mercredi 18 juin 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES - Mélanges malencontreux

Il y a des jours où l'on mélange tout. Une confusion tenace s'installe telle une crise aiguë d'Alzheimer précoce. C'est ce qui a dû arriver hier à la personne chargée d'écrire les « urgents » en bas de l'écran de BFMTV. En pleine affaire
de fuites des sujets du bac sur Twitter, une dépêche AFP annonce la sortie de Michaël Schumacher du coma consécutif à son accident de ski. Un coup de shaker plus tard, on peut lire cette incrustation qui bat toutes les précédentes fautes de français collectées sur un site internet : « Alerte info : Il n'y a pas eu de fuites des sujets de philosophie avant le début des épreuves, a affirmé Michael Schumacher. » On ne va pas jeter la pierre au pauvre malheureux, victime d'un court-circuit cérébral durant son opération de copier-coller. Cela peut arriver à tout le monde.
Par exemple, moi, hier matin. Je reçois deux courriers administratifs. Le premier du centre de dépistage du cancer du colon. Le second d'une société de convention d'obsèques. D'un côté ils ne veulent pas que je meure. De l'autre ils me disent clairement qu'il n'y a aucun espoir et qu'il vaut mieux que je prépare mes funérailles dès maintenant. 
La lecture attentive des modalités pratiques pour expédier, par la poste, un échantillon de mes « selles (caca) » (sic), me provoque un fou rire incoercible. Conséquence, moi aussi j'ai tout mélangé. Voilà pourquoi les croque-morts ont failli recevoir pour unique réponse à leur proposition de convention... des petites languettes recouvertes d'excréments.

mardi 17 juin 2014

BD - Entrailles spatiales


« Le temple du passé », nouveau roman de Stefan Wul adapté en bande dessinée (Hubert au scénario, Etienne Le Roux au dessin), n'a pas pris une ride depuis sa parution en 1957. Un vaisseau spatial rencontre une avarie. L'équipage est réveillé en urgence. Mais cela n'empêche pas l'engin d'être avalé par une sorte de trou noir. Après un choc énorme, il ne reste plus que trois survivants à bord. Massir le pilote, Jolt médecin stagiaire et Raolt, quartier-maître. Ils découvrent que leur astronef a été englouti par un gigantesque monstre marin évoluant dans une mer de chlore recouvrant en partie une planète inconnue. A force de manipulations génétiques, ils parviennent à faire évoluer le gros poisson en une sorte de reptile qui ne peut s'empêcher de rejoindre la terre ferme. 
Cette histoire, assez visionnaire à son époque, a depuis été maintes et maintes fois réutilisée dans diverses œuvres de SF. Les auteurs actuels y ont rajouté la description d'une société qui a de quoi donner la nausée à Christine Boutin : l'homosexualité est la règle ; être attiré par le sexe opposé est considéré comme une tare rédhibitoire...

« Le temple du passé » (tome 1), Ankama, 13,90 €

lundi 16 juin 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES - Rions du ballon rond

L'entrée en lice hier soir de la France marque pour nous le véritable début de ce Mundial 2014. On va enfin pouvoir s'y intéresser à fond, et pour de bonnes raisons. Car pour l'instant, je n'ai retenu de ces premiers matches que quelques anecdotes juste pour le fun.
Par exemple la déroute de l'équipe d'Espagne. Ou plus exactement du gardien Casillas. Notamment le 4e but par Van Persie sur un contrôle totalement raté du goal espagnol après une passe en retrait. On pensait le gardien de but jamaïcain inégalable en terme d'inefficacité (8 fois il est allé chercher le ballon au fond des filets contre la France), mais Casillas place la barre très haut. Une "branlée" en match amical ne laisse pas de traces, celle de l'Espagne au second jour du Mundial risque d'en laisser de durables.
Avant il y a la bourde de Marcelo, le Brésilien. Le défenseur a l'honneur d'être le premier joueur à marquer dans cette édition. Mais contre son camp.... Le plus marrant reste le déchaînement sur Twitter contre un homonyme. Les Cariocas, par dizaines, ont reproché à Marcello (avec deux L) de twitter durant le match, ce qui expliquerait sa bévue.
Le meilleur, comme toujours, vient du camp français. Ribery aurait déclaré forfait... car il a peur des piqûres. Le joueur du Bayern de Munich a officiellement démenti la rumeur. Exactement, son mal au dos récurrent aurait dû être traité par des injections de cortisone. Non il n'a pas peur des piqûres dans la fesse comme un gamin trouillard. C'est la cortisone et ses effets secondaires qui l'effraient... Une nuance qui change tout.

Livre - Échapper aux griffes de l'Autre

Sous la coupe d'un pervers narcissique, l'héroïne du roman de Sylvie Le Bihan profite des événements pour se libérer.

