mardi 7 novembre 2023

Un roman historique - Temps croisés de Guy Bosschaerts


Bien connu des lecteurs de l’Indépendant (édition Catalan), Guy Bosschaerts est chroniqueur judiciaire. Autre corde à son arc, l’écriture de roman. Après la fantasy, il propose un roman historique, « saga archéologique addictive » selon son éditeur. Un jeune chevalier catalan va vivre de l’intérieur les croisades. Devenu Templier, il combat mais découvre aussi toutes les richesses des civilisations orientales. Un texte qui permet à l’auteur de revenir sur certaines légendes (arche d’Alliance, alchimie).

Guy Bosschaerts propose une conférence sur les origines du monothéisme depuis Ramsès II suivi d’une rencontre dédicace le 16 novembre à 18 h 30 à la médiathèque de Perpignan.

« Temps croisés » (tome 1), de Guy Bosschaerts, éditions Erick Bonnier, 268 pages, 21 €

lundi 6 novembre 2023

Un grimoire - La sorcellerie à la portée de tous


La fête des sorcières récemment à Tressère dans les Pyrénées-Orientales a fait le plein. Preuve que ce monde plaît toujours autant. Dans ce Grimoire de sorcellerie écrit par Alice Durand, vous pourrez découvrir quelques recettes simples de décoctions aux plantes mais surtout des explications scientifiques pour comprendre leurs effets. Une connaissance qui aurait certainement sauvé quelques têtes à une certaines époque.

Illustré par Marine Coutroutsios, ce livre vous apprend aussi à réaliser votre baguette, à écrire à l’encre de betterave ou, de façon plus ludique, découvrir la recette qui vous permettra de réaliser une décoction à l’odeur putride.

« Mon grimoire de sorcellerie », Delachaux et Niestlé, 96 pages, 14,90 €

dimanche 5 novembre 2023

BD - École magique sur l'île du Crâne


La collection Jungle Pépites continue de proposer des adaptations en BD de romans jeunesse de qualité. Avec L’île du Crâne, c’est au monde imaginé par Anthony Horowitz que les jeunes lecteurs auront accès en images.

Maxe L’Hermenier se charge des textes, Clément Lefèvre des dessins. Bien avant Harry Potter, un auteur anglais a imaginé une école qui ne recevait en son sein que de jeunes sorciers aux pouvoirs balbutiants. David Eliot est un élève difficile. Une nouvelle fois exclu, il fait le désespoir de ses parents.


À moins que Groosham Grange sur l’île du Crâne n’arrive à le canaliser. Le jeune garçon va découvrir que ce lieu a tout du cauchemar éveillé. Isolé, sinistre : les professeurs sont inquiétants et les autres élèves hautains. De plus, la nuit, il se passe de drôles de choses. Avec deux amis arrivés avec lui le même jour, il va tenter de s’évader. Mais est-ce bien raisonnable d’essayer d’échapper à son destin ?

Une très jolie BD avec des dessins modernes tout en couleurs directes numérisées. De plus David a suffisamment de personnalité pour que les jeunes lecteurs s’identifient à lui. Et à son pouvoir.

L’île du crâne (tome 1), Jungle, 72 pages, 16,95 €

samedi 4 novembre 2023

Un beau livre - La grande mêlée cuisinée par Gilles Navarro

Il faudra pas mal de temps aux amateurs de ballon ovale pour digérer l’élimination de la France par les futurs champions du monde.

On peut aussi profiter de la désillusion pour se faire du bien en lisant et dégustant ce beau livre signé Gilles Navarro, mêlant rugby, gastronomie et traditions culinaires des nations stars de ce sport unique. Alors découvrez les boles de picoulat de Guilhem Guirado, l’omelette au rhum de Philippe Garuet ou le Malva, pudding namibien de Pieter-Jan Van Lill.
Reste le must, la double page sur « la table des Spanghero », de la bonne gastronomie italienne assaisonnée à la sauce audoise.

« La grande mêlée », Gilles Navarro, Solar, 200 pages, 35 €

vendredi 3 novembre 2023

Manga - L’amour au fond des mers

S’il est bien des créatures qui posent des problèmes aux humains, ce sont bien les sirènes. Abyss Azure de Akihito Tomi est une variation manga des relations compliquées entre ces femmes poissons et les hommes. Prévu en trois tomes, ce récit raconte comment la belle Ryu, célèbre danseuse du monde des sirènes, est tombée amoureuse d’un petit homme binoclard qui n’a pourtant pas le pied marin.

Une relation absolument interdite dans le monde sous-marin car les humains n’apportent que malheur, guerre, destruction et pollution. Sa meilleure amie, Jo, va tenter de l’aider. On est subjugué par la beauté des sirènes.

Akihito Tomi aime dessiner les visages féminins et le lecteur se délecte des jolis minois de Jo et Ryu.

