mercredi 6 décembre 2023

Un livre jeunesse : Chien Pourri voyage dans le temps


Chien Pourri et Chaplapla découvrent une poubelle à remonter le temps. Une chance pour le chat écrabouillé dans sa jeunesse. Il profite de l’aubaine pour retourner dans le passé, avant l’accident.


Mais Chien Pourri découvre que son ami, qui répond au nom de Châtaigne, n’est qu’un chaton, qu’il ne se souvient pas de son copain le chien et vit dans l’opulence. Encore un petit roman hilarant (le 14e !) signé Colas Gutman avec des illustrations de Marc Boutavant.

Les deux compères affrontent les dédales du temps, de l’oubli et du pas toujours vrai : « C’était mieux avant ! ».

« Chien Pourri et la poubelle à remonter le temps », L’école des Loisirs, 8 €

mardi 5 décembre 2023

Un manga : La théorie du KO


Côté manga, il va falloir de plus en plus compter sur les auteurs français. Mathieu Reynès signe le premier tome de La théorie du KO, série alliant science-fiction, combats, pandémies et crise écologique. Dans un futur proche, les virus se multiplient.

Un monde ultra-contrôlé où la jeune Beck, experte en art martial, va mettre ses poings à contribution pour retrouver son « maître ».



Dessins et décors très recherchés, intrigue palpitante et personnages attachants : cette première livraison, dans un format un peu plus grand, prouve qu’un bon dessin et une intrigue originale se moquent des modes et sauront toujours passionner les amateurs de pure narration graphique.

« La théorie du KO » (tome 1), Vega Dupuis, 200 pages, 12,50 €

lundi 4 décembre 2023

Polar - « La nuit des fous » et son énigme non résolue

Un policier dépressif tente de découvrir pourquoi cinq jeunes filles ont été assassinées dans les années 70. Enquête dans le passé et la folie des hommes.



Comme quelques auteurs, Anouk Shutterberg a changé de maison d’édition. Mais pas d’éditrice. Elle a suivi Céline Thoulouze quand cette dernière a décidé de créer les éditions Récamier. Dans La nuit des fous, on retrouve le héros récurrent qui a lancé cette romancière.

Il est mal en point le commandant Stéphane Jourdain. Une troisième enquête mais sans sa coéquipière habituelle, Lucie, sa fille. Morte. Par sa faute. Il déprime, se bourre d’anxiolytique et a accepté un poste moins prestigieux à l’Office central pour la répression des violences aux personnes. Une sorte de petit FBI français qui peut intervenir partout en France.

Quand des ouvriers découvrent cinq caisses en bois contenant des cadavres, Jourdain se rend sur place dans le Jura. Il découvrira, avec l’aide d’une policière locale dynamique que ce sont cinq jeunes filles, internées dans un hôpital psychiatrique voisin, disparues depuis une nuit d’été en 1975. En parallèle à l’enquête classique, la romancière raconte comment Élise, une jeune femme solitaire, retrouve sa tante qui passe une retraite paisible dans une ferme isolée dans les Cévennes. Quel rapport entre les deux affaires ?

C’est une véritable enquête dans le passé et la folie des hommes qui est proposée au lecteur. On apprécie la description de la dépression de Jourdain, flic efficace mais humain sensible. Son équipe, composée essentiellement de femmes, va tout faire pour le remotiver. Juste ce qu’il faut pour qu’il tente d’arriver à temps pour sauver une victime et son bébé. Un polar aux personnages habités par la force, la volonté ou la folie.

« La nuit des fous » d’Anouk Shutterberg, Récamier Noir, 368 pages, 20 €
 

dimanche 3 décembre 2023

BD - Terreur à Copenhague


Qui assassine des femmes de petite vertu dans le ghetto juif de Copenhague ? Nous sommes en 1905 et la police semble peu concernée par cette série de crimes.

Pour résoudre l’affaire, Benni Bodker (scénario) et Christian Hojgaard (dessin) imaginent une enquêtrice peu banale. Nathan, dactylo au commissariat, elle-même juive mais ne vivant pas dans le ghetto, va tenter de remonter la piste de ce tueur sadique. Elle va traîner dans les milieux défavorisés de ce quartier abandonné de tous. A ses risques et périls. Car dans le ghetto, à l’époque, le clan des bouchers et les policiers corrompus font régner la terreur.


Entre reconstitution historique, enquête policière et histoire fantastique terrifiante, cette copieuse BD intitulée Meschugge, en noir et blanc, permet au lecteur de prendre conscience que les auteurs danois ne sont pas uniquement excellents en littérature noire, ils assurent également en BD.

