dimanche 16 novembre 2014

Cinéma : "Respire" de Mélanie Laurent, une amitié étouffante

Charlie, lycéenne timide, se découvre une nouvelle amie, Sarah, aussi exubérante qu'elle- même est effacée. Mélanie Laurent, pour son 2e film, explore les amitiés destructrices.


Tourné dans la région de Béziers, dans un lycée sans âme, des pavillons de banlieue ternes et un camping désert pour cause d’arrière-saison, « Respire » n’a rien du film qui se justifie par la promotion touristique de la région d’accueil. Le décor, tout en ayant une certaine importance, est banalisé pour accaparer toute l’attention des spectateurs sur les tourments de ces deux adolescentes.
Charlie (Joséphine Japy), n’a pas la vie facile. Côté amour c’est le calme plat avec son « petit ami » officiel. A la maison, elle n’en peut plus des disputes incessantes entre sa mère et son père. Finalement il part. Soulagement pour Charlie. Grosse déprime pour la mère (Isabelle Carré) qui lui pardonne tout dès qu’il refranchit le seuil de la maison familiale. Charlie ne sait plus sourire.

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Elle rejoint le lycée en traînant les pieds, récupérant au passage sa meilleure amie, Victoire (Roxane Duran, spécialisée dans le rôle de la bonne copine insignifiante de l’héroïne). Ce quotidien terne s’illumine quand Sarah (Lou de Laâge) fait son apparition. Nouvelle élève, elle est installée à côté de Charlie. Sarah, belle, sexy, passionnante. Sa vie est un véritable roman. Elle habite chez sa tante, sa mère, responsable d’une ONG en Afrique, ne devant la rejoindre que dans quelques mois. Charlie tombe presque amoureuse de Sarah (on se demande même à un moment du film si on n’assiste pas à la redite de la Vie d’Adèle).
Sarah qui vient régulièrement chez elle et qui est même invitée à passer une semaine de vacances en novembre dans un camping quasi désert au bord de l’étang de Thau. Ces moments de détente, seules dans une caravane, va encore plus rapprocher les deux jeunes femmes. Mais Charlie constate également que Sarah, parfois, sait se montrer dure. Elle sait qu’elle est belle et comme pour rendre Charlie Jalouse, elle drague ouvertement tous les hommes du camping.
Mythomane ?
Tout bascule quand Charlie surprend Sarah en plein mensonge à propos de sa famille. Une anecdote insignifiante comme elle en a des centaines, mais en totale contradiction avec une précédente histoire. Et si Sarah était une mythomane ? Dès que Charlie se pose la question, son amie, sur la défensive, se met à la harceler et se transforme en redoutable ennemie. Peur, angoisse, recrudescence des crises d’asthme pour Charlie qui se retrouve littéralement étouffée par son ancienne amie.
Mélanie Laurent signe une réalisation sobre et efficace, glaciale par moments, s’appuyant sur un duo d’actrices idéales dans leurs rôles respectifs. Joséphine Japy, tout en intériosité, parvient à faire passer cette passivité implacable, directement héritée de sa mère, femme humiliée mais toujours amoureuse. Lou de Laâge, dans une composition plus classique, passe sans difficulté de la flamboyance à l’obscurité, de la séductrice irrésistible à la redoutable ennemie. Un vrai film d’actrices, dans tous les sens du terme.

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Actrice confirmée, réalisatrice affirmée


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Mélanie Laurent, à peine 30 ans, a déjà une longue carrière derrière elle. Cette jolie blonde a débuté très jeune comme actrice. Quelques petits rôles puis la révélation dans « Je vais bien, ne t’en fais pas » qui, lui permet de décrocher le césar du meilleur jeune espoir féminin en 2006. Elle multiplie les tournages, dont quelques premiers rôles comme « La chambre des morts » tirés d’un roman de Frank Thilliez ou les participations à des projets américains comme « Inglorious Bastards » de Quentin Tarantino. Mais tout en restant régulièrement devant les caméras, elle tente aussi une carrière derrière. Elle réalise « Les adoptés » où elle interprète également le premier rôle, une histoire familiale dont elle a écrit le scénario. Cela lui ouvre les portes pour « Respire », ce second film, plus abouti, sobre et efficace. La jeune réalisatrice avoue qu’il y a un peu d’elle dans le personnage de Charlie. Durant ses années lycée, elle est tombée sous l’influence d’une camarade nocive, une perverse narcissique comme Sarah. Heureusement, elle a su s’en éloigner avant qu’elle ne prenne trop d’emprise sur elle, ce que Charlie n’arrive pas à faire malgré les brimades, humiliations et harcèlements incessants. Mélanie Laurent ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Elle entend mener sa carrière sur les deux fronts, même si elle avoue une préférence pour la réalisation. Elle débutera en 2015 le tournage de « Plonger », son troisième film tiré du roman de Christophe Ono-dit-Biot.

