mardi 19 février 2008

BD - La planète des songes

Étrange cocktail que cet album franco japonais. Le scénariste, Kara, est passé par les Gobelins, le dessinateur, Masa, est un célèbre mangaka du pays du soleil levant. Ils se sont associés pour cette histoire complète de science-fiction onirique explorant les consciences de trois jeunes héroïnes. 

Dans un futur lointain, la planète est déchirée par une guerre civile. Le fiancé de Marie, jeune infirmière, part au front pour lui prouver son amour. Il n'en reviendra pas. Marie, rongée par la tristesse, s'engage dans l'armée spatiale et devient une des trois femmes composant l'équipage d'un vaisseau d'exploration. Elles se posent sur une planète qui serait habitable par les humains. Elle explore ce monde neuf. Un désert en fait, sans vie. Jusqu'au jour où elles découvrent d'immenses ruines et au centre de ces dernières rencontrent un petit garçon muet et en haillons. Qui est-t-il ? D'où vient-il ? 

Ces simples questions vont obliger les trois jeunes femmes à se remettre en cause, chercher des réponses dans leur propre parcours. Sur cette planète, les rêves de certaines semblent la réalité des autres. Une belle histoire, en ellipse, beaucoup plus intellectuelle que le dessin ne pourrait le laisser penser.

« Réalités », Soleil, 13,90 € 

lundi 18 février 2008

BD - Jeunes voyageurs temporels

Chouette, une nouvelle série de Zep avec des enfants qui ne font que des bêtises. En plus elle est dessinée par Stan et Vince ! Marvin et Adèle, alors qu'ils accompagnent leur père dans un marché aux puces, achètent un téléphone portable peu ordinaire. C'est une machine à voyager dans le temps. Il suffit de taper sur le clavier la date à laquelle on désire se rendre pour y être téléporté immédiatement. 

L'idée de base est d'une rare simplicité. Tout le talent de Zep fait la différence. Car les deux jeunes héros ne vont pas partir pour de grandes aventures débridées. Ils vont plus prosaïquement utiliser leur nouveau jouet pour fuir les tâches ménagères, gagner du temps sur leurs devoirs ou, pire, se rendre intéressants auprès de leurs copains. Ils vont par exemple aller dans l'atelier de Léonard de Vinci pour avoir une dédicace du « dessinateur le plus célèbre du monde ». Le maître, flatté dans un premier temps, se fâche quand les garnements lui demandent de dessiner... Titeuf. 

Ces histoires courtes permettent de visiter plein d'époques et d'apprendre en s'amusant. Une BD humoristique pour les adolescents et leurs parents.

« Les chronokids », Glénat, 9,40 € 

dimanche 17 février 2008

BD - Le grimoire de l'inventeur dans l'univers du Donjon


Dans le Donjon, tout est bon ! Surtout les épisodes de Donjons Monsters qui permettent à différents dessinateurs de se frotter avec l'univers quasiment infini créé par Lewis Trondheim et Joann Sfar. Pour ce 12e titre, c'est Keramidas qui se prête au jeu. Le dessinateur de Luuna, aux éditions Soleil, adopte un trait plus rond et souple, presque « disneyien » pour conter nombre de péripéties autour du grimoire de Vaucanson. 

Ce livre légendaire est très convoité car il permettra à son propriétaire de créer une armée d'automates pour gagner toutes les guerres possibles et imaginables. Si Guillaume de la Cour, redoutable marchand, n'y voit qu'une marchandise synonyme d'une montagne d'or, d'autres, comme le professeur Cormor (ou celui qui a pris son identité) y recherchent plus mystiquement la flamme de la vie. 

Tout cela s'anime un peu avec l'arrivée dans la course de Hyacinthe de Cavallère, le gardien du Donjon et ses sbires, Herbert, Melvin ou l'inénarrable Grogro. Un album assez sombre, avec une fin pleine de symbole, preuve que Sfar et Trondheim sont toujours bien aux manettes.

« Donjon Monsters », Delcourt, 9,80 € 

samedi 16 février 2008

BD - Retour sur investissement pour Les Colocataires


Rien ne va plus dans l'appartement des colocataires, série écrite par Runberg et dessinée par Christopher au trait ressemblant parfois beaucoup au duo Dupuy et Berberian (sacrés en janvier dernier grand prix à Angoulême). Ces jeunes, étudiants ou débutant dans la vie active, doivent, en plus des problèmes financiers, affronter les soucis amoureux des uns et des autres. Il y a le prof, obligé de travailler dans une école religieuse et donc de sanctionner cette jeune élève, aux tendances gothiques. Ou le musicien, faisant les marchés avec une commerçante intraitables en attendant d'avoir des nouvelles d'une maison de disque à qui il vient d'envoyer les maquettes de ses dernières compositions. 

Le troisième de la bande, après avoir arrêté ses études, sert des sandwiches devant l'entrée de la fac. Il espère un job dans la communication mais cela ne marche pas. Et surtout il est homosexuel et a des difficultés à l'assumer. 