« Meschugge », Glénat, 144 pages, 23 €

samedi 2 décembre 2023

BD - Alva, voleuse divine


De nos jours, Morten et Mini, deux petits cambrioleurs, doivent récupérer dans le coffre d’un vieil homme des pièces d’or qui ont tapé dans l’œil d’un receleur. Pour être sûrs de réussir leur coup, ils demandent de l’aide à Alva.

Une jeune fille qui a la faculté de grimper avec aisance tout immeuble de cette grande ville suédoise. Sur place, ils trouvent bien les pièces, mais par mégarde libèrent également Sidsel, une sorcière géante qui aime la chair humaine.


Ce thriller en noir et blanc écrit par Aksel Studsgarth et dessiné par Daniel Hansen, expert en story-board, verra Alva découvrir ses véritables origines quasiment divines, d’où vient son don et comment elle va tenter de vaincre Sidsel. Sans oublier la guerre avec les Artisans, des hommes chargés d’éliminer tout rescapé du Peuple des Nuages. Un roman graphique d’exception, qui devrait avoir une suite. Joie !

« Alva dans la nuit », Glénat, 264 pages, 24,50 €


vendredi 1 décembre 2023

BD - Thorgal chasse les yeux


Repris par Yann au scénario et Vignaux au dessin, Thorgal continue sa longue quête d’aventures dans le Grand Nord. Il quitte enfin la zone du vaisseau spatial qui l’a amené sur terre pour replonger dans des légendes nordiques qui constituent le cœur de la série créée par Van Hamme et Rosinski il y a déjà 46 ans.

Sur un frêle esquif, avec Jolan son fils et la compagne de ce dernier Boréale, ultime rescapée du vaisseau spatial, il s’échoue sur un récif. Il va chercher du secours dans un village terrorisé par un chef despotique. Il devra ramener une roche garnie des yeux d’un millier d’habitants d’Asgard.


Entre des traîtres, des vipères rouges, des charlatans et une jeune guerrière désirant se venger, le héros a beaucoup à faire. Un épisode dense, à la narration parfaite comme toujours avec Yann, et des dessins qui s’éloignent de plus en plus du style de Rosinski. En réalité, on a l’impression que Vignaux, le dessinateur, manie le pinceau aussi bien qu’un René Follet voire un Raymond Poïvet.

« Thorgal » (tome 41), Le Lombard, 48 pages, 12,95 €


jeudi 30 novembre 2023

Cinéma - “Perfect Days” ou la sérénité dans la propreté


Peut-on vivre tel un ermite dans une des plus grandes mégalopoles du monde, Tokyo ? Est-il possible de décider de revivre au quotidien une unique journée immuable, rythmée par les mêmes actions et rendez-vous ? Pour Wim Wenders, ces deux attitudes sont toute la vie de Hirayama (Koji Yakusho), un homme d’une déroutante simplicité, personnage principal de Perfect Days, film découvert au dernier festival de Cannes.

Une longue ode à la contemplation, au silence à la sérénité et à la simplicité de la nature. Pour faire passer ces émotions primaires, qui ont déserté les zones urbaines, le réalisateur allemand a fait confiance à ce comédien déjà remarqué dans The Third Murder de Kore-eda. Un excellent choix, Yakusho repartant de la Croisette avec le Prix d’interprétation masculine. Il incarne parfaitement cette immobilité répétitive volontaire. Avec la force de faire comprendre que ce n’est pas contraint.

Il a fait ce choix de solitude, de silence, de travail ingrat. Et cela passe par la répétition. La première demi-heure verra le montre se brosser les dents quatre fois, nettoyer une dizaine de toilettes publiques, boire toujours le même café en partant au boulot au volant de sa camionnette. Sa force : oublier, occulter le monde qui l’entoure. Se contenter de regarder le ciel en souriant, de photographier (sur des pellicules argentiques) les frondaisons des arbres, écouter des classiques des années 70 (Lou Reed et d’autres) sur des cassettes. Le spectateur pressé et moderne ne tiendra pas longtemps.
Celui qui est ouvert à la beauté et à la lenteur du monde, ressortira de la salle avec des batteries d’optimisme et de sérénité gonflées à bloc.


 Film de Wim Wenders avec Koji Yakusho, Tokio Emoto, Arisa Nakano.



Cinéma - Asha, héroïne de “Wish” et future star des fêtes

100 ans que Walt Disney enchante les enfants. 100 ans célébrés avec la sortie d’un nouveau film d’animation en salles : Wish ou Asha et la bonne étoile.


Grand retour dans les salles obscures du Disney de fin d’année. Si l’an dernier Avalonia avait été privé de sortie au cinéma pour débarquer directement sur la plateforme de streaming Disney +, Wish - Asha et la bonne étoile marque le retour de la célèbre maison de production qui fête cette année ses 100 ans. Une sortie qui fera le bonheur des amateurs de comédie musicale car il y a 7 chansons originales dans ce film donnant la part belle à la magie. Sur l’île de Rosas (rien à voir avec la ville catalane même si ce petit pays insulaire est situé en Méditerranée), Magnifico, un roi sorcier, est adulé par la population.

