vendredi 10 juillet 2020

Beaux livres - Un « pavé » lumineux



Michel Hérold a coordonné la publication de cette somme sur les vitraux du Midi de la France. Un beau livre entrant de plus dans « la publication exhaustive des vitraux antérieurs à la Révolution encore conservés, ou documentés en France ». 

Un pavé de plusieurs kilos pas forcément réservé aux passionnés. Car localement on découvre les richesses anciennes et récentes de cet art si particulier du vitrail. S’il n’y a que 5 pages sur les Pyrénées-Orientales (essentiellement les vitraux retrouvés du Palais des rois de Majorque), l’Aude est la section la plus copieuse avec pas moins de 40 pages sur les trésors de Carcassonne et Narbonne. 

Un livre qui permet aussi de découvrir des vitraux plus récents, comme la fresque du grand escalier du Palais consulaire de Perpignan ou les vitraux de la maison dite des trois nourrices à Narbonne. 

« Les vitraux du Midi de la France », Presses universitaires de Rennes, 400 pages, 45 € 

jeudi 9 juillet 2020

BD - Anita Conti, pionnière maritime

Anita Conti, considérée comme une sommité de l’océanographie mondiale, inaugure la collection Pionnières. Sa vie mouvementée, passée souvent sur des navires voguant sur toutes les mers du monde, est racontée par Luca Blengino et Nathaniel Legendre au scénario et Katia Ranalli au dessin. 



De son premier contact avec la mer au début du siècle, en vacances en Normandie au perfectionnement de l’aquaculture aux Pays-Bas dans les années 70 on découvre une femme qui a toujours considéré que sa place était sur les bateaux, au milieu des marins, même si des siècles de tradition le lui interdisaient. En ce sens, elle était une véritable pionnière.

« Anita Conti », Soleil, 14,95 €

mercredi 8 juillet 2020

Cinéma - “L’envolée” familiale

Film anglais d’Eva Riley avec Frankie Box, Alfie Deegan, Sharlene Whyte



L’Angleterre de nos jours offre une multitude de scénarios possibles sur une jeunesse en plein désarroi. Eva Riley, dans L’envolée, premier film tout en douceur et nuances, permet au spectateur de s’immerger dans le quotidien de Leigh (Frankie Box). Cette adolescente de 14 ans, vit seule avec son père. Durant les grandes vacances, dans une Angleterre étonnamment ensoleillée et chaude, elle se prépare pour une importante compétition de gymnastique. Leigh a besoin de 50 livres pour l’inscription. Son père ne peut pas lui donner. Le lendemain, elle découvre avec stupeur un jeune garçon à peine plus âgé qu’elle dans l’entrée de la maison familiale. C’est Joe (Alfie Deegan), son demi-frère.

Une fois passée cette révélation, le film suit quelques méandres  laborieux qui alourdissent la critique sociale. Joe, petit voleur de moto, entraîne sa sœur dans ses trafics. La jeune sportive, lassée de se faire moquer par ses collègues de club, plus mûres, plus aguicheuses, découvre un autre milieu. Son courage (ou son inconscience ?) la transforme en parfaite exécutrice des basses œuvres. 

 Ken Loach serait allé vers un quotidien encore plus noir, sans espoir et plein de désillusion. Mais Eva Riley, jeune et sans doute encore pleine d’espoir, a préféré voir dans cette relation entre un frère et une sœur qui ignoraient leur existence il y a encore 5 jours, une façon de glorifier l’esprit de famille. 

Car ces deux, en se découvrant, se persuadent qu’ils sont bien frères et sœurs, prêts à tout pour s’épauler, s’aider. Une superbe complicité, joliment filmée dans la campagne anglaise ou au cours d’un entraînement de Leigh aussi dynamique qu’émouvant. Un film social anglais qui respire l’optimisme, voilà la bonne surprise de cet été 2020.

