mercredi 6 février 2013

Billet - Députés trop connectés

Le fameux « rappel au règlement » cher aux députés d'opposition désireux de ralentir l'adoption des lois a fait un retour triomphal dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale.
Le débat sur le mariage pour tous se transforme en guerre de tranchées où tous les coups sont permis. Même les virtuels. Vendredi, un député Vert diffuse sur Twitter quelques piques à l'encontre de Hervé Mariton, député de droite en pointe dans l'obstruction. Christian Jacob, pour le groupe UMP, s'indigne et réclame une suspension de séance, « afin de ramener nos collègues de la majorité à la raison et la sérénité. » Suspension accordée. Nouveau retard dans les débats.
Quelques heures plus tard, nouvelle demande de l'UMP. Cette fois un député PS gazouille et avant de revenir en séance, confie à ses abonnés sa déprime face à « tant d'inepties et de mauvaise foi ». Un, passe encore, deux, c'en est trop :  rappel au règlement rejeté.
L'irruption des nouvelles technologies va-t-elle bouleverser les habitudes des parlementaires ?  Normalement, les débats doivent être strictement confinés à l'hémicycle pour éviter toute interférence avec l'extérieur. Les portables ne passent pas, un brouilleur est installé dans l'enceinte. Mais en déployant un réseau wifi, les services techniques de l'Assemblée nationale ont réveillé les smartphones. Nombreux sont les députés dissipés qui, en pleine séance, consultent leurs emails ou les réseaux sociaux.
Les députés connectés ont remplacé les godillots. Reste à savoir si le débat y gagne au change.

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce mercredi en dernière page de l'Indépendant

BD - Folie littéraire par Mangin et Griffo

La littérature peut rendre fou. Pas le lecteur, mais le créateur. A force d'imaginer les existences de personnages fictifs, on peut basculer dans une non-vie aliénante. Le premier récit du triptyque « Abymes » s'intéresse au parcours de Balzac. L'écrivain français, mondialement célèbre, était un monstre de travail. Il écrivait des pages et des pages au quotidien pour alimenter les journaux qui publiaient ses histoires sous forme de feuilleton. Valérie Mangin a imaginé une biographie fictive de Balzac. Il découvre dans un quotidien un autre roman en lieu et place de son ouvrage en cours. Surtout, l'histoire semble raconter sa vie. Exactement toutes les exactions qu'il a commises pour arriver à ses fins. Qui lui en veut à ce point ? Comment est-il aussi bien informé ? Balzac va mener son enquête, se retrouvant mis en abîmes dans une histoire écrite par un mystérieux fantôme. Passionnant, tant dans le récit que dans sa construction, « Abymes » bénéficie en plus du talent graphique de Griffo.
« Abymes » (première partie), Dupuis, 15,50 €


mardi 5 février 2013

Billet - Une appli SOS préservatif dans votre smartphone


Les Don Juan du dimanche sont obligés, parfois, d'abandonner une bonne opportunité en découvrant, effarés, l'absence de préservatif dans leur trousse de parfait petit séducteur. Chercher désespérément un distributeur est souvent rédhibitoire pour la conquête du moment.

Désormais, que l'on soit chez soi ou dans sa voiture, la solution existe. Il suffit de disposer d'un smartphone, de l'application « SOS condom » et d'un peu de patience car la livraison du « laisser-passer » peut prendre une heure. Pour l'instant, il ne s'agit que d'une version test, expérimentée à... Dubaï.
Mais on peut en découvrir tous les avantages sur un site dédié. Une fois l'appli installée sur son smartphone, on lance sa géolocalisation en même temps que la commande. Un petit film publicitaire, non dénué d'humour, montre les trois options de livraison. Chez soi, rien de plus simple que de faire appel à un faux livreur de pizza. Dans la boîte vous trouverez un petit sachet semblable à celui utilisé pour l'huile pimentée. En espérant qu'il n'est pas question du « goût » du préservatif...
Dans votre voiture, vous serez livré avec une petite pointe d'adrénaline. C'est un faux policier, gyrophare allumé, qui vous dépanne en vous rendant vos papiers après contrôle.
Encore plus improbable, dans la rue, un couple de touristes vous demande votre route tout en vous glissant discrètement l'objet de votre convoitise. Sponsorisée par Durex, cette application prouve que l'on peut vraiment tout faire avec un smartphone, même se protéger.


Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce lundi en dernière page de l'Indépendant.

lundi 4 février 2013

BD - Méchant masqué dans "Bad Ass", comics à la française


Dans les comics américains, les super héros sont toujours confrontés à des méchants. Que serait Batman sans le Joker ? Il a fallu que des Français se lancent dans le format du comics pour que ces méchants soient les véritables héros d'une série. Bad Ass, écrit par Hanna et dessiné par Bessadi, propose le portrait de quatre anti héros. Premier à entrer en scène, Dead End. Sous son masque de cuir orné d'un ballon de basket en feu, se cache un visage d'ange. Mais ça, personne ne le sait. Dead End est devenu teigneux après des années de brimades au collège. Un passé raconté en parallèle à ses « exploits » actuels. Un blondinet cachant en permanence ses boutons sous une frange et de grosses lunettes. Régulièrement frappé et malmené par les caïds de sa classe, il devra même faire de fréquents séjours à l’hôpital. Au final, il va se transformer. Devenir fort, adroit et... très méchant. Capable de mettre à terre trois policiers avec une simple cigarette allumée, il semble indestructible. C'est sans compter sur l'AJF (American Justice Federation), conglomérat de super héros oeuvrant pour le bien. Entre hommage et parodie, Bad Ass est le premier titre d'un label de comics 100% français.

« Bad Ass » (tome 1), Delcourt, 14,95 €

dimanche 3 février 2013

BD - Deux filles et des bébêtes dans "Piège sur Zarkass" de Yann et Cassegrain


Place au troisième titre de la collection Stefan Wul aux éditions Ankama. Les romans de cet auteur de SF français des années 60 seront tous adaptés par des pointures du 9e art. « Piège sur Zarkass » passe à la moulinette de Yann. Le scénariste des Innommables s’approprie goulument cette histoire d'exploratrices sur une planète hostile. Dans un futur expliqué en quelques lignes au début de l'album, les femmes ont pris le pouvoir. Les hommes sont ostracisés. La conquête de l'espace a pris un nouvel élan avec cette mentalité plus douce et harmonieuse. Sur Zarkass, Louis et Marcel (les prénoms sont asexués...) s'enfoncent dans la jungle hostile pour retrouver un papillon rare, selon la version officielle. 
En fait, elles doivent localiser un vaisseau extraterrestre accidenté au pied d'un volcan. 
Le scénario regorge de clins d’œils comme seul Yann sait les inventer, donnant un double sens à cette quête. Au dessin, on retrouve Cassegrain. Ses personnages féminins ont toujours été très aguichants. Cette fois, il se dépasse. Louis et Marcel (la rousse distinguée et la blonde dévergondée) risquent de hanter les rêves de quelques adolescents aux sens en éveil...
« Piège sur Zarkass » (tome 1), Ankama, 13,90 €

samedi 2 février 2013

Billet - C'est loin Angoulême ?


Une fois par an, la bande dessinée est omniprésente dans la presse. Le festival d'Angoulême fête son 40e anniversaire et permet à ce genre, souvent qualifié de mineur, de profiter d'une énorme exposition médiatique. La BD a longtemps été populaire grâce aux magazines spécialisés. Disparus aujourd'hui, le net prend le relais. Les sites se multiplient. Chacun avec sa spécialisation. Critique pour ActuaBD, collection pour BDGest, nostalgie pour BDOubliées... Et il ne s'agit que d'un tout petit échantillon.

Le numérique permet également de tester de nouveaux formats. Passionnante l'expérience diffusée hier soir sur Arte. Frank Chiche a réalisé une fiction sur la guerre d'Algérie. Il a filmé des acteurs puis numérisé les images pour donner une impression de dessin. Une version pour tablette, utilisant tous les codes de la BD, sera commercialisée sur la plate-forme Apple.

