mercredi 19 septembre 2012

BD - Le petit commerce mortel de Jean Teulé, Olivier Ka et Domitille Collardey



La maison Tuvache est un commerce sérieux. Ses propriétaires assurent un service de qualité. Le couple accueille les désespérés et leur vend cordes, poisons, armes et autres ustensiles très efficaces pour se suicider. Tout irait pour le mieux si le dernier rejeton, Alan, n'avait pas une joie de vivre communicative. 
« Le magasin des suicides » est à la base un roman de Jean Teulé. Ce succès de librairie est adapté par Olivier Ka (scénario) et Domitille Collardey (dessin). On retrouve toute la poésie de l'histoire originale dans cet album aux dessins simples, parfois enfantins. Les auteurs ont alterné séquences classiques et dessins pleines pages comme pour mieux donner une vue d'ensemble de cette boutique hors du commun.
« Le magasin des suicides », Delcourt, 14,95 €


Billet - Le Vinvinteur, nouvelle émission sur "la vie connectée"

Le Web va-t-il tuer la télévision ? Cette question taraude les intervenants des deux médias. Nouvel exemple avec la diffusion, dimanche soir, à 20 heures sur France 5, d'une émission sur les nouvelles technologie.

« Le Vinvinteur », présenté par Vinvin, est « le premier magazine de la vie connectée », une « émission qui partage tout ». Le pilote a été diffusé... sur le web. Les prochains numéros, sans doute en octobre, seront à l'antenne de France 5. Vinvin présente l'émission avec une caméra sur le front. Il montre ainsi l'envers du décor. Il présente un « journal du Veb » (avec un V qui veut dire Vinvin...) reprenant des infos fun. Rien de bien original.

Le reste est beaucoup plus novateur. Les internautes peuvent participer de plusieurs façons. En rédigeant un sketch d'une minute joué par Vinvin et Zazon. Pour le numéro 0, plus de 60 contributeurs se sont essayés à l'exercice. Vous pouvez aussi interpréter la musique du générique et envoyer l'enregistrement sur le site de l'émission. Enfin, participer à « l'instant Andy Warlol » en postant des photos de vos animaux de compagnie. Car eux aussi ont droit à leur quart d'heure de célébrité...

D'une durée de 26 minutes, ce premier magazine ne révolutionne pas le genre. Un mélange savamment dosé de fiction et d'information, saupoudré d'une forte dose de subjectivité (la caméra de Vinvin). Il devra faire ses preuves sur le côté interactif. Mais le tour n'est pas joué car la télévision est et restera toujours une grosse machine.

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce mardi en dernière page de l'Indépendant.

mardi 18 septembre 2012

Une paire de seins qui n'a pas fini de faire parler

THE scandale ! Une paire de seins à la une de Closer, le magazine people, et c'en est fini de l'Entente cordiale. Jolis seins au demeurant. Certes ils manquent un peu de relief, mais ils sont charmants. Princiers aussi. Là est le problème.
Kate et William, héritiers de la couronne britannique, en vacances en Provence, ont profité du soleil sur leur terrasse. « Nus, au soleil » comme le chante leur voisine, Brigitte Bardot. Un paparazzi a immortalisé ces jeunes corps en vacances. Shocking ! Les ventes explosent, les visites sur le site internet de Closer aussi.
Et les commentaires vont bon train sur les blogs et réseaux sociaux. « Peut être faut-il s'attendre après ce nouveau blasphème à ce que les Britanniques assiègent les ambassades françaises a travers le monde » fait remarquer avec malice un lecteur sur le site TF1News. Un autre site people, certainement jaloux, fait de la surenchère : « Kate et William : leur drôle de façon de s'envoyer en l'air ». On imagine tomber sur une sextape sulfureuse, de quoi faire mourir d'infarctus la reine mère. Mais il s'agit d'un titre racoleur... sur leur escalade d'un arbre de 42 mètres en Indonésie.
Un scandale pour deux seins anglais. Pourtant, tout touriste en vacances une semaine sur les plages audoises ou catalanes a statistiquement eu la possibilité de voir 389 paires de seins britanniques. Personne n'en a fait tout un plat.
Et ceux qui parlent « d’œufs sur le plat » seront écartelés pour crime de lèse-majesté !
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue en dernière page de l'Indépendant ce lundi.

lundi 17 septembre 2012

Roman - Le mystère du père dans "Les Patriarches" d'Anne Berest

Denise, 22 ans, cherche à mieux connaître son père. Un acteur, mort à 40 ans après avoir brûlé sa vie et oublié de s'intéresser à sa petite fille.

