lundi 12 septembre 2022

DVD - Epouvantable grand-mère dans "Abuela" de Maco Plaza


DVD et blu-ray.
Film d’horreur avec une forte propension à glisser vers le drame psychologique, Abuela (Wild Side Vidéo) de Paco Plaza est un huis clos angoissant avec la vieillesse dans le rôle du démon. La jeune et jolie Susana (Almudena Amor) est mannequin à Paris.

Cette Espagnole doit rentrer en urgence à Madrid, sa grand-mère Pilar (Vera Valdez), sa « abuela » en espagnol, a été découverte inanimée dans son appartement, victime d’une attaque cérébrale. Susana quitte la capitale française en urgence et décide de rester à Madrid pour s’occuper de sa grand-mère bien-aimée. Une vieille dame muette, incontinente et bloquée dans sa chaise roulante.

Un calvaire pour Susana. D’autant que la nuit, d’étranges phénomènes et des cauchemars récurrents l’empêchent de dormir. Que recherche Pilar ? Pourquoi Susana ne fuit pas ? Comment ce face-à-face entre la jeune et la vieille va-t-il se terminer ? Le suspense, parfaitement filmé en 35 mm, est omniprésent.

Dans les bonus, le réalisateur donne un véritable cours de cinéma sur la lumière et l’écriture du scénario. Il explique aussi pourquoi ses deux comédiennes sont d’anciennes mannequins, Vera Valdez ayant carrément travaillé pour Coco Chanel dans sa jeunesse. 

dimanche 11 septembre 2022

De choses et d’autres - Le frigo vide


Le gouvernement devrait très sérieusement se poser des questions sur sa communication. Certains ministres ont tendance à s’exprimer un peu trop et trop vite. Au point que leur parole se retrouve brouillée, comme parasitée par leurs propres revirements.

 Agnès Pannier-Runacher vient de l’apprendre à ses dépens. Au tout début de la crise énergétique, la ministre de la Transition énergétique s’est voulue pédagogue en expliquant qu’on faisait plus d’économie en renonçant à envoyer un « mail un peu rigolo à nos amis avec une pièce jointe » qu’en éteignant la lumière dans une pièce. Quelques jours plus tôt, elle reconnaissait que finalement, la décision d’éteindre l’éclairage public était une bonne initiative. « Tout et son contraire ! » se moquent ses détracteurs.


Arrivent alors d’autres « rigolos », animateurs d’un compte Twitter parodique d’un soi-disant « Ministère Écologie Déserté ». Ils lui font dire (avec la mention parodie très visible) : « Si votre frigo est vide à la fin du mois, autant le débrancher pour faire des économies d’énergie. » C’est énorme, inhumain, incroyable. Et pourtant, telle une traînée de poudre, la petite phrase est reprise partout, comme si c’était une nouvelle boulette de la membre du gouvernement.

Même Pascal Praud, un pro de l’information pourtant, est tombé dans le panneau, fustigeant, en direct, sur CNews, cette femme sans cœur.

Alors comment une telle énormité peut-elle être prise au sérieux ? Tout simplement à cause de cette communication du gouvernement, souvent aléatoire et sans nuance sur le sujet crucial du coût de la vie et de la crise énergétique. Et s’il n’y avait pas eu une première déclaration maladroite sur les « mails rigolos », jamais le frigo vide à débrancher n’aurait connu un tel succès.

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le lundi 26 septembre 2022

Série télé - Faites de bons rêves en regardant Sandman sur Netflix

Certaines bandes dessinées sont si complexes, avec un univers graphique si riche, que l’adaptation en série télé semble totalement impossible. Dans cette catégorie, Sandman de Neal Gaiman (parue chez Delcourt puis Panini Comics) a longtemps été considérée comme la pire à transposer. 