samedi 15 novembre 2014

Livre : Organes de l'enfer

Lucie et Sharko, les héros récurrents des thrillers de Franck Thilliez, s'effacent un peu pour laisser libre cours à l'histoire de Camille et Nicolas, sur fond de trafic d'organes.

lucie, sharko, thilliez, fleuve noirPas facile de conserver son statut de policiers baroudeurs quand on vient d'avoir des jumeaux. En choisissant d'orienter ses romans vers le genre du feuilleton, Franck Thilliez prend un risque. Sharko, le flic de cinquante ans, tombé fou amoureux de sa collègue Lucie, 20 ans de moins, tente de se remettre de ses malheurs. Il a perdu femme et enfants dans une précédente aventure. Comme Lucie, radicalement changée depuis l'assassinat de ses deux petites filles. Leur monde est noir, plein de tueurs en série et de monstres pour qui le mal est le seul moteur pour avancer. Comme pour conjurer cette malédiction ils ont décidé de retenter l'aventure d'être parents. A la fin du précédent roman, Lucie accouche de jumeaux. Sharko est aux anges, ses grosses mains maladroites se transformant en puits de tendresse pour Jules et Adrien. Image de bonheur et de paix. Thilliez sait parfois être tendre avec ses personnages. Mais jamais longtemps...
Par chance pour Sharko et Lucie, il va donner les premiers rôles d'« Angor », son nouveau roman, à deux personnages plus jeunes. Durant les premiers chapitres on suit les pas de Camille Thibault. Cette jeune gendarme, affectée dans le Nord de la France, a subi un gros coup du sort. Une maladie cardiaque la condamnait. Heureusement elle a bénéficié de la transplantation d'un cœur. Depuis, malgré la prise régulière et à heure fixe de plusieurs médicaments, elle mène une vie quasi normale. Si l'on excepte son obsession pour découvrir l'identité du donneur. En France, le secret médical interdit au greffé de connaître le passé de l'organe qui lui permet de rester en vie. Camille utilise toutes ses entrées pour tenter de savoir à qui appartenait ce cœur qui bat dans sa poitrine et semble lui parler. Le roman est proche du fantastique quand la gendarme se réveille en sueur, avec l'image d'une femme enchaînée qui l'appelle à l'aide. Qui est cette femme ? La donneuse ? Une victime ?

Coup de foudre
En parallèle à la quête de la greffée, le lecteur découvre les débuts d'une nouvelle enquête du service de Sharko. Le vieux commissaire a abandonné ses responsabilités pour les confier au jeune et brillant Nicolas Bellanger. Ils se déplacent dans une forêt. Sous un arbre arraché par l'orage, une cavité abritait une femme, sauvage et aveugle. Elle était enfermée dans le noir depuis des années. Durant le premier tiers du roman, les deux histoires se déroulent en parallèle. Camille finit par découvrir l'identité de son donneur qui est aussi l'homme qui retenait prisonnière la femme inconnue. Nicolas croise la route de Camille. Coup de foudre.
Si Nicolas s'abandonne, Camille reste sur la défensive. Elle vient d'apprendre que son cœur de substitution est en train de lâcher. Il ne lui reste que quelques semaines à vivre. C'est récurrent dans les romans de Franck Thilliez, les amours sont toujours très compliquées...
Ce pavé de plus de 600 pages est quand même très éloigné de la bluette à l'eau de rose. Le lecteur suit les héros en Espagne, en Argentine, et dans les catacombes de Paris, au-delà du Styx, le fleuve des enfers. Et croise le chemin de quelques psychopathes de la pire espèce, adeptes du maniement du bistouri à vif.


