vendredi 6 décembre 2024

BD - La loi dans l’Ouest


De marshal à shérif en passant par les agents du FBI, les USA ont toujours apprécié les héros chargés du maintien de l’ordre. Notamment quand ce continent, encore vierge, était livré à toutes les violences, tous les excès. Dans l’Ouest, le vrai, les hommes de loi, les lawmen, sont devenus de véritables légendes.

Tiburce Oger raconte 14 trajectoires de ces rois de la gâchette. Vedettes et autant de dessinateurs réalistes appréciant illustrer ces paysages américains vierges. On va donc croiser des shérifs incorruptibles, d’autres encore plus malhonnêtes que les pires voleurs de bétail, des agents chargés des affaires indiennes et quelques Texas rangers. Sans oublier le juge qui pend, celui qui a finalement le plus de sang sur les mains.


On retrouve quelques habitués (c’est le 4e titre de la série) comme Corentin Rouge, Laurent Hirn, Laurent Astier ou Dominique Bertail et quelques nouveaux dont Richard Guérineau, Xavier Besse ou Alain Mounier.
« Lawmen of the west », Bamboo - Grand Angle, 120 pages, 19,90 €

jeudi 5 décembre 2024

BD - Révélations pour Soda après une Résurrection sous la plume de Dan Verlinden


 Dix ans. Il aura fallu dix ans pour connaître la suite du tome 13 des aventures de Soda, le flic new-yorkais qui se déguise en pasteur pour ménager sa mère cardiaque. Intitulé Résurrection, il voyait l’arrivée d’un nouveau dessinateur : Dan Verlinden. L’épisode suivant, Révélations, était en cours d’écriture quand le scénariste, Tome, meurt subitement. Après quelques années de doute, les enfants de Tome confient les notes de leur père à Zidrou et Falzar pour écrire la conclusion de l’histoire.

Voilà pourquoi cette suite a mis dix ans à voir le jour. Dans un New York post-attentats du 11 septembre, la surveillance vidéo est devenue omniprésente. Caméras à tous les coins des rues, mais aussi drones. Soda n’apprécie pas spécialement mais continue son boulot et quand il apprend qu’un attentat va sans doute être commis dans le métro, il entre en action.

Dans la suite tant attendue, on découvre que les terroristes ne sont pas ceux que l’on croit, que le 11 septembre cache beaucoup de mensonges d’État. L’histoire semble un peu déconnectée de la réalité, mais on apprécie avant tout les dessins de Dan Verlinden. Ancien assistant de Janry, il a une maîtrise absolue de l’univers sombre imaginé par Tome. Et on constate qu’en dix ans, il a peaufiné son trait et ses mises en page.

Il aurait été un excellent repreneur, mais finalement, Soda va rester dans le giron de Bruno Gazzotti, le dessinateur de la série depuis le tome 3. Il a récemment relancé son héros avec le renfort d’Olivier Bocquet au scénario.
« Soda » (Résurrection & Révélations), Dupuis, 48 pages, 13,50 €

mercredi 4 décembre 2024

Cinéma - Deux frères se retrouvent “En fanfare”

La pratique de la musique, classique ou populaire, est omniprésente dans ce film d’Emmanuel Courcol. Un trait d’union entre deux frères qui apprennent à se connaître.


Tout réussi à Thibaut Désormeaux (Benjamin Lavernhe). Ce chef d’orchestre réputé enchaîne les grandes salles et compose. Une vie de rêve et de passion. Jusqu’à la découverte d’une leucémie. Une greffe de moelle devient urgente. Il demande à sa petite sœur. Mais elle n’est pas compatible. Pire, le chirurgien découvre qu’ils n’ont aucun lien de parenté. Thibaut a été adopté. Une vérité qui bouscule son quotidien, ses certitudes. Et lui permet de nouveau de faire des projets. Il a un frère, Jimmy (Pierre Lottin). Reste à le convaincre de devenir donneur.

Le début du film d’Emmanuel Courcol mélange mélodrame (découverte de la maladie) puis comédie (deux frères de milieux sociaux totalement différents). Mais là où d’autres auraient réduit leur propos à un enchaînement de situations comiques et cocasses, le réalisateur livre une œuvre fine et aboutie, avec l’utilisation de la musique pour raconter l’histoire et le rapprochement de ces deux hommes privés d’une enfance commune. Pour réussir ce grand écart, le jeu des comédiens est essentiel. En confrontant Benjamin Lavernhe et Pierre Lottin, le réalisateur accomplit un tour de force génial.

