vendredi 3 juillet 2009

BD - Cette Afrique tant aimée par "Le Landais volant"


Jean-Dextre Pandar de Cadillac, baron et Landais, part à l'aventure en Afrique. Il arrive plein de bonne volonté, comme pour rattraper toutes les horreurs de ses ancêtres. Mais le continent noir a bien évolué. La naïveté du héros est du pain béni pour quelques aigrefins qui font commerce de l'attrape-nigaud. Mais comme il a bon fond, il fait aussi de remarquables rencontres. 

Cette BD de Nicolas Dumontheuil est très librement inspirée de ses périples en Afrique alors que le personnage est plutôt la représentation de Jean-Denis Pendanx, autre dessinateur des éditions Futuropolis. On retrouve dans ces trois premiers chapitres une Afrique envoutante, celle qui fera toujours rêver les jeunes aventuriers blancs.

« Le Landais volant » (tome 1), Futuropolis, 16 euros 

jeudi 2 juillet 2009

BD - Fuir loin de la banlieue et « Faire semblant les jours d'orage »


Deux jeunes de banlieue. Mike, rêvant de grands espaces, JP, quasi muet, à la force de frappe dévastatrice. Ils végètent entre beau-père violent et mère accro aux soap de la télévision. Pas intégrés, sans avenir. Il faudra un gros fait divers pour qu'ils franchissent le pas. Fuir pour échapper à la prison. Dans leur cavale ils vont croiser la route de Basile, vendeur de lunettes démodées sur le marché. Un trio improbable qui va mettre du temps à s'apprivoiser pour finalement s'entraider efficacement. 

Ce récit de Nicolas Poupon débute dans la noirceur totale et s'achève sur une belle note d'optimisme. Une BD sociale dans l'air du temps.

« Faire semblant les jours d'orage », Delcourt, 16,50 euros 

mercredi 1 juillet 2009

BD - Transition avant une naissance


Un premier enfant, dans un jeune couple, n'est jamais sans conséquence. Et dès les premières semaines de grossesse le fragile équilibre est mis à rude épreuve. C'est la trame de ce récit de Nicolas Vadot. Mais l'auteur aimant mettre en place un univers très personnel, le futur père, durant ces neuf mois, va passer de nuits loin de la réalité. 

En passant sous un un tunnel, il se retrouve sur une route rectiligne au milieu d'un désert. Là, il va rencontrer un marchand de sable, une psychologue, Morphée, et un bûcheron. Sans oublier un jeune chat. 

Poétique, merveilleuse, cette vision de la naissance, éternel recommencement, ne laisse pas indifférent.

« Neuf mois », Casterman, 15 euros 

mardi 30 juin 2009

Littérature jeunesse - Selon Christophe Galfard, « La science peut alimenter l’imaginaire »

Avec son « Prince des nuages », Christophe Galfard nous emmène dans l’atmosphère - au sens propre - qui le fascine et dont personne ne sortira indifférent.


Grand, svelte, brun aux yeux tour à tour malicieux ou sérieux, le sourire ravageur, à 33 ans, Christophe Galfard a tout pour séduire. D’autant qu’il ne se contente pas d’avoir la tête bien faite mais également bien pleine ! Bref, impossible de résister à ce scientifique de haut niveau - école d’ingénieurs en France suivi d’un DEA en mathématiques à Cambridge (excusez du peu !) pour finir par un doctorat en physique théorique sous la direction du célèbre astrophysicien Stephen Hawking, grâce auquel il devient spécialiste des trous noirs et de l’origine de l’univers.

Tout le passionne !

Mais la plus grande qualité de C. Galfard reste sans doute son humilité désarmante et aussi son désir de transmettre son savoir. « Cela fait partie d’un être humain que d’essayer de comprendre le monde qui nous entoure » déclare-t-il. Même si vous êtes un parfait néophyte en la matière, il aura le plaisir et la patience de vous expliquer simplement les choses et je puis vous l’assurer, vous vous sentez nettement plus intelligent après son intervention ! « J’adore les histoires, confie-t-il, les raconter, vivre au travers d’elles nous ramènent vers notre réalité. Ce qui me plaît c‘est l’échange parce qu‘en transmettant je reçois énormément aussi ».

Selon lui, « la science est obligatoire parce que les solutions sont basées sur des choses rationnelles ».

N’allez pourtant pas vous imaginer que, comme pas mal de scientifiques, tout le reste lui paraît dérisoire. Son livre le prouve d’ailleurs, où l’on trouve des passages poétiques, d’autres drôles qui forment un parfait équilibre avec les encadrés scientifiques. « J’ai lu beaucoup de poésies. La science est incroyablement poétique. Une des caractéristiques de la poésie est de se retrouver minuscule dans un monde incompréhensible. »

Un roman en symbiose avec la science


Entre le jeune Tristam, le « rêveur » du groupe, son ami Tom et Myrtille, fille du roi des nuages du nord , détrôné par le Tyran, existent une complicité sans faille. Tous vivent dans un village bâti sur un nuage destiné à cacher Myrtille et paradoxalement, on entre dans l’histoire avec une facilité déconcertante, même si chacun sait que s’exiler sur un nuage paraît plutôt allégorique ! Le paradoxe est d’ailleurs toujours présent puisque les habitants y font pousser du riz ! « J’ai beaucoup réfléchi à ce qui pourrait croître sur ce qui n’est finalement que de l’eau et j’ai donc pensé au riz », sourit C. Galfard.