Quant à l’intrigue, elle repose essentiellement sur les épaules de Jo, une sirène têtue et indépendante, le prototype de la femme forte comme on en croise parfois dans les mangas.

« Abyss Azure » (tome 1), Vega Dupuis, 178 pages, 8,35 €

jeudi 2 novembre 2023

En vidéo, “38°5 quai des Orfèvres” avec flics idiots et tueurs ignares

Pas évident de trouver de bonnes comédies déjantées dans le cinéma français ces dernières années. Saluons donc la tentative de Benjamin Lehrer et son 38°5 quai des Orfèvres qui sort en DVD chez M6 Vidéo. 

Un film policier avec des flics idiots, des tueurs en série ignares et des comédiens un peu en roue libre. Un nombre incalculable de gags ou de bons mots ne font malheureusement pas tout. L’histoire est un peu faible et surtout les deux comédiens principaux (Didier Bourdon et Caroline Anglade) semblent perdus dans l‘ensemble, pas accordés. 

Par chance quelques seconds rôles sauvent l’ensemble, Artus en médecin légiste destroy et Yann Papin en second obséquieux totalement largué. Mais le film  reste un bon moyen de passer un peu plus d’une heure loin des contraintes de la vraie vie. 

BD - Migration essentielle


Autre bestiole étonnante en vedette dans Le grand Migrateur, album d’héroic fantasy écrit par Augustin Lebon et dessiné par Louise Joor. Dans cette région qui voit ses ressources naturelles disparaître en raison d’une invasion de glaire noire (sorte de matière visqueuse tuant toute vie sur son passage), tous les dix ans, des géants sortaient de terre et se mettaient à migrer vers le nord.

Ensuite ils retournaient en hibernation. Mais durant ces voyages, les immenses créatures de plus de 20 mètres de haut, faisaient de gros dégâts aux cultures. Les hommes se sont donc mis à les décimer.

La vieille Odette, scribe, ancienne princesse, décide d’agir quand un ultime grand migrateur se réveille. Elle décide de le protéger pour permettre à sa planète de revivre. Car Odette est persuadée que seuls les grands migrateurs pourront contrer l’avancée de la glaire noire.

Une très jolie fable sur l’acceptation des différences, la symbiose avec la nature et l’amitié. Le dessin tout en finesse et en rondeur de Louise Joor donne un aspect très poétique à cette quête d’un nouveau départ.

« Le grand migrateur », Rue de Sèvres, 78 pages, 14 €

mercredi 1 novembre 2023

Cinéma - “L’enlèvement” du petit Juif qui a fait vaciller le pape

Marco Bellocchio raconte dans ce film majestueux comment le pape Pie IX a précipité la chute des États pontificaux en organisant l’enlèvement d’un jeune Juif baptisé en secret.


Le nouveau film de Marco Bellocchio, présenté en compétition au dernier festival de Cannes sort cette semaine au cinéma et se retrouve tragiquement au cœur de l’actualité. Il est question de l’enlèvement d’un jeune Juif. Mais rien à voir avec le déferlement des terroristes du Hamas il y a quelques semaines en Israël. C’est une célèbre affaire italienne, du XIXe siècle, qui est relatée méticuleusement par le cinéaste de plus de 80 ans. Mais on ne peut que constater que depuis trop longtemps, les Juifs sont stigmatisés par les autres religions, avec cette volonté de les convertir ou pire, de les exterminer complètement. 

En 1858, le pape Pie IX règne tel un roi sur les états pontificaux. Après un début de règne conciliant et assez progressiste, il décide de faire montre de plus de fermeté. Voilà pourquoi il ordonne à sa police d’aller chez les Portara à Bologne et d’enlever le jeune Edgardo, (6 ans) qui aurait été baptisé en secret par la femme de ménage du foyer quand il était bébé. La famille et la communauté fait bloc pour dénoncer cet enlèvement. Mais le clergé reste ferme. C’est pour sauver l’enfant. Mais en Europe, les idées progressistes avancent, la presse dénonce cette ingérence du pape. De plus en plus d’opposants osent élever la voix.

 Ce sera le début de la République. Paradoxalement, les nouvelles actions en justice de la famille Mortara pour récupérer l’enfant, élevé (endoctriné exactement), par des bonnes sœurs et des moines, ne leur permettent pas de l’emporter. Et au contraire, Edgardo, comme souffrant d’un syndrome de Stockholm non encore diagnostiqué, apprécie cette vie d’études et de croyance. Il refusera de retourner chez lui, deviendra moine et sera fidèle à l’Église catholique jusqu’à son dernier souffle, en 1940. 

Le film, entre chronique historique sur la création de l’Italie, explications judiciaires de l’affaire et exploration psychologique des différents protagonistes, est d’une sincérité touchante. Car dans cette affaire, tout le monde est persuadé de son bon droit. Le pape, gardien de la religion catholique, la mère, attachée à ce fils chéri, Edgardo, heureux dans sa nouvelle vie. 

