jeudi 3 mars 2011

BD - Choc de civilisations


Les jeunes de banlieue imaginés par Relom dans sa série humoristique « Cité d'la balle » vont devoir se confronter à une réalité qu'ils n'osaient même pas imaginer : la campagne. C'est un véritable choc de civilisations qui est donné à lire. 

Découvrir d'où viennent les œufs (« c'est le caca des poules ! ») ou faire ami-ami avec un cochon quand on est musulman n'est pas une sinécure pour les jeunes plus habitués au béton qu'au fumier. Heureusement, le paysan qui les héberge a une fille. Laëtitia, 16 ans, fan de hard rock et pas hostile au mélange des genres. 

Cette suite d'histoires courtes forme un final une aventure cohérente et complète, truffée de trouvailles, au dessin plus abouti et avec un gag final à faire planer n'importe qui.

« Cité d'la balle » (tome 2), Le Lombard, 11,95 € 

mercredi 2 mars 2011

BD - Diamants et crapauds pour le 30e Jeremiah


Kurdy, le compagnon de galère de Jeremiah, s'illustre une nouvelle fois dans le 30e album de cette série fantastique signée Hermann. Le dessinateur a retrouvé son encre de Chine pour cet album moins couleurs directes que les précédents. 

Cela donne une noirceur supplémentaire à ce récit se déroulant dans les ruines d'une ville qui pourrait être Manhattan. Un ami de Kurdy lui a donné un plan pour récupérer des diamants. Problème, il n'est pas le seul sur la piste et surtout l'immeuble est cerné par des alligators et squatté par des hommes crapauds qui mangent autre chose que des libellules... 

Tension, action, suspense et coup de théâtre rythment cette BD qui ne permettra toujours pas à Kurdy et Jeremiah de toucher le pactole leur permettant de se retirer au calme. C'est heureux pour les lecteurs.

« Jeremiah » (tome 30), Dupuis, 11,95 € 

mardi 1 mars 2011

BD - New York en puzzle


Capricorne est enfin de retour à New York. Le feuilleton fantastico-ésotérique d'Andréas semble entrer dans sa dernière ligne droite. Ce dessinateur qui n'a eu de cesse de casser tous les codes de mises en page au cours de sa carrière s'en donne une nouvelle fois à cœur joie. Car le New York actuel n'a rien à voir avec celui qu'il a quitté. 

Sur chaque gratte-ciels, il manque plusieurs étages. Disparus dans une autre dimension. Les sommets des immeubles semblent flotter au dessus des fondations. Le récit se déroule dans les deux dimensions. Capricorne est dans le New York noir, le Passager dans le rouge. Pour faire fusionner les deux entités, Capricorne va faire appel à des spirites. 

Cette série fleuve et passionnante est un bonheur pour les esthètes.

« Capricorne » (tome 15), Le Lombard, 11,95 € 

lundi 28 février 2011

BD - Jhen à Bruxelles


Tous les héros imaginés par Jacques Martin auront survécu à leur créateur. Alix, Lefranc et maintenant Jhen se retrouvent aux mains de plusieurs équipes de repreneurs pour une plus grande fréquence de publication. 

Ce 12e épisode des aventures du blond architecte le met aux prises avec « Le grand duc d'Occident ». Philippe le Bon, originaire de Bourgogne, est installé depuis quelques années en Belgique. A Bruxelles, il demandera à Jhen de l'aider dans la conception d'une salle d'apparat. 

Jhen qui a une mission : ramener à Gilles de Rais un codex contenant la formule de la vie éternelle. Payen (Scénario) et Cayman (dessin) livrent un album dense avec magie, sexe, violence et trahisons.

« Jhen » (tome 12), Casterman, 10,40 € 

samedi 26 février 2011

BD - Doggybags : triple dose de BD de genre


Amateurs de littérature de genre, de cinéma B, de comics américains des années 50 et autres petits formats réservés aux adultes, ce premier recueil de « Doggybags » est pour vous. A la base, Run, éditeur chez Ankama et créateur de Mutafukaz a eu envie de retrouver un peu de cette liberté éditoriale perdue en ces temps de politiquement correct. 

Il a proposé à deux autres dessinateurs du label 619 de se lâcher dans des histoires d'une trentaine de pages. Résultat ce sont 112 pages de dynamite qui sont publiées avec au sommaire Run, évidemment, Singelin et Maudoux. Ce dernier propose 30 pages relatant l'enfance de Masiko, une des héroïne de Freaks' Squeeze. Singelin fait dans le loup-garou, Run dans le flic barge. 

