mardi 10 juin 2008

BD - Le code sacré du Messager de Richez et Mig


"Le Messager" série politico-mystique de Richez (scénario) et Mig (dessin) revient après une éclipse de trois années. Pour un nouveau cycle en trois tomes avec toujours le père Gabriel en héros involontaire. Le curé américain s'est retiré dans un monastère allemand, faisant vœu de silence. Ailleurs, le destin est en marche. Des savants veulent utiliser le premier ordinateur quantique opérationnel pour décoder les messages secrets de la Torah. Des révélations terrifiantes au moment même où un nouveau pape est nommé et des attentats préparés contre le monde libre. Remarquablement dessiné, très rythmé, cet album devrait relancer l'intérêt des amateurs de la théorie du complot.

"Le Messager" (tome 4), Bamboo, 12,90 euros 

lundi 9 juin 2008

BD - Garrigue et magouilles du Sud


Corbeyran et Berlion se retrouvent et signent une nouvelle BD réaliste (après "Lie-de-vin" et "Rosangella), mais cette fois en deux tomes. La première partie vient de paraître, la seconde est annoncée en septembre. Une mise en place toute en ambiance. 

Dans une petite ville du sud de la France, un homme se retrouve au mauvais endroit au mauvais moment. Meurtre dans la garrigue très énigmatique. Ensuite, les auteurs prennent tout leur temps pour développer les caractères des différents protagonistes, notamment, Martial, gendarme depuis peu à la retraite, et qui a longtemps couvert les magouilles d'amis d'enfance. Mais jusqu'où peut-il aller ? Un polar sombre dans l'esprit, lumineux par ses dessins.

"Garrigue" (tome 1), Dargaud, 13 euros 



dimanche 8 juin 2008

BD - Anciens dieux dans "Le céleste noir"


Les Anciens Dieux sont en colère. Chassés de la Terre, ils se sont longtemps déchirés entre eux. Mais ils viennent de se réconcilier et ont bien l'intention de reprendre possession de leur bien mettant ainsi une fin abrupte au règne humain. 

La trame de cette série, écrite par Cordurié et dessinée par Laci, puise dans les classiques de Lovecraft. Dans ce premier tome, un sorcier fou, une chercheuse américaine et le fameux Céleste Noir sont en vedette. Avec en toile de fond l'armée américaine qui rêve encore de récupérer les formidables possibilités de la magie pour affermir la suprématie de la première démocratie du monde.

"Le céleste noir" (tome 1), Delcourt, 12,90 euros 

samedi 7 juin 2008

BD - Le retour (en petit format) de Ludo

Ludo avait disparu depuis quelques années des pages de Spirou et du catalogue Dupuis. Cette série, écrite par Lapière et dessinée par le duo composé de Bailly et Mathy était pourtant originale, réussie et d'une très grande qualité. Un succès critique qui n'a pas empêché un relatif échec commercial qui a mis entre parenthèse les aventures de Ludo, petit garçon d'une dizaine d'années, confrontés à la réalité tout en étant très influencé par les aventures de son héros de BD préféré, l'inspecteur Castar. Bailly dessine les planches de Ludo, Mathy celles de Castar. 

Deux styles dans un même album avec des histoires croisées souvent interdépendantes. Les nostalgiques salueront donc le retour de Ludo avec une histoire inédite, « Qu'as-tu, Kim ? » dans la collection Punaise. Ils regretteront simplement ce petit format, mais les auteurs en ont tenu compte en simplifiant un peu leur dessin. Une nouveauté sortant en même temps que la réédition du premier tome dans cette même collection, les autres volumes suivront dans l'année.

La classe de Ludo accueille Kim, une jeune Birmane réfugiée car une guerre vient d'éclater dans son pays. Ils partent en classe verte et découvrent que la jeune Asiatique, très tourmentée, est sans pitié pour ses nouveaux amis. Pourquoi une telle méchanceté ? Un autre méchant sévit dans ces pages, un savant qui veut faire fondre le glacier surplombant la ville pour l'engloutir. Une nouvelle mission pour l'inspecteur Castar. Les thèmes sont modernes et actuels, le propos humaniste, avec cette petite touche de poésie qui fait toute la différence.

« Ludo » (tome 7), Dupuis, 9,50 € 

vendredi 6 juin 2008

Roman - Le réveil sensuel d'une épouse

Mariée à 20 ans, Caro se croit rangée à 50 ans. Ce serait sans compter sans un nouvel amour qui réveille ses ardeurs de jeunesse.


Un demi siècle. 50 ans. Est-ce l'âge de la résignation et du renoncement. Le temps du calme et de l'oubli ? Pour Caro, cette étape particulière va prendre une toute autre tournure. Cette professeur de philosophie, mariée à l'âge de 20 ans, remariée à Raphaël, par ailleurs père de ses deux filles, va être bouleversée par une rencontre fortuite. Remplaçant une collègue souffrante, elle doit travailler avec un jeune écrivain, Bruno. A la fin de l'entretien, ce dernier déclare tout de go à une Caro interloquée qu'il faut qu'il l'embrasse car elle l'a "trop chauffé". Hésitation, acquiescement. Le début de la faute, de l’infidélité.