Notamment quand il doit subir les réflexions, rarement délicates, de Max, le dernier colocataire. L'appartement est donc sur le point d'exploser. Un final très bien mené pour une série qu'on regrettera.

« Les colocataires », Dupuis, 10,40 € 

vendredi 15 février 2008

BD - Ric Hochet joue avec un Puzzle mortel

 La 74e enquête de Ric Hochet devrait intéresser tous les psychanalystes de la planète. Pas sur son côté policier, mais sur le fait que le héros sans peur et sans reproche se démène comme un beau diable pour retrouver sa mère qu'il n'a jamais connue. Et il ne le fait pas gratuitement car sa pauvre maman, Allégria serait aux mains du Bourreau. Une fausse piste, le méchant attitré de la série n'y est pour rien. Mais Allégria est effectivement sous la menace de deux frères, des mercenaires sanguinaires. Ce sont eux qui vont donner bien du fil à retordre à Ric qui pourtant en a déjà beaucoup vu. 

Avec Tibet au dessin, Duchâteau, dans son scénario, multiplie les temps forts et fausses pistes. Corps suspendu au bout d'un parachute qui explose à l'atterrissage, prisonniers carbonisés avec un lance flammes, espion tué avec une dose de polonium 210 ou Allégria enterrée vivante : le lecteur en a pour son argent question violence et tortures. 

Heureusement Ric est là pour les mettre hors d'état de nuire. Reste le volet psychologique, un peu exploité au début, rapidement abandonné au profit de l'action... On ne réécrit pas les codes d'une série qui marche depuis un demi siècle.

« Ric Hochet », Le Lombard, 9,25 € 

jeudi 14 février 2008

BD - Le Scrameustache et l'elfe des étoiles

Toujours avec la même fraîcheur, Gos poursuit l'animation des aventures du Scrameustache. Cette série de science-fiction destinée aux plus jeunes a trouvé refuge dans la collection Paris Bruxelles de chez Glénat. Khéna, le jeune humain et le Scrameustache, extraterreste poilu, téméraire et facétieux, reçoivent la visite d'une soucoupe pleine de Galaxiens. 

Et d'une jeune Elfe des étoiles qui perd la mémoire en percutant un arbre lors de son atterrissage. Grâce à une machine sophistiquée, les héros découvriront la mémoire de la petite Myrtille et la raison de sa venue sur Terre. 

Gos profite de ce 38e titre de la série pour réutiliser quelques personnages des précédentes aventures comme les Figueuleuses, un ramoucha ou Najboul, le biologiste inventeur du Scrameustache. Mais la véritable héroïne de ces 46 pages reste Myrtille, une elfe insaisissable, à la mission périlleuse et très initiatique et qu'on devrait revoir dans les prochaines aventures de Khéna et ses amis dont le petit monde ne cesse de s'étoffer et séduire les enfants de plusieurs générations.

« Le Scrameustache », Glénat, 9,40 € 

mercredi 13 février 2008

Roman historique - Inquisition et éminences grises

La trilogie de « La dame sans terre » d'Andrea Japp, forte de son succès jamais démenti, nous offre un quatrième tome toujours aussi passionnant.

Au départ, « La dame sans terre » était conçue comme une trilogie, laissant à l'imagination des lecteurs la suite des destins des différents protagonistes... Mais Andrea Japp, victime (consentante) de son succès, a fini par se rendre aux demandes pressantes de ses lecteurs et c'est ainsi que le tome IV, « Le combat des ombres » a fini par se retrouver dans les bacs des libraires, au plus grand bonheur des inconditionnels. L'auteur ayant pris la peine de fournir les résumés – succincts mais complets – de ses précédents ouvrages, ce quatrième tome se dévore au même titre que les premiers volumes. Et toujours avec avec la même soif d'en savoir plus sur les héros et héroïnes qui jalonnent ce nouvel ouvrage.

Les mêmes personnages

On y redécouvre les mêmes personnages, la belle Agnès de Souarcy, qui a échappé de peu aux griffes de l'inquisition en ces temps troublés, en grande partie grâce aux interventions de divers personnages travaillant dans l'ombre pour la plupart, mais aussi de son tout nouveau mari, Artus, comte d'Authon, qui fait des mains et des pieds pour la sortir de sa geôle. Chose qui finalement, se retourne contre lui puisque, lui aussi, est interrogé par les inquisiteurs. Enfin, Agnès retrouve sa demeure mais n'en est pas heureuse pour autant. Elle ne trouvera l'apaisement qu'une fois les recherches concernant Clémence, sa deuxième « fille de ventre », anciennement Clément, menées à bon terme. D'après les pontes de la religion, cette deuxième fille porterait « le sang nouveau » qui se transmet de mère en fille et activement convoité pour l'éradiquer par le camerlingue Honorius Benedetti, qui n'hésite pas à envoyer sa « femme de main », Aude de Neyrat, empoisonneuse hors pair, chargée d'enherber Agnès afin de l'empêcher d'enfanter une fille, qui porterait ce sang nouveau. A l'actif d'Agnès, ayant toujours fait passer Clémence pour le garçon qu'une de ses servantes a soi-disant enfanté avant de passer de vie à trépas, peut se targuer d'une longueur d'avance contre tous ceux qui désire sa perte. Le comte D'Arthus, son époux, tombe aussi aux mains pas toujours très délicates, de l'Inquisition et il y aura fort à faire pour l'arracher aux griffes de ses bourreaux.

