mercredi 4 octobre 2006

BD - Paris sur crime avec l'Etrangleur de Tardi et Siniac


Tardi a tenu en haleine ses lecteurs durant cinq mois avec la publication, sous forme de feuilleton, de cette BD tirée d'un roman de Siniac. Voici l'histoire reprise en un gros album de près de 100 pages offrant en plus de nombreuses variantes finales. En 1959, alors qu'un brouillard persistant s'épanche sur les rues de Paris, un mystérieux étrangleur sème la terreur. Il peut d'autant plus facilement réaliser ses forfaits que la police est en grève. Le jeune Antoine, fils d'un assassin recueilli par le policier qui a conduit son père sur la guillotine, pense connaître l'identité du tueur en série. Esbirol, libraire du quartier, semble en savoir beaucoup sur « Le secret de l'étrangleur ». Deux versions sont disponibles, simple en noir et blanc ou luxe, en couleur et avec un DVD en cadeau. 
Le secret de l'étrangleur, Casterman, 14,95 ou 29 €


mardi 3 octobre 2006

Roman - La passion, la haine, la défaite


Une absence totale d'instinct", est une histoire d'amour qui finit mal. Ce roman de Sibylle Grimbert, son quatrième, entraîne le lecteur dans un tourbillon de passion, d'affrontements et de haine. Lise et Vincent se sont trouvé. Le gros et bel amour, immédiat, puissant, renversant tout sur son passage. Jeunes gens modernes, gravitant dans les milieux artistiques, littéraires essentiellement, ils s'accommodent, dans un premier temps de leurs différences flagrantes. La chair permet souvent d'aplanir ces disparités. Mais le quotidien, fait de repas, de réveils et de partages triviaux pourrit vite la situation idyllique des premières semaines. Un roman en trois parties, trois étapes d'un déchirement inéluctable : le terrain, la bataille, la défaite. 
Entre New York et Paris, d'un cocktail à un dîner en ville, leur relation s'effrite, se délite. Et quand le cap est passé, on en arrive aux extrêmes : « Une nuit, elle dansa autour de lui de manière volontairement ridicule en lui chantant qu'il était gros, un gros patapouf, chanta-t-elle, en tournant comme une folle à trois centimètres de son corps, en pointant son ventre de son doigt, en se baissant et en se relevant de façon grotesque comme elle imaginait une danse indienne autour d'un totem. Le lendemain elle pleura toute la journée en lui demandant de lui pardonner. Il refusa. » Implacable dans sa logique, ce roman dresse la carte du tendre des amours désenchantées de la jeunesse des années 2000.
« Une absence totale d'instinct », Sibylle Grimbert, Seuil, 12,50 €

lundi 2 octobre 2006

BD - Après la mort de Dupa, Cubitus se modernise avec Aucaigne et Rodrigue


Difficile, très difficile de succéder à Dupa. Créateur de Cubitus, série de gags légendaire du journal Tintin (il fut même un temps envisagé de rebaptiser la revue du nom du chien blanc à queue en pompon jaune…). Dupa disparu prématurément. Le personnage devait cependant lui succéder. Après quelques années de silence, il est de retour avec cette fois deux gagmen pour renouveler son petit monde. Pierre Aucaigne, humoriste aussi connu en Belgique que Laurent Gerra en France, signe les scénarios, Michel Rodrigue, se charge du dessin avec un maximum de fidélité au trait rond et fluide de Dupa. Le second tome de ces « nouvelles aventures » voit l’arrivée d’un nouveau personnage : Bidule, le neveu de Cubitus. C’est la copie conforme, en réduction, de ce bon gros Cubitus. Il a le même esprit que son tonton, n’aimant pas qu’on le dérange en pleine sieste, surtout quand c’est Sénéchal, le chat. Ce dernier, tout en conservant son rôle de tête de Turc, est un peu moins méchant qu’avant. Plus victime que manipulateur. Aucaigne et Rodrigue n’oublient pas Sémaphore, le maître de Cubitus, qui pourrait bien ne plus être célibataire après une rencontre virtuelle sur le net…. (Le Lombard, 8,70 €)

