vendredi 10 août 2007

BD - Le singe, les fleurs et l'amitié

Etre différent. Sortir du moule. Ce n'est jamais facile à vivre. Encore moins quand on est un singe nasique dans une forêt de Bornéo. Vernish aime être seul. Vernish aime surtout les fleurs. Il les cueille, les transforme en guirlandes odorantes et colorées. 

Vernish est devenu le souffre-douleur de la tribu. Les plus jeunes se moquent de lui et lui jettent des excréments à la figure. Vernish est au bord de la dépression. Il va chercher un peu de réconfort et de compréhension auprès de Koola, un vieux mâle vivant à l'écart, dans une carcasse d'avion juchée à la cime des arbres. Pour devenir l'ami de Koola, Vernish va prendre d'énormes risques. 

Il dérobe une bouteille de Coca-Cola à des militaires américains (l'action se déroule durant la seconde guerre mondiale). Un cadeau qui va totalement modifier les rapports entre les deux singes solitaires. 

Jean-Paul Krassinsky, après avoir conté les peines d'amour des « Cœurs boudinés », signe une fable animalière douce amère. Il est bien sympathique ce Vernish avec ses idées poétiques, mais ce n'est pas avec des fleurs qu'il s'en sortira, ni chez les singes, ni chez les hommes... 

("Le singe qui aimait les fleurs" Dargaud, 9,80 €) 

jeudi 9 août 2007

BD - Le combat selon Grogro

Panique au Donjon : trois princes combattants d'Hyperménorée veulent rencontrer un Péléen. Et pour que l'on s'occupe au plus vite de leur cas, ils se mettent à découper tout ce qui se présente de vivant devant leurs armes. Problème pour le Gardien, il ne sait même pas ce que c'est qu'un Péléen. La lumière viendra finalement de Grogro, le monstre à l'estomac géant. 

Il est un des derniers représentants des Péléens et il part donc avec les chevaliers hyperménoréens. Ces derniers veulent découvrir ses techniques de combats pour conjurer une malédiction planant sur leur peuple. Mais de technique, Grogro n'en a pas à proprement parlé. Il frappe, arrache les membres et avale le tout. Efficace, bien que parfois source de bavures. Qu'importe, les princes combattants pensent que désormais ils parviendront à inverser le cours de l'histoire. 

La série Donjon Parade est réalisée par un trio d'auteurs à la tête d'oeuvres personnelles très fortes : Lewis Trondheim et Johan Sfar écrivent le scénario pour Manu Larcenet, redevenu simple dessinateur le temps de ces 32 pages remplies de bagarres, de monstres et d'un sacré coup de théâtre final.

 ("Donjon Parade", Delcourt, 8,90 €) 

mercredi 8 août 2007

BD - Petits tracas à la Binet

Binet, délaisse parfois les Bidochon pour régler leur compte à des quidams basiques, ils n'ont rien d'exceptionnel, bref on pourrait se reconnaître parfaitement dans ces portraits acidulés. Huit histoires courtes indépendantes les unes des autres avec quelques personnages qui reviennent en cours de récit, mais tous sont présents pour un épilogue, explosion finale de ces impondérables bien malheureux. 

Parmi la galerie de portraits, Yvette Caspani est une mère désespérée. Son fils Loïc est trop gros. Il doit suivre un régime. Le docteur lui conseille de lui donner régulièrement des légumes. Mais les résultats ne sont pas concluants. Normal car pour faire avaler à Loïc haricots verts et carottes râpées Yvette utilise un drôle de chantage : « Tu auras des frites après ! Mais tu manges d'abord ton régime ! »

Demandeur d'emploi désespéré, directeur de cantine confronté à un problème de « colimorphes thermotolérants » découverts dans la nourriture, secte s'invitant à un conseil municipal : ces tranches de vie se dégustent avec gourmandise jusqu'au bouquet final, cerise sur le gâteau. 

("Impondérables", Fluide Glacial, 9,25 €) 

mardi 7 août 2007

BD - Chasse aux démons mexicains

Les non-conformistes vont adorer. Les autres se demander ce que cette suite de dessins veut bien dire. « La fin des temps » est l'oeuvre majeure de Samuel Hiti, auteur américain qui s'autoédite au pays des comics. Le premier volume, 120 pages en bichromie, permet de saisir la démarche créatrice de cet auteur d'à peine plus de 30 ans. Mario Roman est un charismatique chasseur de démons. 

Il est investit d'une mission : détruire un démon sévissant dans une petite ville sud-américaine. Tout est dans l'ambiance. Les longues séquences muettes permettent à Hiti de planter le décor. Ruelles étroites, gamins perdus, adeptes du vaudou... Mario Roman, grosse moustache, regard taciturne, tenue de combat, armé de fioles gorgées de potions aux pouvoirs immenses, va chercher et trouver ce démon terrifiant. 

Un affrontement dantesque, sur une très longue séquence d'une rare virtuosité graphique. Il n'hésite pas à utiliser des doubles pages pour donner encore plus d'ampleur au duel final. Oeuvre inclassable, « La fin des temps » va bien au-delà de la classique bande dessinée.

