Roman graphique se déroulant sur deux époques et dans deux lieux différents, Hypericon de Manuele Fior semble basé en partie sur ses souvenirs berlinois. Ruben, le jeune Italien dilettante, semble inspiré de la jeunesse du créateur de cette BD de plus de 140 pages.
Ruben rencontre, aime et vit avec Teresa, autre Italienne déracinée qui vient cordonner l’exposition Toutankhamon. L’album, en plus de la découverte de l’amour entre ces deux jeunes dans un Berlin jeune et moderne, raconte la découverte de la tombe du pharaon par Carter.
Si vous vous demandez à quoi ressemble le métaverse, jetez un œil à la nouvelle série programmée sur Prime Vidéo. Périphériques, les mondes de Flynne est une version améliorée de cette réalité virtuelle promise par les grands du net.
Dans un futur proche, aux USA, dans une petite ville de province, Flynne (Chloë Grace Moretz) est très présente pour sa famille. Elle aide sa mère qui est en train de devenir aveugle et son frère, vétéran d’une guerre civile meurtrière. Pour s’évader, elle enfile un casque de réalité virtuelle et se transforme en guerrière invincible.
Distillée à petite dose (un épisode chaque vendredi durant huit semaines), cette série est adaptée d’un roman de William Gibson (paru en France au Diable Vauvert).
Flynne reçoit un nouveau casque. Plus simple, beaucoup plus efficace. Dès qu’elle se branche, elle se retrouve plongée dans le Londres de 2099. Là elle va découvrir la lutte impitoyable entre police, gangsters et scientifiques. Et se retrouve être un enjeu majeur pour l’avenir de ce monde périphérique. Pour bien profiter de l’histoire, il faut dans un premier temps séparer les deux mondes présentés. Le futur proche américain, avec militaires connectés (le frère de Flynne) et le Londres totalement différent, où les robots sont plus nombreux que les humains. Des robots qui servent de réceptacles à la conscience de Flynne quand elle se téléporte virtuellement dans ce monde périphérique, ce métavers puissance 1 000 qui semble être plus réel que son propre monde.
Porté par les créateurs de Westworld, Périphériques est assez bluffant par sa façon de nous perdre entre les mondes réels et virtuels. Les effets spéciaux sont particulièrement réussis, notamment dans le Londres futuriste, gris et pollué, quasi désert.
L’autre belle réussite est de proposer une ribambelle de méchants. Aux USA c’est le très violent Corbett Pickett (Louis Herthum vu dans quantité de séries dont Westworld) et dans l’Angleterre à l’agonie la lutte est rude entre Cherise (T’Nia Miller, repérée dans Sex Education ou The Haunting of Bly Manor) et le mafieux d’origine russe Lev Burtov (John Joseph Feild, Perdus dans l’espace). Les scénaristes se sont même permis une petite romanche entre l’avatar de Flynne et le mystérieux Wilf Netherton (Gary Carr, Meurtres au Paradis). Reste à savoir comment la saison 2 va évoluer. La première est indéniablement réussie, mais les questions en suspens sont légion et l’attente des très nombreux téléspectateurs extrêmement forte.
Pour son premier roman, Elie Semoun s’inspire en grande partie de sa propre vie. Pas une autobiographie (il a déjà donné), mais de sa dernière passion amoureuse. Dans ce texte, sorte de long poème à la première personne, il raconte de façon chronologique et très talentueuse, les différentes étapes de cette période durant laquelle il espérait « Compter jusqu’à toi ». Tout commence au travail. Pour Elie Semoun au théâtre donc. Il donne une représentation de son dernier spectacle et immédiatement, il remarque une jeune femme dans le public. Un coup de foudre improbable. Dans les premières pages du roman il énumère toutes les circonstances heureuses qui vont transformer la soirée en bonheur durant quelques années : « Et si mon regard ne s’était pas alors, ensuite, posé sur toi ? Et si ta beauté n’avait pas accroché mon œil comme un ballon d’enfant au bout de sa ficelle ? » Sans s’épargner, il va aussi raconter comment la passion va lentement mais sûrement s’atténuer, l’amour s’éloigner, les joies des retrouvailles (sa fiancée vit à l’étranger et ne le rejoint qu’épisodiquement à Paris) s’estomper. On est loin des vannes qui font rire. Mais les comiques ont souvent des amours tristes.
