mardi 12 avril 2022

Série télé - Acculer le tueur de l’ombre

Série télé. Découverte récemment sur Arte, la série Le tueur de l’ombre est de retour pour une seconde saison. Si vous avez raté la diffusion sur la chaîne et la plateforme, vous pourrez vous rattraper avec le coffret DVD (Arte Vidéo) qui vient de sortir. Et un bon conseil, passez directement à l’intégrale des deux saisons tant l’ensemble est passionnant et parfaitement réalisé. 

Côté littérature, le polar nordique s’est imposé depuis une vingtaine d’années. Comme si dans ces pays froids et gris, le mal était caché derrière chaque tronc d’arbre des immenses forêts. On retrouve dans la saison 2, intitulée La mort est aveugle, la psychologue et profileuse Louise Bergstein (Natalie Madueno). Déjà au centre de la première saison, la belle brune débarque dans une petite ville de province à la demande d’une vielle amie, juge. 

Divorce déclencheur

Il y a cinq ans, le fils de cette dernière, tout juste bachelier, avait été sauvagement assassiné dans les bois environnants. Louise va tenter de relancer l’enquête qui semble au point mort, malgré l’arrivée d’une nouvelle chef de la police locale, Karina Hørup (Helle Fagralid). Si la trame de la série semble assez classique, la forme l’est beaucoup moins car très rapidement, on sait quasiment tout du tueur. Les scénaristes ont décidé de le montrer dans son quotidien de père de famille parfaitement intégré. Mais quand il apprend que sa femme, la mère de son fils unique, décide de divorcer, il bascule de nouveau dans sa folie criminelle et ces nouveaux meurtres vont permettre à Louise d’être officiellement embauchée par la police locale pour tenter de démasquer le coupable. 

Durant ces huit épisodes, rythmés et bourrés de rebondissements, Louise va voir son couple s’effondrer, son amie juge lâcher prise, découvrir une belle complicité avec Karina mais surtout commettre une grave faute qui risque de compromettre définitivement sa carrière dans la police danoise. Cette dernière péripétie un peu tirée par les cheveux qui est le seul petit point noir dans une histoire en tout point remarquable, notamment en ce qui concerne l’étude psychologique, du tueur, mais aussi de l’héroïne, pas toujours simple à suivre. 


De choses et d’autres - Va falloir se réinventer !

Le débat de ce soir est très attendu, mais pas autant que le résultat du second tour. Il y a des priorités incontournables. Enfin, pas pour tout le monde. La vie politique française est plus compliquée que deux chiffres (57 % d’un côté, 43 % de l’autre, c’est mon pronostic) et alors qu’on assiste à un choc frontal de deux conceptions de la vie démocratique totalement incompatibles, des politiciens semblent toujours hors sols.

Prenons Les Républicains, par exemple, ils sont peu enclins à entrer dans la mêlée pour les législatives, car beaucoup attendent avant de voir si, par hasard, ils ne recevraient pas un coup de fil de Matignon, dans une semaine, pour se tenir prêt à, si besoin, enfin, vous comprenez… Les ralliements vont être la nouvelle tendance du printemps 2022.

Chez les socialistes, aussi, le téléphone est vérifié toutes les cinq minutes. Pour beaucoup, c’est la dernière chance de continuer à exister. Certains anticipent d’ailleurs, comme Julien Dray, qui vient de créer son propre mouvement intitulé « Réinventez ! » Avec un point d’exclamation ! Important le point d’exclamation. Il représente, sans doute, la moitié du budget facturé par la boîte de communication qui a vendu le nom du mouvement au sénateur socialiste.

Ce dernier affirme, dans Le Point, qu’il n’est « candidat à rien » et ne cherche qu’à aider « la relève ». Alors pourquoi ne pas choisir une solution plus simple : démissionner de ses mandats, prendre sa retraite et aller cultiver son jardin. Car pour que la relève trouve sa place, il en faut, justement, des places libres.

Mais ce raisonnement ne semble pas effleurer l’esprit des politiques de l’ancien monde qui vont tenter de survivre au nouveau monde 2.0

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le mercredi 20 avril 2022

lundi 11 avril 2022

Série télé - Terrifiante Cracovie


Si certaines séries diffusées sur des plateformes mondiales ont clairement pour objectif de booster le tourisme des lieux de tournage, cela ne semble pas le cas pour Les monstres de Cracovie, production originale de Netflix se déroulant dans cette ville polonaise au riche passé. Il y a pourtant quelques décors qui méritent le détour, des ambiances sans doute uniques… mais l’ensemble, gris et terne, ne donne pas envie d’aller plus loin. Et pour être totalement franc, la série en elle-même ne donne pas plus l’envie d’aller jusqu’au bout des huit épisodes. 