Plaisir sexuel

Ce baiser arraché par un beau parleur, séducteur et surtout plus jeune de 16 ans remet sérieusement en question la vie au quotidien de la cinquantenaire imaginée par Julie Saltiel dans un roman parfois cru tout en étant très philosophique. Et Caro de se dire que la fidélité est "une idée finalement moyenâgeuse qui charrie avec elle toute sortes d'absurdités en nous faisant croire à l'intensité de l'amour unique ou plutôt unifié. Oui, on a besoin de cette fidélité, mais c'est pour mieux la transgresser, la violer, s'en moquer intérieurement."

Après le baiser, la relation entre Caro et Bruno prend une tournure plus classique entre femme mariée et amant. Caresses sous une porte cochère, rendez-vous dans un hôtel dans l'après-midi... Caro redécouvre le plaisir sexuel. Une jouissance qui est décuplée par l'interdit. A moins que cela ne soit tout simplement un cap de passé. Celui de l'expérience, du sexe pour le plaisir, sans passion, mais avec fougue. Reste la différence d'âge. Bruno semble vouloir profiter de Caro immédiatement, avant que le corps de sa maîtresse ne suive plus. A 50 ans tout est possible selon l'auteur, à 55 ans il ne reste souvent que les yeux pour pleurer.

"L'homme de ma vie"

Ce roman, commencé comme une remise en cause d'une femme mûre voulant profiter de la vie, se transforme, quand elle tombe réellement amoureuse de son jeune artiste, en vaste interrogation sur la vie, seul, à deux et pourquoi pas à trois... "Pour aimer mon amant, j'avais besoin de mon mari, pour aimer mon mari mon amant me devenait indispensable. Moi qui avais toujours cru que je cherchais comme tout le monde "l'homme de ma vie" l'unique, le seul, comment en avais-je pu en arriver là ? Pourquoi à cinquante ans les choses ne pouvaient-elles plus se vivre simplement, comme à vingt ?"

Ce roman, qui aura le mérite d'ouvrir les yeux à certaines (et pas uniquement aux cinquantenaires), reste une première œuvre, d'une femme jugeant parfois étrangement les hommes. Une femme cultivée, vivant un peu dans sa bulle d'intellectuelle gâtée, souvent loin de la réalité. Julie Saltiel, Parisienne, Normalienne et agrégée de philosophie ne serait que le pseudo de l'ex-femme d'un haut responsable du parti socialiste ce qui expliquerait le côté caricatural et parfois très "bobo" (bourgeois bohème) de ce récit certainement en grande partie autobiographique.

"La cinquantaine bien tapée", Julie Saltiel, Denoël, 15 €

jeudi 5 juin 2008

BD - La face cachée de Bout d'Homme

Jean-Charles Kraehn s'est révélé au grand public avec sa série Bout d'Homme. Débutée en 1989, terminée au bout de quatre albums en 1994, elle est devenue un des plus gros succès du catalogue Glénat cumulant près d'un million d'exemplaires vendus. 

Ce cinquième tome intitulé "L'épreuve" n'est pas à proprement parlé la suite. L'auteur dans un avertissement avant le début du récit explique qu'il s'agit "d'une parenthèse du tome 4 pendant laquelle Bout d'Homme avait disparu durant deux ans, dans un pays que l'on suppose être le Canada, pour réapparaître dans son village, enfin devenu homme, C'est sa métamorphose que je me propose de vous raconter maintenant..." 

Le jeune garçon est donc au Canada. Il va tenter de trouver la fortune dans le grand Nord. Pour cela il doit rejoindre Port Saint-Servan. En chemin il rencontre un ours affamé, un trappeur sans pitié et un étrange pistollero philosophe. Et puis Bout d'Homme aura des visions, voire une révélation religieuse. Mais que vaut la bonté chrétienne quand il tombe dans les mains d'une bande de voyous exploitant des orphelins des rues ? Une fabuleuse quête initiatique entre le Bien et le Mal.

"Bout d'Homme" (tome 5), Glénat, 13 € 

mercredi 4 juin 2008

BD - Comment évangéliser des Vikings ?

Dans la collection "Sept", ne manquez pas les "Missionnaires". Après les "pirates" et avant les "guerrières", partez sur les traces de ces moines obligés d'aller évangéliser les Vikings. Les tribus du Nord s'enhardissent de plus en plus. Leurs razzia sur les villages côtiers sont sans pitié. Et cela contrarie beaucoup le clergé catholique qui tente de mettre définitivement la main sur les âmes de locaux. 

Combattre les Vikings s'avérant trop risqué, l'évêque décide de les évangéliser. Un véritable suicide à priori, il décide donc d'y envoyer les pires représentants de son armée pacifique. Sept moines sont désignés, comme sept pécheurs s'adonnant au stupre, à la violence, à l'argent ou à la gourmandise. Pécheurs mais humains et par certains aspects identiques aux barbares du Nord. Un terrain d'entente va être trouvé entre les différents intérêts et les sept missionnaires entrevoient la possibilité de recevoir la récompense promise : une charge d'évêque pour chacun. 