Hélas le Tyran finit par retrouver le nuage et décide de faire non seulement de tout le peuple ses esclaves mais en sus d’interférer sur le climat de la terre pour en faire une arme de guerre. Seule Myrtille se voit proposer par le Tyran lui-même de régner à ses côtés. Quant à Tristam et Tom, ils ont réussi in extremis à s’enfuir avant la capture générale sur une moto libellule programmée pour arriver dans un lieu bien précis. Tristam réussit à emmener un petit paquet soigneusement ficelé par sa mère, quant à Tom, il serre contre son cœur un livre qu’il a découvert quelques jours plus tôt à la bibliothèque « L’art subtil de la guerre des nuages ». Il est persuadé que, grâce à sa trouvaille, il pourra devenir Maître des Vents, battre le Tyran et ainsi sauver son peuple.

Le roman est scandé d’encadrés scientifiques, dosés juste comme il faut pour ne pas lasser le lecteur et extrêmement intéressants. Agrémentés de graphiques, ils sont à la portée des enfants à partir de neuf ans mais les adultes y trouveront aussi leur compte ! Les illustrations de Vincent Dutrait, auquel on doit aussi la couverture, toutes en noir et blanc, sont très expressives et traduisent un petit côté mélancolique qui n’est pas sans rappeler que sur terre - et dans les nuages - il se passe des choses terribles au niveau de l’écologie pour ne citer que celle-là. Et la guerre bien évidemment. « Une terrible vérité venait de le frapper de plein fouet : les batailles, les conflits et les guerres impliquent toujours des enfants ». Mais comme le fait remarquer C. Galfard, « il faut bien commencer par la mélancolie pour trouver la joie ! »

Un travail de chaque instant

C. Galfard ne s’en cache pas, il a beaucoup travaillé sur ce qui est devenu un petit bijou. « Parfois, j’ai du mal, mais j’adore quand même ! La recherche c’est un peu pareil, il faut faire preuve d’une imagination incroyable. La vraie recherche commence là où l’on ne sait plus ce qui se passe. Et mon inspiration est basée à 95% sur la science, le reste vient des lectures et d’un peu d’imagination ». Quand je vous disais qu’il n’avait pas la grosse tête… « Et puis, j’ai adoré faire de petits clins d’œil aux lecteurs mais aussi à moi-même ».

On attend avec impatience la suite dans un an.

Alors, chers parents de vos petites ou grandes têtes blondes, à présent que les vacances arrivent, petit conseil d’initiée, privilégiez le livre de C. Galfard à quelques devoirs de vacances. Ils en retiendront et en retireront certainement beaucoup plus. Et rien de vous empêche de le leur emprunter ! Parce qu’à mon sens, Christophe Galfard est sans conteste un vrai prince des nuages.

Fabienne HUART

« Le Prince des nuages », Christophe Galfard, Pocket Jeunesse, 19 €.

Christophe Galfard a également participé à l'écriture de “Georges et les secrets de l'univers” de Stephen et Lucy Hawking (Pocket jeunesse, 6,90 €) Photo : François Lebel 

lundi 29 juin 2009

BD - Gil Jourdan, un classique encore très moderne


Maurice Tillieux, s'il n'a pas connu le succès considérable de Franquin ou de Hergé, fait pourtant partie des maîtres de la bande dessinée franco-belge. Il était le premier à conjuguer récit policier avec humour. Son héros, Gil Jourdan, bien que datant du milieu des années 50, était incroyablement moderne pour l'époque. Gil Jourdan est de retour, avec son créateur, dans une très belle intégrale dont le premier volume reprend les quatre albums parus entre 1956 et 1960. 

Le jeune détective privé, ambitieux, intrépide et courageux, a l'appui de deux amis, Croûton et Libellule, grands pourvoyeurs de scènes comiques. Le premier est un policier, le second un gangster repenti. Le trio a aussi contribué à la mode des belles bagnoles, souvent fracassées dans de spectaculaires accidents. 

L'intégrale bénéficie d'une riche introduction de 32 pages retraçant, en texte et en images, les débuts de Tillieux.

« Gil Jourdan, l'intégrale » (tome 1), Dupuis, 24 €  

dimanche 28 juin 2009

BD - Amour en noir et blanc


Blanche, jeune femme du XVIIIe siècle, vient de prendre pour époux un noble de 50 ans. Un riche entrepreneur qui ne peut même pas lui consacrer sa nuit de noces. Blanche, toujours vierge, se retrouve quasiment prisonnière dans la vaste demeure de son époux, sur une île battue par les vents de l'Atlantique. Ses voisins, comme ses domestiques, sont exécrables avec elle. 