Joie et concorde règnent dans ce royaume qui accueille tout le monde sans distinction de race, de religion ou de nationalité. Pour devenir citoyen de Rosas, il suffit, si l’on a plus de 18 ans, de confier au roi son vœu le plus cher. Le sorcier l’enferme dans une bulle pour le protéger et le place dans la salle des vœux au sommet du château. Et qui sait, un jour, Magnifico décidera peut-être de le réaliser.

Asha, jeune métisse, adorable avec ses tresses africaines et ses taches de rousseur, espère devenir apprentie du roi. Lors de son entretien elle apprend que le monarque magicien ne protège pas les vœux, mais les garde prisonniers. Pour empêcher certaines idées trop révolutionnaires de se réaliser. Révoltée, la jeune fille décide de libérer les vœux de son grand-père et de sa mère. Elle sera aidée dans sa quête par une étoile magique.

Le film, parfois un peu compliqué pour les plus jeunes, aborde de façon assez directe le thème de la liberté et du libre choix. Certes la vie sur Rosas semble douce et idyllique, mais en réalité en perdant leur vœu le plus cher, les habitants abandonnent leurs rêves et sombrent inéluctablement dans une désespérance morbide. Magnifico, sous des dehors gentils et séducteurs est un despote absolu.

Seule la reine, Amaya, dans l’ombre, semble prendre conscience des risques de cette dérive. Et Asha, l’héroïne, la flamme de la liberté qui va embraser la population et l’entraîner dans son sillage. Aidée par la petite étoile, doudou parfait qui devrait se multiplier sous forme de peluche aux pieds des sapins des enfants sages. Et puis il y a quelques gags bien amenés (Valentino, la chèvre, est la plus réussie) sans oublier les chansons, rythmées et modernes. Avec quelques tubes en puissance comme Je fais le vœu ou le moins classique mais très entraînant Ma récompense.

Film d’animation de Chris Buck et Fawn Veerasunthorn avec les voix françaises d’Océane Demontis, Lambert Wilson, Gérard Darmon, Isabelle Adjani.
 

mercredi 29 novembre 2023

Sortie en DVD et blu-ray du film iranien "Les ombres persanes"

Les ombres persanes, qui sort en DVD et blu-ray chez Diaphana Vidéo, est un magistral thriller psychologique du réalisateur iranien Mani Haghighi. Dans un Téhéran crépusculaire, noyé sous une pluie battante incessante, une femme croit devenir folle. Farzaneh (Taraneh Alidoosti), monitrice d’auto-école, voit son mari Jalal (Navid Mohammadzadeh) prendre un bus et se rendre chez une autre femme qui est son propre sosie. Mais en réalité, il y a deux couples et deux sosies...

 Le scénario, subtil, permet à ces Ombres persanes de toucher à l’universalité. Et malgré une interprétation impeccable des deux comédiens iraniens, c’est l’œuvre idéale pour être adaptée aux USA et devenir un immense succès à l’international.

mardi 28 novembre 2023

BD - La 2e révolte du Bounty

Toujours dans le Pacifique Sud, autre île isolée et sauvage Pitcairn. Longtemps inhabitée, elle sert de refuge ultime pour les révoltés du Bounty. Mark Eacersall et Sébastien Laurier, les scénaristes, ne s’intéressent pas à la célèbre mutinerie sur le voilier mais à la vie sur l’île au fil des années.

Dans ce troisième tome (sur quatre prévus au total), c’est une nouvelle révolte qui débute. Les marins européens, vivant depuis une dizaine d’années avec des femmes tahitiennes, ont abandonné leur idée de société égalitaire pour reproduire les schémas en cours dans cette fin du XVIIIe siècle.

Les quelques hommes tahitiens débarqués avec eux sont désormais considérés comme des esclaves et subissent violences et brimades. Ce sont eux, avec Menalee à leur tête, qui se révoltent. Un matin, le jour de la naissance de Mary, la fille de Christian Fletcher et de sa femme Maimiti, ils s’emparent des fusils et abattent froidement les marins. Fletcher en premier. La guerre et la vengeance seront le quotidien des survivants. Les femmes veulent venger leurs maris, Menalee veut devenir chef, Deux rescapés se cachent dans la forêt et vont tenter de reprendre le pouvoir.

Après la première scène d’une grande violence, l’album est essentiellement composé de palabres et négociations. Comment une toute petite communauté peut se déchirer puis retrouver un semblant d’équilibre ? Une leçon de vie (et de mort), dessinée par Gyula Németh, auteur italien au trait expressif et aux cadrages efficaces.

« Pitcairn » (tome 3), Glénat, 56 pages, 14,95 €