mercredi 7 juin 2006

BD - Rigolade ovale


Méfiez-vous, les rugbymen du PAC (Paillar Athlétic Club) sont de nouveau de sortie. Troisième album des aventures de Loupiote, la Couane, l’Anesthésiste, la Teigne et Bourrichon, tous joueurs de champ du PAC sous la houlette de Bernard Duteroir, l’Entraîneur. Beka (scénario) et Poupard (dessin) ont tout compris de l’esprit rugby de village. Ils caricaturent à l’excès ces sportifs au QI assez limité et qui accordent beaucoup plus d’importance au menu de la troisième mi-temps qu’à l’état du terrain. 
On apprécie particulièrement dans cet album la tournée effectuée par le PAC en Angleterre sur une vingtaine de gags. Nos bourrins de l’ovalie ont des problèmes dès le passage de la frontière quand les douaniers découvrent dans les bagages des joueurs poulets, cochons et autres canards encore en vie. Sur le terrain, pas facile de s’adapter au ballon glissant. Par contre dans les pubs, la communion est complète autour des chopes de bière. Mais l’arme absolue des Anglais reste leur cuisine, très efficace pour mettre sur les rotules nos vaillants rugbymen. (Bamboo, 9,45 €)

mardi 6 juin 2006

BD - IL, du Tezuka fantastique


Osuma Tezuka est tout simplement surnommé « le Dieu du manga ». Je ne peux que vous conseiller de lire ce recueil d’histoires fantastiques datant des années 70. Le créateur d’Astro Boy avait en fait une palette de styles infinie. Ces 14 histoires complètes content les aventures d’un jeune cinéaste abandonné des producteurs, Daisaku, découvrant dans une maison en ruines une jeune femme reposant dans un cercueil.

Le comte Alucard lui explique que I.L peut prendre l’apparence de n’importe quelle autre femme. Sous la direction de Daisaku, metteur en scène du réel, la femme-caméléon va permettre, par exemple, à un condamné à mort de passer les dix dernières minutes de sa vie en compagnie de sa femme. Dans un autre récit, elle démasquera un ancien amant tenté de dénoncer sa maîtresse à la police politique d’une république socialiste imaginaire.

A ne pas manquer la très poétique et triste « Yoshiko la bohème ». La déchéance d’une adolescente errant dans les rues et survivant en se faisant tatouer, contre un peu d’argent, des milliers de fleurs sur tout son corps. (Casterman-Sakka, 11,95 €)

lundi 5 juin 2006

BD - L’homme qui s’évada


En 1928, les reportages et livres d’Albert Londres sur le bagne de Cayenne en Guyane ont provoqué un vaste mouvement d’indignation. Il décrivait, avec ce sens du détail humain caractéristique du plus grand reporter français de tous les temps, l’enfer quotidien promis aux bagnards. Et dans les condamnés, il y avait des innocents comme Dieudonné, simple militant anarchiste ayant payé lourdement son amitié avec des membres de la bande à Bonnot. Dieudonné rencontré une première fois en prison, puis au Brésil, après son évasion. De ce récit, Laurent Maffre en a tiré un gros album noir et blanc de 128 pages. La première partie décrit la vie des bagnards et la seconde, la plus longue et passionnante, la cavale de Dieudonné et de ses compagnons. Ils ont du affronter les maladies, les bêtes sauvages, les chasseurs de primes et les escrocs avant de pouvoir enfin espérer reprendre une vie normale au Brésil. Un témoignage poignant sur la liberté. Et ce n’est pas si vieux, moins d’un siècle… (Actes Sud BD, 22 €)

dimanche 4 juin 2006

BD - Vlad par Hermann


Dracula est devenu en quelques dizaines d’années une figure incontournable de la littérature fantastique. Mais derrière le mythe, il y a un véritable personnage historique, moins effrayant que sa copie littéraire, mais certainement plus cruel. Hermann a illustré ce long récit historique (60 pages) sur un scénario de son fils, Yves H. De 1430, année de sa naissance à l’hiver 1476 qui a vu sa mort sur un champ de bataille, Dracula aura la plupart du temps terrorisé la population de son petit état, la Transylvanie. Une principauté servant de tampon entre le royaume chrétien de Hongrie et le Bosphore aux mains des musulmans. Ces derniers cherchent sans cesse de gagner du terrain, de remonter vers le Nord. Par la force, mais également en signant des traités avec les autorités locales. Dracula, prisonnier du sultan dans son enfance, sera un allié de ce dernier avant de se convertir au catholicisme et décimer les hommes au croissant. Des méthodes expéditives pour les perdants : le pal. Une sinistre légende illustrée par Hermann avec son brio habituel. (Casterman, 14,75 €)

dimanche 16 janvier 2005

BD - Il faut tuer José Bové, première BD signée Jul


Premier album signé Jul, Il faut tuer José Bové ne devrait pas passer inaperçu.