Quand Netflix a décidé de se lancer dans ce difficile challenge, le plus simple a été de demander au créateur de ce riche univers fantastique de coordonner la transposition. Résultat la série est fidèle à l’originale, mais surtout c’est une réelle bonne surprise de cet été un peu creux hormis le retour de The Boys sur Amazon ou le final de Stranger Things, tête de gondole de Netflix.

Le jeu de la vérité 

Le premier arc de narration raconte comment Sandman (Tom Sturridge), le maître des rêves, est capturé sur terre par des sorciers amateurs. Attiré dans un manoir anglais, il est emprisonné dans une cellule de verre durant plus de 100 ans. Une mise en bouche un peu étonnante puisque le véritable héros de la série, appelé aussi Morpheus, n’est film que nu, recroquevillé et muet dans sa petite cage, incapable d’agir, de répliquer.

Un enfermement qui prend fin de nos jours. Sandman retourne dans son royaume pour constater que ses disciples, rêves et cauchemars, ont quitté son royaume pour sévir sur terre. Il devra aussi récupérer ses trois attributs lui assurant puissance : un casque, du sable et un rubis.

La seconde intrigue au long cours le voit pourchasser un cauchemar, le Corinthien (Boyd Holbrook), cherchant à s’affranchir de la tutelle du roi des rêves. La partie la plus violente et sanglante. On retrouve dans la série le côté fragmenté des romans graphiques.

Certains épisodes pouvant se regarder de façon totalement indépendante des autres. Deux, aux univers particulièrement riches, auraient même pu être déclinés pour le cinéma en long-métrage. L’épisode 5 intitulé 24 heures, se déroule presque exclusivement dans une cafétéria. Un homme, en possession du rubis, tente l’expérience de la vérité. Chaque client va quitter son masque social et dire ce qu’il pense véritablement. Une vérité mortelle. L’épisode suivant, le bruit de ses ailes, raconte comment Sandman, décide contre l’avis de sa sœur (La mort…) de donner l’immortalité à un homme. Tous les 100 ans ils se retrouvent au même endroit et Sandman lui demande s’il est toujours satisfait de son éternité. Le potentiel philosophique est immense.

La série, de dix épisodes d’une heure, est plus riche que dix séries de 20 épisodes de bouillie d’héroïc fantasy développant toujours les mêmes thématiques. Mais contrairement aux histoires complètement formatées, Sandman n’est pas encore assuré de revenir pour une seconde saison.

 

samedi 10 septembre 2022

De choses et d’autres - Énergie, deux fois

Ce week-end, le journal Le Parisien a révélé que les chaînes de la télévision publique, en France, allaient diffuser, quotidiennement, cet hiver, une météo de l’électricité. Rien de bien exceptionnel, puisque ce baromètre est issu des prévisions de l’organisme Ecowatt qui publie déjà, au quotidien, le niveau de tension sur le réseau électrique et des prévisions pour les trois jours suivants.

Cette nouvelle météo n’est que la mise en lumière d’un service jusqu’à présent passé inaperçu. Sur son site internet, Ecowatt prévoit, en fonction de la météo, notamment, et des capacités des centrales françaises (nucléaires mais aussi solaires et éoliennes) si la consommation est raisonnable (vert), tendue (orange) ou très tendue (rouge). Et quand c’est rouge, le verdict est simple : « Coupures inévitables si nous ne baissons pas notre consommation. »


Les plus fans de nouvelles technologies peuvent même s’inscrire à l’alerte vigilance coupure. Si un black-out se profile à l’horizon, vous recevrez un SMS d’information. Une technologie ultramoderne qui aura pour conséquence qu’on ressortira, en prévention, bougies et allumettes pour s’éclairer et bûche de bois pour se chauffer. Le progrès à reculons en quelque sorte.

Se pose aussi un autre problème : quand sera diffusée cette météo de l’électricité ? Si c’est le soir, entre 18 h et 20 h, moment le plus tendu et qui a toutes les chances d’être concerné par les coupures, cet hiver, c’est inutile ; rares sont les télévisions qui fonctionnent avec des piles.

