mardi 27 septembre 2011

BD - « La fille de Paname » ou la vie tumultueuse de Casque d'or


Nom : Elie, prénom : Amélie, surnom : Casque d'or. Laurent Galandon (scénario) et Kas (dessin) retracent la vie de la célèbre figure des rues parisiennes dans « La fille de Paname ». Amélie, fille de blanchisseuse, belle et audacieuse, ne veut pas de la vie miséreuse de sa mère. 

Tombée amoureuse de Matelot, serrurier de son état, elle le quittera quand il voudra se marier avec elle et avoir des enfants. Amélie ne veut pas d'une vie normale. En rencontrant la Belle-Hélène, tapineuse de son état, elle découvre un nouvel amour et un métier plein d'avenir. Casque d'or vient de naître, avec son cortège de clients, de souteneurs et de malheurs. 

Une BD d'une qualité graphique indéniable, au service d'une histoire entre joies et larmes.

« La fille de Paname » (tome 1), Le Lombard, 15,95 €

lundi 26 septembre 2011

BD - Une nouvelle guerre froide risque de se déclarer dans la saison 2 d'Empire USA de Desberg

Amateurs de conspiration, de politique fiction et de théorie du complot la saison 2 de « Empire USA » est pour vous. Desberg semble avoir trouvé la formule qui lui convient. Tout en conservant la contrainte de l'album de 46 planches, il maintient le rythme en faisant dessiner chaque épisode par un dessinateur différent. Ainsi viennent de paraître les deux premiers titres avec Reculé et Queireix au dessin. Jared Gail a quitté la CIA et est désormais au service d'un milliardaire américain. 

Son passé (la saison 1) remonte à la surface quand il reçoit un SMS de Duane, son ancien équipier. Un ultime message car le jeune agent vient d'être abattu dans le bureau d'un avocat anglais. Jared va officieusement reprendre du service et aller enquêter sur place. Une plongée dans « Londongrad », cette ville dans la ville où les millions des oligarques russes circulent sans limites. 

Certains Russes qui veulent retrouver leur prestige d'antan, quitte à déclencher une nouvelle guerre froide.

« Empire USA saison 2 » (tomes 1 & 2), Dargaud, 11,95 € Le tome 3 paraîtra le 14 octobre. 

dimanche 25 septembre 2011

BD - La fuite de Park : nouvel épisode d'AlterEgo, la série BD qui peut se lire dans le désordre


AlterEgo, série multiple écrite par Renders et Lapière, se dévoile encore un peu plus avec la parution de cette quatrième histoire. Le lecteur suit cette fois les péripéties centrées autour de Park. 

Un jeune pêcheur coréen, enlevé et enfermé dans un asile psychiatrique de luxe aux Bermudes. Drogué quotidiennement pour qu'il oublie ses soucis et son passé, il reprend petit à petit pied dans la réalité quand il cesse de boire les jus de fruits contaminés. Il se souviendra de sa femme, de sa fille et de sa grand-mère. Il tentera alors de fuir mais réalisera rapidement que ce ne sera pas une mince affaire. Il croisera dans sa cavale Fouad au centre d'un précédent album. 

Et cette histoire est aussi l'occasion d'en apprendre un peu plus sur Noah et Jonas, les deux prochains personnages de cette série à part, chaque titre pouvant être lu indépendamment des autres et dans n'importe quel ordre. Une superbe réussite à mettre également à l'actif du dessinateur principal, Reynès.

« AlterEgo » (tome 4), Dupuis, 11,95 € 

samedi 24 septembre 2011

BD - La perle pourpre ou l'histoire d'un bordel en 1887, nouveau pari d'Arleston chez Glénat


A Paris en 1887, la Tour Eiffel est en pleine construction (et polémique), Ferdinand de Lesseps cherche des millions pour construire le canal du Panama et Chimère, fillette de 13 ans est mise aux enchères à la Perle pourpre, maison close réputée. Exactement, c'est sa virginité qui est proposée au plus offrant. Loin des gags désopilants des Trolls ou des aventures de Lanfeust, Arleston a repris son véritable patronyme, Pelinq, pour signer le scénario d'une nouvelle série entre érotisme et lutte sociale. 

Aidé de Mélanyn et de Vincent au dessin, il décrit cette petite société où les filles ne sont que des marchandises, louées pour quelques heures par les grosses fortunes du moment. Des poupées de chair fraîche avec qui tous les jeux sont permis. 

Mais Chimère, malgré son jeune âge, semble parfaitement au fait des mœurs de sa nouvelle demeure et on devine, à l'issue de ce premier tome, qu'elle a une idée derrière la tête la poussant à accepter sans broncher ces multiples humiliations.