Qui parle de festival d'Angoulême signifie aussi foire aux dédicaces. Des centaines d'auteurs s'y retrouvent pour vous exécuter un joli dessin sur leur album. Cependant, certains rechignent de plus en plus à sacrifier à cet exercice. La faute aux profiteurs sans scrupules. L'encre à peine sèche, le dessin se retrouve en vente sur eBay, le site d'enchères en ligne.
On trouve par exemple des Marini ou des Guarnido à plus de 150 euros. Record pour un dessin (un gribouillis plus exactement) d'Astérix signé Uderzo : 850 euros...

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce samedi en dernière page de l'Indépendant.

BD - Mako, un dur à suivre


Boris Beuzelin
est un auteur de BD qui n'a pas peur de faire dans le classique. Pourtant son trait le rapproche plus des modernes et autres adorateur de l'autofiction. Perdu, lui ce qui le branche c'est l'action et les coups durs. Après Narval, un plongeur vivant des aventures dans toutes les mers du monde, il anime Mako, un ancien agent de la DGSE (les services secrets français). Délaissant la patrie pour le privé, Mako est chargé de récupérer une puce électronique dans un bunker secret. Trahit au moment crucial, il passe cinq années en prison. A sa sortie, il n'a qu'une idée : se venger. Et trouver des fonds. La soeur de son codétenu va lui donner l'occasion de faire les deux en même temps. Mais dans ce milieu d'agents doubles et de spécialistes d el'infiltration, cela semble trop simple. Effectivement, les coups de théâtre vont se multiplier au fil des pages.
Noir et nerveux, voilà le premier titre d'une série très prometteuse.
« Mako » (tome 1), Treize Etrange, 13,90 €


Billet - La retraite dorée d'un certain David Beckham


Vous êtes saturé de mariage pour tous et de guerre au Mali ? Rassurez-vous, une autre information brûlante a détrôné hier, en quelques minutes, ces sujets : David Beckham signe au PSG !  Et ne me dites pas que ce n'est pas important ! Sur internet, de Twitter à Facebook, il n'y en a que pour le bad boy et sa Posh chérie. Réflexions sanglantes, comme si toute la toile est devenue marseillaise. Les plaisanteries fusent de toutes parts sur « la précarité des footballeurs, un CDD de six mois c'est peu » ou la création d'une nouvelle « maison de retraite de luxe : le PSG ».
Quelques-uns saluent le gros coup de com' du Qatar, mais beaucoup préfèrent dénigrer, jouer du sarcasme (et nous faire rire au passage). Sur la page Facebook de l'Indep, Chris Tophe fait remarquer que Beckham a « besoin de cannes anglaises pour se déplacer, mais à part ça... ». Très méchante, cette réflexion de @lapuss sur Twitter « Avec une femme désagréable et prétentieuse, il était temps qu'il signe à Paris en fait. »

Même les célébrités dénigrent cette signature. Jean-Michel Apathie, éditorialiste politique, ose « Beckham qui court maintenant moins vite que moi va signer au PSG. Ah ça, les Qatari, ils ne savent pas comment le dépenser leur argent. »

Toujours dans la veine « troisième âge », @LaMortLaVraie signale que le PSG devient un « exemple à suivre pour les entreprises qui n'embauchent pas de seniors. »
A ce rythme, Codorniou va revenir au Racing et Lièvremont à l'USAP...

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce vendredi en dernière page de l'Indépendant.

Polar - Affrontement de dames sous la plume d'Alexis Lecaye

Alexis Lecaye prolonge ses histoires de « Dames ». Jeannette, la policière, va affronter d'autres femmes, parfois pires qu'un tueur en série.

