chargé de transporter l'unité d'élite est abattu par les Japonais. La suite du trajet se fera à dos d'éléphants. Il faudra ensuite aux jeunes femmes, déguisées en religieuses, persuader le patron de la base des Tigres volants de les conduire de l'autre côté des lignes ennemies. Elles auront besoin de trésors d'imagination, de pas mal de chance, du charme et des super pouvoirs pour arriver à leurs fins. 

Ce second tome d'une série résolument humoristique et sarcastique, dessinée par Berthet, permet à Yann, le scénariste, de placer quelques métaphores aux 15e degré du style : « Tel un Damoclès ailé, l'appareil de Tinkly fondit sur le misérable Zéro plus brutalement encore qu'un esquimau glacé posé sur un radiateur brûlant ». ("Poison Ivy", Dargaud, 9,80 €)

vendredi 22 juin 2007

BD - Passage risqué par "Hellheim"

Tout adolescent qui se respecte, se sent différent des autres. Mais il y a différence et différence. Carol Ann, jeune fille taciturne en froid avec sa mère, a le chic pour se faire des ennemies. Et les garçons la fuient. Il est vrai qu'elle ne supporte aucun contact physique (problème quand on veut flirter) et que des phénomènes étranges arrivent quand elle se met en colère. 

Un début d'album assez classique, campus américain, famille en crise, un soupçon de fantastique. Mais quand la mère de Carol Ann meurt, l'ado est recueillie par son père qu'elle n'a jamais rencontré auparavant. Un antiquaire londonien, mystérieux et énigmatique. Comme sa boutique, regorgeant d'objets inconnus et statues plus vraies que nature. C'est dans la cave de cette boutique que la jeune fille va découvrir le passage vers l'autre monde, celui dont son père est originaire. Le cauchemar peut commencer. 

Paul Oliveira au scénario et Jean-Philippe Baradat au dessin frappent fort avec ce premier tome aux images chocs. Violences, tortures, esclavage, meurtres gratuits : on n'emprunte pas le passage sans risque... ("Hellheim", Bamboo, 12,90 €)

jeudi 21 juin 2007

Polar - Crimes campagnards en Angleterre

Un médecin de campagne anglais participe à l'arrestation d'un serial killer diabolique. Un roman policier très british de Simon Beckett


Si vous avez la phobie des mouches, asticots et autres insectes participant à l'ultime étape de la chaîne de la vie, évitez ce roman où la description des cadavres en décomposition avancée sont légion. Dès la première scène, dans le cadre bucolique d'une campagne anglaise sous le soleil estival, deux gamins, des frères, tombent nez à nez avec une procession de vers, des larves exactement. C'est en cherchant d'où elles viennent qu'ils découvrent le cadavre. « Nue, méconnaissable sous le soleil, Sally Palmer n'était que mouvements, vagues de vermine ondoyant sous la peau s'échappant de son nez, de sa bouche, ainsi que les autres ouvertures moins naturelles sur son corps. » Les enfants prennent la fuite et vont racontent tout à leur mère. Qui le dira au docteur David Hunter, le médecin de famille qui se chargera de prévenir la police.

Suspect puis auxiliaire de la police

David Hunter, le narrateur de ce polar de Simon Beckett, fait la description de la ville de Manham, petite bourgade perdue du Norfolk. Depuis quelques années il s'y est installé. Pour oublier un drame. La mort de sa femme et de sa petite fille dans un accident de la circulation. Il tente de se reconstruire, en vain, en soignant les bobos de cette communauté repliée sur elle même et très méfiante.

La découverte du cadavre de Sally Palmer va bousculer la quiétude des villageois. Et David Hunter va se retrouver, malgré lui, impliqué dans l'enquête. Le policier chargé des premières constatations découvre par hasard que le docteur du village était il y a encore quelques années un médecin légiste réputé, spécialiste en anthropologie. Le meilleur du Royaume. Pour tenter de dénouer les fils de l'enquête, il demande à Hunter de lui donner un coup de main. Ce dernier accepte à la condition que cela soit dans le secret le plus total. Une volonté de discrétion qui va se retourner contre lui car les commères vont rapidement jaser. Prétendre que le docteur est soupçonné puisqu'il n'assure pratiquement plus ses consultations et qu'on le voit souvent au commissariat...

