mardi 13 octobre 2015

BD: Faut mouiller le maillot


En pleine coupe du monde de rugby, voilà un album qui s'impose. 13e livraison des « Rugbymen », la série de gags à base de ballon ovale, d'accent du sud et de gros sportifs adorant la castagne et le cassoulet. Pour une fois, BéKa (le pseudonyme des scénaristes, Bertrand Escaich et Caroline Roque, un couple de Toulousains) s'aventure dans l'histoire complète en 44 planches. Lors d'un banquet d'après-match, La Couâne et Loupiote sympathisent avec un ancien international gallois, Ollbhon Pouarhow (tous les noms propres doivent être prononcés à haute voix pour en saisir les subtilités). Ce dernier veut récupérer son maillot de Lions, donné à un joueur français il y a quelques années. Les deux joueurs de Paillar entraînent tous leurs potes dans leur quête effrénée de la mythique tunique rouge. L'occasion de dresser le portrait d'anciens joueurs, tous plus croquignolesques les uns que les autres. Entre le sculpteur de ferraille, le Don Juan qui paie de sa personne, l'arrière qui a pris 70 kilos ou le demi reconverti dans l'animation de boites gay, il y en a pour tous les goûts. Mais les mieux servis restent les Anglais, ennemis communs aux Bleus et aux Gallois.
 « Les Rugbymen » (tome 13), Bamboo, 10,60 €

DE CHOSES ET D'AUTRES : Vieillerie à vendre

leboncoin, facebook, vendre
Trop traîné sur Facebook ces derniers temps. Bizarrement ça me prend par période, je reste longuement à détailler les statuts de mes « amis », à regarder leurs photos. Objectivement, une pure perte de temps, comme nombre de ces manies issues des nouvelles technologies. La pire : ricaner bêtement devant des vidéos de chats idiots. Sur Facebook, j'ai vu des horreurs, du bonheur et des testeurs. Dans cette catégorie, le site spécialisé HeroQuizz se distingue. Déjà remarqué avec le très viral « Quelle serait ta une dans Closer ? », la dernière création en date se répand à la vitesse de la lumière. Il est proposé aux membres de Facebook de savoir comment on se vendrait sur LeBonCoin. La réponse, élaborée en fonction de ses habitudes sur le réseau social, prend la forme d'une véritable petite annonce rédigée dans le style du « mammouth » de la revente d'objets d'occasion. Impossible de résister à la tentation. Alors j'ai cliqué et me suis retrouvé dans la peau de ces vieilleries dont on veut se débarrasser. Voici l'annonce personnalisée proposée automatiquement par le site : « Bonjour je vends Michel. Fonctionne très bien. Prévoir quelques rafistolages pour remise en forme »... Le tout pour 77 300 euros. A débattre quand même. Rayon qualités, je suis câlin, propre et généreux. Arrêtez je rougis. Comment, j'ai des défauts ? Dans l'ordre : accro (pas précisé à quoi), dépensier et paresseux. Mais le coup de grâce m'est donné quand je découvre, en petit, qui pourrait passer l'annonce : ma propre épouse !

