vendredi 20 mai 2016

DE CHOSES ET D'AUTRES : L'argent du ballon rond

foot, télévision, m & m's
Dans moins d'un mois, l'Euro de foot va tout balayer. La compétition se déroule en France, donc aux oubliettes la loi Travail, la courbe du chômage et autres primaires (à droite comme à gauche). Le ballon rond, à condition que les Bleus ne nous infligent pas une sortie prématurée, risque d'occuper tous les esprits.
Premier signe de cet engouement : les produits siglés "bleu-blanc-rouge" dans les grandes surfaces. Les prospectus trouvés dans ma boîte aux lettres hier en sont remplis. Visiblement, pour profiter de la compétition, un nouveau téléviseur s'impose. Des dizaines et des dizaines de pages proposent des écrans, de 60 cm à près de 2 m, assortis de quantité de spécificités techniques parfois absconses (certains promettent "600 PQI" et d'autres "1 200 PPI"). Un modèle signale fièrement "Dalle 100 Hz pour une fluidité optimale des images !". Dalle ? Franchement, j'y pige que "dalle".
Pour vous plonger dans le bain complet, n'hésitez pas à acquérir les accessoires du supporter (à partir de 1,49 euro). Chapeau, lunettes, confettis ou perruque. Le tout en version tricolore évidemment. Il existe aussi des drapeaux, des porte-clés, des mugs et des chopes. Ces derniers ustensiles s'avèrent particulièrement utiles les soirs de matches.
Mais la palme de l'originalité revient aux célèbres friandises "M & M's" avec la commercialisation d'une édition limitée. Un paquet de 1 kg composé de dragées bleu-blanc-rouge. Pour éliminer tout ça, n'oubliez pas d'acheter un ballon et de tenter quelques dribbles devant votre écran.

jeudi 19 mai 2016

Thriller : Le passé se Corse dans "Le temps est assassin" de Michel Bussi

'Le temps est assassin', nouveau thriller de Michel Bussi se déroule en Corse, île du silence et des secrets.

Michel Bussi est le premier à tirer. Dans la catégorie "thriller pour l'été", son nouveau titre, "Le temps est assassin" part avec une longueur d'avance. Il n'en a pourtant pas besoin tant ce roman haletant et plein de rebondissements a toutes les chances de plaire à des milliers de lecteurs et de lectrices avides de suspense et de dépaysement. L'action se déroule en Corse, dans la presqu'île de la Revellata, à quelques encablures de Calvi. Une zone protégée, sauvage et authentique. Il n'y a qu'un camping dans cette nature préservée.
La famille Idrissi y a ses quartiers d'été. Paul, originaire de la région, y passe son mois de vacances en compagnie de sa femme et de ses deux enfants adolescents, Nicolas et Clotilde. Ce 23 août 1989, au soir, ils partent assister à un concert de polyphonies corses. Sur les routes en lacets, la Fuego rouge faut une embardée. La famille est décimée. Seule Clotilde s'en sort.
27 ans plus tard, la même Clotilde revient au Camping. Mariée, fille d'une adolescente, elle ose enfin revenir sur les lieux du drame. Mais rapidement elle va retrouver quelques fantômes qu'elle pensait oubliés. Le roman alterne entre cet été 2016 et celui de 1989.
Le lecteur découvre le drame qui s'est joué à l'époque en lisant le journal intime de Clotilde, 15 ans à l'époque. Les amours de vacances, le charme du beau Natale, pêcheur ami des dauphins, la beauté effrontée de l'Italienne de la bande, l'Allemand introverti, le jeune Corse prétentieux. Flirts de jeunesse mais aussi grandes tromperies autour du couple des parents. Rapidement Clotilde a la certitude que ce n'était pas un accident. La voiture a été sabotée.
Le roman devient vite addictif grâce à l'excellente description des doutes de Clotilde. Tant l'adolescente, rebelle, gothique que la mère de famille, désormais assagie mais toujours prête à tenter l'impossible pour retrouver les frissons de son amour de jeunesse. En y rajoutant un peu de préservation du patrimoine et de tradition, Michel Bussi signe un grand roman, à la chaleur moite et très sombre, malgré le soleil éblouissant de l'île de Beauté.
"Le temps est assassin" de Michel Bussi, Presses de la Cité, 21,50 euros