Dommage, car le début est prometteur. Hania (Kaja Chan), une jeune étudiante veut intégrer le cours d’un célèbre professeur. Elle passe une épreuve, semble la rater, puis un des élèves la séduit et part avec elle faire une balade en voiture. Il fonce alors vers un précipice donnant sur un profond lac, saute de la voiture et laisse Hannia seule dans l’habitacle. Alors qu’elle va mourir, une entité lumineuse intervient et la sauve de la noyade. Le lendemain, Hania se réveille dans la maison commune des étudiants du professeur. 

D’autres jeunes aux pouvoirs fantastiques. Ils forment un groupe chargé de veiller sur la ville de Cracovie, attaquée par des démons. Le dernier en date prend les apparences d’un enfant. Il envoie contre Hania des jumelles (blondes et totalement nues !) puis une sorte de Père Noël crasseux et une horde de zombies. Le scénario manque de cohérence, les acteurs sont peu charismatiques et les trucages entre effets mécaniques ratés et bestioles de jeux vidéo. 

Bref, ces Monstres de Cracovie, qui en plus souffrent d’incroyables longueurs, ne seront pas la série qui fera connaître la peu riante cité polonaise au reste du monde.


De choses et d’autres - Le débat qu’on redoute

Marine Le Pen désire que le débat télévisé de ce mercredi se déroule « sans outrance ». Un internaute, sans doute un peu taquin, en découvrant l’information, en conclut que la présidente du Rassemblement national ne participera pas au débat, meilleure solution pour qu’il n’y ait pas de dérapage verbal en direct.

En réalité c’est Marine Le Pen qui s’inquiète de la trop grande agressivité d’Emmanuel Macron à son encontre. Quand la dédiabolisation arrive à vous faire croire que même votre adversaire pourrait être plus méchant que vous…

Car les outrances, jusqu’à maintenant, elles ont essentiellement été lancées par le camp de l’extrême droite. Il paraît que les deux candidats se préparent activement à ce duel télévisé.

L’enjeu est crucial car ils savent que le public, dans son canapé, sera au rendez-vous et s’attend à une revanche de 2017. Tendance bagarre de rue à côté de laquelle un match de MMA fait office de réunion du 3e âge, section macramé. Ils sont comme ça les électeurs de 2022, ils en veulent pour leur bulletin. Il y a cinq ans, le second tour de la présidentielle s’apparentait à un match de catch truqué avec un bon, un méchant et une fin écrite à l’avance.

En 2022, les scénaristes (appelés aussi éditorialistes ou chroniqueurs sur les chaînes infos), à force de noircir le bilan de l’un et d’édulcorer le projet de l’autre ont tellement brouillé les cartes qu’il devient compliqué pour les citoyens de base de comprendre tout l’enjeu du second tour.

Car question « outrances », si Marine Le Pen est élue, n’ayez crainte, elle saura se rattraper après son débat pacifié.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le mardi 19 avril 2022

dimanche 10 avril 2022

Cinéma - Les nouveaux Affreux, Sales et “Sans dents”

 

Cela fait plus de deux ans que Les sans-dents, film de Pascal Rabaté est bouclé. Une sortie longtemps différée à cause de la crise sanitaire. Finalement, cet étrange objet filmique sort en pleine élection présidentielle. Comme pour faire une piqûre de rappel sur le sort de millions de Français trop pauvres pour être concernés par la chose politique. « Ce projet ne pouvait exister que s’il était radical » précise le réalisateur, par ailleurs dessinateur de BD. Et dans le genre extrême, c’est du premier choix. Pas de musique, pas de dialogue et une histoire minimale dans un monde invisible. 

Tout débute par le vol de fils de cuivre. De drôles d’olibrius dérobent des câbles électriques et ramènent leur butin dans leur repaire. Une sorte de caverne d’Ali-Baba, cachée dans les profondeurs d’une décharge sauvage. Affreux, sales, rigolards et outranciers, ils sont une dizaine de sans-dents à vivoter dans la crasse. 