« Chimères 1887 » (tome 1), Glénat, 13,50 € 

vendredi 23 septembre 2011

Roman jeunesse - Le Léviathan de Scott Westerfeld poursuit sa route à la rencontre du Béhémoth

Il est des univers littéraires qui longtemps après la dernière page tournée continuent à vous faire rêver. Léviathan, la nouvelle saga imaginée par Scott Westerfeld (Ugglies, Midnighters) est de cette veine. Un an après la publication du début des aventures de Deryn et Alek, les deux jeunes héros sont de retour dans un copieux volume de 500 pages richement illustré et intitulé « Béhémoth ». Ce récit d'histoire alternative se déroule en 1914, à l'aube de la grande guerre. L'empire allemand a des envies d'expansion malgré sa prise en tenaille entre les britanniques et les Russes. Tout l'intérêt du récit, directement inspiré des véritables événements, est de présenter une société ayant évolué différemment. Les Anglais ont développé le Darwinisme ou l'art de créer des animaux utiles alors que les Allemands, les clankers, tirent leur puissance de la fabrication de machines.

Deryn, orpheline, se fait passer pour un garçon pour servir sur le Léviathan, un « souffleur d'oxygène », sorte de baleine des airs transformée en forteresse volante. A son bord le jeune Alek, prince héritier de l'empire austro-hongrois, y a trouvé refuge en fuyant les Allemands. Dans ce second tome, on retrouve le vaisseau amarré au-dessus de Constantinople. Les diplomates anglais ont pour mission de rallier les Ottomans. C'est dans cette ville cosmopolite, véritable nid d'espions et de traitres que l'intrigue se déroule. On y croise par exemple « des golems de fer. Ils protègent le quartier juif. » Ce sont des « mécanopodes à la silhouette quasi humaine. Ils avaient des jambes courtaudes, de longs bras et des visages lisses. Ils étaient ornés d'étoffes rayées et de symboles étranges, et ne portaient aucune arme dans leurs mains griffues. »

Les bonnes raisons pour lire Béhémoth sont légion, de la relation de plus en plus amicale entre les deux héros à la découvertes de nouveaux animaux comme ces loris perspicaces aux pouvoirs étonnants. Quant au Béhémoth qui donne son nom au livre, vous devrez attendre les derniers chapitres pour le voir en action. Mais vous ne le regretterez pas !

« Béhémoth » de Scott Westerfeld, Pocket Jeunesse, 19 € 

jeudi 22 septembre 2011

Roman - SnOOp bOOk : lisez comme vous êtes

Un livre sous forme de carnet de bord, des indices au fil des pages : plongez dans le monde du SnOOp bOOk des éditions Soleil

Ceux qui pensent que le livre est appelé à disparaître car totalement dépassé par les nouvelles technologies oublient que c'est aussi un objet. Ce côté manuel, les éditions Soleil ont décidé de le mettre en avant dans une nouvelle collection, un nouveau concept : le SnOOp bOOk.

S'adressant plus spécialement aux adolescents, il a la forme d'un carnet de bord tenu par le héros ou l'héroïne. Le lecteur est à ses côtés pour découvrir les événements, il a lui aussi la possibilité de manipuler les indices qui vont de coupures de journaux à des documents officiels en passant par des badges avec codes secrets. Rajoutez des illustrations couleurs et une dernière partie à ne lire que si on pense avoir découvert la solution de l'énigme et on comprend mieux pourquoi ce SnOOp bOOk est bien plus qu'une simple somme de feuilles de papier.

Trois titres viennent d'être lancés à la fin du mois d'août et ils ont fière allure dans les rayons des nouveautés. Différents univers sont abordés, de la science-fiction à celui des geeks en passant par la musique rock. Un large choix pour exploiter au maximum les nombreuses possibilités de ce nouveau concept.

Mission M'Other

SnOOp bOOk, Mission m'other, Pierre Bordage, Soleil, Melanyn, Nicoloff, Geek battle, Dark ligntMission M'Other est écrit par Mélanyn avec Pierre Bordage. Si la première n'a que quelques scénarios de BD à son actif, le second est une pointure de la SF française. Lia, 15 ans, seule survivante de la Mission M’Other, revient sur terre dans une capsule de détresse. Elle se rend vite compte que toute la population a disparu, laissant derrière elle les vestiges de notre civilisation. Elle va donc entamer un périple à travers la France pour retrouver les hommes, comprendre ce qui s’est passé, étudiant sur sa route les moindres indices qu’elle pourra glaner : messages, photos, plans, carte d’accès… Lui permettront-ils de découvrir à temps le rôle qu’elle a à jouer ?