Venu récemment dans la région rencontrer ses admirateurs aux clap ciné de Canet et de Leucate, Elie Semoun est revenu sur l’écriture de ce roman et ses passions littéraires. « Je préfère parler de récit que de roman, ça prend la forme d’un journal intime car c’est mon histoire que je raconte au fond. Je l’ai écrit un peu comme une série. Je ne dis pas que ce sont des chapitres mais des épisodes. J’ai voulu écrire le plus simple, reprenant des phrases que j’avais dans la tête depuis pas mal de temps. C’est mon histoire, mais je l’ai un peu fictionnée, je n’ai pas tout mis. Je suis un grand lecteur et pendant l’écriture de mon roman j’ai été influencé par l’écriture de Sagan, Colette, Annie Ernaux parfois, une écriture très claire, très limpide, un mélange de quotidien et de poésie. »
Dans ce texte, on sent un homme qui plus peur du désamour que de l’amour : « J’ai été traumatisé par la perte de ma mère quand j’avais 11 ans. L’abandon, la perte de quelqu’un qu’on aime guide un peu mes histoires. J’ai besoin assez souvent d’être rassuré. » De cette expérience amoureuse, il a fait un livre dans lequel beaucoup de ses lecteurs se reconnaissent. « comme quand tu attends des textos et tu es tout seul chez toi alors que ta copine va faire la fête, tu es en même temps rongé par une sorte de jalousie et une inquiétude et ça c’est quelque chose qu’on a tous vécu. » Et s’il reconnaît qu’il « ne s’est pas donné le beau rôle », Elie Semoun souligne surtout que « cette histoire est le mélange des amours que j’ai vécus. » Et comme dans la chanson, les histoires d’amours des comiques finissent mal, en général.
« Compter jusqu’à toi » d’Elie Semoun, Robert Laffont, 19 €
La production télévisuelle de la Corée du Sud est pléthorique et très diversifiée. Si certaines séries sont hyperviolentes, d’autres très basiques, il y a aussi quelques œuvres assez inclassables. Glitch, visible sur Netflix, intègre parfaitement cette dernière catégorie. En 10 épisodes d’un peu moins d’une heure le spectateur rentre dans la paranoïa de Jihyo Hong (Jeon Yeo-bin). Cette jeune fille très effacée, est convaincue d’avoir été contactée par des extraterrestres en étant enfant.
Quand son petit ami disparaît du jour au lendemain, elle se persuade que ce sont ces fameux aliens qui l’ont enlevé. Elle repère des signes et les voit même lors de flashes dont on ne sait si c’est la réalité ou des hallucinations. Elle va finalement aller chercher de l’aide auprès d’un club d’amateurs pour tenter de retrouver son fiancé et démontrer la réalité de la présence de ces petits hommes verts.
On est loin des Envahisseurs de David Vincent, même si on retrouve la thématique du « seul contre tous ». Une série assez hypnotisante dans sa façon de montrer la folie de certains et l’incompréhension de la majorité.
Enquête policière et littéraire que ce roman d’Adrienne Weick, lauréat du grand prix des enquêteurs 2022. La septième diabolique est la façon de désigner une nouvelle inédite de Barbey d’Aureville, écrivain normand. Il a publié en 1874 un recueil de six nouvelles titré Les Diaboliques. Or il existerait une septième histoire, dite de la femme recluse. Mais ce texte n’a jamais été retrouvé. Légende ou réalité ?
C’est à cette question que vont tenter de répondre les personnages de ce roman policier érudit. Le plus impliqué est un romancier français. Anatole, fin connaisseur de l’œuvre de Barbey d’Aureville, il se retrouve en convalescence à Valognes, petite ville où l’écrivain aimait se réfugier. Aidé d’un étudiant, Aurélien, il va découvrir des indices sur l’existence de ce texte et des raisons de sa disparition ? Une affaire qui deviendra familiale avec l’arrivée dans le jeu d’Anne, bourgeoise normande.
