lundi 27 novembre 2023

BD - Le mystère Lapérouse enfin résolu ?


Découvrir de nouvelles terres, de nouveaux pays et mieux connaître notre planète a donné l’occasion à des scientifiques de se transformer en aventuriers. En France, c’est Lapérouse qui illustre parfaitement cette quête de connaissance. Pourtant le navigateur, à la tête d’une ambition expédition commandée par le roi de France en 1785, n’est jamais revenu à bon port.

Son bateau, la Boussole a disparu corps et biens dans le Pacifique Sud. Une énigme sur le point d’être résolue par la marine nationale française en cette année 1964. De nouveaux vestiges viennent d’être découverts sur la barrière de corail de Vanikoro, là où s’est échoué et a sombré l’autre navire de l’expédition Lapérouse, l’Astrolabe. La Boussole a-t-elle aussi été emportée par ce cyclone ?

LF Bollée et Marie-Agnès Le Roux, les scénaristes de ce roman graphique dessiné par Vincenzo Bizzarri, racontent cette expédition mouvementée. Plus qu’une simple reconstitution historique, ils ont imaginé une intrigue avec des personnages imaginaires mais très crédibles.

Il y a le commandant de l’expédition, un militaire ambitieux qui prend trop de risque pour la grandeur de sa nation et les médailles qu’il pourrait arborer une fois rentré à Paris, une jeune journaliste, féministe avant la lettre, effrontée, libre, experte en photographie sous-marine et un nageur de combat, force de la nature, militaire obéissant, plus habitué à s’infiltrer clandestinement derrière les lignes ennemies (on est en pleine guerre froide) pour éliminer froidement des ennemis condamnés par le plus haut sommet de l’État qu’à jouer les collecteurs de vestiges archéologiques encastrés dans le corail.

Ce sont ces rapports compliqués entre personnalités opposées qui donnent tout son sel à ce récit, finalement assez banal et qui ne restera pas dans les annales de la grande l’histoire de France.

« Lapérouse 64 », Glénat, 160 pages, 22,50 €

dimanche 26 novembre 2023

BD - Diversité à protéger dans le Pacifique Sud

La France possède dans le Pacifique Sud (et aussi dans l’océan Indien), quantité d’îlots, derniers vestiges d’une puissance maritime colossale. Des confettis d’empire qui coûtent. Sur ce petit bout de corail perdu dans le Pacifique Sud, une station météo est à l’abandon. Pour la réparer, il est proposé à Eva, une ingénieure qui ne trouve plus de sens à sa vie dans notre société de surconsommation, un contrat de quelques mois.

Elle ne gagnera pas beaucoup et sera seule. Elle accepte la mission et part pour son caillou avec pour seul compagnon son chien.

Ce roman graphique de Léonard Chemineau débute comme un conte de fées, version 3.0 avec conscience écologique et volonté d’un véritable retour à la nature. Mais les problèmes s’accumulent et Eva, inexpérimenté, risque de mourir. Elle ne doit son salut qu’à l’intervention d’un navire d’exploration. Une société privée qui cherche des minéraux rares dans les fonds de son île. La belle et pure écologiste sauvée par les méchants exploiteurs des fonds sous-marins, destructeurs d’une fragile diversité.

La seconde partie raconte cet affrontement, les enjeux financiers et sociétaux de la perpétuelle lutte entre le pot de terre et le pot de fer. Une utopie magnifiée par les planches en couleurs directes d’un illustrateur particulièrement à l’aise pour retranscrire la beauté de la nature sauvage, sur terre comme sous la mer.

« La brute et le divin », Rue de Sèvres, 144 pages, 22 €

samedi 25 novembre 2023

Cinéma - Le “Testament” désabusé d’un vieux monsieur

 Film canadien de Denys Arcand avec Rémy Girard, Sophie Lorain, Marie-Mai.

Végan, féministes, écolos, progressistes et autres wokistes, ce film n’est pas pour vous. Denys Arcand, vieux cinéaste québécois, a la dent dure contre toute l’évolution de notre société depuis une dizaine d’années dans ce film qui ose avoir pour personnage principal un vieux monsieur, Blanc, hétérosexuel, retraité aisé, cultivé et respectueux des bonnes manières.

Jean-Michel Bouchard (Rémy Girard), dans une introduction en voix off, avoue que son existence a été ennuyeuse. Qu’il lui tarde d’aller retrouver ses amis, pour la plupart au cimetière. Mais à 70 ans il est encore en forme, autonome dans cet appartement d’une résidence pour personnes âgées gérée par la très autoritaire Suzanne Francoeur (Sophie Lorain).