Geek Battle

Geek Battle de Sarmiento et Mady plonge le lecteur au cœur du monde des geeks, ces passionnés d'informatique vivant dans un monde virtuel. Wilfried est en première année à Stanford, l’université où se déroule le plus grand concours Geek jamais imaginé : le Geek Battle. Il décide de tenir un journal de bord pour rendre compte de ses aventures dans ce tournoi qui dure plusieurs semaines. Mais un jour à peine après le lancement, un jeune étudiant est retrouvé mort au pied d’un immeuble. La police conclut au suicide, mais sa petite amie est persuadée que c’est impossible. Wil va être malgré lui poussé à mener l’enquête.

Chloé and the Dark Light

Le milieu de la musique rock est au centre du troisième titre écrit par Nicoloff (lui aussi scénariste de BD). Chloé vient de gagner le concours de ses rêves : elle part en tournée avec les Dark Light, son groupe de musique préféré. Avec sa meilleure amie Emma, elles vont vivre au rythme des concerts, et fréquenter leurs idoles. Mais le groupe reçoit des lettres de menace et les incidents se succèdent sur la tournée.

Originaux, alliant inventivité et imagination, ces trois titres sont vendus 19,90 euros chacun.


mardi 20 septembre 2011

BD - Les monstres débarquent au Lombard


Les monstres changent de crèmerie. Habitués à batifoler chez Soleil, ils seront désormais abrités par Le Lombard. Les monstres ce sont ceux de « Monster Allergy », la série phénomène lancée par Centomo, Artibani, Barbucci et Canepa. Des auteurs italiens qui ont su faire fructifier cet univers en s'entourant d'un studio. Une productivité qui se retrouve dans la forme des albums. 

Ce n'est plus une aventure qui est proposée dans chaque volume, mais trois. Pour inaugurer la série, les deux jeunes héros, Zick qui voit les monstres et son amie Elena devenue une « abriteuse » vont aller dans une citadelle secrète suspendue au-dessus de falaises à la recherche du Gorka Blanc, puis ils seront face à deux sœurs menacées par des fantômes et enfin ils devront affronter l'Ombre. 

Entre manga et univers Disney, Monster Allergy est (avec WITCH des mêmes auteurs) la série jeunesse symbole des années 2000. Elle se décline également en dessin animé diffusé, entre autres, sur M6.

« Monster Allergy next gen » (tomes 21 à 23), Le Lombard, 14,95 € 

lundi 19 septembre 2011

BD - Jack l'éventreur au pays des Indiens : fin de « Wounded » de Marie et Malnati


Qui se cachait derrière le personnage de Jack l'éventreur ? Ce fait divers ayant lancé la carrière de tant de serial killers reste totalement inexpliqué. Une occasion en or pour tous les écrivains et autres scénaristes en mal de théorie du complot (notamment autour des turpitudes de la famille royale). Damien Marie, le scénariste de « Wounded » va plus loin. 

Deux ans après les meurtres londoniens, plusieurs prostituées sont assassinées selon le même rite dans une ville d'Amérique, à proximité de Wounded Knee Creek en territoire sioux. Rapidement, les autorités soupçonnent Edwards Norman, un photographe qui vient de Londres. Ce dernier, à moitié fou, semble se persuader qu'il est effectivement ce célèbre Jack. Blessé, recueilli par les Sioux et soigné, il pourra aller au plus profond de son inconscient grâce à des rites indiens. 

Ce mélange improbable des genres (fantastique et western) fonctionne à merveille. Marie soigne la psychologie de ses personnages et Loïc Malnati, au dessin, donne beaucoup de force aux hallucinations d'Edwards.

« Wounded » (tome 2), Bamboo Grand Angle, 13,50 € 

dimanche 18 septembre 2011

BD - Les vampires sont résistants, notamment le Dracula de Dufranne et Kowalski

Bram Stoker fait partie de ces œuvres qui, comme son héros, semble éternelle. Les adaptations sont nombreuses et une suite a même été éditée récemment. Dacre Stoker, l'arrière petit-neveu du créateur du maître des vampires a prolongé cet univers pour les éditions Michel Lafon et ces dernières, en association avec Casterman, proposent une adaptation en BD. Michel Dufranne s'est chargé du scénario et Kowalski, graphiste polonais, assure les dessins. 

L'action se déroule en 1912. Cela fait 25 ans que Dracula a été vaincu. Ceux qui ont mis fin aux agissements du prince de la nuit sont inquiets : de nouveaux vampires semblent vouloir faire régner la terreur. De la Provence à Londres en passant par Paris, de ravissantes et néanmoins redoutables femmes vampires vont tenter de tuer les protagonistes de l'époque (du psychiatre au notaire) et leurs descendants. Seule Mina sera épargnée. Mina, toujours aussi belle et n'ayant pas pris une ride.

Du sang, du sexe, de la folie, le tout parfaitement dessiné : les amateurs seront aux anges.

« Dracula l'immortel » (tome 1), Casterman, 12,95 € 

vendredi 16 septembre 2011

Roman - Dans « Brut » de Dalibor Frioux et « Mondial Nomade » de Philippe Pollet-Villard, notre futur proche est sombre, très sombre.