Un homme, une femme. Dans couple, il y a « coup ». L'amour, trop souvent, se transforme en haine. Le roman de Sylvie Le Bihan a pour ambition de faire comprendre au lecteur comment une idylle devient un cauchemar. La force de ce texte, c'est de replacer cette histoire banale au centre d'événements extraordinaires. Comme pour prouver que tout malheur peut virer au bonheur dans certains cas particuliers. 
En ce mois de septembre 2011, Emma va devoir revivre la journée particulière du 11 septembre 2001. Dix ans que les tours se sont effondrées sous les attaques des terroristes. Dix ans que des milliers d'innocents ont trouvé la mort en étant au mauvais endroit au mauvais moment. La narratrice explique sa panique quand elle reçoit cette invitation à une journée de commémoration. Ce médecin français est invitée personnellement par la présidence des USA. Mais avant de comprendre pourquoi, Emma raconte au cours de longs retours en arrière sa vie insouciante d'avant.
Étudiante en médecine à Strasbourg, elle profite pleinement de la vie. Belle, libre, brillante. Pour décompresser elle accumule les conquêtes masculines. Sans lendemain. Elle y trouve même un certain plaisir. « Tu aimes bien faire mal, un peu, beaucoup, passionnément, juste ce qu'il faut pour donner du relief à des histoires de cul insipides. Pour exister. » Dans le cadre de sa formation et de sa spécialisation en gynécologie, elle part six mois dans une clinique londonienne. Cantonnée au service gériatrie, elle améliore son anglais, pas ses connaissances médicales.

Engrenage mortel
Le soir, avec des collègues, elle va de pub en pub. Un soir, elle tombe sur l'Autre, cet homme qu'elle ne nomme jamais et qui va vampiriser sa vie. Un trader, français comme elle, venu à la City pour faire le plus de bénéfices possibles. Il est distingué, presque vieux jeu. Une cour discrète. Prévenant. Elle se met à rêver à l'homme parfait. S'en persuade. Fait tout pour le garder, le posséder, le montrer à ses amis strasbourgeois, sa famille. Pour se défaire de l'étiquette de femme inconstante et futile.
Habituée à se comporter de façon parfois odieuse avec les hommes, elle n'a pas vu immédiatement qu'il était sa copie parfaite. Mais lui, pervers narcissique assoiffé de domination, fait dans le long terme.
Quand elle accepte de l'épouser, de se lier à lui, elle a bien un doute, mais la volonté de briller est plus forte. « Au fond de toi tu savais que l'Autre ne ferait jamais l'unanimité, mais tu étais déterminée à aller jusqu'au bout, pour prouver à ceux qui t'avaient déjà jugée que tu ne t'étais pas trompée et que cette fois-ci ça allait durer. Ton orgueil, un engrenage qui a failli te tuer. Tu as mis bas les armes, tu as cédé et maintenant tu sais que c'est à ce moment que tout à basculé. » De plus en plus sous la coupe de l'Autre, Emma est comme un jouet dont il dispose dans l'intimité. En public, il brille, semble parfait. Dès la porte de la chambre refermée, il la rabaisse, l'humilie. En aout 2001, ils prennent des vacances. Lui va jouer au golf près de New York avant de prendre son poste, pour quelques semaines dans les bureaux de sa banque au sommet du World Trade Center. Elle passe le temps en le trompant.
Dix années plus tard, Emma panique à quelques mètres du couple Obama. Que s'est-il passé en ce jour maudit dans l'histoire des USA ? C'est tout le propos de ce roman dur et sombre, qui s'achève pourtant en libération. Libération qu'il faut souhaiter à toutes les femmes tombées dans les griffes d'un Autre pervers narcissique.

« L'autre », Sylvie Le Bihan, Seuil, 16 €

dimanche 15 juin 2014

Livre - "Étranges rivages" édité au format poche chez Points

Erlendur revient. Le héros policier d'Arnaldur Indridason est de retour. Une double enquête dans les fjords glacés de l'est de l'Islande. 
Une petite voiture rouge, une nécrologie dans le journal barrée du mot « ordure », une ferme en ruine. Ce sont quelques-uns des morceaux du puzzle de ce roman policier signé Arnaldur Indridason. 
L'écrivain islandais renoue avec son héros du début, le policier Erlendur. Un flic pragmatique, torturé de culpabilité, incapable d'être heureux, de vivre simplement en oubliant les fantômes du passé. 
Dans ces terres de l'est il va déterrer quelques cadavres, imagés ou bien réels... (Points, 7,60 €)