Ce récit, enquête dans le passé, conduit le lecteur dans les méandres de la bonne société de province, actuelle et passée, sur les barricades de la Commune et les censures du XIXe siècle. Une belle découverte qui donne une furieuse envie de lire les six Diaboliques. La 7e, elle est imaginée par Adrienne Weick dans ce présent roman.
« La septième Diabolique » d’Adrienne Weick, Robert Laffont, 17 €
On est tous passé par là un jour. L’envie de refaire sa vie, de bazarder le présent, oublier le passé et repartir sur de nouvelles bases. Chiara (Cécile de France) vit depuis 15 ans avec Antoine (Grégoire Monsaingeon) sur l’île d’Yeu. Ils sont marins-pêcheurs. Chaque jour, ils vont relever des casiers remplis de gros crabes.
Un métier dur, mais qui leur plaît. Couple fusionnel, ils s’épaulent, se complètent. Pourtant, quand un apprenti arrive pour apprendre les rudiments de la profession et leur donner un coup de main, tout bascule. Maxence (Félix Lefebvre), à peine 18 ans, fils de bonne famille, cultivé et intelligent, se frotte à ce métier manuel. Rapidement, il tombe sous le charme de Chiara.
Cette dernière n’est pas aveugle. Imprudemment, elle joue un peu à la séductrice. Jusqu’à ce soir de mariage où elle succombe au jeu de Maxence et lui tombe dans les bras. Le propos du film, simple vaudeville avec en exergue la différence d’âge, est simple comme la vie. On aime, on n’aime plus. On est attiré par un autre, on cède.
Tout l’intérêt du film, en plus des scènes de tendresse entre Chiara et ses deux amoureux, réside dans le portrait de cette femme de 45 ans qui a envie de profiter de la vie. Au risque d’hypothéquer son avenir tout tracé. La passagère arrive au moment du choix : continuer ou changer de direction.
Film de Héloïse Pelloquet avec Cécile de France, Félix Lefebvre, Grégoire Monsaingeon
Certains ne regrettent pas de croiser la route d’Aliana Kelly. Cette ancienne militaire aime rendre service aux faibles, comme pour faire oublier toute la violence déployée au Sahara contre les islamistes radicaux.
D’autres regrettent amèrement, et souvent définitivement, d’avoir osé défier cette femme, métisse d’un père chanteur irlandais et d’une mère, fille de Harki. Ce roman se découpe en chapitres qui correspondent à des rencontres. Il y a le paysan à bout, la prostituée droguée au crack, le petit livreur de pizza…
Toute une France qui souffre et qu’Aliana tente de soulager. Philip Le Roy a beaucoup d’affection pour son héroïne, même si ses coups de force l’ont transformée en femme à abattre dans une France qui semble plus protéger les puissants que les « petits ».
Les fans de sorcellerie vont adorer ce gros volume de BD de plus d e 270 pages. Mathieu Bablet est à la manœuvre. Il a écrit le scénario et réalisé les planches de liaison.
Les différents chapitres ont été confiés à huit dessinateurs amis, de Sumi à Isabelle Bauthian.
The Midnight Order est chargé de traquer et neutraliser les sorcières. On suit le travail de deux membres, Johnson et Sheridan. Il ne faut pas avoir de scrupules pour couper les mains de ces femmes. Surtout quand l’une d’entre elles est votre sœur.
Kingston, Jamaïque, dans les années 90. À Pennyfield, quartier très populaire limite ghetto, Patsy n’en peut plus d’elle-même ni de sa petite vie étriquée. Entre son boulot au ministère - payé une misère - sa fille, Tru, qui la fait culpabiliser par son incapacité à l’aimer comme une vraie « manman » et sa mère, réfugiée dans la religion, elle se sent coincée. Éteinte. Se contente de survivre.
Elle rêve d’une seule chose : rejoindre son amie, son amour Cicely, exilée aux États-Unis depuis des années.
Après un premier échec, elle finit par obtenir le visa de 6 mois tant convoité. C’est décidé, elle demande à Roy, le père de Tru, de s’occuper de leur fille et prend son billet pour New-York.