La belle institutrice

La première partie de ce roman de Simon Beckett, journaliste spécialisé dans les faits-divers, s'attarde sur la description des mœurs, parfois rétrogrades et légèrement arriérés, de Manham. Ainsi que sur la personnalité du docteur, cœur blessé, rejetant son ancienne spécialisation, comme s'il ne voulait jamais plus avoir affaire avec la mort et le langage des cadavres. Rebondissement quand une seconde femme est enlevée, torturée et retrouvée assassinée dans des marécages, la paranoïa gagne le village. C'est le moment que choisit le docteur Hunter pour remarquer une jeune institutrice. Elle aussi s'est réfugiée à Manham pour oublier un traumatisme subit à Londres. Les deux solitaires vont se trouver.... Et le tueur va lui aussi jeter son dévolu sur la belle et fragile enseignante. Palpitant, très bien renseigné, dans un décor original, de thriller se révèle être mené de main de maître, avec comme il se doit de nombreuses fausses pistes sont données en pâture au lecteur avant de découvrir qui est le tortionnaire, véritable malade mental vivant caché au sein de la population du village anglais.

« La mort à nu », Simon Beckett, Calmann-Lévy, 19,90 €

mercredi 20 juin 2007

BD - Apocalypse pour la série Nash

Le dixième album de la série Nash sera-t-il le dernier ? C'est logiquement ce que devrait se demander tout lecteur en refermant cet album écrit par Pécau et dessiné par Damour. 

Fuyant Mars et sa police, Nash et sa fille Audrey trouvent refuge dans une station spatiale chinoise désaffectée. Ils ont la surprise de tomber sur une bande de rastas ferrailleurs. Mais leur tranquillité ne sera que de courte durée. Ils sont tous sollicités pour arrêter une énorme entité extraterrestre fonçant vers la Terre. Son but : détruire la race humaine. Après les dinosaures, ce sera la redoutée « 5e extinction ». 

Mais comment stopper cette masse aussi grosse qu'une comète et dotée de redoutables défenses ? Audrey réveillera les Anges, créatures hybrides conçues pour le combat. Une occasion en or pour Damour, metteur en scène de ces batailles sidérales ponctuées d'explosions en tout genre.

Nash, Delcourt, 12,90 euros

mardi 19 juin 2007

BD - Tranches de rire de "Petite nature"

Après l'autofiction, voici l'autoBD. Un dessinateur de BD, peut-être en mal d'inspiration, décide de raconter son quotidien. La différence c'est que dans le cas présent, Jean-Christophe Chauzy, en plus de dessiner à la perfection, ne se prend pas au sérieux et semble éprouver un malin plaisir à se ridiculiser dans les pires situations. 

Il a eu l'aide de Zep et Lindingre pour quelques scénarios de ces histoires courtes nous faisant découvrir, entre autres, les coulisses des festivals de bande dessinée. Oui, les dessinateurs ont des fans de sexe féminin. Non, ils n'en profitent pas le soir dans leur chambre d'hôtel. 

Les conflits de génération d'un Chauzy, rocker nostalgique, avec ses enfants, ados branchés playstation, sont également très savoureux car criants de vérité.

Petite nature, Fluide Glacial, 11,95 euros

lundi 11 juin 2007

Roman - Réunion de famille, mort et nostalgie

Maggie, héritière d'une riche famille d'industriels, revient passer l'été à Sand Island, dans la maison de son enfance. Un roman anglais de Terry Gamble.

Onze ans déjà que Maggie n'a pas mis les pieds dans la maison de famille située sur les rives du lac Michigan. Riche héritière, elle fuit les rencontres avec ses cousins et autres membres de la famille et réalise des documentaires aux quatre coins du monde avec Ian, son inséparable partenaire et ami, qu'elle appellera d'ailleurs à la rescousse, étouffée qu'elle est par la pesanteur familiale.