Des positions très manichéennes sauf celle du père, Momolo (Fausto Russo Alesi), déchiré par la perte de son enfant, mais toujours attentif à son bien-être, capable de faire ce grand sacrifice quand il comprend que c’est Edgardo lui-même qui veut rester avec sa nouvelle « famille ». 

Un très grand film, sur les choix qui conditionnement la vie, l’aveuglement de toutes les religions mais aussi la fascination de tant de personnes face aux croyances édictées comme vérité sacrée.

Film de Marco Bellocchio avec Enea Sala, Leonardo Maltese, Paolo Pierobon


BD - Zidrou et Frank Pé suivent "La Bête" en fuite


Suite et fin de la très belle aventure du Marsupilami, avant sa découverte par Spirou et Fantasio. C’est Zidrou et Frank Pé qui ont signé ce long roman graphique (près de 400 pages au total) en deux parties. L’animal tacheté à très longue queue n’a pas encore de nom.

Capturé en Amérique du Sud, il se retrouve dans ces années 50, à Bruxelles. Adopté et aidé par le petit François, un gamin sans père qui adore aider les animaux malades (cheval alcoolique, caille plumée, chat péteur, chien à trois pattes). Il baptise son nouvel ami Lange staart, longue queue en patois bruxellois. Capturé par la fourrière, le marsupilami est prisonnier et un professeur, spécialiste en cryptozoologie, s’intéresse à ce spécimen unique. Le second album raconte la course-poursuite dans Bruxelles, des tramways aux grands magasins (avec clin d’œil à Tintin) en passant par le musée d’histoire naturelle.

Émouvant, marrant et souvent comique, La bête est remarquable, tant au niveau du scénario, riche en allusions aux légendes de la BD franco-belge que des dessins de Frank, plus grand dessinateur animalier de ces 40 dernières années.

« La bête » (tome 2), Dupuis, 208 pages, 35 €

Cinéma - Sur Netflix, “Voleuses”, un bon film de filles et “Old Dads”, un drôle d’ovni de vieux papas machos

Vous êtes plutôt gang de filles ou vieux pères indignes ? Si vous revendiquez ces deux étiquettes pourtant diamétralement opposées vous pourrez déguster ces deux films qui sortent directement sur Netflix, Voleuses de Mélanie Laurent et Old Dads de Bill Burr. Deux productions interprétées aussi par leurs réalisateurs. 


Adapté de la BD La grande Odalisque (elle-même inspirée par le manga Cat’s Eye), Voleuses montre deux amies, Carole et Alex (Mélanie Laurent et Adèle Exarchopoulos), voleuses de leur état, travaillant pour une méchante Marraine (Isabelle Adjani). Pour leur dernier coup (Carole est enceinte), elles doivent dérober un tableau en Corse. Elles embauchent une troisième voleuse, Sam (Manon Bresch). Volontairement caricatural, le film aurait gagné à choisir un genre unique. 

L’humour de préférence tant Adèle Exarchopoulos excelle dans ces rôles de filles naïves qui déménagent. Les critiques n’ont pas été tendre pour Voleuses. Mais n’en déplaise aux scribouillards mâles, ce n’est pas un navet. Juste un film de filles, avec des femmes fortes et des hommes ridicules. Sans doute un propos trop évolué et rempli de vérité pour ces tenants de la woke culture biberonnés au Tom Cruise et autres exploits (notamment sexuels…) des James Bond ou autres Inspecteur Harry. 


Il serait temps d’ouvrir les yeux sur votre monde, messieurs. Ou vous contenter de regarder des films du genre de Old Dads de Bill Burr. Vous serez en terrain de connaissance avec ces hommes américains, entrepreneurs, riches et fiers de payer une école privée pour leurs enfants (d’après eux, le public ne devrait même pas exister…). 

Trois hommes de plus de 50 ans arrogants, sûrs d’eux mais qui sont complètement largués quand un jeunot de 30 ans rachète leur entreprise et les vire dans la foulée. Ou que la directrice de l’école maternelle exige du papa du respect, de la gentillesse et d’être à l’heure. Ils sont infects ces hommes du passé, inconscients que les temps ont changé, que les années 80 sont révolues, mortes et enterrées. 

Le début du film est tonitruant, un enchaînement de gags tous très datés, mais on comprend que c’est volontaire, pour forcer le trait. 

Car au final, les Old Dads (Bill Burr, Bobby Cannavale et Bokeem Woodbine), vont devoir revenir (un peu seulement, faut quand même pas exagérer), sur leurs certitudes. Bref un film à moitié subversif seulement, qui laissera un mauvais goût en bouche pour les critiques qui détestent que les femmes s’en tirent grâce à leur jugeote et leur intelligence.