jeudi 28 avril 2022

BD - Fantômes errants


Sam aime les cimetières. Cette petite fille, qui a récemment perdu son papa, apprécie la tranquillité de ces endroits. Mais Sam a un pouvoir : elle voit les âmes errantes qui n’ont pas eu la chance de trouver le repos éternel une fois passées de vie à trépas. Voilà comment elle rencontre Louise, vieille dame enterrée anonymement dans le carré des indigents. 

Sam va tenter de retrouver l’identité de Louise et surtout lui permettre de reposer à côté de son mari. Écrite par Carbone et dessinée par Julien Monier, cette nouvelle série fantastique pour les plus jeunes permet d’avoir une vision décomplexée de la mort, simple étape dans un monde où le fantastique a droit de cité.

« Les sauveurs d’esprits » (tome 1), Dupuis, 12,50 €


mercredi 27 avril 2022

BD - Petite guerre


Peut-on rire de la guerre ? Oui affirment en chœur l’Odieux Connard (Julien Hervieux) et Monsieur Le Chien. Dans ce second tome du Petit théâtre des opérations, ils racontent ces anecdotes étonnantes mais rigoureusement véridiques autour de faits de guerre. 


Vous saurez tout par exemple sur Douglas Bader, pilote de chasse anglais qui s’est illustré contre les Allemands alors qu’il n’avait plus… de jambes. L’histoire la plus exemplaire reste celle de Bullard, un Noir américain, porté aux nues par la Légion étrangère et victime de racisme aux USA malgré ses exploits.  

« Le petit théâtre des opérations » (tome 2), Fluide Glacial, 14,90 €

BD - La vie après un AVC


Il suffit parfois de moins d’une minute pour que la vie bascule. Bruno Cadène, journaliste à France Culture le sait parfaitement. Ce 6 février 2017, après une journée de boulot, il rentre chez lui et à peine arrivé, est foudroyé par un AVC. Il sera sauvé par l’intervention de son épouse mais garde de graves séquelles. Tout le côté droit paralysé, incapable de parler. 


Il mettra 3 années pour reprendre son boulot (à mi-temps thérapeutique), 36 mois de souffrances racontés sans pincettes par Xavier Bétaucourt (un ami scénariste), et Olivier Perret, dessinateur. Les moments de désespoir, n l’envie d’abandonner, les tensions avec la famille, l’épuisement des séances de travail, les progrès toujours trop lents : remonter la pente est un marathon qui semble ne jamais prendre fin. 

« Silence radio », Delcourt, 15,95 €


mardi 26 avril 2022

BD - Célèbres mutinés


La petite île de Pitcairn dans le Pacifique sud, longtemps déserte, a été colonisée par les mutinés du Bounty. Cette incroyable histoire de dérive sur l’Océan Pacifique est racontée par Eacersall, Laurier et Nemeth dans une série historique rigoureuse. 


Le récit débute juste après la mutinerie. Fletcher décide de revenir vers Tahiti puis de tenter de s’installer à Tubuai, une île au sud. Mais des affrontements avec les indigènes le poussent à repartir à la recherche d’un autre point de chute pour y vivre une vie paisible. Ce premier album raconte l’errance jusqu’à l’apparition du presque paradis de Pitcairn.

« Pitcairn » (tome 1), Glénat, 14,95 €

Roman - Un film russe qui agit comme une drogue dure

Qui est exactement Alexeï Sobakine ? Selon Aurélien Bedos, l’auteur de ce premier roman pour le moins étrange, Sobakine serait un cinéaste russe maudit, auteur de quelques films considérés par un petit groupe de passionnés comme les plus grandes réalisations du 7e art de tous les temps. Le narrateur, un certain Thomas, est un fan absolu. Un peu plus même. Car on s’aperçoit que cet étudiant est véritablement dépendant du film ultime de Sobakine. Il doit visionner au moins une fois chaque jour Polya (Les Marges en français) pour trouver un petit intérêt à son existence. 

Le lecteur découvre avec effarement l’état dans lequel est tombé ce jeune homme qui a pourtant l’air assez intelligent. Malgré de coûteuses séances de psychanalyse, la pression de sa copine et des efforts notoires de désintoxication, il rechute en permanence. Un rituel immuable, incontrôlable : chercher le boîtier du DVD, mettre le disque dans le rétroprojecteur et rester prostré durant plus de trois heures. 

Lors de la découverte de ce film sombre et moyenâgeux, « j’ai senti une main sortir de l’écran, m’arracher le cœur, littéralement, m’emportant avec elle de l’autre côté de l’écran. » De mystique, l’histoire de Dans l’œil de Sobakine deviendra fantastique puis totalement délirante (avec des côtés complotistes). Un peu fourre-tout, problème des premiers romans, mais qui ne manque pas d’invention et de brio. Avec toujours cette histoire de cœur disparu. 

Pour preuve, Thomas semble persuadé que Polya est un code imaginé par le cinéaste : « Sobakine avait découvert ici même, à Paris, des voies conduisant à un lieu obscur, secret, à l’envers de cette réalité, et dans lequel il ne faisait aucun doute qu’il avait laissé son cœur. » Prêts à vous lancer à sa recherche ? 