À mon avis, la seule utilité d’Ecowatt reste l’orange. La coupure s’approche, il faut donc agir : arrêtez de regarder les âneries d’Hanouna et les raviolis du soir seront dégustés froids.

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le mercredi 28 septembre 2022

BD - Et Pi c’est tout !

Nouvelle adaptation d’un texte du romancier chinois Liu Cixin. Xavier Besse propose sa version dessinée de La perfection du cercle.

De la science-fiction, mais historique. En 277 avant JC, dans la dynastie Qin, un savant veut utiliser l’armée du roi Ying Zheng pour déchiffrer le langage du ciel. Il a découvert le chiffre Pi et tente de la compléter jusqu’à la 100 000ze décimale. Il va donc transformer les 3 millions de soldats et autant de petits calculateurs.

C’est presque l’ancêtre de l’ordinateur, mais la passion des hommes va compromettre sa découverte.

« La perfection du cercle », Delcourt, 17,95 €

vendredi 9 septembre 2022

De choses et d’autres - Énergie, une fois

Réaliser des économies d’énergie sera la grande affaire de cet hiver. Partout en Europe. En Belgique, la « chasse au gaspi » (vieux slogan qui fera sourire les plus anciens) bat son plein.

Un ami, par ailleurs fonctionnaire travaillant dans d’immenses bureaux à Bruxelles, explique que, désormais, en plus du chauffage limité à 19°, la direction a pris une décision assez radicale : extinction de l’éclairage des locaux à partir de 18 heures. Étant lui-même cadre, il a souvent tendance à ne pas compter ses heures et ses journées se prolongent bien au-delà de ce couperet (« Ça va être tout noir », diraient les Robins des Bois de RRRrrr !).


Avant cela, toujours pour réduire la consommation d’électricité de 15 %, toutes les lampes individuelles de bureau avaient été supprimées. Bref, si certains veulent faire des heures sup, ils doivent faire l’acquisition d’un plaid bien chaud et d’une lampe frontale. En espérant que les ordinateurs fonctionnent sur un circuit électrique de secours.

Sinon, il ne reste que la solution du télétravail, parfait pour faire supporter aux employés cette hausse de l’électricité. Il existe peut-être une solution pour limiter l’explosion de la facture (entre 7 000 et 10 000 euros par an pour une famille).

Ce week-end, un Belge est devenu champion du monde de cyclisme sur route. Les Belges aiment pédaler. Si chaque poste de travail est équipé d’un vélo d’appartement doté d’une dynamo raccordée au réseau électrique, la « douloureuse » de chaque ménage sera fortement réduite.

Et les Belges aiment tellement pédaler que, rapidement, ils deviendraient les Norvégiens de l’électricité verte. Si c’était le cas, ce serait grâce à des mollets d’outre-Quiévrain que vous pourriez recharger votre voiture électrique.

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le mardi 27 septembre 2022

BD - Starlette fatale

Run et Florent Maudoux signent l’album de BD le plus original et marquant de la rentrée 2022. Ils racontent dans ce bouquin hybride (moitié BD, moitié récit document d’époques) « la véritable histoire du Dahlia Noir ».

Betty Short, jeune Américaine tentée par une carrière au cinéma dans les années 40, a été retrouvée assassinée et atrocement mutilée en janvier 1947 dans une banlieue de Los Angeles.

Cette sorte de documentaire dessiné glamour raconte la vie d’une jeune femme, surnommée le Dahlia Noir, sans doute trop naïve, prise dans la violence de l’époque.

« A short story », Label 619 - Rue de Sèvres, 19,90 €

jeudi 8 septembre 2022

De choses et d’autres - Cravate ou col roulé ?

Est-ce le dérèglement climatique ou la crise de l’énergie qui aura le plus d’influence sur la mode ? La question paraît futile face aux enjeux des deux problèmes, pourtant elle semble au centre des préoccupations de nos dirigeants.