Découpé en trois parties égales, le roman « Les Patriarches » d'Anne Berest, est une étude clinique sur la quête d'une jeune fille mal dans sa peau, taraudée par des souvenirs enfuis. Obstinément, elle cherche à savoir où son père a passé l'année 1985. Et pourquoi personne ne veut lui parler de ce qui s'est passé après son retour. Roman sur les secrets, les non-dits et l'oubli, on ne sort pas indemne de ce texte parfois très dur.
Denise, le personnage pivot de ce roman, est dans un premier temps très attendrissante. Âgée de 22 ans, elle va devenir, durant un mois, l'assistante d'un photographe huppé. Il a pour projet de faire un tour de France des ronds-points. Denise est chargée de conduire la voiture, assurer l'intendance, enregistrer les considérations du maître et transmettre, au quotidien, la bonne parole à la maison d'édition qui mettra le tout au propre pour en faire un de ces beaux livres si plaisants à offrir aux fêtes de fin d'années.
Touchante, Denise tente tant bien que mal de satisfaire les caprices de la star. Durant cinquante pages, ce duo sur les routes ferait presque rire le lecteur. Mais Anne Berest, dans son roman, n'accorde que peu de respiration à Denise. La jeune fille, provinciale, profite de sa présence à Paris pour rencontrer Gérard Rambert. Ce dandy, un peu galeriste et marchand d'art, serait le seul à avoir croisé le chemin de Patrice Maisse en 1985, le père de Denise. Elle l'interroge, enregistre la conversation et par erreur envoie la bande à la maison d'édition. Virée avec pertes et fracas, Denise décide de profiter de son temps libre forcé pour relancer Rambert. Un autre face-à-face se met en place, beaucoup plus tendu et lourd de secrets.

Icône transgenre
Tout en dévoilant quelques pans de la vie de Denise, en conflit avec sa mère, dominée par son frère, Anne Berest raconte la vie de bohème de Patrice Maisse, acteur génial à la carrière aussi courte que foudroyante. Pour son premier film, en 1979, il a fait la une des Cahiers du cinéma  : « on peut y admirer le torse nu d'un jeune homme à qui l'on donnerait treize comme vingt ans. Beau, mais d'une lumière froide et silencieuse, il surgit d'un buisson, dans sa main droite levée on distingue un animal mort. » A l'intérieur, les critiques lui tressent des louanges : « Patrice Maisse, érigé au rang d’icône transgenre, était déclaré capable de balayer par sa mutique fantaisie, toutes les idoles caricaturales d'une jeunesse lénifiée par le changement de décennie. » En réalité, Patrice est rapidement tombé dans la drogue. Carrière interrompue, il délaisse sa famille et survit en devenant l'amant de riches excentriques.
Reste l'énigme de l'année 1985. Elle est racontée dans la troisième partie. C'est dans un centre de désintoxication du Patriarche qu'il a rencontré Gérard Rambert. Le roman prend alors un air de documentaire, décrivant sans concession le dur sevrage, l'endoctrinement et les dérives de l'association créée par Lucien Engelmajer. Les dernières pages donnent les clés du roman. Pourquoi tout le monde cachait à Denise cette période de la vie de son père. De la sienne aussi. Elle avait 6 ans.