On trouve dans cette clique de membres du quart-monde des habitués des films décalés comme Yolande Moreau (fine gâchette) et Gustave Kervern (savant fou aimant les expériences chimiques et les canards gonflables). Il y a aussi des jumeaux hilares, un vieux parkinson ou un timide maladif. Tous aussi inquiétants au premier abord, ils se révèlent, au final, plein de poésie cachée et d’humanité insoupçonnée. Ils ne demandent pas grand-chose à la société. Juste de les oublier et de les laisser faire leurs petits trafics qui ne causent pas beaucoup de tort à la société. Mais cette dernière veille. Le petit monde des sans-dents est menacé par l’enquête du très ridicule policier, interprété par François Morel, aidé par ses adjoints, tous interprétés par le même acteur (Olivier Parenty). N’allez pas voir ce film comme une séance normale, mais comme une expérience sensorielle unique et parfois déroutante. 

Film de Pascal Rabaté avec Yolande Moreau, Gustave Kervern, François Morel


De choses et d’autres - Voter du haut de son balcon

En ce jour de Pâques, il est souvent question de balcon. Une petite expression pour souligner le beau temps permettant de profiter pleinement de ce premier jour férié de la longue série de mai-juin.

Le balcon, surélevé par excellence, permet aussi d’avoir une vision plus générale d’une situation. On n’est pas nez sur les problèmes, on arrive à les évaluer de façon plus globale. On ne peut que conseiller à tous les électeurs qui ont encore un doute sur le bulletin à glisser dans l’urne dans moins d’une semaine, de trouver un balcon et de véritablement voir ce que cache la candidature de Marine Le Pen.

Pas toujours facile de distinguer ce qui se dissimule derrière les incessantes opérations de dédiabolisation de la leader de l’extrême-droite française par toute une partie des médias. D’après vous, qui sera le premier chef d’État invité à Paris ? Pas le chancelier allemand, trop européen. Au mieux on aura droit à Orban, le Hongrois autoritaire et peu partageur du pouvoir, au pire Poutine qui se remettra en selle internationalement à moindres frais.

Et comme Premier ministre, un homme nouveau qui pourrait infléchir un peu les lignes trop extrêmes du programme Le Pen ? Que nenni, on aura droit à Philippe De Villiers, l’homme du Puy du Fou et de la réécriture de l’Histoire. À moins que ce ne soit Jordan Bardella qui remplace Jean Castex (j’imagine déjà la passation de pouvoirs).

Bardella, car il le mérite bien après tant de sacrifices : ne pas oublier que cet homme est le président par intérim, et totalement bénévole, du Rassemblement national depuis plus d’un an, le salaire étant toujours versé à l’ancienne présidente, une certaine Marine Le Pen… qui pourtant refuse de se présenter comme candidate RN.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le lundi de pâques (18 avril 2022)

samedi 9 avril 2022

"Les magnétiques" en DVD


DVD.
Premier film très remarqué lors de sa sortie, « Les Magnétiques » de Vincent Maël Cardona, sort en vidéo chez Blaq Out tout auréolé de son César du premier film. L’action se déroule en 1981, juste après l’élection de François Mitterrand. Un vent de liberté souffle sur la France. Philippe (Thimotée Robart), est le technicien de la radio libre animée par son frère Jérôme (Joseph Olivennes). 

Le premier ne parle pas mais manie les sons et la musique à la perfection, le second est un bavard qui sait raconter des histoires, joyeuses ou tristes. Entre eux, une femme, Marianne (Marie Colomb). Quand Philippe part faire son service militaire à Berlin, il découvre et travaille pour le monde de la véritable radio, celle qui sert à inonder les pays du bloc de l’Est des musiques du monde libre.

DVD - Très chers (et intéressés) enfants


DVD et Blu-ray.
Nouvelle comédie d’Alexandra Leclère, Mes très chers enfants s’appuie en grande partie sur le couple Josiane Balasko et Didier Bourdon. Ils interprètent ces parents qui vont imaginer cette incroyable entourloupe (faire croire qu’ils ont touché le jackpot au loto) pour retrouver un peu de considération de la part de leurs enfants. Une tentative désespérée pour tenter de les faire revenir et un mensonge qui pourrait leur coûter cher… 

La comédie, en plus de fonctionner à la perfection, en dit également beaucoup sur les relations entre générations. La famille se délite et l’argent y a un trop grand rôle. Mais le film, qui vient de sortir en DVD et blu-ray (UGC Vidéo) est essentiellement comique et les scènes cocasses sont omniprésentes. 