« Angor », Franck Thilliez, Fleuve Noir, 21,90 €

DE CHOSES ET D'AUTRES : Je suis un faux gentil

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François Hollande m'épate. Voilà un président de la République sûr de lui et d'une grandeur tout à l'honneur de notre beau pays. Bien entendu, la voie était toute tracée après les cinq années de bonheur passées sous la houlette de Nicolas Sarkozy. Dommage que la vraie vie ne soit pas comme à l'école des Fans, ces deux-là auraient mérité d'être déclarés ex-aequo. Le pays ne s'en serait que mieux porté, même s'il est impossible de trouver nation où l'herbe y est plus verte.
Chaque jour je regarde religieusement l'émission de Cyril Hanouna, le plus grand animateur télé de ces cinq dernières décennies. Son humour, ses réparties, son rire ensoleillent mes avant-soirées. Mais que faisait-on pour se distraire avant l'éclosion de son talent ?
Comment ne pas vibrer en assistant à un match de l'USAP ? Même plongée dans les profondeurs de la ProD2, l'équipe reste vaillante, engagée, courageuse et fidèle à ses valeurs centenaires. Toutes les autres formations de la région devraient en prendre de la graine.
Extraordinaire l'exploit des chercheurs européens. Poser un robot sur une comète, voilà des millions d'euros judicieusement dépensés pour un projet essentiel et vital. Et dire que cet argent aurait pu bêtement servir à trouver un vaccin contre le paludisme.
Voilà, c'était ma contribution à la journée de la gentillesse (chaque année le 13 novembre). Vous aurez compris qu'en fait, je ne pense pas une miette de toutes ces mièvreries... Mais une fois par an, je fais un effort.

DE CHOSES ET D'AUTRES : Pub subliminale

En surfant sur le net, me voilà pris d'un doute effroyable. Les publicitaires sont-ils déjà capables de lire dans mes pensées ? Comment en suis-je arrivé à me poser cette question peu cartésienne ? Explications.
Invité chez des amis, j'admire leur cheminée à feu ouvert. Les premiers frimas arrivent, ils viennent de l'allumer. Petites flammes, braises, odeur, bruit du bois qui craque... Dans mon panthéon de la nostalgie ultime, le feu de cheminée occupe la première place. Souvenirs d'une jeunesse jamais ennuyeuse si j'arrivais à me caler face à la cheminée, un bon bouquin entre les mains.
Propriétaire depuis deux ans d'une maison de village, une superbe cheminée occupe un coin du salon. « Elle fonctionne » nous a assuré l'ancien propriétaire. Mais le conduit est bouché au plâtre. Un ami nous a conseillé de la déboucher et d'y installer un poêle. En revenant de chez nos amis, je regarde à nouveau cette cheminée où trône pour l'instant une plante verte. J'explore le conduit et l'envie de le déboucher, d'appeler un ramoneur et de faire une flambée à foyer ouvert me consume.
Et puis je retourne à mes occupations devant mon ordinateur. Je surfe sur les sites d'actualités tout en songeant à ma cheminée. Et là, mon sang se fige. Sur une fenêtre de pub, apparaît un message promotionnel pour Woodstock®, une entreprise de production de bûches de bois... Si j'avais fait une recherche pour acheter un poêle ou un insert, je comprendrais. Mais cette envie de cheminée n'a pas quitté mon esprit ni les frontières de ma pensée. Alors, n'y a-t-il pas là matière à s'interroger ?

jeudi 13 novembre 2014

BD : Tristes tropiques du "fils du soleil" de Nury et Henninot chez Dargaud


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Adapté de deux nouvelles de Jack London, ce récit au long-cours se déroule dans le Pacifique, au 19e siècle, quand les marchands allaient d'île en île profiter des richesses de ces poussières de terre à l'aspect paradisiaque mais qui souvent se transforment en véritable enfer pour ceux qui y vivent trop longtemps loin de toute civilisation. Fabien Nury a signé le scénario et confié cette histoire à Eric Henninot. Ce dessinateur, repéré dans Carthago (avec Bec au scénario) puis l'épisode Little Jones de la série XIII Mystery, est un grand du dessin réaliste. Son trait sûr, ses cadrages audacieux, ses compositions de page grandioses font de cet album une perle rare. David Grief a fait fortune aux îles Salomon. Navigateur, intraitable en affaires, il a installé plusieurs comptoirs dans le Pacifique Sud. Il vogue d'atoll en atoll, transportant coprah ou cacao. Il apprend que le vieux Parlay va prochainement organiser une vente aux enchères. Il n'est pas convié mais se rend quand même sur l'île de Hikihoho, royaume de Parlay. Ce négociant français y a pris le pouvoir après avoir épousé la fille du roi. Un passé tragique et commun rend toute communication impossible entre Grief et Parlay. Pourtant, ils auront une dernière explication.

