mardi 5 mai 2009

BD - Fillette cachée


Ce gros roman BD de 200 pages noir et blanc dessinées par Marc-Rénier, vous plonge au cœur de l'univers imaginaire d'une fillette cachée. Dans la préface de cette quasi autobiographie, la scénariste, Virginie Cady explique qu'elle n'était pas désirée. 

Dans les années 70, sa mère, encore lycéenne, cache sa grossesse. Le bébé sera confié à la grand-mère. Encore jeune et active, c'est en fait l'arrière grand-mère qui s'occupera de la fillette. Elle sera coupée du mode, de la réalité, ne connaissant du monde que ce qu'en montre la télévision ses deux parentes. Enfermée, peureuse, elle se réfugie dans les coins sombres. A l'abri de l'extérieur, pas de ses terreurs intérieures. 

Une histoire d'enfance volée qui prend aux tripes mais qui n'empêche pas l'enfant d'être heureuse.

« Clandestine » (volume 1), Futuropolis, 23 euros 

lundi 4 mai 2009

BD - Japonais muet

Assister à une course de bébés dormeurs, voir son boomerang rejoindre un vol de ses congénères migrer vers le Sud, se battre en duel armé d'un plumeau... ce sont quelques unes des actions qui jalonnent ce livre de gags absurdes d'un Japonais inventif, Tori Miki. Le héros, petit personnage court sur patte, libraire et solitaire, se retrouve confronté à des situations toutes plus délirantes les unes que les autres. 

Chaque planche est muette, carrée, et composée de 9 cases. L'auteur joue aussi sur cet aspect visuel, n'hésitant pas à faire passer ses personnages de l'autre côté du papier. 

Si vous aimez l'incongru et l'inattendu, vous aurez votre quota avec cette centaine d'historiettes farfelues.

« Intermezzo » (tome 4), Imho, 10,95 euros 

dimanche 3 mai 2009

Mes BD souvenirs (9)

Le site BD Paradisio propose régulièrement des forums pour les fondus de 9e art. Récemment, l'un d'entre eux m'a interpellé : « Les BD qui vous quittent... » Intrigué par ce titre, il faisait en fait le pendant du forum, beaucoup plus fréquenté, des BD récemment achetées. C'est le problème numéro 1 des collectionneurs : la place. 

A moins d'habiter un palace (ou d'avoir un immense grenier), il arrive un moment où les albums envahissent tout l'espace vital. Ce problème est devenu encore plus énorme quand j'ai régulièrement signé des chroniques BD dans les divers titres qui m'ont employé. Un collègue m'a fait découvrir les services de presse. J'ai commencé à recevoir des albums. Gratuitement. De plus en plus. Comme je continuais à en acheter par ailleurs, mes étagères ont vite été complètes. En fait, après avoir mis en place un système de comptage et de classement rudimentaire, je décidais qu'il était inutile d'avoir plus de 2000 BD.


J'ai revendu pas mal de titres à des bouquinistes ou lors de vide-greniers. Mais impossible de me séparer de certaines séries. Par exemple, pour rien au monde je ne me séparerai de ma collection de Spirou. Et je continue en achetant les intégrales Franquin. Par contre je n'ai plus un seul Tintin... Hermann, impossible de m'en séparer. Même si, comme le fait remarquer un membre du forum, on peut bazarder tous les titres scénarisés par son fils, Yves H. C'est vrai que ce n'est pas génial, mais le dessin reste toujours aussi merveilleux.

J'ai également beaucoup donné de titres à des enfants de la famille, notamment les séries Dupuis comme l'Agent 212, les Tuniques Bleues ou Sammy. Il y a trois ans et demi, déménageant une nouvelle fois, pour la Martinique cette fois, je réduisais encore mon fond. 1000 albums. Là, j'avoue, j'ai eu du mal. Et aujourd'hui encore je regrette certains titres, notamment de chez Delcourt ou la série complète des Valérian.

 Mais qu'importe, comme le faisait remarquer un autre habitué de BD Paradisio, il faut qu'une collection vive. En recevant une trentaine d'albums en service de presse chaque mois, je ne serai jamais à court de lecture. Au contraire, je suis toujours en retard, ratant quelques beaux titres. 

Je vends beaucoup moins. Et aujourd'hui j'ai à nouveau plus de 2 000 albums dans mon minuscule appartement. Près de la moitié sont dans des cartons dans le garage. Un jour, peut-être... 

samedi 2 mai 2009

BD - Fuite en avant


Il ne faut pas découcher. Surtout quand on a une jolie fille qui vous attend dans votre lit. Pourtant, une nouvelle fois, la musique et l'alcool ont été les plus forts. Alexis, un saxophoniste, après une nuit bien arrosée, se retrouve au poste de police pour ivresse sur la voie publique. 

Au petit matin, il découvre sur la table de la cuisine un mot d'adieu signé de sa petite amie Mary : « Alexis, je crois que je ne t'aime plus tout entier ». Il ne sait même pas où elle aurait pu aller. Descendant les bouteilles de whisky comme d'autres mâchent des chewing-gum, le musicien va errer quelques temps avant de prendre la direction de Dinard. Mary y aurait une maison de famille. 

