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samedi 28 décembre 2024

Fantasy - La quête magique des Héritiers dans « Le secret de Ji » de Pierre Grimbert

Classique de la fantasy française, cette saga de Pierre Grimbert bénéficie d’une édition intégrale parfaite pour faire ses premiers pas dans un univers riche et magique. 


L’île de Ji est un caillou ridicule dans le monde imaginé par Pierre Grimbert. C’est pourtant de là que débute la grande saga publiée il y a 30 ans et dont on peut découvrir une intégrale de plus de 1 300 pages au Livre de Poche. Les héritiers d’une délégation des divers royaumes de ce monde sont pourchassés par des moines assassins, les Züu. Il y a un peu plus d’un siècle, la délégation s’est enfoncée dans un souterrain de l’île, disparaissant durant plusieurs jours. Tous ne sont pas revenus. Traumatisés, les rescapés ont juré de ne jamais raconter ce qu’ils ont vu. Un secret jalousement gardé et transmis aux héritiers.

Au début du roman, six de ces héritiers parviennent à déjouer les attaques. Il y a Grigan, un guerrier, Lana, une prêtresse, Rey, un comédien, Corenn, une responsable politique, Bowbaq, un homme des bois et Léti, une simple jeune fille. Ils sont accompagnés par Yan, pêcheur, fiancé de Léti, la jeune fille. Pourchassés par les tueurs, ils vont vivre des aventures mouvementées et fantastiques.

Notamment quand Yan découvrira qu’il a un don pour la magie. Mais est-ce suffisant quand on est aux prises avec des démons et même un dieu répondant au nom de Sombre et planifiant la mort de tous les humains ?

L’intégrale regroupe les quatre romans constituant le premier cycle. Une quête dans laquelle le lecteur s’identifiera facilement, vibrant en découvrant ce que cache l’île de Ji, frémissant quand Yan rencontrera le dieu Usul, craignant pour la vie de Grigan, attaqué par une cohorte de rats de Farik porteurs d’une maladie mortelle ou riant des plaisanteries de Rey, le boute-en-train de la compagnie des héritiers.

« Le secret de Ji » (intégrale), de Pierre Grimbert, Le Livre de Poche, 1 360 pages, 24,90 €

jeudi 27 octobre 2022

Roman - Extinction silencieuse

Chaque année, des dizaines d’espèces d’animaux disparaissent de la surface de la Terre. Par la faute de l’homme. Dans Le dernier des siens, Sibylle Grimbert touche du doigt cette réalité en racontant l’histoire d’amitié entre Gus et Prosp. Le premier, chercheur français, est envoyé en Islande pour capturer, mort ou vivant, le second un grand pingouin pour le musée d’Histoire naturelle de Lille. 

Sur un rocher, après que les chasseurs ont massacré la trentaine de membres d’une colonie, Gus capture le dernier, une aile abîmée, mais vivant. « La bête, dont un moignon d’aile cassée pendait sur son ventre, hurla. Elle essaya de mordre Gus, son aile valide tendue le plus possible à la verticale. Mais comme toute son espèce, hors de l’eau, il était impotent. » Une fois de retour à la civilisation, Gus soigne le pingouin, le baptise Prosp et se prend d’affection pour cet être étrange. 

Le scientifique abandonne sa mission, conserve l’oiseau, le protège durant des années, sans savoir au début qu’il s’agit du dernier de cette espèce totalement éradiquée par les humains. Un superbe texte sur l’inconscience de certains hommes, leur cruauté, mais aussi la possibilité toujours présente de l’empathie entre certains d’entre nous et les animaux, quelle que soit leur apparence.  

« Le dernier des siens » de Sibylle Grimbert, Anne Carrière, 18,90 € 

vendredi 4 juillet 2014

Roman - Dieu trop puissant

Trop de religion peut nuire gravement à la santé mentale. « Nom de Dieu ! », roman de Philippe Grimbert, le démontre avec éclat.