Le commissaire Marin, héros récurrent des romans policiers d'Alexis Lecaye, a fort à faire dans ce nouvel opus de ses enquêtes. Outre une histoire de tueur d'enfants, il doit faire face à des femmes toutes plus redoutables les unes que les autres. Jeannette, sa collègue, Marion, sa compagne et Jessica, une mère prête à tout pour protéger son fils. Martin qui, par la force des choses, est obligé de laisser la place à cet affrontement de dames.
Comme dans tous les bons feuilletons, « Dames d'Atout » exploite les faits seyants des précédents épisodes. Le fil rouge cette fois est la possible remise en liberté de Vigan, un serial killer de la pire espèce, un tueur de femmes. Confondu par Jeannette (voir les autres romans), il va passer en appel. Mais les preuves manquent et l'avocate de Vigan semble avoir des éléments nouveaux capables de le disculper. Notamment le meurtre d'une femme blonde, exactement comme les précédentes. Et on retrouve sur le cadavre un cheveu de l'ancien amant de Jeannette, tué par Vigan mais dont on n'a jamais retrouvé le corps. La défense va tenter de démontrer que Vigan est innocent et que le véritable tueur sévit toujours.
Par ailleurs, l'intrigue principale du roman porte sur les agissement d'un certain Charlie. Ce fils de bonne famille est un pervers de la pire espèce. Pédophile violent, il a déjà violé et assassiné des fillettes. Depuis, sur l'injonction de sa mère, Angela, une ancienne top-model, il prend des médicaments, sorte de castration chimique annihilant ses instincts sexuels. Problème, Charlie cesse de prendre ses cachets. Aussi, quand il croise deux petites filles dans la rue, il les enlève et les cache dans une cave sous sa maison. Rapidement, il assassine l'une d'entre elle.

Mère protectrice
Paniqué, il appelle au secours un ancien proxénète l'ayant déjà aidé, dans le passé à se débarrasser d'un corps. Un prélude raconté sans détour par Alexis Lecaye, comme pour mieux démontrer la complexité d'une enquête policière. Le corps est retrouvé près d'une autoroute. Martin va lancer son équipe un peu au hasard en l'absence de piste sérieuse. Enquête de voisinage, surveillance des alentours, visionnage des enregistrements de caméras de surveillance : le travail de policier est souvent ingrat. Et puis tout s'accélère quand un premier indice semble plus intéressant que les autres. D'autant que Martin découvre que ce sont deux fillettes qui ont disparu. Il va remonter jusqu'au proxénète, mais en croyant faussement qu'il est le tueur. Charlie lui continue à basculer dans la folie la plus complète, toujours protégé par Angela, froide et égoïste, dont la seule faille est ce fils, monstre absolu mais qu'elle aime plus que tout.
Entre le personnage d'Angela et celui de Jeannette, on trouve comme des similitudes. Une femme, quand elle aime, est capable de tout. Quel que soit l'être aimé. Un polar parfois un peu trop linéaire. Heureusement la double intrigue permet de relancer l'intérêt du lecteur. Sans compter sur les déboires et doutes sentimentaux de Martin, flic terriblement humain, parfois plus fragile que les nombreuses femmes de son entourage.
Michel Litout
« Dame d'atout » d'Alexis Lecaye, Editions du Masque, 18 €

vendredi 1 février 2013

BD - Avec "Geek Agency", ceci n'est plus un jeu


Tout commence comme une véritable réunion de Geeks. Quelques amis entre 20 et 25 ans se retrouvent pour une nuit de divertissement. Au programme pizza et jeu de plateau. De zombies exactement. Chacun endosse la vie d'un personnage sous les directives d'un maître du jeu. Les premières pages sont distrayantes avec plaisanteries potaches et allusions graveleuses (il y a quatre garçons et deux filles dont une célibataire). Quand un second livreur de pizzas sonne à la porte tout le monde croit à une erreur. En fait c'est un zombie, un vrai, qui vient s'inviter au jeu qui n'en est plus un. Magie de la BD qui permet de tout faire accepter aux lecteurs. Romain Huet, le scénariste, s'autorise toutes les ellipses, distillant à toute petite dose les indices. Non ce n'est pas un cauchemar. Deux des joueurs sont des membres d'une agence secrète. Oui la Terre est véritablement envahie par des zombies et risque la destruction totale. Philippe Briones, le dessinateur, va lui aussi crescendo. Les zombies baveux du début laissent place au fil des planches à des monstres plus élaborés.
« Geek Agency » (tome 1), Ankama, 14,90 €