« Dans l’œil de Sobakine », Seuil, 20 €

lundi 25 avril 2022

BD - Cauchemars insulaires


Conçu comme une histoire complète, l’album L’île oubliée devient finalement une série face au succès de cette histoire fantastique. Un couple avec deux adolescentes, dérive en Méditerranée sur son voilier. 

La famille se retrouve prisonnière d’une île où les rêves sont impossibles. Bétaucourt au scénario et Antista au dessin tentent de retrouver la magie du début. C’est un peu moins convaincant, plus délayé. Reste que les déboires de Mia et Eve plairont aux plus jeunes et les dessins colorés et très beaux les feront longtemps rêver.

« L’île oubliée » (tome 2), Jungle, 12,95 €

BD - Paris nostalgie


Pierre Christin, scénariste de Valérian, cultive depuis quelques années sa nostalgie du XXe siècle. Il a confié à Jean-Michel Arroyo (dessinateur biterrois), l’illustration de cette tranche de vie d’un provincial monté à Paris en 1950. 


Antoine débarque de l’Aubrac et se retrouve embauché comme homme à tout faire dans un cabaret. Jolies nanas, trafics en tout genre et surtout mainmise de la mafia corse dans un milieu où il faut souvent oublier la légalité. Dans un noir et blanc au lavis, le Pigalle d’antan revit avec fusillades, jambes levées et amours impossibles. .

« Pigalle, 1950 », Dupuis, 25,95 €

dimanche 24 avril 2022

Science-fiction - L'avenir très obscur sous la plume de Philippe Testa

Dans un futur proche, le monde est au bord du chaos. Les riches, toujours plus riches, écrasent au quotidien, les pauvres, de plus en plus soumis. Pour décrire cette société cauchemardesque dans L’obscur, Philippe Testa suit les pas du narrateur, un solitaire qui n’a pas trouvé sa place dans ce monde très formaté. Mathématicien, il travaille dans une multinationale. Exactement il passe ses journées dans un box à scruter un écran. Souvent il s’évade en consultant les réseaux sociaux ou en s’informant sur le GS, le Global Screen, seule source d’information. Il vit dans un petit appartement, entretient une relation avec Pia, jeune femme au chômage qui passe l’essentiel de ses journées au lit. Ce qu’il aime le plus, aller se promener le long du lac Léman. 

Dans un premier temps, L’obscur, roman entre essai social et récit apocalyptique, plonge le lecteur dans cette réalité qui n’est pas si éloignée de notre quotidien. Travail précaire avec toujours le risque de perdre son emploi et de se retrouver à la rue. En Suisse, pourtant, tout le monde semble privilégié en comparaison avec les révoltes sociales violentes des pays pauvres. Sauf quand il y a des coupures de courant : « L’électricité n’est pas revenue ; elle semble avoir disparu. Elle nous a échappé. Comment allons-nous nous protéger de l’obscurité quand la nuit sera tombée ? » Cette seconde partie du roman, on peut facilement l’imaginer dans notre quotidien. Que deviendrions nous sans électricité ? La société s’écroulerait en moins d’une semaine. 

Tout ce qui nous permet de survivre sans se poser de question deviendrait un souvenir virtuel. Et la fin du roman nous montre un homme errant dans un paysage de mort, cherchant de la nourriture, perdant toute humanité et vivant dans la peur permanente. Notre avenir en quelque sorte. Sombre et obscur. 

« L’obscur » de Philippe Testa, Folio SF, 7,60 € 


BD - Rêve et réalité


Délaissant l’humour de récréation de Titeuf, Zep signe régulièrement des romans graphiques ambitieux sur l’avenir de notre société. Ce que nous sommes se penche sur l’arrivée du virtuel dans notre réalité quotidienne. 


Dans un futur lointain, les riches vivent des milliers de sensations et de vies grâce à des consciences numériques stockées dans d’immenses data-bases. Quand Constant se fait pirater, il redevient un humain de chair et de sang, incapable de se débrouiller seul. Mais est-ce un mal ou un bien ? De la philosophie binaire. 

« Ce que nous sommes », Rue de Sèvres, 20 €

samedi 23 avril 2022

BD - Drôles de plumes


Ils sont tous très beaux les oiseaux sélectionnés par Jean-Luc Garréra et Alain Sirvent dans le 3e tome de cette série humoristique. Beaux mais aussi un peu idiots (pour ne pas dire pire). Comme la coracine casquée et sa caroncule ridicule ou le Nestor Kéa, seul perroquet carnivore mais qui est surtout un voleur de nourriture au point de devenir le cauchemar des touristes en Nouvelle-Zélande. 

Mélangeant habilement humour et pédagogie, Jean-Luc Garréra, le scénariste audois, trouve un juste milieu entre distraction et enseignement. On apprend beaucoup de choses, parfois futiles mais toujours intéressantes, sur ces oiseaux malheureusement de plus en plus menacés de disparition.   

« Les oiseaux en BD » (tome 3), Bamboo, 10,95 €