Seul Toumaï, esclave noir ramené en Europe par l'époux, ne dit pas du mal d'elle dans son dos. A cette époque, les Noirs étaient assimilés à du bétail. Pourtant Toumaï est beaucoup plus humain que n'importe quel insulaire. Blanche va rapidement s'en rendre compte et malgré la chape des interdits et des conventions, ils vont finir dans les bras l'un de l'autre. 

Superbe histoire d'amour, cette parabole sur l'intolérance est signée Thierry Chavant, un auteur mettant son dessin classique au service d'une intrigue forte.

« Blanche » (tome 1), Delcourt, 12,90 € 

samedi 27 juin 2009

BD - Tirs nourris à proximité de Naja


Le monde de Naja n'est fait que de souffrance, de blessures et de morts. Naja est tueuse. Elle travaille pour une mystérieuse organisation qui classe ses employés. Naja est numéro 3. Le personnage principal de ce troisième volet de ses aventures, c'est le numéro 2. Il a un contrat et compte bien le remplir : tuer le numéro 1. 

Pas pour prendre sa place. Simplement pour faire ce pour quoi on le paie. Sans se poser de questions sur le nom du commanditaire ou la raison de l'élimination. Dessinée par Bengal, cette BD est atypique. Quasiment pas de dialogue, mais un texte narratif lancinant, froid. A l'image des trois tueurs lancés les uns contre les autres. 

Morvan signe certainement sa meilleure série, très littéraire et psychologique, même si cela ne cesse de tirer ou découper à chaque coin de case. Le lecteur est comme hypnotisé par cet univers, notamment celui de Naja, la tueuse qui ne fait pas la différence entre souffrance et orgasme.

« Naja » (tome 3), Dargaud, 13,50 € 

vendredi 26 juin 2009

Roman - Confidentialité assurée


Inspectrice de fidélité, tel est le métier de Jennifer Hunter. Elle est engagée par des femmes soupçonneuses et tend des pièges aux maris supposés volages. Ce roman de Jessica Brody, jeune Américaine par ailleurs scénariste, est en cours d'adaptation en série télévisée. Il est vrai que l'infidélité est un filon sans fin. D'autant que les scènes sexy sont nombreuses, Jennifer payant de sa personne pour coincer les fautifs.

L'extrait : « Sans cesser de m'embrasser, il m'a retiré ma veste. Puis il s'est attaqué à mon chemisier, un bouton après l'autre. Je n'ai pas protesté. Le chemisier a glissé et la vue de mon balconnet en dentelle bleu lavande lui a arraché un soupir comblé. Naturellement, c'était flatteur. Comment est-ce qu'il en aurait été autrement ? » (Fleuve Noir, 18,90 €) 

jeudi 25 juin 2009

Roman - Le jade et le rubis


Kate Furnivall, pour son premier roman, signe un pavé de près de 500 pages alliant souffle historique, dépaysement et amour impossible. Chassée de Russie par les Bolchéviques, Valentine se réfugie en Chine en compagnie de sa fille Lydia. Une belle adolescente de 15 ans qui va rencontrer l'amour dans une venelle des bas-fonds de la ville. Coup de foudre pour Chang An Lo, révolutionnaire intrépide ayant choisi le camp de Mao. Sur fond de révolution, les deux amoureux vont devoir choisir entre leur conscience de classe et cet amour absolu.

L'extrait : « D'un geste de la main, Lydia repoussa une mèche de cheveux qui avait glissé de sous son chapeau et, ce faisant, elle notait que l'étranger retenait son souffle et esquissait un sourire. Il tendit la main et elle crut qu'il allait passer les doigts dans sa chevelure flamboyante, mais il désigna simplement le vieil homme qui avait rampé jusqu'au seuil d'une habitation. » (Calmann-Lévy, 20,90 €) 

mercredi 24 juin 2009

Roman - La disparue du désert


Deux jours avant son mariage, Nouf, riche héritière d'une dynastie saoudienne, disparaît. Nayir, guide palestinien connaissant parfaitement le désert est chargé de retrouver la jeune femme, âgée de 16 ans. Zoë Ferraris, dont c'est le premier roman, a longtemps vécu en Arabie Saoudite. Elle a parfaitement cerné les déchirements de cette société, entre envie de modernité et respect des traditions. Nayir, pauvre et pieux, va découvrir les rêves de Nouf, lui donnant l'occasion à lui aussi d'ouvrir les yeux sur un autre monde.

L'extrait : « Nayir fit de son mieux pour oublier son rêve de la nuit. Il avait encore rêvé de Fatima ; il ne l'avait pas revue depuis près de quatre ans, pourtant les rêves étaient plus vivaces à chaque fois. Elle était la seule femme qu'il eût jamais courtisée. (...) Son tempérament calme et le petit rire nerveux avec lequel elle avait salué ses plaisanteries lui avaient donné l'impression que c'était une jeune fille convenable et pudique. » (Belfond, 21,50 €)