dimanche 1 octobre 2006

BD - Les gags urgents des postiers de Godard et De Vigan


La collection Bamboo Job s’enrichit d’un nouveau corps de métiers : les postiers. Ce sont Godard (dessin) et Du Vigan (dessin) qui se chargent de tailler un costard à cette corporation de la fonction publique trop souvent décriée. Car les auteurs se moquent de certains de leurs défauts, mais dans l’ensemble les plaignent plus qu’autre chose. Il est vrai que ces employés sont souvent au contact du public et doivent régulièrement lutter pour conserver leur intégrité physique. Tel ce facteur, harcelé par une nymphomane prétextant le moindre recommandé pour le capturer dans son appartement. Où cette autre vieille dame, réclamant des intérêts sur son compte en banque affichant un très riquiqui zéro au niveau du solde. C’est compliqué aussi derrière les guichets quand les collègues s’y mettent. La jeune Marlène a le chic pour troubler la gent masculine avec des tenues affriolantes. C’est quand même très utile pour calmer le client récalcitrant. Une série s’appuyant sur des faits précis et réels pour mieux rire de l’absurdité de notre société. On reconnaît la pâte de Christian Godard, scénariste très aguerri (La Jungle en Folie, Toupet), bien servi par un jeune dessinateur déjà très sûr dans ses caricatures. (Bamboo, 9,45 €)

samedi 30 septembre 2006

BD - Si on aime Game Over, l'important est d'apprendre à perdre


Il était une fois un petit guerrier persévérant mais pas toujours très futé. Dans ses mondes virtuels, il doit affronter des Blorks vicieux et fourbes. Souvent , il croit avoir enfin trouvé l’astuce qui lui permettra de passer au niveau supérieur. Systématiquement il se retrouve avec le fatidique « Game Over » qui a donné son nom à cette série de gags muets imaginée par Midam. Midam, le créateur de Kid Paddle. On retrouve dans ce second recueil l’esprit gore et trash du nouveau héros des cours de récréation. Ce qui semblait au début un simple défouloir pour un auteur qui pouvait tout se permettre le succès aidant, est devenu une véritable série. Il en a gardé la maîtrise tout en se faisant aider au niveau scénario par Augustin et par Adam pour les dessins. A l’arrivée cela fait plus d’une quarantaine de variation pour une fin tragique du guerrier numérique. Des exemples : propulsé dans l’espace par des chaussures rebondissantes, enfoui sous terre par un pistolet déplace matière, électrocuté par la foudre dans une armure rouillée, écrasé par un tank, découpé par un samouraï… Le pire, c’est que le résultat est toujours le même : le lecteur éclate de rire à ses déconvenues… (Dupuis, 8,50 €)


vendredi 29 septembre 2006

BD - Rions avec nos amis belges...


Après le succès des Blagues de Toto, découvrez dans la même veine les blagues belges mises en images, dans un style gros nez très maîtrisé, par Eric Dérian et Philippe Larbier. A la collecte de ces fameuses histoires qui ont fait le succès de Coluche et de nombre de pilier de bar on retrouve un Belge, un vrai, Luc Parthoens qui signe sous le pseudo de Pluk. Luc Parthoens a fait toute sa carrière au studio Peyo, c’est lui qui a repris l’encrage des plus récents des albums des petits lutins bleus. En couverture le manneken piss et Jes, un des deux Belges de base récurrents dans ces histoires qui ne brillent pas pour leur originalité. Avec son copain Jos, par exemple, ils partent en forêt couper un sapin pour la Noël. Et ils en cherchent un, en vain, avec les boules. Où quand Jos se ruine à vider un distributeur de boisson se justifiant par un « Moi, tant que je gagne, je joue ». Certes cela ne vole pas très haut mais on ne peut s’empêcher parfois de sourire à la bêtise de ces personnages. Eric Dérian, sur son blog, aux lecteurs critiques lui reprochant de s’être « vendu au grand capital » répond : « Je m’en fous parce que je vais être riche. L’étape suivante c’est maître du monde !!! » Une fois, serait-on tenté de rajouter… (Delcourt, 9,80 €)

jeudi 28 septembre 2006

Roman - Les chroniques d'Oliver Alban

Personnage de bande dessiné imaginé par Floc'h et Rivière, Oliver Alban, critique littéraire anglais, nous livre une sélection de ses chroniques.

François Rivière, biographe reconnu d'Agatha Christie ou de J. M. Barrie, le créateur de Peter Pan, a transformé sa passion pour la littérature anglaise en une mine pour des scénarios de bande dessinée, notamment illustrés par Floc'h. Le personnage de Francis Albany est apparu dans « Les rendez-vous de Sevenoaks » aux éditions Dargaud en 1977. Le dernier album du duo, paru l'an dernier, raconte la vie d'Olivia Sturgess, romancière imaginaire, amie d'Albany. Ces deux, au fil des histoires élaborées par Floc'h et Rivière, se sont trouvé de plus en plus de points commun. Jusqu'à inventer une signature leur permettant de parler de leurs collègues indirectement. 

