samedi 8 septembre 2012

Billet - L'heure moderne passe par les montres connectées

« Pardon, vous auriez l'heure s'il vous plaît ? » « Un instant, je regarde sur mon téléphone. » Ce dialogue, inimaginable il y a dix ans, est devenu banal. Les montres sont devenues des objets obsolètes. Juste un signe apparent de réussite pour ceux et celles qui vénèrent encore les vieux publicitaires. Mais les fabricants n'ont pas dit leur dernier mot. Les montres connectées seront les vedettes de ces prochains mois. Plusieurs marques ont passé des accords avec les géants de la téléphonie mobile. Le principe est simple. Une liaison Bluetooth  et sur votre cadran, si facile d'accès au poignet, s'inscrit l'heure de votre smartphone visible en un coup d’œil. Et un peu plus même. Les SMS pourront s'afficher instantanément ainsi que les e-mails. Une Swatch est annoncée dans les mois à venir, capable également de se connecter sur les systèmes Androïd. 
Casio, la société japonaise, commercialise déjà plusieurs modèles exclusivement dédiés aux Iphones. L'heure affichée est aussi exacte que celle de votre smartphone. Petit plus, si vous égarez votre téléphone, il suffit d'appuyer sur un bouton de la montre pour le faire sonner et le localiser.  Et qui sait, à l'avenir les montres modernes auront toutes les fonctionnalités du téléphone. On pourra alors, comme les agents secrets dans les années soixante, converser avec quelqu'un en approchant son cadran de la bouche. Un petit côté James Bond plus sympa que publicitaire sur le retour...

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce samedi en dernière page de l'Indépendant.

Roman - Réunion d'idiots dans "Géographie de la bêtise" de Max Monnehay


Fable tragique, « Géographie de la bêtise » de Max Monnehay s'interroge sur la place des idiots dans notre société. Ce roman aurait pu être un manifeste de rassemblement de tous les laissés pour compte. Au début, l'utopie est belle. A l'arrivée, la fin est tragique.
Pierrot, idiot mais riche, décide de fonder un village des idiots. Il sillonne la France, tant pour recruter des simples d'esprit que pour trouver un endroit à eux, un refuge d'où les « intelligents » seront bannis. L'idée a fait rire. Dans les faits, elle permet à un village abandonné de revivre et à ces demeurés de donner un nouveau sens à leur non vie.
Une expérience si réussie que beaucoup tentent de rejoindre ce nouvel éden. Pierrot et Bastien, le narrateur, vont mettre en place un questionnaire, sorte de test de QI inversé, pour éloigner les profiteurs. Première question : « Combien font trois fois quatre ? » Bastien est en admiration devant la splendide ruse de Pierrot car « Il est peu d'idiots ignorant la réponse. Mais il est peu de malins sachant que peu d'idiots ignorent la réponse. » Quand Elisa passe le test, Bastien comprend vite qu'elle fait semblant d'être idiote. Pourtant il va faire comme si elle en était véritablement une. Et Bastien, en trafiquant les résultats, comprend que finalement lui aussi n'est pas si idiot que cela. Mais deux intelligents dans un village d'idiots, comment cela ne peut-il pas mal finir ?
Max Monnehay, à l'écriture sèche, incisive et percutante, signe un deuxième roman tout aussi déconcertant que son premier, « Corpus Christine », paru en 2006. S'ils sont sympathiques par certains aspects, ces idiots font aussi peur. La peur de la différence qui entraîne l'incompréhension et le rejet de l'autre.