Alain Ayroles, le scénariste d'origine lotoise, a imaginé une histoire magique et réaliste, soignant la personnalité de ses sept héros dessinés par Critone.

"Sept missionnaires", Delcourt, 13,95 € 

mardi 3 juin 2008

BD - Vénus H : mère et fille en galère

Réservée aux adultes éclairés, la série Vénus H de Dufaux (scénario) et Renaud (dessin) plonge le lecteur dans un monde où les tabous n'ont plus cours, où la morale est abandonnée dans les vestiaires de ces alcôves réservées aux clients de cette agence de prostituées de luxe. Wanda, blonde, froide, experte dans sa partie, est devenue la favorite d'Oleg Kosca, bras droit de Maître Abel, prince de la débauche et de la drogue. 

Wanda qui a un secret. Il y a quinze ans, elle a eu une fille. Dominique. Incapable de s'en occuper, elle l'a confiée à un couple de fonctionnaires. Mais Dominique semble marcher sur les traces de sa mère naturelle. Elle vient de faire une fugue en emportant un sac bleu d'une grande importance qui cause bien des soucis à Maître Abel. 

Wanda, en apprenant les déboires de sa fille, décide de tout tenter pour la tirer des griffes de cette organisation tentaculaire ne faisant que peu de cas des "fusibles", même s'ils n'ont que 15 ans. Renaud, dessinant en couleurs directes, produit moins rapidement mais ses femmes n'en sont que plus belles et désirables.

"Vénus H" (tome 3), Dargaud, 13 € 

lundi 2 juin 2008

BD - Honneur de militaires

Voici une ambitieuse adaptation en bande dessinée du roman de Jean Raspail "Sept cavaliers" par Jacques Terpant. Le dessinateur qui s'est illustré en son temps dans des récits de guerre quitte un monde mécanique et technologique pour un royaume imaginaire en pleine déliquescence. 

Le Margrave Héréditaire (titre de ce premier tome), retranché dans son château, convoque le colonel-major Sylve de Pikkendorff. Le vieil homme désire qu'il quitte la ville encerclée pour remettre une lettre à sa fille. Sylve n'a plus d'armée. Il partira avec six compagnons, qu'il pourra choisir. Une expédition de sept militaires car il ne reste plus "dans les écuries que sept chevaux frais et vigoureux". 

L'ennemi, qui n'est pas véritablement nommé no montré, semble être les enfants de cette cité, devenus ivres de sang sans explication. Sylve va donc sortir par la porte ouest qui n'est plus gardée et découvrir les horreurs de cette mystérieuse guerre civile. On retrouve dans ces dessins hauts en couleurs toute la profondeur philosophique du texte de Jean Raspail.

"Sept cavaliers" (tome 1), Robert Laffont, 12,95 € 

dimanche 1 juin 2008

BD - Fabrice Tarrin joue la transparence


Repreneur de Spirou pour une seule aventure (Le tombeau des Champignac avec Yann au scénario), Fabrice Tarrin change de style dans ce petit livre autobiographique. Il se dessine en lémurien et nous fait partager ses aventures épiques avec Cyril le canard, Lolita la belle renarde ou Fred, son complice de toujours, sorte de grand chien pataud. A la base, ces histoires courtes, plus crobardées que dessinées, ont servi à alimenter un blog qu'il avait créé sur l'insistance de son amoureuse du moment, Laurel. 

Quelques milliers de visites plus tard, le Lémurien intègre la collection Shampoing créée par Lewis Trondheim. Ce dernier apparaît parfois au détour d'une page car il partage le même atelier que Tarrin à Montpellier. Un peu comme avec Spirou, ce n'est pas le personnage principal qui apporte tout son sel aux histoires mais un faire-valoir. Cyril, le canard, est incroyable. 

Odieux avec les filles, totalement paranoïaque, peintre raté, vivant dans un studio ressemblant plus à une caverne affectée à la culture des champignons, il met de l'animation dans le quotidien de Tarrin quand il passe quelques jours à Montpellier. L'auteur consacre également pas mal de planches à nous raconter ses amours. 

Laurel est absente, mais Lolita est en vedette. Cette jeune graphiste, fille d'un célèbre chanteur, permet à Tarrin d'atteindre momentanément cette gloire derrière laquelle il semble toujours courir. Un journal intime parfois acide, très sarcastique, mais qui est le reflet de la vie de ces presque trentenaires de l'an 2000. Paru en mars dernier, le lémurien poursuit ses aventures sur le net. Actuellement Fabrice revient sur son enfance. Quand sa mère faisait partie d'une secte et qu'il séchait les cours du collège pour tenter de séduire Charlotte Gainsbourg...

« Journal intime d'un lémurien », Delcourt, 13,95 €