lundi 28 novembre 2022

BD - Gare aux moules !

Après les ordures sur la plage, le jeune Clovis se retrouve aux prises avec des moules et crabes gigantesques dans le second album contant ses aventures. 

La faute à une pollution de la mer. Face à l’attaque des moules géantes, le jeune héros imaginé par Carbone et dessiné par Pauline Roland pourra bénéficier de l’aide de la chienne de sa mémé, Bonnie. 

Marrante et dynamique, cette BD a des airs très audois (Pauline Roland est de Port-la Nouvelle) et la fameuse île de l’Escagasse ressemble comme deux gouttes d’eau à l’île de la Nadière. 

« Bonnie & Clo » (tome 2), Jungle, 12,95 €


Cinéma en streaming - Le match Overdose vs Balle Perdue 2

Quel est le point commun entre les deux films d’action français qui brillent sur les deux principales plateformes de streaming ? 


Le match entre Overdose d’Olivier Marchal sur Prime Vidéo et Balle Perdue 2 de Guillaume Pierret sur Netflix a un dénominateur commun : l’Occitanie. Les deux films ont été tournés en grande partie dans les décors et sur les routes de la région. Toulouse et l’Aude pour le film d’Olivier Marchal avec Sofia Essaidi, Montpellier et l’Hérault pour le blockbuster avec Alban Lenoir en vedette. 

Les deux films montrent quantité de courses-poursuites et de cascades. De coups tordus aussi entre flics, ripoux et malfrats. Pour Overdose, le tournage s’est déroulé pendant 5 semaines entre Narbonne, Carcassonne, Perpignan, Mirepoix et Seix dans l’Ariège, Lourdes et Toulouse. En ce qui concerne Balle perdue 2, plusieurs villes et départements d’Occitanie ont accueilli le tournage : dans l’Hérault, Agde et Montpellier notamment (Chapelle des Récollets, Quai du Verdanson, …) et en Aveyron, c’est sur l’A75 que se sont jouées quelques scènes de course-poursuite. 


Le film de Guillaume Pierret est la suite directe du premier opus, véritable carton d’audience sur Netflix. Lino (Alban Lenoir) cherche à venger la mort de son frère et de son mentor. Scénario un poil plus original pour Overdose, avec tentative de démantèlement d’un réseau de go-fast entre France et Espagne avec infiltration sous couverture. Deux films qui ne vous font pas spécialement réfléchir mais qui brillent par leurs cascades et les décors qui mettent en valeur le Sud et les Pyrénées. 


dimanche 27 novembre 2022

BD - La fin du voyage pour "Les passagers du vent"

Fin de la superbe saga des Passagers du vent de François Bourgeon. Un 9e et dernier album de plus de 200 pages, pour achever cette histoire familiale débutée il y a 43 ans. 

Isabeau, petite-fille d’Isa, raconte comment elle a participé à la Commune, y a perdu son mari et sa petite fille avant d’être déportée en Nouvelle-Calédonie. L’exil vers le Pacifique sud permet de mieux comprendre cette partie historique de l’Histoire de France. 

En bouclant cette série, François Bourgeon contente de nombreux fans et leur donne l’occasion de se replonger dans ces 580 planches de toute beauté.  

« Les passagers du vent » (tome 9), Delcourt, 23,95 €

Beau livre - Alain Delon en large et en travers


Parmi les très nombreux livres consacrés à Alain Delon, celui qui avant tout le monde était le symbole du beau gosse, doublé d’un esprit assez bad boy, ne manquez pas ce superbe ouvrage signé des plus grandes plumes de la rédaction du magazine SoFilm. Delon et large et en travers dresse un portrait intimiste et professionnel très complet de la vedette de Plein soleil à Mort d’un pourri en passant par Borsalino. L’intérêt de l’ouvrage réside dans ces thématiques un peu moins abordées dans les ouvrages plus axés cinéma. 

On comprendra ainsi pourquoi l’acteur est venu à Perpignan soutenir l’action en faveur du chien martyrisé, Mambo. Il a toujours déclaré que les chiens sont « les seuls êtres vivants dont je suis sûr qu’ils ne m’abandonneront et ne me trahiront jamais. » On trouve également dans ces pages le témoignage de Mylène Demongeot. Elle a débuté avec lui à la fin des années 50 dans Sois belle et tais-toi. Une interview qui résonne différemment, quelques semaines après la disparition de la comédienne française.

« Delon en large et en travers », Sofilm, Marabout, 42 €

samedi 26 novembre 2022

Thriller - Crimes de Neandertal

La ligne de démarcation entre thriller et roman policier est souvent ténue. Le manoir des sacrifiées, dernier roman d’Olivier Merle, semble exactement à cheval entre les deux genres. Par son intrigue et la progression de l’enquête du héros, un policier de Rennes, Hubert Grimm, c’est du pur polar. Mais quelques scènes terrifiantes et angoissantes entrecoupant le corps du récit lui permettent également de revendiquer ce terme de thriller. Ce qui est sûr, c’est que vous ne lâcherez pas ce bouquin, happé par le suspense et la personnalité des protagonistes. 