Il travaille même deux jours par semaine aux archives nationales. Le début du film est une succession de petits sketches hilarants. On rit du ridicule des adorateurs du sport à outrance, des nouveaux écrivains, forcément membres d’une minorité brimée, des télévisions d’information en continu, partisanes et toujours à la recherche du buzz ou de la classe politique, lâche et menteuse, quel que soit son bord.

Tout se complique quand des jeunes viennent camper devant la maison de retraite pour demander la destruction d’une fresque murale représentant la rencontre entre Jacques Cartier et les Indiens. Une image « immonde » du colonialisme, qui montre les membres des « peuples premiers » comme des sauvages et les femmes comme des objets sexuels.

Film politique, critique acerbe des modes de nos jours, Testament se termine pourtant sur une note d’espoir. Car Jean-Michel devra admettre à son corps défendant que toutes les luttes sont légitimes. Ce sont leurs perceptions à travers le prisme du passé qui les rendent impopulaires auprès de certains.

vendredi 24 novembre 2023

En vidéo - “La main” surgie des Enfers


Certains films d’horreur parviennent encore à surprendre un public saturé d’effets spéciaux. La dernière pépite en date vient d’Australie. Longuement préparée par deux frères qui ont fait leurs classes sur YouTube, La Main (M6 Vidéo) vous fera hurler de terreur par ses trouvailles.

Fidèles aux clichés du genre, les frères Philippou placent leur intrigue dans un groupe de jeunes. Grâce à une main momifiée, ils communiquent avec les esprits. Mais ces derniers parviennent à prendre le contrôle de certains vivants. Pas pour aller réparer les erreurs commises lors de leur existence.

Plutôt pour prolonger des massacres sanglants. Possessions, réminiscences du passé, cauchemars éveillés : le film est terrifiant et bénéficie d’un casting de qualité, Sophie Wilde en tête dans le rôle principal de Mia, hantée par sa mère récemment suicidée.

jeudi 23 novembre 2023

Littérature française - « La ballade d’Amélie », nouvelle « partition » d’Hélène Legrais

Hélène Legrais plonge ses lecteurs dans l’art lyrique et raconte le Pays catalan mais pas que. Elle y glisse aussi un peu de ses propres expériences.


Les amateurs de belle musique et d’art lyrique seront aux anges en découvrant le nouveau roman d’Hélène Legrais. La ballade d’Amélie raconte une période très particulière d’une cantatrice catalane imaginaire. Amélie a une voix d’exception. Mais quand elle devient aphone, cette chanteuse entièrement dévouée à son art, se sent sombrer.

D’où vient cette extinction ? Pas d’un problème sur les cordes vocales, mais bien d’un dysfonctionnement de son cerveau. Exactement du débranchement de ce fameux cerveau pour cause de surmenage. Un burn-out, selon le terme à la mode. La sidération d’Amélie est totale. « Deux secondes d’incrédulité et puis la panique. Nue. Brute. Animale. Telle une main glacée qui vient serrer la gorge. Le souffle coupé. Le sang qui se retire du visage. Le précipice qui s’ouvre sous les pieds. Le monde, son monde qui bascule. D’un seul coup. »

Cap sur la Lozère

La première partie du roman est centrée sur l’analyse de cet accident de santé, comme un reflet du miroir de la romancière qui avoue en fin d’ouvrage, « Quand j’ai eu l’idée de ce roman et que j’ai commencé à travailler dessus, j’étais loin de m’imaginer que le burn-out me rattraperait en route et que je n’aurais pas à solliciter mon imagination pour en décrire les effets. » Il semble y avoir beaucoup de vécu dans ce calvaire vécu par Amélie. Mais cela ne l’empêche pas de croiser la route de quelques célébrités locales, Jordi Savall, Daniel Tosi et des lieux emblématiques tels l’abbaye de Fontfroide dans l’Aude ou le Palais des rois de Majorque à Perpignan.

Amélie décide de s’en sortir à sa façon. Où les ballades font place à une grande balade salvatrice. En compagnie de Titine, un vieux Citroën type H et de son inséparable chatte Indy. Exit donc Sahorle, la côte Vermeille et les descriptions du Canigó, place aux vertes courbes du très calme hameau des Laubies au cœur de cette Lozère si dépaysante. Une analyse sans doute tirée par les cheveux, pourrait faire penser que la romancière, pour se tirer de son propre mauvais pas, a comme Amélie, décidé de sortir de sa zone de confort. Le bonheur est souvent au bout du chemin, dit-on.