« Géographie de la bêtise » de Max Monnehay, Seuil, 17 €

vendredi 7 septembre 2012

BD - Mystère en mer dans le 3e tome de l'intégrale des Petits Hommes de Seron



Pourquoi, au moment de leur publication dans les pages des hebdomadaires pour la jeunesse, certaines séries n'ont pas été reconnues à leur juste titre ? Par chance, des maisons d'édition, pour valoriser leur fond mais aussi satisfaire la nostalgie de lecteurs aujourd'hui dégarnis, reprennent ces BD qui n'ont pas pris une ride. Excellent exemple avec les Petits Hommes de Seron. Lancés au début dans des histoires courtes, ils ont pris une nouvelle dimension avec des aventures de 44 pages. Et Seron, jamais en reste d'imagination, s'est même risqué, dans les années 70, aux histoires en deux cycles. Le quatrième tome de l'intégrale consacrée à ses petits héros contient « Le triangle du diable » et « Le peuple des abysses », 88 planches d'inventions toutes plus modernistes les unes que les autres pour l'époque, se passant sous l'eau, dans une Atlantide placée sous le triangle des Bermudes. Le tout agrémenté d'articles sur les autres séries de Seron et des histoires courtes inédites en album. Un vrai trésor !
« Les Petits Hommes, intégrale » (tome 4), Dupuis, 24 € 


jeudi 6 septembre 2012

Billet - Des affiches parodiques sur les pouvoirs secrets des présidents


Dans sa jeunesse, Abraham Lincoln était chasseur de vampires. Il n'y a que le cinéma hollywoodien pour  monter une super production sur cette simple phrase. Le film est sorti en France et a donné quelques idées à de facétieux internautes. Il suffit de modifier les deux termes forts du titre pour en faire un long-métrage « made in France ». Remplacez Lincoln par De Gaulle, les vampires par des zombies et imaginez à quoi pourrait ressembler le film « Charles de Gaulle, tueur de zombies ». En 1904, à Colombey, adolescent curieux et solitaire, le jeune Charles découvre, entre les deux églises, une crypte remplie de zombies. Il les combat férocement et entre en possession d'une machine à voyager dans le temps. Elle lui permettra d'écrire, dès 1905, un récit dans lequel il libère la France et devient chef de l'Etat. Cette même machine lui sauve la vie en 1962 au Petit-Clamart. Si un producteur est intéressé...

Parmi les autres films improbables aux affiches hilarantes, « Napoléon chasseur de dragons » ou  « Raymond Poincaré chasseur d'araignées ». Elles sont regroupées sur un site lancé par l'agence Roxane. Avec une petite rime, cela sonne mieux. Léon Blum est face à Gollum et Pétain à des lutins. Certains ont du lourd à affronter, Félix Faure face à des raptors, pour d'autres cela ressemble plus à une comédie comme ce « Bill Clinton dresseur de Pokemons ».  
Rien sur le président actuel. Attention, le premier qui propose « François Hollande chasseur de harpies » aura des ennuis, de gros ennuis ! 


Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue en dernière page de l'Indépendant de ce jeudi 6 septembre.

Billet - Plus aucun espoir, pub virale pour un jeu vidéo


« Il n'y a plus d'issue. Il n'y a plus d'espoir. » A quelques minutes de votre mort, quelles seraient vos dernières volontés, votre ultime message aux êtres aimés ? Une plate-forme internet permet de publier son testament virtuel. Mieux, toutes les chimères ou les biens dont vous avez toujours rêvés deviendront peut-être réalité.

Derrière cette idée un peu macabre se cache une campagne publicitaire pour le jeu vidéo Resident Evil 6, No Hope Left, lancé mondialement le 2 octobre. Lorsque le site affirme que l'espoir est vain, comme dans le jeu, vous êtes à coup sûr cernés de zombies affamés en train de baver sur votre chair rose et appétissante. « La mort est un passage obligé mais mourir à 18 ans avec une fringale ne me va pas » écrit Valentin. Plus ironique le dernier message de Jules « AAAAaaaargh! Je meuuuuurs (Mime de la mort à la Marion Cotillard puis dernier soupir.) ». Certains ont tourné de petites vidéos. Elles mettent en valeur (ou pas...) leur jeu d'acteur. 
Dans la catégorie « derniers cadeaux », le site annonce la couleur : « No Hope Left transforme vos rêves en réalité. » Certains ont des envies concrètes : « Une tablette surface Windows 8 (noire) m'arrangerait bien » pour Kévin ou « un T-shirt Resident Evil, taille L » pour Jérémi. Beaucoup plus difficile pour Michel : il désire « nager avec des dauphins en compagnie de Jessica Alba. ». Florence, elle, veut « rencontrer Mylène Farmer ». Avant ou après qu'elle se soit transformée en zombie ? 