Clément et Clémence

Au grand désespoir d'Agnès, Clémence reste introuvable, ce qui, tout bien considéré, la protège aussi de ses poursuivants.

Mais Agnès décline à vue d’œil, « enherbée » par on ne sait quel produit. Heureusement pour elle, Francisco de Léone, le chevalier de lumière qui se bat corps et âme pour la bonne cause, finira par démasquer « l'enherbeuse » (NDLR empoisonneuse) et finira par sortir Agnès de ce mauvais pétrin. N'hésitant pas à installer paillasse par terre devant la porte de la chambre de la belle pour démasquer au plus vite le ou la coupable. A présent, l'urgentissime se présente sous le fait de sortir Artus des griffes des inquisiteurs. Et pour ce faire, le couple compte beaucoup sur l'intervention de leur bonne étoile, le chevalier Francisco de Léone, dont le pouvoir paraît sans fin.

Bref, encore un volet qu'on dévore sans pause, tant l'intrigue passionne, sans compter le plaisir de profiter de l'écriture plus que parfaite d'Andrea Japp. Toxicologue de formation, elle n'hésite pas à mettre sa science à profit pour nous servir sur un plateau des tentatives d'empoisonnement, dont les ingrédients paraissent toujours on ne peut plus documentés au lecteur lambda que nous sommes.

Et, que l'auteur le veuille ou non, ces mêmes lecteurs ont hâte de se replonger dans la suite de ce 4° tome. Parce que, quand même, ils restent encore un peu sur leur faim concernant entre autres les retrouvailles d'Agnès et de Clémence... lesquelles ne sauraient tarder dans un prochain opus ? Que non seulement nous espérons mais attendons de pied ferme.

Andrea H. Japp, « La dame sans terre », « Le combat des ombres », tome 4, Calmann-Lévy, 21,50 euros. 

mardi 12 février 2008

BD - Le looser pathétique


Pauvre Victor Lalouz. Sa vie est pathétique. Incroyablement drôle aussi. Mais ça il ne le sait pas... Diego Aranega, en imaginant ce personnage qui ne peut pas exister dans la vraie vie (du moins on l'espère fort), a chargé la mule. 

Petit, puceau, myope, chauve, imbu de sa personne, traumatisé par une mère possessive et un père travesti, il a finalement trouvé sa voie en animant une libre antenne la nuit dans une radio privée. Dans le troisième recueil de ses gags, il doit faire face à un découvert bancaire, se dégoter une colocataire, passer son permis de conduire et poursuivre son analyse. Les passages avec la colocataire sont délirants. 

La pauvre fille ne sait pas dans quelle galère elle vient de mettre les pieds. On pourrait la plaindre, on se contente de rire aux éclats...

« Victor Lalouz », Dargaud, 10,40 euros 

lundi 11 février 2008

BD - Travailleurs précaires


Seul aux manettes, Bernard Swysen a imaginé une agence de travail en intérim étonnante prétexte à une foule de petits délires en une page. Sorte de best of de la série Jobs de chez Bamboo, cette série se penche sur des boulots aussi divers que proctologue, sémanticien ou cryptozoologue. 

La meilleure source de gags restent les deux secrétaires de l'agence. Betty, une belle rousse, courtisée par les intérimaires mais malheureuse en amour et Annette, brune, acariâtre, énorme, débordée par son travail mais incapable de faire autre chose de ses moments de loisirs. Ces deux personnages forts, particulièrement réussis grâce à un dessin simplifié au maximum, permettent à la série de sortir un peu de l'ordinaire de la collection.

« Interim Agency », Bamboo, 9,45 euros 

dimanche 10 février 2008

BD - Acariens rieurs


Ce n'est pas parce qu'on est tout petit, voire microscopique que l'on n'a pas une vie sociale normale. Prenez les acariens par exemple. Invisibles à l'oeil nu, il ont pourtant une vie comme vous et moi. De Groot, le scénariste (Robin Dubois, Léonard) et Godi le dessinateur (l'élève Ducobu) relatent sous forme de gags et histoires complètes cette vie de l'infiniment petit. 

Surprise cela se passe essentiellement dans un bar et les deux héros, pour fuir leurs femmes envahissantes, engloutissent des quantités astronomiques « d'eau de vie de jus de furoncle ». Ils ont également des problèmes avec le fisc et détestent faire des courses dans les supermarchés. Ces acariens ne sont que les caricatures des humains sur lesquels ils prospèrent.

« Le bar des acariens », Glénat, 9,40 euros