« Les Patriarches », Anne Berest, Grasset, 18,50 € (sorti en poche chez Points)


dimanche 16 septembre 2012

BD - "La sueur du soleil" ou la malédiction de l'or



A la fin des années 80, la BD historique avait le vent en poupe. La collection Vécu, appuyée sur la revue du même nom, permettait au lecteur de visiter toutes les époques de notre bonne vieille terre. « La sueur du soleil » de Harriet (scénario) et Mata (dessin) retraçait le destin de conquistadors en plein conflit avec les Indiens d'Amazonie. Cinq albums repris dans une intégrale petit format à petit prix. Quitos, un soldat espagnol, chargé de communiquer avec les Indiens, tombe éperdument amoureux d'une belle indigène, Orocomay. Il devra choisir entre son camp et l'amour. 
Prenant fait et cause pour les locaux, il devra déjouer les plans de l'armée espagnole en vue de voler l'or d'une cité légendaire et retirée. Sorte de « Temple du soleil » moderne, cette saga est bourrée de rebondissements. Les décors sont somptueux et les différents protagonistes ont des psychologies très élaborées et complexes. Regrettons que de telles BD deviennent de plus en plus rares.
« La sueur du soleil » (intégrale), Glénat, 20 €

samedi 15 septembre 2012

Billet - Roupie de sansonnet et monnaie électronique

Jeux en ligne et réseaux sociaux ont inventé leurs propres monnaies. De l'argent totalement virtuel que l'on peut qualifier de roupie de sansonnet. Pourtant l'e-monnaie pourrait être une des solutions pour sauver l'économie mondiale. A l'heure où la valeur de l'argent a de moins en moins de réalité à cause des spéculateurs, basculer au tout virtuel pourrait assainir une partie du marché.
Facebook, comme souvent, est à la pointe dans ce domaine. Les Facebook Credits datent de 2009. On peut les acheter via sa carte bancaire mais aussi en gagner grâce à des opérations de partage publicitaire. Avec votre pécule vous pouvez vous offrir quantité de marchandises dématérialisées : livres numériques, location de films en ligne, logiciels... Et l'ambition de la société de Mark Zuckerberg est de généraliser cette nouvelle monnaie dans toutes les transactions en ligne, de l'achat de places de concert au billet d'avion. Problème, Facebook prélève au passage 30 % sur la transaction. Un peu chérot le mégabit...
Alors, pourquoi ne pas généraliser une version électronique de chaque monnaie ? Le e-€ ou e-$ auraient une cotation propre et seraient réservés aux biens immatériels, de votre abonnement internet à la facture d'électricité en passant par la place de cinéma. Certains économistes travaillent déjà sur ce schéma. Reste à convaincre la majorité des consommateurs que les billets et les pièces ont fait leur temps. Un combat autrement plus compliqué que le passage à l'euro...

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue en dernière page de l'Indépendant ce samedi.

vendredi 14 septembre 2012

BD - Cercles de mystère et symboles cachés


Scénariste prolixe, Makyo explore sans fin les effets du fantastique dans notre quotidien. Après son coup de maître, « Balade au bout du monde », il a multiplié les variations sur ce thème. Pour « Les cercles de mystères » il retrouve un des dessinateurs de la Balade, Laval. L'illustrateur mauricien allège son trait, se rapprochant plus de Rossi que de Vicomte. Gabrielle Flye, le personnage central de l'histoire, fait partie d'un groupe d'études des crop circles. Ces dessins apparaissent dans des champs de céréales et sont de plus en plus nombreux en France. Elle est persuadée qu'ils ont une signification bien précise. Elle partage sa passion avec sa sœur qui va avoir un bébé. 
Deux sœurs très inquiètes pour la santé de leur père. Un peintre victime d'une attaque. Durant de longues minutes tout le monde l'a cru mort. Il est revenu à la vie, mais depuis est mystérieux. Est-il devenu fou où a-t-il véritablement vu l'avenir durant son malaise ? 

En 56 pages les auteurs présentent les personnages, la thématique et surtout plantent une ambiance mystérieuse et fantastique. Une mise en bouche très prometteuse.
« Cercles de mystère » (tome 1), Delcourt, 14,30 €


Billet - Les nouveaux cimetières de l'électronique à Visa pour l'Image de Perpignan


Alors que l'Iphone 5 est attendu avec impatience (voire frénésie) par des milliers de geeks, une exposition de Visa Pour l'Image, à l'église des Dominicains de Perpignan, relativise cet engouement. Stanley Greene a photographié les travailleurs des « Cimetières de l'électronique ». Dans des conditions de pollution maximale, des milliers de personnes décortiquent ordinateurs et téléphones portables pour en extraire cuivre, or ou étain.