Cinéma : "The Nice Guys", humour subversif à la sauce hollywoodienne

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Quand deux acteurs ne se prennent pas au sérieux et se lâchent complètement, cela donne le pire comme le meilleur. On a droit au meilleur dans "The Nice Guys", comédie policière et d'action du surdoué Shane Black (scénariste de "L'Arme fatale" et réalisateur de "Iron Man 3").
Deux détectives privés que tout oppose doivent travailler ensemble sur une affaire de disparition dans le Los Angeles de la fin des années 70. Le premier, Jackson Healy (Russell Crowe), est souvent missionné pour expliquer à des hommes mûrs que la jeune femme qu'ils draguent est mineure. Son meilleur allié : son poing américain. Le second, Holland March (Ryan Gosling), prend tout ce qui passe à sa portée. Il boit comme un trou, a une fille trop intelligente et s'en tire toujours car c'est un excellent acteur quand la situation devient conflictuelle.
Jolies filles
L'un endosse le costume du gros dur, blasé mais encore capable d'empathie, le second celui du gaffeur, bête comme ses pieds mais au charme certain dès qu'il y a une jolie fille dans les parages. Et justement des pin-up, il en est beaucoup question dans ce film dont le propos mélange allègrement pollution de l'atmosphère, corruption et émergence de la pornographie dans la vie de tous les jours. La star du X, Misty Mountains (devinez ce qui dans sa plastique s'apparente à des montagnes), est assassinée. Elle venait de tourner dans un film "expérimental" dont l'autre héroïne est une certaine Amélia (Margaret Qualley). Holland la cherche, à la demande de la tante de Misty. Mais Amélia charge Healy de dissuader Holland de se montrer trop présent.

La première rencontre entre le futur duo est explosive. Cassage de gueule et bras cassé (au propre) concluent le rendez-vous peu galant. Mais au gré des révélations des uns et des autres, il se trouve qu'Amélia est véritablement en danger, qu'elle n'est pas si blanche que cela et que l'union faisant la force, Healy et Holland s'associent. Ils seront aidés dans leurs recherches par Holly (Angourie Rice), fille de Holland et révélation du film. À peine adolescente, elle joue comme une adulte dans un milieu où sexe, drogue et meurtres sont le banal quotidien.
Si Russel Crowe est parfois touchant, donnant une dimension très humaine à son personnage, Ryan Gosling a définitivement abandonné toute crédibilité dans son rôle. Il joue à fond le privé idiot, couard et inefficace. Chaque apparition, déduction ou tentative de séduction sont ponctuées d'éclat de rire du public qui est toujours avide de stars capables de se moquer de leur propre statut. Car le Ryan Gosling "Nice Guys" est l'antithèse du Ryan Gosling "Drive". Mais n'est-ce pas la meilleure façon de prouver qu'on a du talent ?

mercredi 18 mai 2016

BD : Jérôme K. Jérôme Bloche, redresseur de torts


Jérôme K. Jérôme Bloche est un des derniers détectives privés parisiens. Du moins le dernier qui est persuadé que pour mener ses enquêtes il doit porter un trench-coat et un chapeau, comme le Bogart de la grande époque. Aussi impulsif que maladroit, Jérôme vit dans le passé. Mais son grand cœur lui permet de vivre des aventures souvent mouvementées en compagnie de sa petite amie Babette, ravissante hôtesse de l'air. Dans le 25e tome de ses aventures intitulé "Aïna", il va secourir une jeune Africaine poursuivie par un colosse noir. Elle ne parle pas français, est terrorisée et se réfugie chez un curé, ami de Jérôme. Cette employée d'un diplomate africain semble cacher bien des secrets. Jérôme va tenter de les découvrir, à ses risques et périls. Le colosse a une excellente droite. La sortie de cette nouveauté s'accompagne du quatrième tome de l'intégrale en noir et blanc (et petit format) des aventures du héros imaginé par Dodier. 328 pages reprenant les tomes 19 à 24 d'une des séries les mieux dessinées de ces dernières années.
"Jérôme K. Jérôme Bloche" (tome 25), Dupuis, 12 euros
"Jérôme K. Jérôme Bloche" (intégrale 4 en noir et blanc), Dupuis, 24 euros

DE CHOSES ET D'AUTRES : Le Goncourt ? Non, merci !