Série télé - Homecoming, manipulations américaines sur Amazon Prime



Mise en ligne en 2018 sur la plateforme de streaming d’Amazon, Homecoming était présenté comme la première série avec Julia Roberts en tête d’affiche. En réalité, c’était surtout la nouvelle création de Sam Esmail, le créateur Mr Robot. 10 épisodes de 30 minutes et une sombre histoire de manipulation mentale de soldats américains, de retour au pays après des périodes où ils ont pété les plombs. Julia Roberts y interprétait une psychologue chargée de les remettre sur le droit chemin. Elle nouait une relation particulière avec Walter Cruz (Stephan James), un des marines convalescent. 

A la fin de la première saison, les créateurs auraient pu en rester là. D’autant que le rôle de Julia Roberts était terminé. Mais une saison 2 a débarqué (7 épisodes de 30 minutes) fin mai et relancé l’intrigue. 

Avec cette fois une jeune femme amnésique, jouée par Janelle Monaé. Recherche d’identité et de la vérité sont au menu de cette seconde saison aussi brillante que la première, avec l’attrait de la nouveauté en moins.

Essai - Découvrir Barcelone dans le texte



Quelle est la meilleure façon de découvrir Barcelone ? Prendre le train et partir à l’aventure ? Planifier son séjour avec étapes incontournables (rambla, Sagrada…). À moins qu’on ne puisse visiter la capitale catalane juste en restant dans son canapé (transat, c’est l’été), le nez plongé dans des bouquins se déroulant dans la ville-monde.  Car Barcelone est « l’héroïne » de quantité de romans. 

C’est cette singularité qui a poussé David Clusellas i Codina, journaliste et écrivain, d’écrire cet essai, « promenade littéraire dans la ville moderne, cosmopolite, tolérante » et par ailleurs « cité chargée d’histoire, au cœur battant de toutes les innovations, artistiques, urbanistiques ou politiques. » 

En se référant à quatre romans il dresse le portrait d’une ville diverse et multiple. Un essai qui donne une furieuse envie de partir passer une semaine au Sud, avec les romans analysés, notamment ceux de Mathias Enard et Grégoire Polet, regard français sur une exception culturelle si loin… si proche.

« Lire Barcelone », Trabucaire, 12 €

mardi 7 juillet 2020

BD - Gags avec des plumes

 


Vivant à Coursan pas très loin des grands étangs du littoral, Jean-Luc Garréra n’a pas à aller très loin pour trouver l’inspiration de sa série humoristique la plus récente  sur les oiseaux. Dessinés par Sirvent, ces gags permettent de sourire mais aussi d’apprendre pas mal de choses sur ces drôles de bestioles à plumes. 

Savez-vous par exemple que l’oiseau considéré le plus dangereux du monde n’est pas un aigle mais casoar à casque. Il a une griffe acérée comme un poignard. 

Et comme il pèse pas loin de 70 kg... Plus proche de nous, Garréra a détourné l’histoire des flamants roses aux pattes prises dans le gel. Un album idéal pour la détente et qui nous permet de rire en s’amusant. 

« Les oiseaux en BD », Bamboo, 10,95 € 

lundi 6 juillet 2020

Roman - 2069, année roborérotique



Si en 1969, Gainsbourg avait fait scandale, le recueil de nouvelles futuristes de Josselin Bordat baptisé « 2069 » passe comme une lettre à la poste. Ou comme papa dans maman pour rester dans le ton des 12 histoires. L’auteur a imaginé les pratiques sexuelles du futur. Il y a beaucoup de virtuel, quelques robots et un peu d’amour. Mais vraiment pas beaucoup. 

Sa vision d’ensemble des relations humaines est un peu pessimiste. La meilleure nouvelle est sans doute la nuit agitée d’un dealer dans une Rome retenant son souffle avant l’annonce du nom du nouveau pape. Jusqu’à l’apparition de la fumée au-dessus du Vatican, rose au final…

 Une autre nouvelle se déroule dans la région. Un journaliste vient en reportage à Béziers, devenu un port après la montée des eaux de la Méditerranée. Il veut partir en expédition dans la Montagne noire, redevenue sauvage, cachette d’une communauté menée d’une main de fer par une certaine G. Effrayant.