vendredi 9 octobre 2015

DE CHOSES ET D'AUTRES : Une star de la BD est née

laurel, ulule, record, comme convenu, californie
Le crowfunding ou financement participatif en français dans le texte, entre dans les mœurs. Si certains projets restent sur le bord du chemin, d'autres remportent un succès foudroyant. La plateforme Ulule vient d'exploser tous les records avec l'initiative d'une jeune dessinatrice de BD. Il y a quatre ans, Laurel quitte la grisaille de Metz pour s'installer avec mari et enfant à San Francisco. Co-créatrice d'une société de jeux vidéo pour smartphone, elle dessine les décors et personnages principaux. Tout ne se passe pas "Comme convenu" (titre de l'histoire) et face aux difficultés du quotidien, elle trouve un exutoire en racontant ses aléas sur son blog. Trois ans plus tard, à la tête de 260 pages, elle décide d'éditer ce pavé via le crowfunding. Elle calcule le budget nécessaire et arrive à la somme de 9 167 euros (en réalité 10 000 dollars tout rond). Une heure après l'ouverture du compte, l'objectif est atteint. Au bout de 24 heures, elle se retrouve à la tête d'un pactole de 100 000 euros. Hier, elle flirtait avec les 120 000 euros, soit plus de 1 300 % de la somme escomptée. Et il reste encore 28 jours de souscription... Son livre, avant même d'être imprimé, connaît le succès. Surtout, Laurel est rémunérée à la hauteur de son investissement. En se passant des intermédiaires (éditeurs, distributeurs, libraires), elle augmente considérablement ses droits d'auteur. Pour les fans, elle propose un pack à 3 186 euros avec visite de l'atelier, planche originale, tour en décapotable et dîner au pied du Golden Gate Bridge. Mais attention, le "trajet vers la Californie n'est pas compris dans le pack".

jeudi 8 octobre 2015

De choses et d'autres : Odeurs

pau, béarn, république, lacq, chocolatExcellente initiative du journal  La République des Pyrénées  de Pau. Sur son site internet, il publie une carte interactive des endroits où se concentrent « ces mauvaises odeurs qui dérangent en Béarn.» En langage moins politiquement correct, « les coins qui puent.» J'ai vécu quelque temps à Pau dans les années 80, je me souviens de l'abominable odeur d'œuf pourri qui arrivait parfois en provenance du bassin gazier de Lacq. Aujourd'hui, l'exploitation du gisement est terminée, mais il reste quantité d'industries chimiques. Selon les témoignages recueillis par les reporters, elles occasionnent « odeurs de plastique brûlés, fumées irritantes, saignements de nez, démangeaisons. »
Les autres nuisances olfactives proviennent essentiellement des exploitations agricoles comme les élevages de porcs ou de canards et l'épandage du lisier dans les champs de maïs. Mieux vaut avoir le cœur bien accroché (ou le nez complètement bouché) pour traverser certaines zones de ce Béarn pourtant si beau. On retrouve ensuite les classiques, comme dans toutes les zones urbaines : au centre-ville des odeurs d'urine, à la périphérie celles des déchetteries.
Notre région compte également quelques pépites qui méritent le détour (au sens littéral du terme) telles les distilleries ou ces containers enterrés dont on se demande combien de charognes ils contiennent.
Bizarrerie enfin sur la carte du Béarn puant : Oloron-Sainte-Marie. « L'odeur de chocolat qui flotte régulièrement sur la ville, venue de l'usine Lindt, en écœure certains. » Franchement, je connais pire désagrément !

mercredi 7 octobre 2015

DVD : L'intelligence séductrice d'"Ex Machina"

Huis-clos à trois dans « Ex-Machina », premier film d'Alex Garland, romancier anglais.
ex machina, vikander, oscar isaac, garland, universalLa sortie en DVD et blu-ray de certains films permettent de réparer des injustices criantes. "Ex Machina", premier film d'Alex Garland (écrivain anglais qui a signé "La Plage") n'a pas rencontré le succès lors de sa sortie en salles. L'occasion de redécouvrir cette histoire d'intelligence artificielle basée sur le fameux test de Turing. Caleb (Domhnall Gleeson) est un jeune et brillant programmeur de BlueBook, une immense société basée sur un moteur de recherche révolutionnaire. Un algorithme mis au point par le PDG, Nathan (Oscar Isaac), vivant retiré dans une maison futuriste isolée dans la montagne. Caleb remporte la loterie de l'entreprise.
Premier prix : une semaine chez Nathan. Solitaire et introverti, Caleb croit à une semaine de farniente. Mais le projet de Nathan est tout autre. Il demande à Caleb de tester, selon le protocole de Turing, sa dernière invention, un robot humanoïde féminin entièrement autonome. L'enthousiasme de Caleb est d'autant plus grand quand il découvre que le robot a le visage d'une jeune femme d'une extraordinaire beauté. Elle s'appelle Ava (Alicia Vikander) et semble encore plus humaine que n'importe quelle femme rencontrée dans la rue. Humaine et très intelligente. Le film raconte les premières rencontres, puis la complicité qui s'instaure entre l'humanoïde et le testeur. Le tout sous la surveillance du patron par l'intermédiaire de la vidéo surveillance de la maison. Rapidement les relations vont se tendre entre les deux hommes. Caleb se demande si ce n'est pas lui qu'on teste. Et les questions augmentent en même temps que l'atmosphère oppressante.
Le spectateur est pris dans cet engrenage aux multiples rebondissements, comme un coup de billard aux multiples bandes avant d'arriver au résultat escompté. Un film brillant, novateur et visionnaire à redécouvrir de toute urgence.
"Ex Machina", Universal, 20 euros le DVD, 22,99 euros le blu-ray.