« Fils du soleil », Dargaud, 19,99 €

DE CHOSES ET D'AUTRES : Jours fériés

Hier nous étions le 11 novembre, jour férié depuis près d'un siècle. Mai et novembre même combat : ce sont les mois cruciaux pour poser ses congés et RTT avec intelligence et transformer un jour de récupération en méga week-end de quatre jours.
Ce sport national est cependant moins pratiqué en novembre. La faute au temps maussade. Et puis sur les deux jours fériés de novembre plane cette sinistre image de la mort. La Toussaint, passée dans les cimetières et l'Armistice dont l'annonce ne permettra jamais d'oublier les millions de morts dans les tranchées.
Les jours fériés arborent différentes étiquettes. Festif le 14 juillet, symbole de renaissance printanière de Pâques à l'Ascension en passant par le 1er mai.
Après la grisaille de novembre, place aux deux jours préférés de l'année : Noël et le Premier de l'an. La fameuse trêve des confiseurs fait rêver petits et grands. Pourtant le temps y est souvent plus froid et mauvais encore, mais la magie des fêtes de fin d'année agit avec une étonnante régularité, malgré la crise. On couvre ses enfants de cadeaux à Noël. Surtout on fait bombance. Après s'être serré la ceinture durant de longs mois, toutes les folies gustatives sont autorisées. De la langouste aux fruits exotiques, du champagne aux grands crus. Certains se payent même des réveillons hors de prix.
Une frénésie de consommation, qui, si elle durait deux mois de plus, résoudrait tous les problèmes économiques juste par un surcroît de consommation. Vous aimez votre pays ? Vous voulez le sortir de l'ornière ? La solution est simple et pas du tout désagréable : prolongez les fêtes jusqu'en mars !

mercredi 12 novembre 2014

DVD : Vengeance crescendo dans "Blue Ruin" de Jeremy Saulnier

Il veut venger ses parents, mais eux veulent venger leur frère : “Blue Ruin” vire rapidement au carnage.

Film au budget modeste, « Blue Ruin » de Jeremy Saulnier a beaucoup voyagé dans les festivals avant de sortir sur grand écran. Auréolé d’une critique unanime et de quelques prix, cette histoire de vengeance va crescendo dans la folie meurtrière.
blue ruin, saulnier, wild sideJeremy Saulnier n’est pas un débutant même si ce film marque véritablement sa première œuvre aboutie. Souvent directeur de la photo, il cumule dans Blue Ruin la réalisation, la production et le scénario. Au passage il donne le rôle principal à un ami d’enfance. Alors, film de copains sans ambition ? Les images léchées, les dialogues minimalistes et la performance des acteurs en font un petit bijou de noirceur sans espoir, à l’image de cette Amérique où les armes ont souvent le dernier mot.
Les premières minutes montrent la vie de vagabond de Dwight (Macon Blair), sale, barbe et cheveux longs, vivant dans sa voiture en bord de mer, se nourrissant en faisant les poubelles. Il évite ses congénères, sort la nuit, ne dit pas un mot. Comment est-il arrivé là ? On a la réponse par la bouche d’une policière qui annonce à Dwight que Hope, le tueur de ses parents, vient de sortir de prison. Dwight change radicalement, il remet sa voiture en état (une vieille américaine aux portières percées de balles) et se rend à la sortie de la prison. Le tueur est accueilli par ses frères et sœurs, venus le chercher dans une grosse limousine blanche. Dwight les suit, s’introduit chez eux et tue Hope. Les 20 premières minutes sont d’une virtuosité, d’une tension, rare pour des films de ce genre. Ensuite, la réalisation bascule dans une autre dimension, moins primitive, plus explicative. Dwight rejoint sa sœur, lui explique ce qu’il vient faire. Reprend aspect humain (barbe rasée, cheveux courts avec raie sur le côté) mais n’a pas le temps de se rendre compte de la situation que le reste de la famille de Hope décide de se venger. Qui de l’orphelin ou des frères et sœurs de Hope l'emportera au final ? Le carnage redouté a bien lieu...
Le DVD offre quelques suppléments très instructifs, notamment le récit du financement du film par Jérémy Saulnier. Il a dû batailler pour trouver des producteurs. Le projet a failli être totalement abandonné, mais une première version, pourtant pas aboutie, a plu aux responsables du festival de Cannes. Une reconnaissance qui a permis à Blue Ruin de voir le jour dans des conditions confortables.
« Blue Ruin », Wild Side, 19,99 euros