DE CHOSES ET D'AUTRES - Moches mais bons

S'il est vrai que l'on commence à déguster un produit avec les yeux, il n'en demeure pas moins que laideur et saveur peuvent parfois s'accorder. Dans notre société moderne où le design prend souvent le dessus sur la qualité, fruits et légumes ne font pas exception. Une carotte tordue ? Poubelle.
Pour lutter contre ce gaspillage alimentaire (30 % de la production française), plusieurs enseignes de grandes surfaces lancent des opérations commerciales décalées. Ce week-end, Intermarché renouvelle son opération "fruits et légumes moches" dans plusieurs de ses magasins. Une disgrâce physique entraînant un prix réduit de 30 %.
Chez les concurrents, il existe un rayon joliment nommé "Quoi ma gueule ?" Objectivement, il n'y a rien de bien neuf dans cette opération. Les jardiniers amateurs savent très bien que dame nature est capricieuse. Et très diversifiée.

Lors d'un séjour récent chez ma grande sœur, amatrice des légumes bizarres, elle nous a préparé une grosse platée de topinambours fraîchement déterrés. Un peu comme des salsifis, en plus fin. En accompagnement du poulet de sa basse-cour, c'était divin. Ma femme et moi, nous sommes régalés. Du moins sur le moment. Car il n'a pas fallu plus d'une heure pour que le tubercule étranger à notre système digestif ne se mette à faire la samba dans nos pauvres boyaux habitués à de la nourriture plus docile. 15 m3 de gaz plus tard (soit deux heures de flatulences pestilentielles), nous allions mieux… Mais vous n'êtes pas près de nous faire remanger des topinambours. Qu'ils soient beaux ou moches !

samedi 14 juin 2014

BD - Marcheur fou


Albert Dadas, Bordelais, a véritablement existe. C'est son histoire, et celle de son psychiatre Philippe Tissié, que raconte Christophe Dabitch dans ce roman graphique dessiné par Christian Durieux. Albert est atteint d'un étrange trouble psychiatrique. Il explique :
« Tout d'un coup, j'ai très chaud, j'ai des suées, j'ai mal à la tête. Il faut absolument que je marche. Et après je ne me souviens de rien. » Mais quand il dit marcher, ce sont des centaines de kilomètres qu'il peut avaler en quelques jours. Ses délires lui feront traverser toute l'Europe, de Paris à Moscou en passant par Berlin et Constantinople. Tissié parviendra à presque le guérir grâce à une nouvelle technique : l'hypnose
« Le captivé », terme inventé par le jeune médecin, raconte les errances d'Albert, les doutes de Tissié et l'accueil de cette nouvelle technique de soin par les confrères. Une BD très documentée, quasiment pédagogique mais profondément humaine aussi.  

« Le captivé », Futuropolis, 19 €

DE CHOSES ET D'AUTRES - Chère, très chère auto

L'Automobile club association (ACA)
vient de publier son traditionnel rapport sur le coût réel d'une voiture. Ces chiffres font peur. Le savant calcul expliqué dans un long communiqué de presse ne vaut que par son résultat. Une voiture essence coûte 5 705 €, un véhicule diesel, 7 687 €. Cela semble énorme et pourtant c'est en nette baisse depuis l'an dernier. -5,7 % pour l'essence, -3,8 % pour le diesel.
Surtout, n'allez pas mettre cela au crédit du gouvernement. Au contraire, l'ACA souligne que "les taxes pèsent toujours plus lourd dans le budget auto." La baisse vient de meilleures offres de reprises et de la stabilité du prix des carburants.
Et pour la première fois, une voiture hybride a été ajoutée à l'étude. Surprise, elle n'est pas du tout économe. Au contraire, elle nécessite un budget de 8 782 €. Le poste carburant par exemple est supérieur de plus de 6 % par rapport à un bête diesel. Conclusion de l'Automobile club association : "Il est donc difficile pour l'instant de changer pour un véhicule électrique pour des raisons purement économiques. Il 'menace"' d'être moins onéreux que le moteur thermique, mais il faudra du temps pour en réunir les preuves."
Le terme de "menace" en dit long sur l'inquiétude des adhérents à l'ACA. Oui, pour ces accros à la musique du moteur (essence ou diesel, qu'importe pourvu qu'il fasse du bruit), l'électrique est une abomination. Rouler sans pétarader, ne pas faire ronfler son moteur aux feux rouges… autant rester chez soi dans un fauteuil à jouer à Formula 1 2013 sur PS 3

vendredi 13 juin 2014

DVD - Jacky, l'idole des dames

Le dernier film de Riad Sattouf, drôle et caustique, épingle misogynie, intégrisme et féminisme.

Qui ose encore se plaindre du manque d'originalité du cinéma français ? Dans exception culturelle, il y a « exception ». Loin des comédies formatées ou des drames insipides, « Jacky au royaume des filles » est de ces films qui ne peuvent voir le jour qu'en France. Grâce à des producteurs qui font confiance à des créateurs comme Riad Sattouf. Si le film n'a pas marché très fort en salles, sa sortie en DVD chez Pathé doit rendre sa juste place à cette pépite d'originalité.