En juillet dernier, en pleine canicule, le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, a expliqué que, désormais, il ne mettrait plus de cravate. La raison ? Tout simplement pour avoir moins chaud et donc de pouvoir baisser la climatisation.


Sérieusement, il encourageait tous ses ministres et l’ensemble des citoyens à suivre son exemple. Un rude coup porté à un emblème de la masculinité.

A se demander si ce n’est pas Sandrine Rousseau, en sous-main, qui lui a soufflé l’idée pour déconstruire l’image de l’homme moderne.

Ne plus mettre de cravate pour sauver le climat ? Un même conseil, mais cette fois en France et en hiver. Malgré les rires moqueurs dont Pedro Sanchez a hérité cet été, un autre homme politique a osé préconiser cette idée. Bruno Le Maire, ministre de l’économie, a déclaré, très sentencieusement, en direct sur France Inter : « Vous ne me verrez plus avec une cravate » et de préciser que désormais il mettrait « des pulls à col roulé ».

Donc on se retrouve face à une situation très tendue, avec risque de coupure générale de l’électricité, factures astronomiques et la probabilité que des millions de Français, pas par choix, mais par obligation financière, se passent de chauffage en plein hiver et le patron de Bercy se contente de proposer, comme solution, de ne plus mettre de cravate.

Après une telle sortie absurde, je serais à sa place, le col roulé recommandé je le remonterais jusqu’aux sourcils, histoire de cacher ma honte.

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le jeudi 29 septembre 2022

BD - Larcenet surnage


Manu Larcenet, autoproclamé « Star de la bédé » (mais à juste titre), poursuit son introspection intellectuelle et graphique dans le 3e volume de sa Thérapie de groupe.


Des histoires courtes où se dessine bedonnant, avec un énorme nez, incompris de tous quand il explique que désormais, il veut « s’adonner à la contemplation ». Ces histoires courtes, aux styles graphiques foisonnants (il y a du Moëbius, des mandalas et même quelques pages façon manga) se dégustent comme des paquets de chips : c’est saturé de mauvais gras, mais qu’est-ce que c’est bon !

« Thérapie de groupe » (tome 3), Dargaud, 16 €


mercredi 7 septembre 2022

De choses et d’autres - Pas la même équipe

Nouvelle polémique autour du ballon rond. Pour une fois, les frasques des millionnaires du foot ou les dérives sociales et climaticides de la coupe du monde au Qatar n’y sont pour rien.

C’est du foot plaisir qui pose problème. Cette envie qu’on a tous, un jour ou l’autre, de jouer une partie cool, sans pression, juste pour le plaisir de courir un peu, de faire des passes et, si possible, de marquer.


Le problème est de savoir si on peut jouer avec n’importe qui, même son pire ennemi, ce contre quoi on lutte pied à pied au quotidien. Le cas de conscience s’est posé aux députés de gauche, quand ils ont appris qu’ils devraient faire équipe et donc porter le même maillot que des élus du Rassemblement national. Logiquement, ils ont refusé.

Hors de question d’offrir de belles images de fraternité, de joie et de convivialité avec ceux qui, il ne faut jamais l’oublier, ont apporté dans l’hémicycle leurs idées d’exclusion, de préférence nationale et de stigmatisation des étrangers.

Car un député Rassemblement national, même en short, reste un représentant du parti politique français directement issu d’une formation au passé sulfureux, aux dirigeants maintes fois condamnés pour racisme ou révisionnisme. Jouer au foot avec eux, comme si de rien n’était, ce n’est qu’une nouvelle façon de dédiaboliser la formation politique d’extrême droite.

Et ceux qui, aujourd’hui, crient à la faute politique d’une gauche intransigeante et trop radicale devront s’en souvenir, dans quelques années, quand ils passeront place Pierre Sergent pour se rendre au stade Jean-Marie Le Pen, juste à côté du square Pétain.

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le vendredi 30 septembre 2022