Sur 80 pages, Bruno Le Floc'h va raconter ce road movie sur les routes françaises des années 60. Le héros, de plus en plus à la dérive, fera diverses rencontres, entre dure réalité et poésie fantastique. Le dessin, volontairement épuré, laisse plus deviner que voir. Cela donne une dimension éthérée supplémentaire à ce livre noyé dans les brumes de l'alcool.

« Saint-Germain, puis rouler vers l'Ouest ! », Dargaud, 15,50 € 

vendredi 1 mai 2009

BD - Oiseau noir


Christophe Bec est omniprésent ces derniers temps dans les bacs des libraires. Plusieurs nouvelles séries voient le jour dont « Redemption » avec Paolo Mottura au dessin. Le scénariste originaire de l'Aveyron connaît bien ce dessinateur italien pour avoir réalisé en duo le très beau et poétique « Carême ». 

Pour cette nouvelle collaboration, l'univers décrit est moins féerique. Le héros, Chogan Tomkins, Américain d'origine indienne, surnommé « Oiseau noir », roule au volant de sa décapotable vers l'Ouest. Le désert. Il semble très blasé, presque désespéré. Au détour d'un virage, il prend une jolie autostoppeuse dont la voiture est en panne. Ils vont chercher un garagiste dans la bourgade de « Death of Redemption ». C'est là que le véritable cauchemar débute. 

Chogan, étranger dans une petite ville repliée sur elle-même, se découvre prisonnier d'un monde clos et engendrant une forte paranoïa. Il tentera de fuir, mais en vain. 

Un premier tome comme un cauchemar sans fin. Sans espoir. A moins que dans le second tome...

« Redemption » (tome 1), Dupuis, 13,50 €

jeudi 30 avril 2009

BD - Nouvel envol de l'Epervier


L'Epervier est de retour dans un nouveau cycle d'aventures. Le héros, corsaire imaginé par Patrice Pellerin, s'était fait rare. Ce n'était pas une panne d'inspiration de son créateur, simplement les conséquences d'un changement d'éditeur. 

L'Epervier a quitté les rivages belges de Dupuis pour accoster à Toulon, en Méditerranée, chez Soleil. Premier résultat, la série bénéficie d'un plus grand format et la prépublication de cette nouvelle aventure dans trois fascicules, comme un feuilleton, enrichis de croquis préparatoires et reportages sur le travail de recherche de Pellerin. De retour en France, Yann de Kermeur n'abandonne pas sa vie aventureuse. Il est désigné par le roi pour mener une mission de la plus haute importance au Canada, nouvelle province où les Anglais tentent de contrecarrer les projets français. 

Du Québec, le lecteur n'en verra que les premières pages car l'essentiel de l'histoire se déroule à Versailles et en Bretagne. 

Le trait réaliste de Pellerin fait merveille, rendant encore plus passionnant ce récit aux multiples rebondissements.

« L'épervier » (tome 7), Soleil Quadrants, 12,90 € 

mercredi 29 avril 2009

Littérature américaine - Refaire sa vie à 60 ans dans les pas de Jim Harrison

Jim Harrison revient à ses premières amours : un road-movie plein de vigueur avec pour héros un sexagénaire meurtri mais plein d'ardeur.

Si vous avez un petit coup de blues, notamment en constatant que vous vous faites vieux, précipitez vous sur ce roman de Jim Harrison. Vous retrouverez l'allant de vos vingt ans. Quel que soit votre parcours auparavant, vous ressortirez de ces 300 pages, lues forcément trop vite tant elles sont passionnantes, avec une pêche d'enfer et un maximum de projet.

Cliff, le héros de ce roman, avant de se lancer dans sa folle odyssée, est passé par une période noire. A 60 ans passé, il découvre que sa femme le trompe, qu'elle a décidé de vendre la ferme familiale (en ne lui laissant que 10 % du prix de vente) et pour couronner le tout il découvre sa chienne Lola, morte derrière son pick-up. Il croit l'avoir écrasée en revenant d'une de ses beuveries. Un ami lui prouve le contraire, Lola est simplement morte de vieillesse.

D'agriculteur à voyageur

Il va alors changer d'attitude. Après 25 années passées à vivre au rythme des saisons, à surveiller ses bovins et ses cerisiers, il va tenter de réapprendre à être libre comme l'air. Il monte dans sa voiture et décide de traverser les 49 états des USA en une année. Il part du Michigan et met le cap à l'ouest. Le lecteur embarque donc avec ce vieil Américain ayant décidé de remonter la pente de la plus simple des manières : toujours aller de l'avant. Cliff ne part pas complètement à l'aventure. Il a un peu d'argent de côté sur son compte en banque, l'adresse d'une fille facile et aussi celle d'une ancienne élève car avant de retourner cultiver ses terres, il a été prof de littérature.