Mais cette fois, elle ne peut décemment pas fuir parce que sa mère, victime d'une attaque cérébrale, est entre la vie et la mort. Soignée avec amour par Miriam, son infirmière, Madame Addison, muette et paralysée, ne semble plus communiquer qu'avec celle qui prend soin d'elle jour et nuit. Et laisse Maggie, dont les rapports avec sa mère ont toujours été « difficiles », reste complètement démunie face à cette vieille dame que plus rien ne semble atteindre. « Je m'arrête en chemin rendre visite à maman. Vêtue de son négligé, elle se tient adossée aux oreillers face à la fenêtre. L'un de ses yeux est fermé, l'autre ouvert. Son profil reste majestueux malgré son visage décomposé. Je voudrais remettre ses traits en place puis m'installer auprès d'elle, un verre et une cigarette à la main, le temps de bavarder un peu. Ma mère a toujours savouré les anecdotes sur le compte des autres. »

Le clan Addison

Toute la famille s'est rassemblée pour un été qui sera peut-être le dernier dans la maison de leur enfance. Dana, la sœur de Maggie, fait un peu office de pilier de la famille, son mari Philippe suit le mouvement, tandis que toute la bande de cousins, Sedgie, acteur alcoolique, Derek, sculpteur de talent, Adèle qui cherche sa voie dans le mysticisme, Jessica, fille adoptive de Dana, qui en est à la période piercings et tatouages et Beowulf, seul cousin de la même génération que Jessica. La tribu se réunit au cours des repas mais le reste de la journée, se forment des petits groupes ou des couples (fraternels, quoique...), qui se remémorent les bêtises et les joies de leur enfance et abordent souvent des sujets beaucoup plus intimes, voire sérieux, qui remettent en question la façon de vivre de chacun. Par exemple, Jessica et Maggie parlent d'enfants qu'elles n'ont pas (encore). « Nous sommes tous convaincus de notre supériorité – persuadés que le fruit de nos entrailles échappera Dieu sait comment à la banale réalité des autres. On se croit digne d'enfanter un être supérieur, transcendant. Pas une once de trivialité dans notre couple. Rien de superficiel chez nos enfants. Notre œuvre aura un impact, du sens. »

Terry Gamble, bien qu'Américain, nous régale avec une délicatesse très « british » de ces conversations sans fin, les unes teintées de nostalgie des étés enfuis, d'autres portant sur le sens de la vie de chacun, ce qui n'est pas toujours une découverte facile à avaler. Et passe d'un personnage à l'autre, d'une situation à une autre avec une dextérité que peuvent lui envier bon nombre d'écrivains. Les étés de Sand Island vous plongeront dans une vie familiale riche et dense. Vous vous délecterez de jongler avec le présent et le passé et vous vous sentirez des atomes crochus avec au moins un des personnages, trouvant dans chacun des côtés profonds, enthousiastes, d'une pure gentillesse, sympathiques, chaleureux et toujours attachants. Liste non exhaustive pour un roman délicieux.

« Les étés de Sand Island », Terry Gamble, Calmann-lévy, 20,90 euros

dimanche 10 juin 2007

BD - Petit dragon deviendra grand

Raghnarok, petit dragon vert imaginé par Boulet, a des problèmes relationnels avec sa mère. Cette dernière s'obstine à lui apprendre à voler. Mais à chaque fois c'est la même histoire : un crash vertical, uniquement vertical. 

Le héros en a un peu assez de ce gag répétitif. Il soupçonne sa mère de ne pas comprendre qu'il n'a pour l'instant aucune aptitude au vol. Peut-être dans dix ans. Et Raghnarok rêve de pouvoir se transporter une décennie dans le futur. La rencontre inopinée avec une sorcière lui offre cette possibilité. En un coup de baguette magique il se retrouve donc dans le futur. 

Un futur à l'odeur de brûlé. Tout autour de lui a été détruit, forêt, villages et même une partie de la ville. Le coupable ? Un immense dragon noir qui crache des flammes en hurlant à qui veut l'entendre « Raghnarok ». 