Car tout semble opposer ces deux inconnus aux parcours si différents. A la base ils ont la même mère, incapable de s’occuper d’eux. Thibaut tire le bon numéro en intégrant une famille qui détecte très tôt un petit génie de la musique. À l’opposé, Jimmy va de famille en famille avant de se stabiliser dans le foyer d’un mineur du Nord. C’est là qu’il va faire sa vie, employé dans une cantine scolaire, divorcé, père d’une adolescente. Il a pourtant un point en commun avec Thibaut : l’oreille absolue. Il l’utilise chichement en participant à la fanfare du village. Il joue du trombone, adore la trompette et se débrouille au piano.

Sur fond de lutte sociale, de paupérisation des anciennes régions industrielles et de mise en avant de la solidarité et de la joie de vivre typiques du Nord, En fanfare est une ballade sublime entre grande musique, jazz et variétés. Une renaissance pour le chef d’orchestre, un peu déconnecté de la vraie vie à cause de son succès, une seconde chance inespérée pour Jimmy, incapable d’avoir suffisamment confiance en lui pour exploiter ses talents.

Une histoire de rédemption, joyeuse et émouvante, un grand film ou l’on retrouve deux géants déjà honorés récemment au cinéma : Ravel et Aznavour.

Film d’Emmanuel Courcol avec Benjamin Lavernhe, Pierre Lottin, Sarah Suco

 

mardi 3 décembre 2024

Cinéma - Le “Grand Tour” de la fuite nuptiale


Film et voyage hypnotiques que ce Grand Tour signé Miguel Gomes. Le réalisateur portugais mélange allègrement les styles dans un long-métrage entre fiction et documentaire. La fiction raconte comment un homme fuit quand sa fiancée arrive pour se marier. Une course-poursuite dans plusieurs pays asiatiques, de Singapour aux contreforts tibétains de la Chine en passant par la Malaisie ou le Japon.

En 1918 à Rangoon, Edward (Gonçalo Waddington) panique. Sa fiancée, depuis 7 ans, Molly (Crista Alfaiate), va débarquer du bateau, en provenance de Londres, pour se marier. Il décide de prendre la fuite. Il saute dans le premier train et part le plus loin possible. Molly va le suivre à la trace dans ce Grand Tour des capitales asiatiques.

La construction du film est, au début, assez déconcertante. Miguel Gomes, avant de tourner les scènes d’Edward et de Molly, en studio au Portugal, a lui même traversé les villes et pays. Et filmé certaines scènes typiques (danses de marionnettes, pandas dans la forêt, pêcheurs sur un fleuve, frénésie de la circulation des deux-roues dans des artères surchargées) pour illustrer la cavale d’Edward et la traque de Molly. 

Mais si les comédiens sont bien dans la bonne époque, début du XXe siècle reconstitué en noir et blanc avec image granuleuse, le reste ressemble à un documentaire. Il faut rapidement accepter ce parti pris de production pour bénéficier pleinement de ce film. Une fois l’effort réalisé, on est plongé dans une réalisation fascinante, où les scènes du réel interpellent judicieusement les parties scénarisées.

Avec les belles performances de deux comédiens principaux. Gonçalo Waddington dans la peau d’un Edward pleutre, perdu et pris dans un maelström frénétique tel un fétu de paille. Crista Alfaiate incarne une Molly déterminée, pressée, désespérément optimiste et joyeuse. Son rire est un véritable enchantement. Œuvre à part, le Grand Tour de Miguel Lopes lui a permis de remporter le prix de la mise en scène au dernier festival de Cannes. Récompense méritée pour un créateur exigeant aux propositions aussi originales que talentueuses.

Film de Miguel Gomes avec Gonçalo Waddington, Crista Alfaiate.


lundi 2 décembre 2024

Polar - « LEO », le casse du millénaire en Afrique du Sud

Griessel et Cupido, les deux policiers sud-africains préférés de Deon Meyer s’attaquent à forte partie : des soldats reconvertis dans le braquage.


Rien de tel qu’un bon polar pour découvrir les mœurs de certains pays étrangers. L’Islande n’a plus de secrets pour les fans d’Erlendur et l’Afrique du Sud devient familière pour les lecteurs des enquêtes de Griesel et Cupido, policiers imaginés par Deon Meyer.

