mercredi 23 février 2011

Polar - Violeur islandais

Qui a assassiné Runolfur ? Elinborg, l'adjointe d'Erlendur, héros récurrent d'Arnaldur Indridason, enquête sur une victime qui aurait pu être suspect.



L'Islande, ses fjords, ses geysers et ses écrivains de polars. Ce petit pays (par sa population, pas sa taille) a fait un grand bond en matière de considération depuis que les romans d'Arnaldur Indridason ont été traduits un peu partout dans le monde, en 35 langues. Un succès qui doit autant à ses intrigues qu'à ses personnages. Dans « La rivière noire », dernier roman paru en France, il donne la vedette à Elinborg, l'adjointe du commissaire Erlendur parti en vacances.

Pas facile de vivre en Islande. Il y fait froid et le taux d'ensoleillement est ridiculement bas, notamment en hiver. A Reykjavik, heureusement, il existe nombre de clubs et boites de nuit où il y a possibilité de se distraire et de faire des rencontres. Dans les premières pages, le lecteur suit un homme ayant toutes les caractéristiques du violeur en chasse. Au troisième établissement visité, il découvre la proie idéale. « C'était une brune au visage plutôt fin, même si elle était un peu ronde ; ses épaules étaient recouvertes d'un joli châle, elle portait une jupe qui l'habillait avec goût ainsi qu'un t-shirt de couleur claire sur lequel on lisait l'inscription San Francisco : une minuscule fleur dépassait du F. » L'homme aborde la jeune femme, la met en confiance et... On ne connait pas la fin de la rencontre. La suite du roman, le lecteur la passe en compagnie d'Elinborg. Elle prend en charge une enquête peu banale. Se rendant sur les lieux du crime, « la première chose qui apparut à Elinborg fut le cadavre d'un homme jeune, gisant au milieu du salon, et dont le pantalon était baissé sur les chevilles. Il n'avait pour vêtement qu'un t-shirt maculé de sang portant l'inscription San Francisco. »

Odeur épicée

Runolfur, mort égorgé, était un célibataire sans histoire. Travaillant pour une entreprise de téléphonie, il pratiquait la musculation, n'avait pas de petite amie et se passionnait pour les films de super-héros. Un portrait trop parfait, qui vole en éclat quand la policière découvre dans ses poches du Rohypnol, la drogue du viol. De plus, un châle est retrouvé sous le lit. Un châle portant des odeurs de tandoori. Elinborg, cuisinière émérite, reconnaît l'épice indien et cela la conduit sur la piste d'une jeune fille, Nina. Est-ce elle qui a tué Runolfur ? Etait-elle victime du violeur avant de l'égorger ? Elinborg se retrouve avec un suspect certainement victime et une victime qui a des airs de violeur.

Arnaldur Indridason, sans Erlendur, son héros bourru et aux réactions imprévisibles, signe un roman plus sage, plus humain, moins torturé. Elinborg est certes une bonne policière, mais c'est aussi une mère de famille. Le soir, elle tente d'oublier ces enquêtes peu reluisantes et de comprendre ses enfants, un ado rebelle et une petite surdouée. Elle tentera aussi de mieux connaître Runolfur. Pour cela elle devra se rendre dans une petite ville de province, loin de tout. L'Islande profonde si différente de Reykjavik la moderne. Elle y rencontrera la mère de la victime, découvrira que le père est mort dans un accident de la circulation et que Runolfur avait coupé les ponts avec son passé et tous ses amis d'enfance. Au fil des chapitres, on découvre qui était vraiment cet homme solitaire, ce qu'il fuyait et quelle rivière noire coulait au fond de son âme.

« La rivière noire », Arnaldur Indridason, Métailié noir, 19 € 

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