Il y a un peu du Mocky dans ce film. Le Mocky de la grande époque, quand il foisonnait d'idées et dynamitait allègrement les règles du genre. En imaginant la dictature de Bubunne, Sattouf invite le spectateur dans un voyage incongru et étonnant. Dans ce pays imaginaire (ressemblant à une ancienne république socialiste mâtinée d'intégrisme religieux), les femmes règnent en maîtres absolus. Pas de lutte des classes, juste une domination d'un sexe sur l'autre. La générale (Anémone) règne sur ce pays replié sur lui-même. Les femmes dirigent et font la guerre, les hommes se contentent de tenir leur foyer, bien cachés derrière leurs tuniques les couvrant des pieds à la tête. Sur la télévision de propagande, les mâles célibataires apprennent que la fille de la Générale, la Colonelle (Charlotte Gainsbourg) cherche son « grand couillon ». Jacky (Vincent Lacoste), en a des vapeurs. Il rêve d'être choisit et de donner plein de petites filles à la future dirigeante de la Bubunne.
Cendrillon inversé
Dans le making-of en bonus du DVD, Riad Sattouf qu'il a simplement voulu inverser le conte de Cendrillon. Mais il va beaucoup plus loin dans la satire sociale. Un pari réussi grâce à des acteurs littéralement habités. 


Vincent Lacoste, en jeune enamouré d'une glaciale Charlotte Gainsbourg, prouve qu'il est un véritable acteur en pas un miroir des jeunes d'aujourd'hui. L'ensemble fonctionne aussi en raison des rôles secondaires minutieusement choisis par le réalisateur. Didier Bourdon, en père cupide est génial, Valérie Bonneton, autoritaire et violente, rend totalement crédible la tyrannie de la dictature, William Legbhil, le rival de Jacky est horripilant de suffisance. Sattouf, qui a débuté dans la bande dessinée, a même puisé dans le monde du 9e art pour offrir deux petits rôles à Fred Neidhart et Blutch.
Mais la palme revient à Noémie Lvovsky. Femme autoritaire de Didier Bourdon, elle a cependant une certaine considération pour Jacky, le petit malheureux martyrisé par ses cousins. Malgré l'uniforme et son aspect « hommasse » elle parvient à insuffler une réelle tendresse au personnage. Déjà remarquée dans le rôle de la mère du héros des « Beaux Gosses », premier film de Riad Sattouf, elle s'impose au fil des films comme une « gueule » féminine du cinéma français. Dernier exemple en date son apparition dans « Tristesse Club » de Vincent Mariette toujours en salles.
C'est cette richesse et cette diversité qui fait de « Jacky au royaume des filles » un long-métrage hors normes, de ces OVNI devenus malheureusement en peu trop rares dans un cinéma français souvent convenu.

« Jacky au royaume des filles », Pathé, 19,99 €


DE CHOSES ET D'AUTRES - Nom d'une région !

La réforme territoriale lancée par le président Hollande a tout l'air d'un feuilleton imaginé par des technocrates parisiens pour détourner l'attention des provinciaux de la véritable crise. Les fusions, désirées ou imposées, s'annoncent sources inépuisables de conflits. Comme toujours en France (et là pas de spécificité régionale...), beaucoup plus de mécontents que de satisfaits se font connaître dès que l'on envisage le moindre changement.
Prenons le Languedoc-Roussillon. Il a l'opportunité, en fusionnant avec Midi-Pyrénées, de devenir la 3e région la plus peuplée de France. Plus fort que PACA et Aquitaine, laissées en l'état. Problème, on ne doit être que dix (et je compte large) a y voir une chance contre plusieurs millions à ne pas vouloir changer les frontières d'un iota...
Et je ne vous parle même pas des débats sans fin quand il faudra trouver le nouveau nom. Un sondage du Figaro place « Occitanie » largement en tête. Outre l'aspect moyenâgeux de l'appellation il faudra surtout convaincre les Catalans. Je vous souhaite bien du plaisir messieurs les technocrates.
Heureusement il reste des endroits plus consensuels. Les institutions de Bourgogne et France-Comté se déclarent favorables à leur union pour devenir plus attractives. Par contre, question nom, l'histoire devient plus épineuse. La Burgondie remporte les suffrages. Mais tous les fans de la série Kaamelott, dans laquelle le chef Burgonde est un gros sauvage, ivrogne et ignare (photo ci-dessus), qui rote et pète à table en riant de bon cœur, riront de concert eux-aussi. Côté attractivité, peut mieux faire...