Le nouveau roman de cet auteur au style aussi direct qu’efficace, raconte deux histoires en parallèle. D’un côté on retrouve le quotidien de ce duo de flics, beaucoup trop honnêtes pour un pays gangrené par la corruption. Ils ont payé leur zèle en quittant le service d’élite des Hawks pour un commissariat traitant des crimes de la vie quotidienne. Voilà comment ils se retrouvent à constater le décès d’une cycliste dans un parc. Simple chute, attaque d’un animal ou agression ? Malgré leur spleen, ils vont faire leur boulot au mieux et découvrir que derrière cette mort banale se trouve un homme mystérieux, ancien des forces armées devenu mercenaire.
Mercenaires, c’est en faisant ce travail peu recommandable que plusieurs anciens commandos se sont connus. Ils sont sur un gros coup. Très gros. Énorme. Ils ont appris que dans un entrepôt anonyme bien caché dorment des millions de dollars et plusieurs tonnes d’or. Le casse du siècle, presque du millénaire, seconde partie du roman. On en suit les préparatifs par l’intermédiaire de Chrissie Jaeger, blonde athlétique, fille de la brousse, aimant défier les animaux sauvages, notamment les lions.
Avec une science de la narration absolue, Deon Meyer raconte, heure par heure, les préparatifs du casse (il y en a deux en réalité…) et comment les deux policiers mis sur la touche, vont finalement être sollicités pour faire tomber, non pas les braqueurs, mais les propriétaires (et surtout voleurs) de ces milliards spoliés au peuple sud-africain. Un polar, de l’action et pas mal de politique sur les trésors volés de ce pauvre continent africain, du Nord au Sud.
« LEO » de Deon Meyer, Série Noire - Gallimard, 622 pages, 23 €

dimanche 1 décembre 2024

Cinéma - Un “Diamant brut” inspiré par la télé réalité


Montrer qui on est véritablement. Et prendre sa revanche. Deux étapes essentielles pour tous ceux et celles qui espèrent devenir célèbres. De nos jours, le talent n’est plus important. Une personnalité originale, du bagout et surtout peu de pudeur et vous pouvez vous retrouver avec des milliers de followers, aussi renommé qu’un écrivain lauréat du Goncourt ou qu’un comédien primé aux Césars.

Cette exposition médiatique, synonyme de richesse instantanée, fait rêver Liane (Malou Khebizi). A 19 ans, elle rêve de strass, de paillettes et de luxe. Pour y arriver, elle compte sur sa volonté, sa plastique. Fausse poitrine, lèvres pulpeuses, ongles géants : elle travaille son look. Et sent qu’elle est à deux doigts d’y arriver quand une directrice de casting, les nouveaux faiseurs de rois et de reines, la recommande pour intégrer Miracle Island, l’émission de téléréalité qui cartonne. Deux mois au soleil de Miami et la fin de la galère, magouilles et petits vols dans les magasins ou prises de tête avec sa mère.


Le film d’Agathe Riedinger raconte ce temps figé de l’attente. On découvre sa prestation au casting puis comment elle s’occupe avec ses copines, de pures « cagoles » selon la terminaison un peu vulgaire de ce sud. On entre dans l’intimité de cette jeune fille, pas encore femme, mal dans sa peau, jouant un rôle en permanence. Obligée de se montrer forte face aux hommes qui la désirent, juste pour l’asservir. Le film, plongée dans la misère sociale de ce XXIe siècle, est très dur.

Car si la télé réalité est souvent sale, la vraie vie est parfois encore plus abjecte. Un Diamant brut qui permet aussi d’en découvrir un autre, Malou Khebizi, livrant une performance haut de gamme pour ses premiers pas à l’écran.

 Film d’Agathe Riedinger avec Malou Khebizi, Idir Azougli, Andréa Bescond



En vidéo, “Pendant ce temps sur Terre”


Rares sont les réalisateurs français osant s’attaquer à la science-fiction. Jérémy Clapin, repéré après son film d’animation pour adultes J’ai perdu mon corps, a relevé le défi en écrivant et filmant e très énigmatique Pendant ce temps sur Terre. Elsa (Megan Northam), une jeune femme se pose beaucoup de questions après la disparition, en orbite, de son frère, spationaute.

Quand elle croit entendre la voix du disparu, elle comprend qu’il est aux mains de mystérieux extraterrestres. Avec un minimum d’effets spéciaux, le metteur en scène fait passer un message entre poésie et science.