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue en dernière page de l'Indépendant le mercredi 5 septembre.

mercredi 5 septembre 2012

BD - Maman renarde débrouillarde et courageuse


Amis des animaux, cet album de Brrémaud et Bertolucci fera votre bonheur. Votre admiration même. Entièrement muet, il raconte une journée de la vie d'une renarde sur une île du grand nord. A la chasse, elle attrape un lapin. Belle proie qu'elle devra cependant abandonner car autour d'elle la nature s'affole. Un volcan vient de se réveiller. Bruit, fumées, lave en fusion : tous les animaux paniquent et font tout pour survivre. En 80 pages entièrement en couleurs directes, on suit la fuite de la renarde qui croise dans sa course des buffles paniqués, un ours brun, des porcs-épics... 
La fureur des éléments va même se répercuter en mer. Des orques profitent de l'aubaine pour faire un carnage de phoques, une baleineau est lui aussi sur le point d'être avalé par les redoutables mammifères marins. Les auteurs ont même mis en scène un incroyable combat sous l'eau entre un ours polaire et un orque. La renarde, elle, au lieu de s'éloigner du danger, s'en rapproche, par tous les moyens. Elle veut sauver son petit resté dans le terrier. Le titre de la série, « Love », prend alors toute sa signification.

« Love » (tome 2), Ankama, 14,90 €


mardi 4 septembre 2012

Billet - De Zlatan à Rihanna, les fans sont versatiles


Devenu une sorte de rituel de l'abonné de Twitter, le livetweet du dimanche soir est devenu aussi incontournable que le repas de famille ou la sieste devant Michel Drucker. Avant-hier, la moitié des connectés commentaient le film « Harry Potter », les autres causaient football ou people. Les deux sujets se rejoignent car à part des considérations sur Zlatan Ibrahimovic du PSG, il n'y a pas eu beaucoup d'analyse footballistique de fond. Zlatan commence mal le week-end. Une altercation le samedi avec Néné, l'autre attaquant parisien. Le voilà catalogué de jaloux et de mauvais camarade. Dimanche soir, 27e seconde, il marque. C'est un génie ! Sur Twitter aussi le fan est versatile...
La chanteuse Rihanna a 25 millions d'abonnés sur Twitter. Dont pas mal de Français. Samedi soir, incognito, elle doit rejoindre Paris pour participer dimanche au concert de Coldplay au Stade de France. Mais avant d'embarquer dans l'Eurostar, Rihanna poste la photo du quai avec le numéro du convoi.

Le train va vite, mais pas autant que la frénésie des fans qui sont des centaines à l'attendre gare du Nord. Mini émeute, bousculade... Quelques minutes plus tard elle tweete, énervée, « The French are fuckin insane!!! »

Là, sa cote dégringole. Des dizaines de personnes la traitent d'idiote : « Je me sentirai désolée pour @Rihanna le jour où cette idiote ne dira pas l'horaire de son train pour se plaindre de l'émeute ensuite » remarque très justement @cruncheroos. Ne vous le disais-je ? Versatile le fan, très versatile...

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue en dernière page de l'Indépendant de ce mardi.