Le ton résolument caricatural et délirant entraîne le lecteur dans un tourbillon de gags ou de situations toutes plus cocasses les unes que les autres. Dans les premières pages, un industriel vient de confirmer la fabrication en Chine de 800 000 poupées à l'effigie du chantre de l'altermondialisation.

Problème : l'Aveyronnais le plus célèbre de la planète n'est pas d'accord.

Seule solution pour le PDG : tuer le leader syndical pour se passer de son accord au moment de la commercialisation.

Le capitaliste sans scrupule demande à deux de ses amis de plancher également sur ce contrat. Mais il n'est pas simple d'attenter aux jours de Bové, gardé 24 h sur 24 par des brebis entraînées à toutes les techniques de combat.

On croise dans ces 56 pages un tueur pas futé, des clones fabriqués par Raël, des militants altermondialistes et autres bénévoles de la bonne cause. Tous en prennent pour leur grade. Jul a le pinceau acéré.

"Il faut tuer José Bové", Jul, Albin Michel

samedi 19 juin 2004

BD - Les "Premières chaleurs" selon Jean-Philippe Peyraud

 


De plus en plus attachante cette série humoristo-réaliste de Jean-Philippe Peyraud. Pour la quatrième fois, on retrouve six jeunes adultes urbains en pleine construction. Les couples se font, de cherchent, se stabilisent et les envies d’enfants se font de plus en plus pressantes. 

C’est notamment le cas de Gaby, amoureux de Tiphaine. Il envisage même de s’installer chez elle. Reste le problème de Jean-Bath, son vieil ami avec qui il partage une colocation depuis deux ans. Gaby craint l’annonce de son départ. Il repousse sans cesse l’échéance jusqu’au jour où Jean-Bath l’apprend par la bande. Psychodrame entre les deux hommes. 

Mais dans cette histoire on savourera également le régime de Véro, le manque d’inspiration de Marco, la partie de cache-cache d’Abie dans les poubelles de son immeuble et les considérations de Globule et Nini sur la crise de l’immobilier. Contemporaine sans être trop caricaturale, cette série justifie à elle toute seule la collection ; « Ligne de vie ». 

(Casterman, 9,50 €)

vendredi 18 juin 2004

BD - "Rester normal à Saint-Tropez" de Beigbeder et Philippe Bertrand


Après une première collaboration remarquée entre Frédéric Beigbeder et Philippe Bertrand, le duo se reforme et investit Saint-Tropez. Dans une longue introduction, le scénariste explique que Philippe Bertrand voulait « dessiner des plages avec des filles nues, des fêtes au champagne, des villas avec piscine. » 

Pour le coup, il est servi, l’entourage de Junior baignant dans le fric, les filles faciles et la corruption. Sans se prendre au sérieux, les deux zigomars, après un week-end de repérages sur les lieux de l’action nous proposent une gentille pochade où il est question d’anonymat, de bombe nucléaire, de terrorisme, d’enlèvement de riche héritière avec en guest-stars remarquées Ben Laden en personne, Chirac et même Bush. 

Reste le meilleur de ces  46 pages totalement déjantées : les filles de Philippe Bertrand, idiotes, faciles et pourtant sublimes. 

(Dargaud, 12,60 €)

jeudi 17 juin 2004

"Mister Georges" par Rodolphe, Le Tendre et Labiano


Prometteuse série écrite à deux mains par Rodolphe et Le Tendre pour une mise en images par Labiano, le lecteur connaît enfin la véritable identité de Mister George dans de second et dernier volume de la série. Et il est un peu déçu, il faut bien le reconnaître, de nombreux éléments restant dans le flou. 

Aidé d’une jeune journaliste, cet amnésique recherché par toutes les polices du pays trouve refuge dans une grande ville. Il tente de vérifier le passé que lui racontait sa pseudo-femme. Tout étant faux, il doute de sa raison pour finalement découvrir le pot aux roses grâce à un spot publicitaire… 

Labiano excelle toujours autant pour reproduire ces paysages urbains américains. Cela reste malgré ces réserves une des meilleures productions de la collection « Signé » du Lombard. (Le Lombard, 11,90 €)



dimanche 13 juin 2004

Roman - "Ecrits fantômes" de David Mitchell

Trader à Hongkong, trafiquant de tableau à Saint-Petersbourg ou esprit en Mongolie, les héros de ce roman de David Mitchell sont multiples et variés.


