jeudi 17 février 2011

Roman français - Dérive philosophique

Un apprenti philosophe aimant trop les femmes, cherche solitude et calme dans un hôtel de montagne. Un roman picaresque signé Frédéric Pagès.

Max de Kool aime les femmes. Et la philosophie. Parfois, les deux ne font pas bon ménage. D'autant que Max, pourtant très pragmatique en toute occasion, a un point faible absolu : Julio Iglesias. Le chanteur à la voix de velours fait craquer ses conquêtes. Lui ne supporte pas ces roucoulades et sa colère vire souvent à la violence footballistique : tendance coup de boule à la Zidane.

Au début de ce roman picaresque signé Frédéric Pagès (journaliste au Canard enchaîné, inventeur de Jean-Baptiste Botul, faux philosophe repris très sérieusement par un Bernard-Henri Lévy n'ayant pas peur du ridicule), le héros, Max de Kool, se réveille dans un luxueux lit après une nuit d'amour torride. Pas de doute, les jambes qu'il entrevoit à côté des siennes sont bien celles de Blandina Blandinova, célèbre top model. Elles sont sublimes, « les plus belles du monde » selon les journaux people. Sublime c'est également le sujet qu'il potasse actuellement en philosophie. Il va tenter de passer, pour une énième fois, l'agrégation de philosophie, seule chose qui compte à ses yeux.

Des principes philosophiques, il en a à revendre. Ainsi, quand il constate qu'il vient de passer « sa première nuit avec un mannequin jambes », il se raisonne « Ne pas s'emballer, rester calme, ne pas se réjouir des événements heureux, c'est sa maxime. Le destin est le destin ; ce qui arrive arrive. C'est assez sommaire, mais efficace. Si on se réjouit quand tout va bien, on se plaindra quand tout va mal. » Justement, le beau fixe ne dure pas. Après quelques mois de parfait amour, toujours à cause de Julio Iglesias, il agresse Blandina. Recherché par la police, il se réfugie dans un hôtel abandonné perdu dans la montagne, entre France et Suisse.

Le philosophe et les Femmes

L'endroit, désert et isolé, semble idéal pour Max, désirant oublier pour quelques temps le genre humain, surtout le féminin. Pas de chance, une multitude de charmantes demoiselles vont croiser sa route, toutes plus craquantes les unes et les autres. D'abord Bintou, fière Africaine, sans papier, cherchant un avenir en Europe. Puis Aliénor, « mannequin voix », un peu mystique. Débarque ensuite Gertrude, gendarmette peu aguichante mais fan de Mme Guyon, philosophe française adepte du quiétisme. Gertrude aux sentences abruptes et définitives : « Regardez-moi ! Est-ce que je suis belle ? Non ! Je suis grosse, j'ai les pieds plats, mais je m'en tape. Et je n'ai pas de miroir dans mon sac à main ! D'ailleurs je n'ai pas de sac à main, je suis contre cette chose pathétique où se concentrent toutes les misères de la femme, tous les accessoires de son esclavage. Ah ! Mes chères sœurs, si vous pouviez vous passer de cette poche nauséabonde ! Ne cherchez pas où est votre égo : ni dans la tête, ni dans le ventre, mais dans votre sac à main ! C'est pour cela qu'il est plein à craquer ! »

L'hôtel tranquille se transforme petit à petit en endroit où l'on cause, puis en véritable lupanar quand arrivent des étudiants en commerce venus passer un week-end d'intégration. Frédéric Pagès se déchaîne, tirant sur tout ce qui bouge, des profs bouffis d'autosuffisance aux étudiants, vieux avant d'être vivants.

« Du pur amour et du saut à l'élastique », Frédéric Pagès, Libella – Maren Sell, 17 €

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