Critique virtuel
Oliver Alban a publié de très nombreuses chroniques. Critique virtuel, ce n'est que récemment qu'un historien travaillant sur l'oeuvre de Francis Albany a découvert au fond d'une malle des chroniques inédites. Et le doute s'insinue dans son esprit : « Et si Oliver Alban avait véritablement existé ? » Pas de réponse formelle, mais pour étayer cette hypothèse, voici quelques-unes des chroniques inédites, réunies par ordre chronologique. Ce sont en fait des petits portraits des plus célèbres intellectuels de l'époque. On apprend ainsi quelques secrets sur la vie et les manies de plusieurs écrivains anglais comme P. G. Wodehouse, Daphne du Maurier ou Patricia Highsmith. Chaque chronique est illustrée par un portrait au trait signé Floc'h. 
De Francis Albany (en 1947) à Somerset Maugham (en 1977), ces petits textes délicieux de malice et d'élégance, dressent un panégyrique de tout ce que l'Angleterre (et le monde anglo-saxon par extension) compte d'intelligent et de brillant. Oliver Alban rencontre également les célébrités de la télévision (il est sous le charme de Diana Rigg, l'inoubliable interprète de Chapeau melon et bottes de cuir) ou du cinéma comme Hitchcock. Sur ce dernier il recueille la confidence de quelqu'un qui l'a bien connu : « Hitch est un homme imprévisible, il passe de l'exquis à l'imprévisible sans raison apparente. En vérité, c'est un grand timide et un peureux. C'est du reste le secret de son génie ».
Ce livre est un petit bijou, vibrant hommage à tout ce que Floc'h et Rivière aiment dans la littérature anglaise. Et il donne envie de se plonger dans ces classiques outre-Manche encore trop méconnus ce de côté-ci du Channel... 

« Les chroniques d'Oliver Alban », Floc'h & Rivière, Robert Laffont, 19 €

mercredi 27 septembre 2006

BD - Diaboliques souvenirs d'enfance


Olivier Ka a gardé longtemps le secret en lui. Le secret de l’été de ses 12 ans. Depuis quelques années il connaît Pierre, un curé de gauche, jovial, cool et drôle. Pierre organise une colonie de vacances. Olivier y passe des étés de rêve. Jusqu’à ce que Pierre révèle son côté obscur. Une nuit, il rejoint Olivier et… Olivier Ka explique pourquoi, plus de vingt ans après les faits, il a besoin de raconter. Un texte, mis en images par Alfred. Mieux qu’une thérapie, l’histoire pathétique d’un gamin naïf, n’osant pas refuser, pour ne pas décevoir son « ami ». Une œuvre essentielle pour la compréhension de la mentalité des pédophiles, savoir comment ces monstres manipulent les enfants et pourquoi si peu de victimes, même 20 ans après, osent raconter leur martyr.

Pourquoi j’ai tué Pierre ?, Delcourt, 14,95 euros

BD - Les noires combines de Brrémaud et Duhamel


Dans le Harlem du milieu des années 70, Ce trio de pieds Nickelés new look a la particularité d’être mixte et noir. Mose, le docker aux pectoraux très convaincants, est l’ami de Lennox, moins costaud et toujours à la recherche d’une bonne combine pour se renflouer. Il entraîne dans ses arnaques sa petite amie, Dolorès pin-up très panthère noire… Le trio va se lancer dans deux arnaques en parallèle qui vont finalement se rejoindre dans une apothéose calamiteuse. Mose, redoutable boxeur, a accepté de se coucher contre un moins bon que lui. A la clé pas mal de fric dans les paris et surtout une place pour interpréter Mohamed Ali dans la reconstitution filmée de son combat légendaire à Kinshasa contre George Foreman. Par ailleurs, Lennox et Dolorès vont braquer des camions qui déchargent deux fois par semaine dans le port de mystérieuses caisses. Le jour J tout dérape : Mose met son adversaire KO, Lennox constate que le trafic (des armes lourdes) est organisé par la police. On rigole beaucoup en lisant cet enchaînement de quiproquos aux conséquences désastreuses. Le scénario est de Brrémaud, le dessin de Duhamel : un duo (comme leur trio de héros) à suivre. (Vents d’Ouest, 9,40 €)

mardi 26 septembre 2006

BD - Quand Satan rend visite à Bois-Maury



Hermann au dessin, son fils Yves au scénario : le chevalier de Bois-Maury fait étape dans la Flandre en pleine inquisition. Le jeune Toone assiste à l’arrestation puis à l’exécution de ses parents accusés d’être luthériens. Il se vengera du haut des toits enneigés de cette ville plongée dans la terreur. Un album directement inspiré d’un tableau, « Dulle Griet » de Pieter Bruegel l’ancien reproduit en début d’ouvrage. Herman signe quelques planches très épurées. Comme un hommage aux anciens maîtres de la peinture. Une tragédie semblant clore la saga Bois-Maury. Offert avec cet album, un livret de 32 pages retraçant « Les itinéraires de Bois-Maury ».
Bois-Maury, tome 13, Glénat, 9,40 euros