Et voilà le petit héros bien embêté car il se met dans la tête que lui seul peut arrêter ce monstre destructeur. Boulet quitte le temps de cette histoire complète ses gags souvent savoureux pour un conte philosophique avec son lot de combat et de destruction. Une belle réussite. ("Raghnarok", Glénat, 9,40 €)



samedi 9 juin 2007

BD - Voleurs de momie


Le premier tome de « Smoke City » est la classique introduction racontant la reformation, six années plus tard, d'une bande de cambrioleurs réputés géniaux. C'est Carmen la première qui prend l'initiative « diable en robe moulante », elle vient solliciter Cole, oubliant ses exploits dans l'alcool fort. Ils iront ensuite récupérer Moe, qui a mis ses talents informatiques au service de la police. Puis il feront évader Harper, expert en arts martiaux avant de faire sortir Franklin de l'asile psychiatrique où ce grand psychopathe (et père de Cole) tente de retrouver ses esprits. Un dernier, Hideaki, décline la proposition mais se fait remplacer par sa meilleure élève Miyako. Une fois le groupe reconstitué, ils vont tous aller voir leur commanditaire, M. Law, richissime collectionneur d'art qui désire qu'on lui dérobe une momie. Sa momie. Il s'agit en fait d'une arnaque à l'assurance. Mais l'arnaque n'est peut-être pas là où on le croit. Un polar, qui semble dévier vers le fantastique, écrit par Mariolle et dessiné tout en couleurs d'ambiance par Benjamin Carré. 
("Smoke City", Delcourt, 12,90 €)

vendredi 8 juin 2007

BD - Les 4 As grandissent

Changement complet de cap et de ligne éditoriale pour les 4 As, héros de bande dessinée créés il y a des décennies par Chaulet et Craenhals. Exit le côté loufoque, monstres invraisemblables et autres voyages sur la Lune ou Mars. 

Salma (scénario) et Maury (dessin) semblent vouloir s'attacher à raconter la vie, simple et réaliste, de quatre adolescents de notre temps. Fin juillet, Lastic, Doct, Bouffi et Dina se retrouvent après un mois de petits boulots. Ils ont l'intention de passer le mois d'août ensemble et en vacances. Reste à décider de la destination. Les centres d'intérêts des uns n'étant ceux des autres, il est difficile de trouver un terrain d'entente.

 Finalement c'est Dina qui trouvera la solution : chaque membre de la bande assurera le programme d'une semaine. Dina conduit le quatuor sur les chemins de Compostelle (avec une petite incursion par Conques dans l'Aveyron), Lastic trouve une base de sport extrême (parapente, VTT, surf), Bouffi (qui perd vite son surnom pour devenir Jean-Louis) dans une ferme gastronomique et Doct chez un peintre écrivain. 

Une façon élégante d'apprendre la tolérance, tout simplement... ("La balade des 4 As", Casterman, 9,50 €)


jeudi 7 juin 2007

BD - Jeunes sans avenir

Dans un avenir pas si lointain que cela, Maël et Mog, deux adolescents, traînent leur mal de vivre. Dans le quartier où ils résident et d'où ils ne doivent pas sortir, deux problématiques majeures conditionnent leur existence : le fait que tous les adultes sont en train de perdre la mémoire et que les immeubles, en dehors de leur quartier, s'écroulent les uns après les autres. 

Imaginé par Stéphane Beauverger qui a déjà écrit plusieurs romans de science-fiction, ce « Quartier M » a des airs de fin du monde inéluctable. Dessinée par Benjo et Zano, jeunes auteurs nourris au manga, cette nouvelle série est très sombre. Mog, pour fuir son père de plus en plus violent, choisit de fuguer. 

Il devra apprendre à vivre dans la rue et à supporter les exactions des bandes de "Ranafout", des jeunes en rupture de ban, se défoulant dans la violence gratuite. Maël, en conflit direct avec le chef "Rana", est lui aussi obligé de prendre la fuite poursuivi par les jeunes fanatiques. Il décide d'aller au-delà du Quartier, dans la zone dangereuse où les tours s'effondrent en quelques secondes. ("Quartier M", Dupuis, 13 €)