 ("La fin des temps", Les Humanoïdes Associés, 14,90 €) 

lundi 6 août 2007

Thriller - Un homme seul face au complot

Thriller bourré d'action et de suspense, ce premier roman de Daniel Rezlan entraîne le lecteur du Liban à New York en passant par Paris et la Catalogne.

Le roman d'action et d'espionnage a toujours bien fonctionné pour les lecteurs en manque d'émotions fortes. Daniel Rezlan, directeur d'une entreprise informatique, investit le genre pour signer un premier roman très abouti, à l'intrigue bien ficelée et aux personnages forts appelés à connaître de nouvelles aventures.

Le héros, Tom Valmer, est en fâcheuse posture dans les premières pages. En mission secrète et nocturne au cœur du Liban, il tente de libérer un soldat israélien capturé par un groupe de terroristes islamistes. Ses trois compagnons viennent d'être abattus, repérés par des satellites espions surveillant la propriété. Il se retrouve seul pour se sortir de ce guêpier. Avec une efficacité radicale (les cadavres ne se comptent plus derrière son passage), il va mettre en échec les terroristes, délivrer le soldat de Tsahal et fuir en hélicoptère pour finalement se poser en héros près de Tel Haviv.

Un héros qui veut rester très discret. Membre de l'UTAIR, Unité transnationale d'action et d'intervention rapide dépendant de l'ONU, il n'a pas officiellement d'existence. Tom Valmer ne se doute pas que son coup d'éclat contre ce qu'il croit être un nid de fanatiques est en fait un coup dur porté à une organisation mondiale du crime, l'ECTRE. Qui tombe d'autant plus mal qu'une vaste opération est sur le point d'être déclenchée.

Tom Valmer se fait des ennemis redoutables et croise à nouveau leur chemin à Paris au cours de sa mission suivante. Il est chargé de surveiller Léa Keller. Cette jeune femme, mariée à un riche Arabe, pourrait les renseigner sur un possible réseau dormant en France. Léa Keller qui est devenue très encombrante pour l'ECTRE qui décide de l'éliminer. L'assassinat est programmé en pleine rue à Paris. Mais Tom, en surveillance, ne peut s'empêcher d'intervenir et sauve Léa Keller. Il contrecarre pour la seconde fois les projets de l'ECTRE.

Menace sur la planète

Malgré l'opposition de ses chefs, Tom protège Léa, la suivant comme son ombre, de moins en moins insensible à son charme : « Elle n'était pas à proprement parler belle, se dit Valmer en la regardant monter dans sa voiture, mais il se dégageait de cette femme une aura qui retenait le regard. Son visage était régulier et fin, ses yeux vifs et on comprenait facilement qu'ils pouvaient être durs au point de vous mettre mal à l'aise. Les yeux d'une femme qui a souffert. Ce mélange de force et de dynamisme était en complète contradiction avec la tristesse du regard. » Tom apprendra à mieux connaître sa protégée. Elle vit un chantage permanent car son fils a été enlevé par les hommes d'ECTRE. Elle a cependant des documents qu'elle va négocier, avec l'aide de Tom.

De Figuères à New York en passant par les beaux quartiers de Paris et le Pakistan, ce thriller va aller crescendo, dévoilant au fil des coups de théâtre le véritable but d'ECTRE, organisation alliée avec les pires mouvements terroristes, de l'IRA au réseau d'Al Qaida. A la lecture de ces 370 pages nerveuses et détonantes, on est séduit en premier lieu par les personnages, exceptionnels tout en restant humains. Si l'objectif final de l'organisation mondiale mafieuse semble très utopique, il reste qu'au niveau local, dans diverses régions du monde, elle semble on ne peut plus plausible. Mais tant que Tom Valmer reste dans les parages, les démocraties peuvent dormir sur leurs deux oreilles...

« Il faut tuer Léa Keller », Daniel Rezlan, Albin Michel, 19,80 € 

dimanche 5 août 2007

BD - Infernal, mais branché

L’Enfer s’est modernisé. Dès les années 50, les démons chargés de recruter les âmes des damnés ont révisé leurs méthodes. Exit les signes ostensibles pour un simple costard cravate d’un employé de bureau. Maxime Murène étrenne son nouvel uniforme pour sa première mission en tant que RDA, représentant démoniaque assermenté. 

A la demande d’un certain Duras, il doit tout faire pour retrouver sa fille, une certaine Julie. Le contrat dûment signé, Murène se met en chasse. Il doit dans un premier temps remuer tout un tas de paperasserie, car dans les enfers comme ailleurs, la bureaucratie a pris le pouvoir. Des heures à chercher pour finalement découvrir que le dossier de Julie est verrouillé car il s’agit d’une VAS, vierge en attente de sainteté. Et là tout se complique car on quitte le domaine de l’humain pour celui du sacré. La vieille guerre entre démons et anges reprend le dessus, le fantastique aussi. 