« La ballade d’Amélie » d’Hélène Legrais, Calmann-Lévy, 320 pages, 19,90 €. 

mercredi 22 novembre 2023

Une intégrale - Robert Goolrick



Romancier américain venu tardivement à l’écriture, Robert Goolrick est mort après une vie compliquée. Il a fait des débuts tonitruants avec Féroces, l’histoire de son enfance maltraitée. Un roman publié aux éditions Anne Carrière qui ont diffusé toutes ses œuvres. Mort en 2022, il laisse trois romans, quelques nouvelles et trois textes majeurs d’autofiction. 

Dans cette intégrale de plus de 1 400 pages vous retrouverez sa plume acérée, trempée parfois dans la bile, souvent d’une beauté sans pareille. Un auteur majeur, qui mérite amplement cette ultime reconnaissance et devrait conquérir de nouveaux amateurs, sans doute déçus de savoir qu’ils ne pourront jamais lire de nouveau Goolrick.

« Robert Goolrick, œuvres complètes », Anne Carrière, 1 400 pages, 19,90 €

mardi 21 novembre 2023

Un beau livre : L’enfance des méchants


« Mais pourquoi sont-ils si méchants ? »
Les enfants, en entendant pour la première fois les contes, vous posent parfois la question. Cet album écrit par Sébastien Pérez et illustré de dessins pleine page de Benjamin Lacombe, offre des explications. Dracula, par exemple, a découvert son attirance du sang en constatant que c’est moins fade que le lait de ses nourrices.


Baba Yaga a longtemps souffert de la faim jusqu’à sa rencontre avec un enfant dans la forêt. De même, le Croquemitaine ne digère que les enfants qui ont un goût particulier : celui de la désobéissance. Avec parfois des histoires qui justifient leur méchanceté, comme cette vengeance qui anime Shere Khan, le petit tigre orphelin du Livre de la Jungle.

« L’enfance des méchants des vilaines et des affreux », Margot, 19,90 €

lundi 20 novembre 2023

Poches : Tolkien pour les fêtes


Tolkien rejoint la collection Pocket Imaginaire en version collector avec la parution simultanée de deux de ses textes emblématiques. Le plus connu, Le Hobbit, nous permet de redécouvrir les aventures de Bilbo, hobbit paisible et sans histoire mais au grand destin après sa rencontre avec Gandalf le magicien. Autre titre proposé sous une couverture stylisée au titre doré tel de l’or fin, Le Silmarillion. On retrouve dans cette nouvelle traduction de Daniel Lauzon plusieurs récits allant des jours anciens de la Terre du Milieu à la fin de la guerre de l’Anneau en passant par le second âge et la montée en puissance de Sauron. Des classiques à glisser dans des emballages cadeaux sans le moindre doute.

« Le Hobbit » et « Le Silmarillion » de J.R.R. Tolkien, Pocket, 9,90 et 11 €

dimanche 19 novembre 2023

Un concept jeunesse - Le livre qui ne voulait pas être lu


Quand un concept fonctionne, pourquoi ne pas le réutiliser sur une nouvelle variation ? Interrogation légitime qui a poussé David Sundin, écrivain, comédien et présentateur de télévision suédois, à proposer une troisième suite à son Livre qui ne voulait pas être lu. Un adulte tente de lire une histoire à son enfant le soir avant de s’endormir. 

Mais le bouquin fait tout pour ne pas être lu. Lettres à l’envers, flou impétueux, poids excessif, inversion de lettres, décharges électriques : on rit de bon cœur aux tours pendables joués par ce terrible livre. L’enfant aussi, le parent un peu moins. 

Une histoire toute simple, où l’interprétation devra être au niveau des trouvailles du livre qui ne voulait pas être lu.

« Le livre qui ne voulait vraiment mais alors vraiment pas être lu », David Sundin, Robert Lafont, 15,90 €

samedi 18 novembre 2023

Des polars vintage à la Série Noire


On en trouve parfois sur les vide-greniers ou chez les bouquinistes de ces exemplaires de la Série Noire des années 50 à 70, quand les bouquins étaient au format poche. Des classiques de nos jours, dont trois premiers titres viennent d’être réédités dans une présentation très fidèle à l’origine et à un prix abordable. 

Un Joseph Bialot de 1978 avec une préface de Tonino Benacquista et deux Raymond Chandler (avec de nouvelles traductions) datant des années 40 et 60. Bref, du roman policier comme on n’en fait plus mais qui a baigné l’imagination de tous les auteurs de la fin du XXe siècle et même du début de ce XXIe.

Collection Série Noire Classique, « Le grand sommeil » et « La dame du lac », Raymond Chandler, 14 €, « Le salon du prêt-à-saigner », Joseph Bialot, 12 €