mardi 6 octobre 2015

DE CHOSES ET D'AUTRES : Télé de rattrapage

ina, rafale, yanne, collaro
Si l'arrivée de la TNT a multiplié les chaînes de télévision, paradoxalement on regarde de moins en moins les émissions « en direct ». Beaucoup choisissent la télévision de rattrapage. Mieux que Arte +7 ou Pluzz, voici Ina Premium, la télé de papa (voire papy) accessible sur ordinateur ou tablette.
La société chargée d'archiver tous les programmes audiovisuels français monnaye depuis quelques années ses pépites oubliées. Et depuis une semaine, elle vient de passer à la vitesse supérieure en commercialisant un abonnement offrant un choix de programmes inégalé. Pour seulement 2,99 euros par mois (sans engagement), vous aurez la possibilité de retrouver quelques émissions phares du siècle dernier. Pour m'être baladé dans le catalogue proposé, je vous conseille surtout d'être curieux. Amateurs d'humour, ne manquez pas les émissions de Stéphane Collaro aux sketches toujours géniaux quand ils sont signés Philippe Bruneau. Plus loin dans le temps, Jean Yanne se montre totalement irrésistible dans « 1 égal 3 », ancêtre de toutes les émissions de pastiches. Côté fictions, laissez-vous charmer par le feuilleton « Allez la Rafale ! », série qui a beaucoup œuvré en son temps (1977) pour la popularité du rugby des villages. Avé l'accent, bien entendu.
Enfin, rien que le numéro du « Petit dimanche illustré » du 12 novembre 1967 vaut le prix de l'abonnement. Durant 52 minutes, dans un désordre incroyable (pire que chez Michel Polac, c'est dire), Salvador Dali signe un happening totalement inimaginable de nos jours.

Roman : Bêtes de scène dans "Mémoires fauves" de René Guitton

La jeune compagne d'une rock-star tombe amoureuse du vieux directeur artistique du label. Ménage à trois musical dans « Mémoires fauves » de René Guitton.

mémoires fauves, rené, guitton, calmann-lévy, musiqueRoman choral, « Mémoires fauves » de René Guitton débute par le coup de foudre d'un homme qui ne croit pourtant plus en l'amour. Michel Beaumont, directeur respecté d'un label de musique, est l'antithèse des artistes qu'il chapeaute. A eux la lumière et l'exposition médiatique, à lui la coulisse, le travail ingrat sans la moindre reconnaissance du public. Mais c'est dans son tempérament. Il est la « force tranquille » d'un milieu trop fougueux et pressé. A l'image de Fauves, le phénomène rock du moment. Ce jeune chanteur, originaire du Proche-Orient (Egypte et Liban), est devenu en quelques années la voix de sa génération. Une personnalité engagée, rebelle, sans cesse sur la brèche pour défendre les faibles, les pauvres. Fauves ne travaille pas pour Michel mais a tenu absolument à le rencontrer pour lui « vendre » son nouveau projet. Avec sa compagne, Aurélie, grand reporter elle aussi habituée aux pages People des magazines, il veut donner la parole aux animaux. Enregistrer partout sur la planète les cris de ces espèces menacées et les orchestrer pour en faire une symphonie sauvage.
Au cours de l'entretien, le jeune chanteur s'enflamme et explique d'où lui vient ce nom atypique : « Si je m'appelle Fauves, c'est pour leur rendre hommage, les rappeler à l'esprit de ceux qui les détruisent. Fauves au pluriel parce que je suis pluriel moi-même à travers tous les fauves que je porte en moi et représente, tous les fauves à la fois, avec la force des uns, la férocité des autres, leur fragilité et leurs craintes aussi. Je rugis leur rage à la face des humains, et rugirai encore et toujours leur mémoire, pour briser l'instinct des hommes. » Une sacrée profession de foi pour un homme à fleur de peau. Mais cela ne touche pas Michel, habitué aux caprices et lubies de certaines personnalités un peu trop investies. Il refuse. Sec et cassant. Sans détour. Fin de l'entretien. Fauves est furieux, Aurélie gênée.