Arrivée chez Cicely, ou plutôt chez Marcus, son mari, l’accueil se révèle très différent de celui dont Patsy avait rêvé. « Si elle suit le conseil de Cicely et contacte cette agence, voilà ce qu’elle deviendra en Amérique : une nounou. Mais plus que le poste lui-même, c’est l’ironie de la situation qui la trouble - être enfin parvenue à s’installer dans le pays de la liberté pour s’occuper d’un autre enfant que le sien ? » Quant à Cicely, bien installée dans un mariage qu’elle avait pourtant présenté à Patsy comme une simple solution pour obtenir ses papiers, elle se range à l’avis de son mari qui exige que « l’amie » quitte leur maison au plus vite.
Trou noir, désespoir. Il ne sera plus question désormais pour Patsy que de survie. Encore.
Écrit par une Jamaïcaine, ce très beau roman aborde les difficultés de l’immigration, de la maternité imposée, du choix de l’orientation sexuelle, du sacrifice des femmes. Incontournable.
F. H.
« Si le soleil se dérobe », Nicole Dennis-Benn, l’aube, 24€
Dans « Chœur de Rockers », comédie d’Ida Techer et Luc Bricault, Mathilde Seigner interprète une chanteuse chargée de coacher une chorale du 3e âge. Mais ces derniers veulent interpréter du rock ! Un film qui va donner la pêche au public. Rencontre.
Vous ne tournez plus depuis un an volontairement. Reposée pour entamer la promo ?
Mathilde Seigner : Dans nos métiers on n’est jamais vraiment en pause. Là je fais la promo d’un film que j’ai tourné il y a plus de deux ans. Mais cela fait un an pile que je n’ai pas tourné. C’est bien, c’est les vacances !
De vraies vacances où il y a quand même a un vide ?
C’était une volonté, vraiment. En plus je faisais une pause après un succès pour Les enfants des Justes pour France Télévisions avec Gérard Lanvin qui avait cartonné, ce n’était pas du tout une pause négative. Au contraire je partais sur un succès et c’était une volonté de réfléchir, de pas trop envahir les écrans. Je savais que j’avais Chœur de rocker en décembre, donc ça ne faisait pas une absence visuelle énorme et moi ça me permettait de réfléchir et de me poser un peu.
La promo du film va durer deux mois. Vous avez plaisir à rencontrer le public ?
J’ai hâte et puis Perpignan c’est un peu ma ville puisque j’ai acheté une maison et j’ai beaucoup d’amis ici. J’aime énormément cette région, elle m’a plu, c’est pour ça que j’ai acheté ici en bord de mer. Mais j’aime aussi l’arrière-pays, les gens, la gastronomie, on y mange très bien. J’aime l’idée que c’est une région qui n’est absolument pas industrialisée et assez rurale étonnamment. Il y a des coins magnifiques. Et puis il y a une autre chose d’extraordinaire : l’Espagne est très près. Comme disait Nougaro, « L’Espagne pousse un peu sa corne » et je trouve que les Catalans sont très Espagnols et vice versa. C’est une France un peu espagnole. Je reste discrète car c’est pour me ressourcer que je suis venue ici, pas pour faire du bruit. Après, je me suis fait plein d’amis.
Comment avez-vous découvert le Pays Catalan ?
Ma sœur Emmanuelle s’est achetée une petite maison à Canet. Et bizarrement je regardais le journal de notre regretté Jean-Pierre Pernaut et il mettait tout le temps en avant votre région. Collioure, Torreilles… Je me disais que c’était curieux car il n’était pas originaire d’ici. Alors ma sœur achète là, je me suis dit que je devais aller y faire un tour. J’ai eu un coup de cœur. Pour les gens et pour l’ambiance. Je me suis tout de suite sentie bien. J’aime la Méditerranée mais je n’avais pas envie d’acheter dans le Var ou la Côte d’Azur et j’ai atterri ici et je ne regrette pas.
Des projets ?