goncourt, actes sud, andras
Les rebelles et autres énervés qui vilipendent notre société mercantile ont peut-être trouvé leur nouveau héraut. Âgé de 31 ans et vivant en Normandie, Joseph Andras vient de publier chez Actes Sud « De nos frères blessés », l'histoire vraie du militant communiste Fernand Iveton, seul Européen condamné à mort par la justice française durant la guerre d'Algérie. A peine sorti, le livre est immédiatement apprécié, notamment par le jury Goncourt qui lui décerne le prix du premier roman.
Cela n'a pas l'heur de plaire à Joseph Andras. Il publie un communiqué pour refuser son prix. Explication : « La compétition, la concurrence et la rivalité sont à mes yeux des notions étrangères à l'écriture et à la création. » Boum, prends ça dans les dents Goncourt ! Une posture pour attirer encore plus les regards vers lui, pensez-vous. Grave erreur. Joseph Andras, qui refuse toute sollicitation des médias (pas une interview et encore moins de détails sur sa vie privée) se place bien au-dessus de la société de consommation classique : « Seulement le désir profond de s'en tenir au texte, aux mots, aux idéaux portés » précise-t-il dans le communiqué pour justifier son refus du pourtant très renommé (et encore plus rémunérateur) prix Goncourt.
Il ne risque pas de se faire d'amis dans le milieu parisien de l'édition. Par contre, chez les militants de gauche et autres idéalistes qui passent leur « Nuit Debout », sa cote va monter en flèche. Même si cet écrivain, vu ses débuts tonitruants, ne semble pas du tout « récupérable » par quelque bord que ce soit.

mardi 17 mai 2016

Littérature : Simenon au long cours


S'il est un romancier dont l'œuvre ne risque pas de tomber dans l'oubli, c'est bien Georges Simenon. L'homme aux milliers de femmes et aux centaines de romans, créateur de Maigret, est très régulièrement réédité en livre de poche mais aussi sous forme de recueils copieux et exhaustifs. Même ses écrits de jeunesse sont à redécouvrir.
Dans "Mes apprentissages", on retrouve le Simenon reporter au long cours. Journaliste, il a sillonné tout le globe, des USA à Tahiti en passant par l'Amérique latine ou la Méditerranée. Un de ses premiers papiers est son périple sur les canaux de France. Paru en 1931, il raconte notamment le Canal du Midi : "Et la péniche s'en va entre les platanes des rives, qui donnent l'ombre la plus lumineuse qui soit." Les écrits de Simenon restent, les platanes ont quasiment tous disparus...
« Mes apprentissages, reportages 1931-1946", Georges Simenon, Omnibus, 1 056 pages, 28 euros

lundi 16 mai 2016

Livres de poche : quand le féminin rime avec destin

folio, pocket, 1018

Ce roman de David Foenkinos retrace la vie de Charlotte Salomon, artiste peintre morte à vingt-six ans alors qu'elle était enceinte. Exclue progressivement par les nazis de toutes les sphères de la société allemande elle doit tout quitter pour se réfugier en France. Portrait saisissant d'une femme exceptionnelle, évocation d'un destin tragique, Charlotte est aussi le récit d'une quête. Celle d'un écrivain hanté par une artiste.

"Charlotte", Folio, 7,10 euros
folio, pocket, 1018
Île de la Cité, 1118. Théologien et dialecticien acclamé, Abélard était promis, aux dires de tous, aux honneurs de Rome. Chargé par le chanoine Fulbert de veiller à l'éducation de sa nièce, la moins candide qu'il n'y paraît Héloïse, le sage professeur prendra ses devoirs plus qu'à cœur. Jean Teulé revisite le Moyen âge, tendance paillard avec florilège de jolies images, quand "il la hurtebille à la sauvage"...
« Héloïse, ouille !", Pocket, 6,95 euros
folio, pocket, 1018
Constance Kopp ne correspond à aucun moule dans cette Amérique du début du XXe siècle. Elle surpasse en taille la plupart des hommes, ne trouve aucun intérêt dans le mariage et vit dans la clandestinité. Face au au chantage et à l'intimidation d'une bande de voyous, un shérif progressiste n'hésitera pas à lui confier un revolver... Premier roman très prometteur d'Amy Stewart, libraire en Californie.
"La fille au revolver", 10/18, 8,80 euros

dimanche 15 mai 2016

DVD : De « La fille du patron » tu ne tomberas pas amoureux...

loustau,fille patron,wild side vidéoLe cinéma français persiste et signe dans sa veine sociale. "La fille du patron", premier film d'Olivier Loustau, mélange deux univers : l'usine et le rugby. Pour corser le tout, il y greffe une histoire d'amour et de classe. L'ensemble est parfois confus et un peu foutraque, à la limite de la caricature, mais il se dégage malgré tout une poésie et une force indéniables. Notamment en raison de quelques scènes de groupe, véritables moments virtuoses, comme dans les vestiaires des ouvriers ou dans les tribunes du stade. Plus que dans les relations amoureuses entre les deux principaux protagonistes, c'est dans ces plans que l'on retrouve le métier d'Olivier Loustau, acteur depuis une vingtaine d'années et acteur récurrent d'Abdellatif Kechiche (L'esquive, Vénus noire et La graine et le mulet). S'il s'est réservé le rôle principal, Vital, ouvrier et entraîneur de l'équipe de rugby de l'entreprise au bord du dépôt de bilan, il a également demandé à nombre de véritables ouvriers ou joueurs de rugby amateurs de passer devant la caméra pour interpréter leur propre rôle. Cela donne ces moments de bravoure d'une rare sincérité.