Cela donne un comics offrant plus de rebondissements et de virtuosité graphique que 25 nouveautés « classiques ». Ce trio a parfaitement lancé un titre qui mérite de donner sa chance à d'autres jeunes dessinateurs virtuoses.

« Doggybags » (tome 1), Ankama, 13,90 € 

vendredi 25 février 2011

BD - Religion vraie avec "In Nomine"


La collection « Secrets du Vatican » propose aux lecteurs férus de rites occultes, prophéties païennes et autres enseignements hérétiques d'explorer ce riche imaginaire légué par les évangiles. 

Dans « In Nomine », Peru le scénariste et Bechu le dessinateur, se penchent sur l'évangile de Marie-Madeleine. Ils imaginent que sept pages de cet évangile ont été longtemps cachées dans le Sud de la France. Elles ont ensuite été séparées pour que sa parole, sulfureuse, n'ébranle le christianisme. 

En 1066, alors que Guillaume le Conquérant s'apprête à franchir la Manche, Adrien, un jeune moine du Mont Saint-Michel a la redoutable mission de cacher un des sept manuscrits. Aidé par un assassin à louer, il va devoir déjouer les pièges de tueurs agissant pour le pape Alexandre II. 

Un album où action et batailles prennent le dessus sur les théories théologiques. Le personnage d'Adrien se révélant, au final plus compliqué qu'il n'y paraissait dans les premières pages.

« In Nomine » (tome 1), Soleil, 13,50 € 

jeudi 24 février 2011

BD - Débâcle et exode


En mai 1940, quand l'armée allemande a lancé sa grande offensive contre la France, l'Etat a rapidement compris qu'il y avait urgence à sauver ce qui pouvait l'être. Un exode massif de civils, des fantassins dépassés, sans ordres et perdus : en quelques jours le pays s'est transformé en un vaste capharnaüm. 

Cette période très particulière de l'Histoire de France a , inspiré Laurent Rullier. Il signe un scénario réaliste, avec une bonne dose de bravoure. Illustrée par Hervé Duphot à l'élégant trait ligne claire, cette bande dessinée suit deux militaires français (un officier tête brûlée et un soldat mécano très titi parisien) ayant une mission à remplir. Ils doivent permettre à un savant de rejoindre l'Angleterre. Il mène des recherches sur l'uranium déjà considéré comme l'arme absolue du futur. 

Le problème, en plus de l'avancée des Allemands, c'est que le savant est en chaise roulante et accompagné de ses deux filles, ravissantes jeunes femmes aux caractères forts et entiers mais totalement opposés.

« Les combattants » (tome 1), Delcourt, 13,95 € 

mercredi 23 février 2011

Polar - Violeur islandais

Qui a assassiné Runolfur ? Elinborg, l'adjointe d'Erlendur, héros récurrent d'Arnaldur Indridason, enquête sur une victime qui aurait pu être suspect.



L'Islande, ses fjords, ses geysers et ses écrivains de polars. Ce petit pays (par sa population, pas sa taille) a fait un grand bond en matière de considération depuis que les romans d'Arnaldur Indridason ont été traduits un peu partout dans le monde, en 35 langues. Un succès qui doit autant à ses intrigues qu'à ses personnages. Dans « La rivière noire », dernier roman paru en France, il donne la vedette à Elinborg, l'adjointe du commissaire Erlendur parti en vacances.

Pas facile de vivre en Islande. Il y fait froid et le taux d'ensoleillement est ridiculement bas, notamment en hiver. A Reykjavik, heureusement, il existe nombre de clubs et boites de nuit où il y a possibilité de se distraire et de faire des rencontres. Dans les premières pages, le lecteur suit un homme ayant toutes les caractéristiques du violeur en chasse. Au troisième établissement visité, il découvre la proie idéale. « C'était une brune au visage plutôt fin, même si elle était un peu ronde ; ses épaules étaient recouvertes d'un joli châle, elle portait une jupe qui l'habillait avec goût ainsi qu'un t-shirt de couleur claire sur lequel on lisait l'inscription San Francisco : une minuscule fleur dépassait du F. » L'homme aborde la jeune femme, la met en confiance et... On ne connait pas la fin de la rencontre. La suite du roman, le lecteur la passe en compagnie d'Elinborg. Elle prend en charge une enquête peu banale. Se rendant sur les lieux du crime, « la première chose qui apparut à Elinborg fut le cadavre d'un homme jeune, gisant au milieu du salon, et dont le pantalon était baissé sur les chevilles. Il n'avait pour vêtement qu'un t-shirt maculé de sang portant l'inscription San Francisco. »