Récit puissant
Cette dernière, dès le lendemain contacte Michel pour s'excuser. Ils déjeuneront ensemble et ce qui devait arriver arriva : le vieux (il a 55 ans) directeur casanier tombe sous le charme de la jeune, ravissante et brillante journaliste. Qui elle non plus n'est pas insensible au charme suranné et très cultivé du beau gosse grisonnant. Arrivé à ce point du roman, on se demande pourquoi René Guitton a passé toutes ces pages à décrire Fauves, le cocu de l'affaire. Tout simplement car le chanteur cache bien son jeu. Il n'est pas dupe et ses sens en éveil devinent l'amour naissant entre Aurélie et Michel.
La dernière partie du roman change totalement de registre. On entre dans le journal intime du chanteur, dans ses mémoires, autre version d'une vérité cachée. La relation amoureuse à la guimauve s'efface pour un texte d'une rare puissance. Fauves se raconte et son verbe emporte tout sur son passage. Des mémoires que l'on n'est pas prêt d'oublier.
Michel Litout

« Mémoires fauves », René Guitton, Calmann-Lévy, 18 €

lundi 5 octobre 2015

DE CHOSES ET D'AUTRES : Le plaisir de l'objet

vinyles, disque, 33 tours, streamingLe dématérialisé a du plomb dans l'aile. Prenez la musique. A la fin des années 80, tout le monde relègue les vieux vinyles au placard. Le CD numérique puis l'écoute en streaming deviennent la norme. Et puis, mode vintage aidant, l'industrie du disque remet quelques vinyles en vente.
Résultat, aux USA, cette manne rapporte désormais plus que le streaming. Une hausse de 52 % en une année. Malgré la qualité moindre du son, l'utilisation moins pratique et les prix plus élevés. Ce retour gagnant de notre bon vieux 33 tours doit beaucoup à son statut d'objet. Outre la possession physique de la musique, le vinyle apporte à son propriétaire le plaisir du toucher. Sortir le disque de sa pochette avec précaution, ne pas poser les doigts sur les sillons, nettoyer soigneusement avant écoute, positionner avec délicatesse le bras sur la platine. Tout ce rituel permet de se mettre en condition, de pleinement profiter du moment. Même si quelques snobs ne considèrent le vinyle que comme un moyen de suivre l'air du temps, écouter de la musique de cette manière rend quasi odieuse la playlist sans fin sur un support quelconque et totalement impersonnel.
Ce phénomène rassure particulièrement le gros lecteur que je suis. Comment passer à la liseuse électronique quand on éprouve comme moi autant de plaisir à soupeser un livre avant de l'ouvrir, tâter le papier et en estimer son grammage, humer l'odeur de l'encre ? Pour moi et bien d'autres, la lecture, comme la musique, relèvent aussi et toujours d'un plaisir physique.