Vital, marié mais dont le couple bat de l'aile, est le genre d'homme taciturne et froid qui se révèle excellent meneur d'hommes. Quand Alix (Christa Théret), une jeune ergonome, vient faire une étude dans l'entreprise, elle le choisit comme "cobaye". Ce qu'il ne sait pas, c'est qu'Alix est la fille du patron. Quand le secret est éventé, elle peut difficilement faire son travail et Vital la rejette. Mais entre ces deux idéalistes, bien décidés à profiter de la vie, l'attirance est trop forte. Mais pour les collègues de Vital, quitter sa femme pour aller dans les bras de la belle et jeune fille du patron, c'est comme trahir sa classe sociale, passer à l'ennemi. En filigrane, l'interrogation de chacun sur ses pulsions, ses coups de foudre, sa déraison...
Dans les bonus, à ne pas manquer "Face à la mer" un court-métrage d'Olivier Loustau, tourné à Sète, sur le milieu des petits patrons de pêche.
"La fille du patron", Wild Side Vidéo, 14,99 euros le DVD

DE CHOSES ET D'AUTRES : Mayonnaise maison

mayonaise,aioli,oeufs,moutarde,recetteDepuis quelques mois, la question déchaîne les passions sur le net. Peut-on toujours nommer une sauce mayonnaise si elle ne contient pas un gramme de jaune d'œuf ? En France, la question ne se pose pas. Mais aux USA, des industriels de la bouffe conditionnée sont parvenus à confectionner ce type de sauce (à base de protéines de pois) et de la commercialiser sous le nom de « Just Mayo ». Des consommateurs et des industriels français ont attaqué la société pour publicité mensongère. Un premier jugement donne raison aux gastronomes. Un second, en appel, retourne la situation au profit du fabricant.
Pourtant, il est écrit dans tous les livres de cuisine que la mayonnaise est une sauce obtenue en émulsionnant du vinaigre, des huiles végétales (70 %) et du jaune d'œuf (minimum 5 %). Un peu comme si on cuisinait un cassoulet sans fayots ou une choucroute sans saucisses. Je n'ai pas un avis tranché sur la question, jamais je ne suis arrivé à « monter » une mayonnaise. Mais celle que je préfère, la « maison » (en clair celle que ma femme réussit en un tour de main) s'accommode toujours de moutarde. Or la moutarde est une fantaisie ajoutée après coup. Qui depuis est devenue une règle. Preuve que les recettes, même plus que centenaires (la mayonnaise aurait été inventée en 1756) sont susceptibles d'évoluer.
La polémique peut se prolonger localement. Qui concocte le véritable aïoli, les Catalans qui se contentent d'huile et d'ail ou les Provençaux qui y ajoutent des jaunes d'œufs ? Le débat est ouvert.

samedi 14 mai 2016

DE CHOSES ET D'AUTRES : L'Eurovision des bizarreries

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Ce soir, c'est Eurovision (que j'adore, comme vous le savez). Chaque année, des millions de personnes regardent le concours et en France on croira à la victoire tout au long de la soirée, jusqu'au moment fatidique des votes. Selon les spécialistes (oui il existe des spécialistes de ce genre de compétition), Amir, le représentant français, a de fortes chances de l'emporter. Ou du moins de monter sur le podium. Enfin il ne pointera pas dernier... si l'on en croit les bookmakers anglais.
Histoire de ne pas terminer dans les abysses du classement, les sélectionneurs nationaux ont même accepté l'inacceptable : le refrain de la chanson est en anglais.

Bizarre quand on sait que la représentante autrichienne, Zoë Straub, âgée de 19 ans, interprétera "Loin d'ici", un titre aux accents pop et aux paroles bon enfant entièrement dans la langue de Molière.
Autre étrangeté, la favorite de la compétition, d'origine coréenne, chante pour l'Australie. L'île continent se situe pourtant aux antipodes du Vieux monde. Simplement les organisateurs ont accordé une dérogation à ce pays qui, paraît-il, adore le concours. Encore plus bizarre, le métier du candidat russe : quand il ne vocalise pas, il gère une pâtisserie en ligne pour chiens.
Par contre on n'aura pas droit au chanteur bélarus nu avec des loups. Non seulement on lui a interdit cette chorégraphie, mais en plus il a été éliminé en demi-finale. De même la chanteuse moldave et son accompagnateur robot ne seront pas invités à la finale de ce soir.
Bizarre, mais pas trop.