DE CHOSES ET D'AUTRES : Fautes professionnelles

A chaque métier sa faute professionnelle impardonnable. Celle qui vous discrédite complètement et annihile toute seconde chance. Parfois, elle est différente de ce qui semble évident.
Prenez un footballeur, par exemple. Pas un amateur mais un pro, de ceux qui gagnent des millions à chaque match. Ne croyez pas qu'il sera viré s'il marque contre son camp. Par contre, si par malheur il se coiffe normalement ou pire avec un peu d'élégance, cette faute de goût le mettra au ban de la société footballistique. Si, en plus, il parvient à formuler une phrase sans erreur d'accord avec des vrais mots du dictionnaire, alors il est bon pour Pôle emploi. Car depuis des années, mauvais goût capillaire et syntaxe approximative sont obligatoires pour mériter ce titre de footballeur.
Un homme politique perd-il toute crédibilité s'il ment à ses électeurs ? Non, ce petit jeu est autorisé (et même recommandé dans bien des cas). Le politique devient fautif au moment où il se fait prendre. Et encore, faut-il ensuite qu'il soit condamné.
top, modèle, mannequin, mode, couture, sourireChez les top-models qui défilent en ce moment pour les grands couturiers, ne croyez pas que manger un cassoulet et dix choux à la crème puisse leur porter tort. Par contre, si un seul de ces squelettes sur pattes avait la mauvaise idée de sourire, il serait lynché sur le champ par le public, ses collègues, les couturiers et les photographes…
Quant à moi, la faute professionnelle qui me pendait au bout du nez et qui aurait pu me mettre au placard pour de longues années je l'ai évitée, au terme d'un douloureux combat intérieur : ne pas parler une troisième fois d'affilée d'une certaine N…

mardi 11 novembre 2014

BD : Jeunesse optimiste


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On trouve de tout chez les primo-délinquants. Du jeune de banlieue pour qui voler est aussi simple que de respirer mais aussi des adolescents qui extériorisent simplement un certain mal de vivre. Les juges doivent s'adapter en fonction de chaque cas. Et parfois faire preuve d'imagination pour offrir des solutions innovantes. Merci, une jeune gothique laissée en roue libre par une mère handicapée, a tagué une insulte sur le mur de son prof de maths et fait brûler une poubelle. Prise sur le fait, elle doit passer devant avec un juge pour enfants. Il demande des explications à la jeune fille renfrognée qui se plaint de l'absence d'activités pour les jeunes. Selon elle, les politiques s'occupent des très jeunes et des très vieux, mais rien pour les ados. Cela donne l'idée saugrenue au juge de l'obliger à faire un stage dans la municipalité de son village avec pour mission de développer un projet durable pour les adolescents. En moins de 20 pages, Zidrou, le scénariste pose le décor et le contexte de cette histoire originale. Un message d'espoir, qui veut prendre le contrepied de l'information négative. Pourquoi parler du train qui arrive en retard alors que tous les autres arrivent à l'heure ? Sans être trop manichéenne, cette histoire se termine bien et prouve qu'un peu de solidarité et d'ouverture d'esprit suffisent pour renverser des montagnes. Au dessin, Arno Monin (L'envolée sauvage) renforce l'aspect hautement sympathique de la petite Merci.

« Merci », Bamboo, 14,90 €

DE CHOSES ET D'AUTRES : Écartèlements

Chaque jour, au moment d'écrire cette chronique, j'hésite entre plusieurs sujets. Hier mon indécision était totale. D'un côté ma raison égrenait tous les thèmes autour desquels mon humeur pouvait vagabonder. De l'autre... Nabilla. Moi non plus je n'arrivais pas à me sortir cette histoire de la tête.
Joli match de l'équipe de France contre les Fidji. Une parabole entre le sursaut des sportifs et du pays ? Oui, mais Nabilla vient d'être présentée au juge d'instruction.
François Fillon a-t-il véritablement demandé à son ancien ministre Jean-Pierre Jouyet d'accélérer les poursuites judiciaires contre Sarkozy ? Je laisse le soin à nos éditorialistes de traiter l'info car, mazette, on vient d'apprendre que Nabilla avait déjà poignardé son compagnon en juillet.
Les cérémonies autour de la chute du Mur de Berlin battent leur plein. Deux millions de personnes vont célébrer ce symbole de la liberté. Certes, mais Nabilla, elle, vient de passer sa première nuit en prison.
Finalement j'avais opté pour une chronique décalée sur les bisbilles entre les deux candidats à la présidence de l'UDI. Il y a Jean-Christophe Lagarde, suspecté de clientélisme dans son département (40 % de ses voix du premier tour viennent du 93) et Hervé Morin, celui qui avait raconté son émotion d'enfant en voyant débarquer les Alliés en Normandie... alors qu'il est né en 1961. Non, franchement, tout le monde se moque de la menace d'implosion de l'UDI.
Et puis quand même, l'avocat de Nabilla a déclaré que sa cliente considérait son incarcération comme une « injustice ». Vous allez voir, dans trois jours, elle fait pleurer dans les chaumières !