Deux romans français abordent, indirectement, la crise économique qui secoue le monde occidental. Ce n'est pas à proprement parlé de la science-fiction, mais une réalité sinistre et pourtant très vraisemblable. Celle que nous préparons à nos petits-enfants. Épuisement des ressources pétrolières ou délocalisations à outrance : ces romans pourraient nous faire ouvrir les yeux et réagir avant qu'il ne soit trop tard.


La Norvège était à la Une de l'actualité cet été. Un fou extrémiste, en tuant des dizaines de jeunes militants, a braqué les projecteurs du monde entier sur ce petit royaume pourtant béni des dieux. Béni car regorgeant de pétrole dans ses eaux territoriales. Ce pétrole, les richesses qu'il induit et la pollution qu'il provoque sont au centre du roman « Brut » de Dalibor Frioux. Un premier roman de près de 500 pages, dense et foisonnant, où le premier effort du lecteur est de se mettre dans la tête de ces personnages qui trouvent normal d'être immensément riche sans avoir à faire le moindre effort. Il y a Sigrid, la fille de Katrin, ancien mannequin. Belle et intelligente, elle va intégrer la principale banque du royaume grâce à l'appui de son oncle Kurt, le vice-président.

Kurt est de loin le personnage le plus complexe, le plus fascinant de ce roman. Agé de plus de 60 ans, il envisage de profiter encore au maximum de la vingtaine d'années qui lui reste à vivre. Son grand but est d'intégrer le comité du prix Nobel. Il juge les gens, intrigue, donne des ordres et place ses hommes. Le prototype même du grand bourgeois décideur, toujours sûr de lui, ne concevant pas que les choses ne se déroulent pas comme il le prévoit. A l'opposé, Henryk est un jeune philosophe. Amoureux de Sigrid, il est à la tête du fond d'éthique. Ce fond est le trésor du pays. Quand les premiers pétrodollars ont inondé la Norvège, il a été mis en place pour capitaliser ces millions. Puis ces milliards. Conséquence, tous les Norvégiens, en théorie, sont immensément riches : « On ne parlait pas de personnes démesurément riches, mais d'un pays tout entier ; non plus de richesses disponibles à l'échelle d'une vie humaine, mais sur des générations. On ne parlait plus d'une aubaine, d'un trésor trouvé au fond du jardin, mais de l'équivalent de centaines de millions d'heures de travail du royaume tout entier, déposées chaque mois à leurs pieds. Peut-être était-ce la raison pour laquelle tous ces jeunes mourraient avant l'âge. » Car la Norvège, dans ce futur proche, souffre d'un mal nouveau, une « épidémie de mortalité » comme la nomment certains commentateurs. Un pays en pleine période électorale. Les électeurs vont élire les députés, mais également le couple royal. Les conservateurs risquent de perdre le pouvoir au profit des nationalistes. Malgré le mur qu'ils ont construit tout autour du pays (pour empêcher les invasions de rats...), la découverte de nouveaux champs pétroliers et le renvoi de milliers d'étrangers chez eux. Le pays décrit par Dalibor Frioux semble presque exister. Paradis pour certains, c'est un drôle d'enfer qui se profile pour d'autres.

Garde meuble

La crise économique est beaucoup plus grave dans le roman de Philippe Pollet-Villard. Le capitalisme triomphant a découvert que les délocalisations permettent de multiplier les profits. La différence c'est que les usines déménagent vers l'Asie ou l'Afrique, avec les ouvriers français et leurs familles. La seule solution pour garder son emploi, c'est l'exil. Jean-Charles Rem, entrepreneur, a flairé le bon filon. Il va implanter un peu partout le long des autoroutes des entrepôts où, pour un prix modique, on peut laisser ses meubles personnels. Car les départs ne sont que provisoires. A la base... C'est « Mondial Nomade ».

Rem, à l'heure de la retraite, revend l'entreprise au fils du président qui va s'empresser de transformer les entrepôts en prisons. Et le héros, inactif, un peu perdu, va profiter de sa fortune pour tenter de retrouver un ami de jeunesse, croisé quand il était routard en Inde. L'envie de revivre l'aventure du voyage.

Philippe Pollet-Villard décrit un pays devenu presque totalitaire, vidé de ses forces vives. Un fantôme de nation où tout espoir de progression sociale, d'épanouissement et de bonheur a déserté. Par contre en Inde, la débrouillardise française rayonne. Alors, faut-il déjà se préparer au grand exode ?

« Brut » de Dalibor Frioux, Seuil, 21,50 € (disponible au format poche chez Points)

« Mondial Nomade » de Philippe Pollet-Villard, Flammarion, 18 € (disponible au format poche chez J'ai Lu sous le titre de "Voyage au pays des meubles défunts")