De choses et d’autres - Le crypto-paradis

Si vous trouvez que l’atmosphère en Europe et même en France devient difficile à supporter, si vous avez des envies d’évasion et de tropiques, dites-vous qu’il y a de l’espoir ailleurs. Encore faut-il que votre portefeuille soit confortablement garni de cryptomonnaie.

D’ici quelques mois, une île de l’archipel du Vanuatu dans le Pacifique sud va devenir un petit paradis réservé aux investisseurs de ces monnaies qui font fi des états. Lataro, îlot désertique de quelques kilomètres carrés a été entièrement acheté par une société qui l’a renommé Satochi Island. Satoshi comme Satoshi Nakamoto, le créateur du Bitcoin.

L’île a pour vocation de devenir la capitale mondiale des cryptomonnaies. Un premier tour de table a été lancé et 50 000 investisseurs, selon la société, ont décidé de soutenir le projet. Sur place, pas d’argent liquide. Tout se paiera en cryptomonnaie. Des habitations modernes seront construites et ce qui n’est pour l’instant qu’une forêt vierge, se transformera en petit paradis touristique. Forcément, cela fait rêver. Mais attention, beaucoup pensent que Satoshi Island restera à l’état de projet.

D’autres initiatives de ce style se sont révélées être au mieux des rêves irréalisables, au pire de savantes escroqueries. Alors avant de transformer votre livret A en Bitcoin (s’il est plein cela représente… 0,5 bitcoin), attendez au moins de savoir s’il y aura l’eau courante et l’électricité sur place.

Sans oublier le tout à l’égout. Vous savez, ces choses parfois plus utiles que l’argent et qui malheureusement ne fonctionnent pas du tout en mode virtuel.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le lundi 4 avril 2022

vendredi 8 avril 2022

DVD - "La chair et le sang", film culte


Avant d’affoler Hollywood avec ses grands films spectaculaires, provocateurs ou novateurs et aux millions d’entrées (Robocop, Basic Instinct, Starship Troopers…),  le réalisateur hollandais Paul Verhoeven envoyait des coups de latte dans les valseuses de la vieille Europe. Son dernier film exclusivement hollandais, Le quatrième homme, flirtait avec le fantastique. Une œuvre majeure qui lui permet de signer enfin pour une production plus ambitieuse.  Son dernier film européen (entièrement tourné en Espagne avec des capitaux américains) avant l’exil fut en 1985 La chair et le sang, une épopée médiévale sulfureuse et jubilatoire, sale et sublime. 

Considéré par de nombreux spécialiste comme le plus réussi des films historiques de cette période, l’histoire de ce mercenaire, anarchiste avant l’heure, est devenue une œuvre culte. L’occasion pour ceux qui ont raté ce morceau d’anthologie de l’œuvre de Paul Verhoeven de se replonger dans cet univers baroque avec la sortie d’une copie remastérisée chez Carlotta Vidéo. 

Une troupe de mercenaires menée par le charismatique Martin (Rutger Hauer) est engagée par le seigneur Arnolfini pour l’aider à reprendre possession de son fief. En échange, il leur permet de faire main basse sur sa ville vingt-quatre heures durant. Mais Arnolfini ne respecte pas sa promesse et chasse la bande, qui jure de se venger. Pendant ce temps, le seigneur fait venir la jeune Agnès (Jennifer Jason Leigh) qu’il destine à son fils Steven. Le jour de leur rencontre, les mercenaires attaquent le convoi. Restée cachée, Agnès se retrouve aux mains de la terrible bande de Martin. La suite est d’une rare violence. Agnès est violée par Martin, mais une étrange complicité va se nouer entre eux. Les mercenaires vont trouver refuge dans un château et tenter de vivre une sorte d’expérience communautaire, entre anarchisme et communisme, loin de la religion. Dans ce film noir et sanglant, il n’est question que de survie mais qu’elle passe par la violence, la séduction ou la science, la morale y est étrangère. 

Cette nouvelle édition offre en bonus un commentaire audio de Paul Verhoeven, le film d’une rencontre avec le cinéaste (22 minutes), un entretien avec Gérard Soeteman, le scénariste, et un reportage sur Basil Poledouris, compositeur de la bande originale.