J’ai un projet de série sur l’agriculture qui me tiens à cœur, mais pas dans la région. Peut-être ? De toute manière j’ai dit à mon agent que je ne reprenais le travail que courant février. Mais pendant un an je n’ai rien fait, j’ai vécu, j’étais en vacances, je n’ai pas lu de scénario. J’ai enfin fait ce que je voulais, ce que je ne pouvais jamais faire, j’ai vu les gens que je voulais rencontrer. C’est un bonheur. Au point que je ne sais pas si je vais arriver à faire la promo du film car on s’y habitue. Bien sûr je vais y retourner, mais il faut que j’ai une grosse envie, que vraiment ça me plaise. Je n’avais plus le plaisir de tourner. Il y a une lassitude qui s’installe. C’est bien de se reposer, de revenir neuve et de recréer le désir auprès du public. Mais surtout de réfléchir, savoir ce que l’on ne veut plus faire. Faire une pause c’est le seul moyen de vraiment réfléchir. Quand on est dans un engrenage de tourner, tourner, on accepte on est dans un tourbillon, on n’a plus de recul. Alors on fait des choses plus ou moins bien, comme une routine. La seule solution que j’ai trouvée c’est de ne plus tourner. Là on est dans le vide, ça cogite et c’est vachement intéressant.
Dans le film, vous incarnez une chanteuse qui ne rencontre pas le succès. Avez-vous vécu une situation similaire dans votre carrière ?
Pour moi, franchement ça a très vite marché. Dès mon premier film j’ai enchaîné. J’ai toujours travaillé. Donc non je n’ai pas du tout vécu ce que vit le personnage d’Alex.
Jamais de doutes ?
Ah si, mais sur des films, sur des choses que j’aurais pu faire et que je n’ai pas faites, des choses que j’ai refusé et que j’ai regretté. Les doutes d’une artiste comme toutes les artistes qui ont des fragilités. Mais pas des doutes sur le travail, parce que j’en avais.
Ce film, tout en étant une comédie, a un petit côté film social anglais.
Déjà le décor de Dunkerque apporte quelque chose d’assez anglo-saxon. Pour le ton, moi qui ait fait des comédie comme Camping ou des drames, là il a les deux avec de l’émotion et des choses inattendues. Le film porte aussi sur les solitudes et notamment des seniors car toutes ces femmes sont assez seules et cette chorale les réunies, les porte.
Les membres de la chorale sont interprétés par des comédiens reconnus. Comment vous êtes-vous adapté pour tourner avec des seniors ?
Mais moi aussi je suis une senior ! Ça commence à plus de 50 ans et j’ai plus de 50 ans. Moi j’avais une équipe de folles. Quand je dis ça c’est tendre car elles ont toutes beaucoup de personnalités, Andréa Ferréol, Anne Benoit, Brigitte Roüan, Myriam Boyer. Patrick Rocca aussi à une grosse personnalité, Bernard Le Coq étant très facile. Le film, c’était le plateau, mais c’était aussi l’hôtel et comme on était en plein confinement à Dunkerque on vivait tous dans le même hôtel.
En réalité, le film était presque plus fort à l’hôtel que sur le plateau : elles s’engueulaient, se disputaient car il y avait un peu d’égo chez les actrices, c’était un peu comme des gamines. D’ailleurs elles ont la patate. A leur âge, elles sont péchues toutes. Ce que vous voyez à l’écran, on le vivait dans la vie. C’était rock n roll mais aussi à l’hôtel. On s’est beaucoup amusé, je les ai beaucoup aimées, je les engueulaient un peu comme dans le film « oh, mais arrêtez de vous chamailler ! ». C’était rigolo car le film continuait à l’hôtel. Les deux comédiens eux étaient cools. Bernard Le Coq il est adorable et n’a aucun égo, mais les filles ça se chamaille.
Dans votre métier, on a l’impression qu’il n’y a pas de retraite.
Non car si on sait bien vieillir et si on accepte de vieillir, on peut travailler jusqu’à 90 ans comme Edwige Feuillère, Daniele Darrieux ou Madeleine Robinson. Mais en fin de compte c’est aussi ça qui est beau dans ce métier. On joue la jeunesse, puis on joue les mamans puis on joue les grands-mères. On tourne car il y a toujours plein de personnages dans un film avec des âges très différents.