Odeur épicée

Runolfur, mort égorgé, était un célibataire sans histoire. Travaillant pour une entreprise de téléphonie, il pratiquait la musculation, n'avait pas de petite amie et se passionnait pour les films de super-héros. Un portrait trop parfait, qui vole en éclat quand la policière découvre dans ses poches du Rohypnol, la drogue du viol. De plus, un châle est retrouvé sous le lit. Un châle portant des odeurs de tandoori. Elinborg, cuisinière émérite, reconnaît l'épice indien et cela la conduit sur la piste d'une jeune fille, Nina. Est-ce elle qui a tué Runolfur ? Etait-elle victime du violeur avant de l'égorger ? Elinborg se retrouve avec un suspect certainement victime et une victime qui a des airs de violeur.

Arnaldur Indridason, sans Erlendur, son héros bourru et aux réactions imprévisibles, signe un roman plus sage, plus humain, moins torturé. Elinborg est certes une bonne policière, mais c'est aussi une mère de famille. Le soir, elle tente d'oublier ces enquêtes peu reluisantes et de comprendre ses enfants, un ado rebelle et une petite surdouée. Elle tentera aussi de mieux connaître Runolfur. Pour cela elle devra se rendre dans une petite ville de province, loin de tout. L'Islande profonde si différente de Reykjavik la moderne. Elle y rencontrera la mère de la victime, découvrira que le père est mort dans un accident de la circulation et que Runolfur avait coupé les ponts avec son passé et tous ses amis d'enfance. Au fil des chapitres, on découvre qui était vraiment cet homme solitaire, ce qu'il fuyait et quelle rivière noire coulait au fond de son âme.

« La rivière noire », Arnaldur Indridason, Métailié noir, 19 € 

lundi 21 février 2011

BD - Bourreaux insulaires


Gweny, une adolescente taciturne, cherche son père. Il y a des années il est parti à la recherche d'un trésor après avoir trouvé en bord de mer une mystérieuse carte dans une bouteille. En trouvant elle aussi une carte, elle se doute que le moment est venu de partir à l'aventure. 

En compagnie de marins peu scrupuleux elle aborde quelques semaines plus tard cette île se révélant plus mortelle que mystérieuse. Car c'est là qu'est installée une école de bourreaux. Les cartes au trésor servent d'appât pour amener des cobayes servant aux exercices pratiques des élèves. 

Ce scénario aussi farfelu qu'étonnant est issu de l'imagination de Fabien Vehlmann refusant décidément de se laisser enfermer dans un style donné. Il est illustré par Jason, auteur norvégien installé à Montpellier, virtuose de la Ligne claire animalière. 

Simple, précis, efficace, ce bel album aurait parfaitement eu sa place dans la collection Shampoing de Lewis Trondheim.

« L'île aux cent mille morts », Glénat, 15 € 

dimanche 20 février 2011

BD - Mina s'émancipe


Le succès de Carmina, série jeunesse de Lorris Murail et Laurel, a donné des idées aux auteurs. La petite sœur de Carmina, Mina, s'émancipe et a droit à sa propre collection. 

Mina, intelligente, curieuse et férue d'ésotérisme. Aidée par Grimoire, un programme informatique révolutionnaire, elle se transforme sur le net en Madame Divina, vieille dame un peu sorcière, un peu voyante, monnayant ses connaissances pour les victimes de fantômes, vampires et autres loups-garous. Dans ce premier album, Mina va se pencher sur le cas de la jeune Julie, bibliothécaire retrouvée inanimée dans « l'enfer » de son lieu de travail. 

Déguisée en Divina, Mina se laisse enfermer dans cette pièce sinistre et affronte, la nuit venue, les spectres et autres monstres qui sortent des livres les moins recommandables de la création.

Le scénario de Lorris Murail, par ailleurs romancier pour la jeunesse, allie suspense et gags. Le tout est illustré par Laurel qui s'affirme de titre en titre comme une dessinatrice à la forte personnalité, ayant trouvé son style, spontané et moderne, grâce à son blog.

« Les enquêtes surnaturelles de Mina » (tome 1), Vents d'Ouest, 9,95 €