Roman fleuve, roman gigogne, roman planétaire : « Ecrits fantômes » de David Mitchell nous fait faire un tour de la planète et de toute cette humanité qui tente de survivre, de plus en plus difficilement chaque jour. 

De Hongkong à Londres en passant par Saint-Pétersbourg ou les steppes perdues de la Mongolie, ce jeune écrivain anglais ayant longtemps vécu au Japon brosse des portraits très différents les uns des autres mais qui ont pourtant d'infimes points communs. 

Première plongée dans ce monde de folie avec la fuite dans le Japon profond du membre d'une secte. Il vient de répandre dans le métro de Tokyo du gaz sarin provoquant la mort de plusieurs personnes. Mais de son point de vue il n'a fait que "libérer" des âmes égarées. Avec une précision et une logique implacable, l'auteur se met à la place de cet homme endoctriné, fanatique, totalement coupé de la réalité. Quand il découvre à la télévision l'émoi que l'attentat a provoqué dans le pays, il ne panique pas. Au contraire, il est persuadé que les dirigeants de son organisation vont venir le sauver et qu'il deviendra célèbre, ayant participé à la première "purification". 

Autre vie au Japon, beaucoup plus banale, celle d'un jeune vendeur de disques de jazz. Il hésite sur la voie à prendre. Aller travailler dans une maison d'édition, continuer ce job de disquaire, reprendre ses études ou partir avec cette jeune fille qu'il a croisée un jour dans la boutique ? L'amour aura le dernier mot. 

Du trader à l’esprit. Dans l'extrême, David Mitchell propose la vie hyper matérialiste de ce trader anglais travaillant à Hongkong. Il gère des sommes colossales et sous des airs de premier de la classe, il trafique au maximum, blanchissant de l'argent sale en provenance de Russie. Un matin, en partant travailler dans la cohue des costards cravates, il a l'intuition que le jeu est terminé. Il bazarde tout son attirail et part à l'aventure, à la découverte de cette ville qu'il ne connaît pas. Un passage pathétique, qui nous met en condition avant de découvrir la vie, sur plusieurs décennies, d'une Chinoise qui toute sa vie sera agressée, par les notables, les Japonais ou les communistes. Elle restera des années durant dans une hutte à thé, recevant les moines venus en pèlerinages sur cette montagne sacrée. Elle sera également conseillée et protégé par un esprit qui va de corps en corps. 

Un esprit qui se retrouve en Mongolie, recherchant l'origine d'un conte qui l'obsède. Une partie fantastique, déroutante, exemple parfait de l'imagination débordante de l'auteur. 

Mille vies, mille destins. Le lecteur se laisse guider avec un plaisir de plus en plus évident dans ces mondes si différents les uns des autres. Il pourra ainsi découvrir les rêves d'une Lolita russe, maîtresse d'un escroc de haut vol qui ambitionne de voler un tableau de Delacroix dans le musée de Saint-Pétersbourg puis découvrir tous les plaisirs de la vie nocturne branchée londonienne et les doutes d’une chercheuse en physique quantique. Mille vies, mille destins et autant de ramifications possibles entres les récits qui s'imbriquent et se répondent comme des poupées gigognes.  

« Ecrits fantômes », David Mitchell, Editions de l’Olivier, 21 €

mercredi 5 mai 2004

BD - "Lucy" de Malès et Thirault



Second titre de la nouvelle collection « Empreintes » de chez Dupuis, le premier tome de Lucy est signé par un duo qui a déjà fait ses preuves : Malès et Thirault. Dans cette Amérique légendaire de la conquête de l’Ouest, une nouvelle chimère vient amplifier l’exode vers la Californie : la découverte d’or en grosse quantité. 

Mais les premiers filons sont vite épuisés et les derniers arrivants ne trouvent que cailloux, maladie, famine et mort… Alex Harrison a abandonné sa famille de Boston pour faire fortune sous le soleil. Mais il ne trouvera que la folie dans ce désert inhospitalier. Il mourra dans les bras de son meilleur ami, Clyde Morgan. 

Clyde a fait le voyage pour les beaux yeux de la cousine d’Alex, la belle Lucy qui est le fil conducteur de cet album parfaitement maîtrisé en matière de narration. 

(Dupuis, 12,94 €)