Entre farce et essai philosophique, « Nom de Dieu ! » de Philippe Grimbert se lit comme on suçote lentement une de ces confiseries, sucrées au début, puis devenant très acide pour finalement retrouver la douceur originelle. En découvrant les mésaventures de Baptiste, cadre supérieur dans une fabrique de sucreries, le lecteur passe lui aussi par toute sorte de sensations que l'on peut associer à des goûts. Les premières lignes font presque office de roman social. Heureux, Baptiste a une vie réglée au millimètre. Femme au foyer aimante, enfant brillant à l'école, considération de ses collègues, bénévolat dans une association chrétienne. Son seul problème, c'est le manque de temps. Alors il fait des sacrifices. Notamment dans sa présence à la maison. Quand il ne va pas servir la soupe populaire aux plus démunis, il endosse son costume de clown pour distraire les petits cancéreux de l'hôpital voisin. 
Il semble faire don de soi, mais au fond Baptiste est comme les autres. Quand une restructuration est envisagée dans sa société, le directeur des ressources humaines pense immédiatement à lui pour l'annoncer aux condamnés. Sa compassion, sa charité chrétienne, ses mots de réconfort permettent de faire avaler la pilule. Cela lui provoque bien quelques cauchemars, mais il se persuade que si la direction l'a désigné, c'est que Dieu, dans sa grande clairvoyance les a conseillés.

Plaqué et licencié
La seconde partie du roman est moins consensuelle. Dieu, dans un moment de faiblesse sans doute, glisse le nom de Baptiste sur la seconde liste des licenciés économiques pour cause de ventes en baisse (et de délocalisation...). Pour couronner le tout, sa femme, qui s'est entichée de son psychanalyste (profession de l'auteur, il n'y a pas de hasard) met Baptiste à la porte le condamnant à vivoter dans une chambre d'hôtel Formule 1. Le coup de grâce vient de l'hôpital. Pour varier les plaisirs, le directeur a décidé d'embaucher un clown professionnel pour distraire les enfants. Le dernier rayon de soleil de Baptiste vient de s'éteindre.
Incapable de comprendre ce qui lui arrive, Baptiste se persuade que toutes ces déboires sont l'oeuvre du Créateur. Et comme il veut comprendre, il se confectionne une petite caisse en bois, s'habille en clown, se plante devant Notre Dame et pour la plus grande joie des touristes et des médias, se met à invectiver du soir au matin ce maudit Dieu, espérant une réponse ou au moins un signe. C'est la partie la plus acide du roman, la plus décapante. Comme si l'auteur, Philippe Grimbert, avait imaginé un dialogue entre son héros et Dieu en personne. A la différence que Dieu ne semble pas disponible semble faire le sourd. Mais Baptiste ne se fatigue pas. Qui aura le dernier mot ? Vous ne le saurez que dans les dernières pages.
Un roman remarquable par le contraste permanent des situations. Comme dans un numéro de clown, on passe du rire aux larmes, de la farce à la tragédie.

« Nom de Dieu ! », Philippe Grimbert, Grasset, 17 €

mardi 3 octobre 2006

Roman - La passion, la haine, la défaite


Une absence totale d'instinct", est une histoire d'amour qui finit mal. Ce roman de Sibylle Grimbert, son quatrième, entraîne le lecteur dans un tourbillon de passion, d'affrontements et de haine. Lise et Vincent se sont trouvé. Le gros et bel amour, immédiat, puissant, renversant tout sur son passage. Jeunes gens modernes, gravitant dans les milieux artistiques, littéraires essentiellement, ils s'accommodent, dans un premier temps de leurs différences flagrantes. La chair permet souvent d'aplanir ces disparités. Mais le quotidien, fait de repas, de réveils et de partages triviaux pourrit vite la situation idyllique des premières semaines. Un roman en trois parties, trois étapes d'un déchirement inéluctable : le terrain, la bataille, la défaite. 
Entre New York et Paris, d'un cocktail à un dîner en ville, leur relation s'effrite, se délite. Et quand le cap est passé, on en arrive aux extrêmes : « Une nuit, elle dansa autour de lui de manière volontairement ridicule en lui chantant qu'il était gros, un gros patapouf, chanta-t-elle, en tournant comme une folle à trois centimètres de son corps, en pointant son ventre de son doigt, en se baissant et en se relevant de façon grotesque comme elle imaginait une danse indienne autour d'un totem. Le lendemain elle pleura toute la journée en lui demandant de lui pardonner. Il refusa. » Implacable dans sa logique, ce roman dresse la carte du tendre des amours désenchantées de la jeunesse des années 2000.
« Une absence totale d'instinct », Sibylle Grimbert, Seuil, 12,50 €