Ces déchetteries d'un nouveau genre ont poussé au Nigeria, au Brésil ou en Chine.A Guiyu, un article de Wikipédia nous apprend que 150 000 personnes décortiquent chaque jour « 100 camions qui déchargent des déchets sur 52 km² ». L'eau n'est plus potable, plus rien ne pousse et « 88 % des travailleurs souffrent de problèmes neurologiques, respiratoires, digestifs ou de peau. L'Iphone 5 va accroître ce phénomène. Il rend obsolètes les précédentes versions et pousse des milliers d'utilisateurs à mettre leur ancien smartphone au rebut. Pourtant, souvenez-vous. Il y a deux ou trois ans, votre nouveau « jouet » était le must de la modernité. Vous le couviez comme la prunelle de vos yeux. Sans lui vous étiez comme nu. Et puis cette histoire d'amour s'est étiolée. Un jour il est resté dans un tiroir. Au prochain nettoyage de printemps il partira au recyclage. Et cet objet que vous avez adulé finira dans un de ces nouveaux cimetières. Il ne sera plus que des composants à récupérer, des métaux à fondre, une source de pollution de plus dans un monde qui ne tourne plus rond.


Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue en dernière page de l'Indépendant ce vendredi. 

jeudi 13 septembre 2012

Billet - Ivre-virgule.com


A consommer avec modération. Cet avertissement sur les publicités des boissons alcoolisées n'est pas à prendre à la légère. On le constate tous les jours dans les rubriques faits divers des journaux en ligne.

Dernier exemple en date, cet entrefilet paru en Belgique. Un couple boit plus que de raison dans un café. Ils font du scandale, cassent les toilettes. La police intervient et met l'homme en cellule de dégrisement. Et là, c'est le drame ! « Ivre, il tente de se suicider... avec son dentier ». Il utilise son appareil dentaire pour se taillader les veines. Le titre a rapidement fait le tour de la toile. Encore mieux, un site reprend toutes ces mésaventures débutant par « Ivre, ». On y trouve des perles que même les écrivains les plus imaginatifs n'auraient pu inventer. A Lambé, en Bretagne (région très prolifique dans le genre), « Ivre, il s'endort au rayon alcools ». Il a quand même eu le temps de charger trois cabas de whisky, rhum et apéritif anisé.... En Nouvelle-Zélande, en cherchant un slip : « Ivre, il se coince dans son sèche-linge ». Les pompiers l'ont découvert entièrement nu. En Allemagne, « Ivre, il échappe de peu à la  mort dans un camion poubelle ». Sévèrement imbibé, ce jeune de 22 ans dormait dans une poubelle. Il s'est réveillé dans la benne... 
Bénédiction des « fait-diversiers », ces petites histoires se terminent souvent bien. Et se retrouver acteur d'un « ivre-virgule » doit quand même avoir un effet bénéfique. Le ridicule ne tue pas, mais il fait réfléchir. 
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce jeudi en dernière page de l'Indépendant.

BD - Tessa en festival


Épisode entièrement terrien pour Tessa, la jeune agent intergalactique. De retour dans sa famille canadienne, elle reprend sa vie d'adolescente lambda. Collège, sortie avec les copines... Elle accepte d'aller à Montréal assister à une convention de bande dessinée.
En réalité elle a appris aux informations qu'un crop circle est apparu dans cette ville. Le symbole est celui des agents intergalactiques. Avec ses deux meilleurs amis, elle va risquer de dévoiler son identité secrète. Mitric, le scénariste, offre une histoire sur mesure pour Louis qui trouve l'occasion de mettre en scène quelques uns de ses amis dessinateurs. Une grande partie de l'album se déroule dans le festival, notamment durant un concours de cosplay (déguisement de fans dans les costumes de leurs héros préférés). Cela explique l'apparition d'Atalante, l'héroïne de Crisse) en couverture de ce tome 6.
Beaucoup d'humour, des combats pour rire : c'est un album de transition. Que les fans de cette série se rassurent, la suite sera plus dramatique et se déroulera dans l'espace infini.
« Tessa, agent intergalactique » (tome 6), Soleil, 13,95 €