BD - Le gouvernement des mafieux se déchire dans la saison 2 d'Insiders


Succès de librairie depuis une décennie, Insiders revient avec un second cycle, une « saison 2 » pour reprendre la terminologie des séries américaines. Najah, la belle Colombienne, après moultes péripéties résumées en deux pages exemplaires pour les apprentis scénaristes (Bartoll est un maître du pitch), se retrouve à la tête du Grand conseil, sorte de gouvernement mondial de la pègre planétaire. Une étape cruciale dans sa vie car cet agent infiltré n'a plus de chefs directs, tous assassinés précédemment. Peut-on continuer à jouer les « insiders » quand on se retrouve à la tête de l'organisation à surveiller ? Najah va-t-elle rester dans le camp du Bien ou choisir le Mal ? Y a-t-il la moindre différence entre les deux partis ? 
Le problème c'est qu'elle n'a pas trop le temps de se poser la question : les événements s'enchaînent trop vite. Du Japon au Nigeria en passant par Miami et les Caraïbes, la partie d'échecs en cours est compliquée et meurtrière. Le lecteur est toujours sous le charme, Garreta, au dessin, est d'une efficacité étonnante.
« Insiders, saison 2 » (tome 1), Dargaud, 11,99 €

lundi 3 septembre 2012

Billet - Spirale créative sur le net et sur Arte dès ce lundi


Série télévisée policière, documentaire sur l'art, création collective... The Spiral, dont la diffusion débute ce lundi à 22 h 55 sur Arte est un projet global comme seule la chaîne culturelle franco allemande arrive à mener à bien. Le programme débute le 21 août sur le net. Le site www.thespiral.eu présente le concept et demande la participation des internautes. Le même jour, six œuvres d'art majeures disparaissent de six musées européens, subtilisées par un artiste dont la signature est une spirale stylisée. Où se cachent les tableaux de Picasso, Rubens ou Munch ? Participez à leur recherche en cumulant des crédits. C'est là que toute la richesse de The Spiral saute aux yeux. Vous pouvez aussi bien jouer à des jeux en ligne que relever des challenges artistiques. La multitude d’œuvres, toutes visibles, fera l'objet d'une exposition dévoilée le 28 septembre devant le parlement européen à Bruxelles ainsi que dans d’autres capitales. Chaque semaine des défis sont proposés. Pourquoi ne pas réaliser une toile numérique « à la Jackson Pollock », encadrer « l'objet qui vous est le plus cher », ou transformer votre sandwich en œuvre d'art colorée ? A découvrir également les reconstitutions de l'autoportrait de Courbet en artiste halluciné. Ce projet est un véritable musée européen en pleine ébullition. Avec The spiral, art contemporain, internet mais aussi et surtout artistes, sont les meilleurs amis du monde.
PS : le sandwich en illustration est une création du participant METRO.

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce lundi 3 septembre en dernière page de l'Indépendant.

BD - Excalibur, une épée de légende racontée par Istin et Brion chez Soleil



Les légendes arthuriennes, telles une mythologie moderne, ne cessent d'alimenter l'imaginaire des scénaristes et dessinateurs de la collection « Soleil Celtic ». Istin (créateur du concept) se penche sur Excalibur, l'épée de légende qui donna toute sa puissance à Arthur. Alain Brion illustre ce premier épisode dans des planches en couleurs directes, où le dessin numérique sait se faire discret. Au commencement, Excalibur est donnée à Merlin. Le druide la remet à Pendragon. Le jeune roi n'est encore qu'une brute, sans vision politique, uniquement intéressé par les batailles. Excalibur va lui ouvrir les yeux. Il se transforme en roi visionnaire, unifiant les clans pour poser les jalons de ce sera la Bretagne unie. Mais dans ce combat politique, il faut faire avec la puissance de l'église et la folie des alliés. C'est le cas de Gorloix. Pendragon va devoir l'affronter pour arracher de ses griffes la belle Yverne, fille d'Avalon, qui enfantera de son successeur, Arthur. La légende est quasi traitée comme un livre d'histoire. A croire que la magie, à une époque, a véritablement existé et gouverné le monde...
« Excalibur, chroniques » (tome 1), Soleil, 14,95 €