L’édition DVD du film chez Diaphana offre des commentaires audio du réalisateur, un livret et un court-métrage de 2009.

samedi 30 novembre 2024

Thriller - « Éruption », roman brûlant signé Michael Crichton et James Patterson

 Alors qu’un volcan à Hawaï entre en éruption, menaçant la population, un autre danger, encore plus grand, risque de provoquer l’extinction de toute vie sur terre.


Mort en 2008, Michael Crichton, romancier américain devenu mondialement célèbre avec son Jurassic Park, n’a pas eu le temps de finaliser son ultime thriller. Un sujet qui lui tenait particulièrement à cœur : les volcans et Hawaï. Il avait accumulé une importante documentation et rédigé le début de l’intrigue. Une œuvre inachevée que sa veuve a longtemps préféré ignorer. Et puis la rencontre avec James Patterson, autre écrivain US expert en best-seller, a débloqué la situation. Voilà comment on peut trembler en découvrant Éruption, l’ultime cauchemar imaginé par Michael Crichton et mis en forme par James Patterson.

En ce début d’année 2025, la grande île d’Hawaï ne cesse d’être secouée. Les entrailles de la terre ont la bougeotte. Et comme souvent, ces secousses vont déboucher par une nouvelle éruption du volcan Mauna Loa. Une de plus dans la longue carrière de John MacGregor, volcanologue habitué aux caprices de notre planète. Mais peut-être aussi la dernière car selon toutes les observations de son équipe depuis des mois, c’est une éruption record qui est en train de se préparer. Au point qu’il craint pour la ville de Hilo, la plus grande de l’île.

Le roman va raconter, heure après heure, la préparation de l’éruption. Avec en plus un danger supplémentaire car pas loin du volcan sont entreposés des déchets toxiques mortels. Un double danger pour un héros intelligent, courageux, volontaire, sans faille. Le prototype du bon Américain, capable de tous les sacrifices pour sauver sa planète.

Un côté héros inébranlable toujours un peu irréaliste quand on sait comment cela se passe en réalité, mais c’est une grande spécialité américaine. Cela lui donne l’occasion d’avoir cette pensée, un soir sur une plage du Pacifique : « Mac prit le temps de s’imprégner de la scène, s’émerveillant de la perfection du monde vu d’ici. Seuls le clapotis des vagues devant lui, et de temps à autre le chant d’un oiseau nocturne, venaient rompre le silence. Il avait l’impression d’être le dernier homme sur Terre. Voilà ce qu’on essaie de sauver, songea-t-il. Ce qu’on doit sauver. »

Écrit comme un film à grand spectacle au budget illimité, ce roman est prenant car sans doute peu éloigné d’une possible réalité.

« Éruption » de Michael Crichton et James Patterson, Robert Laffont, 448 pages, 23 €

vendredi 29 novembre 2024

Une intégrale jeunesse - Les débuts de Chien Pourri


Animal préféré de nombreux jeunes lecteurs, Chien Pourri, après de nombreuses aventures, connaît enfin la consécration avec la sortie, quelques semaines avant les fêtes de fin d’année, du premier tome de l’intégrale de ces histoires imaginées par Colas Gutman et illustrées par Marc Boutavant.

Vous y découvrirez quatre romans, dont le premier qui présente ce drôle d’animal : « né dans une poubelle, qui sent la sardine » et dont le pelage ressemble à une « vieille moquette râpée ». Avec Chaplapla, autre estropié de la vie, il va aller à l’école, à la plage et fêter Noël.
« Les aventures de Chien Pourri » (intégrale 1), École des Loisirs, 256 pages, 24,90 €

Un beau livre - Extraordinaires oiseaux


Les fêtes approchant, commencez à penser beaux livres pour vos cadeaux. Si vous avez parmi vos proches un amateur de belles photos animalières, ce livre s’impose. Tous les oiseaux de nos régions (France et Suisse), sont présentés dans de superbes clichés mettant en valeur leur beauté naturelle.

D’un vol d’étourneaux, omniprésents en plaine, à la parade du grand tétras, merveille des Pyrénées, vous en prendrez plein les yeux. Et comme chaque illustration est accompagnée de textes signés de grands ornithologues, vous deviendrez en plus incollable sur cette riche avifaune de la région.
« Extraordinaires oiseaux », Salamandre, 264 pages, 45 €