« 2069 » de Josselin Bordat, Anne Carrière, 17 €

samedi 4 juillet 2020

Polar - Pouvoir islandais

 Plongée dans les arcanes du pouvoir en Islande. Trahison, nouveau polar de Lilja Sigurdardottir paru chez Métailié raconte les 15 premiers jours d’Ursula au poste de ministre de l’Intérieur en Islande, pays  exemplaire en ce qui concerne la démocratie mais pas exempt de magouilles politiques. Ursula est chargée par le Premier ministre de remplacer durant une année le ministre actuel trop affaibli par la maladie. La politique c’est tout nouveau pour cette quadra dynamique qui a fait sa carrière à l’étranger. Dans des instances internationales, elle a géré des crises majeures comme l’épidémie d’Ebola en Afrique ou les camps de réfugiés pendant la guerre de Syrie. 

De retour au pays, à la demande de son compagnon, Ursula s’attend à un quotidien plus tranquille. Pourtant elle va finalement encore plus risquer de perdre la vie pour une vieille histoire. Le roman est minutieusement construit. Chaque personnage important est au centre des différents chapitres. Ursula bien évidemment, mais aussi Stella, une femme de ménage du ministère, Gunnar, le chauffeur et garde du corps d’Ursula et enfin Pétrur, un clochard qui a reconnu Ursula. Tous les problèmes d’Ursula viendront de cet homme qui n’a plus sa tête. Alcoolique, asocial, il est persuadé qu’Ursula, qu’il a connue enfant, a passé un pacte avec le diable. Un homme de l’entourage de la ministre qui cache son jeu néfaste. 

Si l’intrigue au final n’occupe qu’une petite place dans le roman, c’est surtout pour la description des vies des sans-grade que ce roman vaut le détour. Notamment les galères de Stella, jeune femme perdue, persuadée que la magie peut résoudre ses problèmes. La drogue aussi… Et pour le volet politique, la démonstration de Lilja Sigurdardottir ne laisse que peu de doutes : en Islande comme ailleurs, les hommes politiques sont prêts à tout pour conserver le pouvoir. 

« Trahison » de Lilja Sigurdardottir, Métailié, 22 €

Série télé - X-Files, l’intégrale disponible sur Amazon Prime


Si les séries télé sont désormais vues comme de véritables créations ambitieuses, c’est en grande partie grâce à X-Files imaginée au début des années 70 par Chris Carter. Succès aux USA mais aussi carton d’audience en France avec la fameuse trilogie du samedi soir sur M6. Durant quelques années, les nuits de samedi à dimanche ont été peuplées de cauchemars chez les ados (et plus grands aussi) tant l’ambiance de la série était parfois angoissante. 

Ces 11 saisons seront à redécouvrir à partir du 7 juillet sur la plateforme de vidéo en streaming Amazon Prime. Les véritables fans de la série distinguent dans le lot de plus de 200 épisodes, ceux qui sont centrés sur l’intrigue principale. Mulder tente de prouver l’existence d’un vaste complot mené par des aliens. Scully, médecin, sceptique au début, va petit à petit le rejoindre dans sa quête. 

Le succès de X-Files doit aussi beaucoup aux décors des 5 premières saisons Pour des raisons économiques, la production s’exile à Vancouver au Canada. Il pleut, c’est vert et humide. Loin de la chaleur californienne et du désert de la zone 51. Pourtant cette météo, parfaitement mise en valeur dans les histoires, permet de renforcer le sentiment d’oppression générale. 

Une série tellement réaliste par moments qu’elle a quasiment inventé le complotisme qui n’est pourtant qu’une pure fiction.