Le premier choc pour Cliff c'est de se retrouver sans tâche à réaliser sur une ferme qui n'existe plus. Habitué à se lever aux aurores, il s'ennuie un peu le matin. Des heures immobiles durant lesquelles il réfléchit beaucoup sur son sort actuel et sa vie passée. Il découvre ainsi que la météo devient « le cadet de mes soucis ». « Une partie de l'esclavage mental qu'est l'agriculture tient au fait qu'on se dit toujours qu'il fait trop chaud ou trop froid, trop humide ou trop sec, ou qu'une tempête risque d'abîmer les fruits. »

Insatiable Marybelle

L'autre nouveauté pour Cliff, c'est de redécouvrir qu'il peut réaliser des prouesses au lit. Son ancienne élève, Marybelle, la quarantaine, typique desperate housewife, semble insatiable côté sexe. Il n'a pas une minute de repos. Sauf quand elle se met à téléphoner à ses amies. Pourtant Cliff ne supporte pas les téléphones portables. C'était déjà une pomme de discorde avec son ancienne femme, commerciale dans l'immobilier. Même quand ils faisaient l'amour, elle refusait de l'éteindre lui expliquant : « à quoi bon rater une commission de dix mille dollars afin de me faire baiser pour la cinq millième fois ? » Résultat, Cliff, après avoir jeté dans la cuvette des WC le portable offert par son fils, lâche cette sentence définitive : « L'usage du téléphone était bien pire que de marcher sur une crotte de chien ou, la nuit, dans une bouse de vache fraîche. »

Le périple de Cliff sur les routes américaines va se prolonger quelques semaines, le temps de rencontrer, entre autres, un éleveur de serpent à sonnettes, une serveuse gagnant plus en se transformant en modèle pour peintre du dimanche ou un docteur passionné de pêche (et encore plus de femmes infidèles).

Le héros va redécouvrir cette Amérique immortelle, humaine, presque légendaire. Il va se retaper le moral au gré des rencontres et cette embellie va être contagieuse pour le lecteur qui refermera ce livre avec petit pincement au cœur à l'idée de quitter cet homme et cet univers.

« Une odyssée américaine », Jim Harrison, Flammarion, 21 € 

mardi 28 avril 2009

BD - L'hexagramme du Scrameustache


Le Scrameustache fait partie de ces séries qui semblent s'être figées dans le temps. Gos, le créateur de cet extraterrestre toujours accompagné de Khéna et d'autres bestioles vertes que sont les Galaxiens, ne se lasse pas de cet univers de science-fiction pour les plus jeunes. Il bénéficie depuis quelques années de l'aide de son fils, Walt, qui collabore au dessin. 

Après avoir été une valeur sûre des éditions Dupuis, ce personnage a rejoint Glénat pour poursuivre ses aventures comme si de rien n'était. 

Dans « La clé de l'Hexagramme », les héros vont devoir mettre à l'abri un trésor découvert dans une vieille chapelle et menacé par la cupidité d'un riche propriétaire terrien.

« Le Scrameustache » (tome 39), Glénat, 9,40 €

lundi 27 avril 2009

BD - Les Néoquantiques, second volume de Meteors


Dans un futur proche, les intelligences artificielles, les IA, ont quasiment pris le pouvoir. L'homme a abandonné son libre arbitre. Plus de guerre, mais également beaucoup moins de liberté. Ces IA, des néoquantiques, totalement virtuelles mais qui sont représentées sous les traits de singes dans la BD, en devenant trop autoritaires, sont en train de basculer dans les pires travers de l'Humanité. 

Cette série de SF signée Duval (une pointure du genre ayant déjà à son actif Carmen McCalum et Travis) et Ugaki transporte le lecteur aux confins de l'univers. Les intrigues autour du pouvoir alternent avec des courses poursuites dans l'espace, plus classiques. Notamment cette chasse entre un vaisseau pirate et des jets de la police dans les restes de la « Deng Xiaoping Station, la plus grande construction humaine extraterrestre ». 

Une sorte de grande muraille orbitale, abandonnée et rouillée. Quant aux Meteors, donnant le titre à la série, ce sont des armures sophistiquées faisant passer Robocop pour une poupée Barbie...

« Meteors » (tome 2), Delcourt, 12,90 €



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samedi 25 avril 2009

BD - Le chant du Rastaman par Mathieu Sapin


Pour devenir une rock star, rien ne vaut les conseils des chanteurs qui ont déjà aligné les disques d'or. Francis Blatte, chômeur de 31 ans, vivant seul dans un petit appartement parisien, passionné par le reggae, aimerait bien gagner le jackpot en signant une mélodie imparable. Sa vie va basculer quand le poster de son idole, Bob Marley en personne, va lui parler. 

Et lui faire cadeau d'une chanson composée en 1976 et jamais enregistrée. Francis, un peu looser sur les bords, va presque oublier la mélodie de ce tube en puissance. Pour s'en souvenir, il va devoir aller dans une cabine téléphonique l'enregistrer sur son répondeur téléphonique. C'est là qu'il va se faire voler son perfecto par une vieille dame, propriétaire de la plus grande major au monde... 

Un héros improbable, des rebondissements encore plus incroyables : cet album de Mathieu Sapin est un bijou rare, élevant le délire pur au rang d'art ultime.

« Francis Blatte » (tome 1), Dargaud, collection Poisson Pilote, 10,40 €