BD : Dessinateurs à nu dans l'Atelier Mastodonte

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Les dessinateurs de l'Atelier Mastodonte ont bien des soucis dans le troisième recueil de leurs gags. Ils tombent tous dans la grande marmite de la téléréalité. Une chaîne de télévision plante ses caméras dans l'atelier pour tourner des séquences du grand Masterchef de la BD. Entre défis et coups bas, ils se retrouvent au bord de l'implosion. Ce qui arrive finalement, ils se retrouvent tous à la rue. Ils décident alors de travailler dans des cafés, un endroit convivial mais qui nuit considérablement à leur productivité (excepté Lewis Trondheim toujours aussi obsédé par son rendement). Ils trouveront finalement refuge dans les locaux des éditions Spirou, juste au-dessus de la rédaction de Spirou, la revue dirigée par Niffle et qui publie chaque semaine les meilleurs extraits de leurs aventures. Sous une couverture « simpsonisée », découvrez les petits nouveaux de l'atelier comme Jouvray, le prof pédant, ou Jousselin, le petit dernier qui par timidité accumule les gaffes tel un Gaston en puissance. Les auteurs se mettent à nu (au propre comme au figuré) et se répondent souvent d'une planche à l'autre, tel un cadavre exquis, tendance « Tac au tac ».

« L'atelier Mastodonte » (tome 3), Dupuis, 14,50 €

samedi 3 octobre 2015

Cinéma : Elle console les hommes tristes

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Hanna (Vimala Pons) est beaucoup trop gentille. Elle console les cœurs brisés en ouvrant ses bras… et son lit. "Je suis à vous tout de suite", comédie piquante.

Malade. Complètement malade la belle et timide Hanna (Vimala Pons) personnage principal de 'Je suis à vous tout de suite' de Baya Kasmi. Une névrose assez rare : celle de la gentillesse. Elle tient ça de ses parents, jamais méchants, toujours conciliants. Conséquence elle est incapable de faire de la peine. A ce stade, c'est plus que de l'empathie. Problème, cette trentenaire est DRH dans une grosse société. Parmi ses attributions, l'annonce à des employés éplorés de leur renvoi. Alors pour se faire pardonner, quand ils se mettent à pleurer en se demandant comment ils vont bien pouvoir finir de payer leur crédit sur la maison. "Je peux faire quelque chose pour vous ?" demande-t-elle de sa petite voix. Un câlin ? Un peu plus ? Une fois passés dans le lit d'Hannah, les licenciés sont certes toujours sans ressources, mais ont retrouvé le sourire. Hannah n'est pourtant pas gentille avec tout le monde. Elle déteste son petit frère Hakim (Mehdi Djaadi). Très complices enfants, tout a changé quand le garçon est devenu adolescent. Enfants d'un épicier arabe (Ramzy, touchant et attachant) et d'une mère au foyer psychanalyste bénévole (Agnès Jaoui), ils ont grandi dans une de ces grandes cités où le 'vivre ensemble' s'est lentement délité au fil des ans. Surtout Hakim qui, après un passage par la case 'petite frappe dealer', plonge dans la religion. Il ne supporte plus les tenues très légères de sa sœur et ses relations amoureuses, aussi brèves que multiples.
Une comédie… sérieuse
Le film alterne les scènes d'enfance et le présent. Hanna habite à Paris, rue Saint-Denis, Hakim chez ses parents, avec femme et enfants. Lors d'une réunion de famille, les parents demandent à Hanna un service. Et pas des moindres. Hakim, malade, doit être transplanté d'un rein. Celui d'Hanna a toutes les chances d'être compatible. Va-t-elle pour la première fois refuser de rendre service à quelqu'un ? Tant qu'elle n'est pas guérie de sa névrose, il n'y a aucun suspense. Si on rit souvent au cours du film, Vimala Pons alternant avec une virtuosité déconcertante, humour, séduction et tristesse, le sujet principal reste très sérieux. Mais comme le discours n'est pas pesant et moralisateur, il passe d'autant mieux. Car la réalisatrice aborde sans y toucher, pêle-mêle les problématiques de la religion, de la liberté de la femme, des origines, de la maltraitance des enfants, de la condition des prostituées et même des personnages âgées accros au cannabis et au jeu (un rôle sur mesure pour Anémone). Un film vivifiant, comme le joli minois de Vimala Pons.