Premier titre de Jarry et Nouhaud, ce Maxime Murène détonne par son ton décalé et son graphisme léché. Il n’y a pas de suite annoncée. Pour une fois, c’est bien dommage…

 ("Maxime Murène", Delcourt, 12,50 €) 

samedi 4 août 2007

BD - Où est le soleil Inca ?


Pour les Incas, le Soleil est plus important que tout. Quand un matin, ils constatent que leur Dieu n'a pas daigné se lever, c'est la grosse panique. Il faut trouver des explications et si possible des remèdes. Le premier coupable ce sera Maki le manchot. 

Ce gardien de lamas, dans un rêve prémonitoire, a raconté à un enfant l'absence du soleil. Mal lui en a pris. Il sera sacrifié. De même que quantité d'animaux... Mais ce grand bouleversement donne également des idées à des nobles pour collecter un impôt supplémentaire et à des villageois pour se rebeller. 

Une série écrite par Vehlmann et dessinée par Franz Duchazeau au style anguleux et brillant. 

("La nuit de l'Inca", Dargaud, 9,45 €) 

vendredi 3 août 2007

BD - Conte d'Ouessant

A l'extrémité de la Bretagne, l'île d'Ouesssant a toujours été une terre de légendes. Elle a inspiré de nombreux conteurs. Anatole Le Braz en fait partie. Sa nouvelle « Le sang de la sirène » sert de trame à cet album de BD, le premier de Sandro, le dessinateur. 

C'est François Debois qui a adapté le texte original. L'action se déroule en 1897. Anatole, un écrivain se rend sur Ouessant pour recueillir les légendes locales et les retranscrire en vue de les publier dans un gros recueil. 

Au cours de la traversée, il rencontre la belle et secrète Marie-Ange Morvac'h. Ce serait la dernière descendante de la sirène ayant trahi les siennes pour rejoindre un beau pêcheur d'Ouessant. Anatole découvre cette légende au cours de son séjour. Les langues ne se délient pas facilement car la famille est frappée d'une malédiction. Anatole, le cœur brisé, n'est pas insensible au charme de Marie-Ange. 

Mais les événements vont s'accélérer et toute idée romantique déserter l'île, battue par de redoutable tempêtes. 

Publié dans la collection Celtic, ce récit complet nous fait voyager sur cette terre désolée où s'accroche contre vents et marées une communauté qui trouve toute sa force dans une cohésion à toute épreuve. 

("Le sang de la sirène", Soleil, 12,90 €) 

jeudi 2 août 2007

BD - Chien à tout faire

Amateurs de coca frappé, cette BD est pour vous. Du coca très agité, qui fait beaucoup de mousse. Suffisamment pour transformer la bouteille en réacteur capable de vous projeter dans les airs à une vitesse supersonique. C'est une des activités préférées de Tony, sale gamin toujours à la recherche d'une grosse bêtise à faire. Il a un chien, Alberto, brave toutou ne demandant rien à personne si ce n'est de faire des siestes en toute quiétude. 

Imaginés et dessinés par le Toulousain Dab's, ces gags sont irrésistibles. Avec de huitième album il a tous les personnages en main : le panda, les copains de Tony, Dominique la correspondante d'Alberto et Calogéro, le pigeon. Parmi les nouveatés de ce 8e opus, un collier électrique qui donne un pouvoir redoutable à Tony sur Alberto. Il suffit d'appuyer sur le bouton du boitier pour qu'une décharge électrique traverse le pauvre chien. A la limite du sadisme. Mais on se doute bien qu'à un moment ou un autre, cela se retournera contre le garnement. Cela ne manque pas et c'est d'autant plus savoureux. 

Une série devenue un must, comme Titeuf, que l'on retrouve chaque mois dans Tchô. 

("Tony et Alberto", Glénat, 9,40 €) 

mercredi 1 août 2007

BD - Ric Hochet au théâtre

Décidément, Ric Hochet, aura tout fait dans son interminable carrière. Dans le 73e album de ses aventures, il s'essaie au théâtre. Le propriétaire d'un théâtre en difficulté a eu la bonne idée de faire jouer son propre rôle au journaliste détective dans une pièce policière. Mais le soir de la première, on frôle l'accident : le pistolet utilisé par le « méchant » de la pièce a de vraies balles au lieu de munition à blanc comme prévu. 

Un premier avertissement pour Ric qui va rapidement se lancer sur les traces d'un tueur en série, affronter le Bourreau dont c'est le grand retour, se battre avec son père, apprendre que sa mère n'est peut-être pas morte et jouer devant le ministre de l'Intérieur, futur président de la République beaucoup moins courageux que notre héros. Bref, André-Paul Duchâteau, le scénariste, une nouvelle fois, a mis le maximum de rebondissements, d'action et de fausses pistes dans ce récit à la facture très classique. Tibet, le dessinateur, ne semble pas se lasser de ces aventures policières mouvementées. 

Il se fait parfois plaisir comme cette caricature du ministre de l'Intérieur ou la représentation de Nadine, l'amie de cœur de Ric Hochet, les seins nus... (Le Lombard, 8,70 €)