Hubert Grimm est un flic en plein doute. Affecté à Montpellier, il est muté à Rennes après une triste histoire d’adultère. Il a cocufié un entrepreneur et ce dernier, venu demander des comptes, a été roué de coups par un Grimm peu conciliant. Un flic qui tente de trouver ses marques avec sa nouvelle équipe, mise en avant dans ce roman. Ermeline, la collègue jolie et compétente, Jarry, le second très efficace et Blanchard, grand échalas, expert en recherches sur le net. Tout débute par une agression. 

« Mufle saillant et dents carnassières »

Dans un petit pavillon, le soir, une ombre attaque. « Baptiste se crut face à un monstre informe, indescriptible au sens propre du terme, dont la masse occupait la totalité du cadre de la porte. […] Une face hirsute, des cheveux longs et sales qui encadraient le visage comme un casque explosé, des lèvres rouge sang, un mufle saillant d’où émergeaient des dents carnassières. Et qui vous fixait de ses yeux cruels, avides et sanguinaires. » Le tueur est dans la place. Il tue le mari et enlève la femme. Le sosie d’un homme préhistorique, genre de Tautavel. Tautavel qui revient d’ailleurs au cours de l’histoire se déroulant essentiellement en Bretagne mais qui fait aussi des escales à Montpellier et à Toulouse. 

Pour Grimm c’est le début d’une enquête compliquée car après deux meurtres et enlèvements près de Rennes, c’est à Montpellier que le monstre hirsute sévit. Et il enlève l’ancienne maîtresse de Grimm, également mère de son fils. Comment continuer à enquêter alors qu’on est directement lié à l’affaire ? Grimm n’est pas du genre à obéir à la hiérarchie. Il va donc faire croire à son supérieur qu’il se met en retrait, mais avec la complicité de son équipe continue à rechercher les femmes enlevées et séquestrées dans Le manoir des sacrifiées qui donne son titre à l’ouvrage. 

Percutant, le style d’Olivier Merle est direct, sans fioritures. De l’action pure, de l’adrénaline en pagaille et souvent des décisions dictées par l’émotion. Un roman primitif, un peu comme le thème sous-jacent de l’histoire.

« Le manoir des sacrifiées » d’Olivier Merle, XO Éditions, 21,90 €


vendredi 25 novembre 2022

Roman - Quand la vengeance fait « Boum »


Entre Argentine et New York, Nicolas Giacobone raconte comment un fait divers peut influer durablement sur la vie des gens. Un roman à la construction un peu déroutante. Les différents personnages interviennent à la première personne à tour de rôle. Il y a Juan, l’artiste conceptuel, Paula, sa sœur, future romancière, Agustina, la compagne de Juan, comédienne transsexuelle, Matthew, vendeur de pneus et Véronica, scénariste. Fragmentation du récit mais aussi de l’espace-temps. 

Un roman qui doit beaucoup au cinéma, Nicolas Giacobone est surtout connu pour être le scénariste d’Alejandro Gonzalez Inarritu (Birdman). Il met beaucoup de son propre vécu dans les réflexions de Véronica et de Paula qui déclare, « Les lecteurs sérieux ne vont jamais à ces événements (des rencontres avec l’auteur). Ils ne veulent pas voir leurs écrivains préférés bégayer, transpirer ou répondre à des questions impossibles, non pas parce qu’elles seraient difficiles mais parce qu’elles sont stupides. »

« Boum, boum, boum » de Nicolas Giacobone, Sonatine, 21 €

Beau livre - Contes et nouvelles signés Maupassant


Il est toujours temps de découvrir les classiques de la littérature française. Et cela reste des cadeaux inestimables. Encore plus quand ils sont proposés dans une édition luxueuse comme ces « Contes et nouvelles du pays de France » signés Guy de Maupassant Après une préface éclairante de Claude Aziza, découvrez ces textes dont certains très célèbres comme Boule de Suif, Le Horla ou La maison Tellier. Dans un coffret du plus bel effet, plongez dans ces histoires du temps passé. Et pour compléter, le même Claude Aziza propose un dictionnaire sur « Le monde de Maupassant » en fin d’ouvrage, de « Amour et désir » à « Zola et le naturalisme ».

« Contes et nouvelles du pays de France », Maupassant, Omnibus, 45 €


jeudi 24 novembre 2022

Jeunesse - La petite Cornebidouille et la soupe de Pierre

La sorcière Cornebidouille est devenue une des héroïnes préférées des petits Français. Ses aventures, écrites par Pierre Bertrand et dessinées par Magalie Bonniol sont devenues des classiques, se déclinant sous forme d’album grand format, de livres de poches et de nombreux jeux. 

Dans cette nouveauté, les deux auteurs font d’incroyables révélations sur l’enfance de la terrible sorcière. Petite fille, Cornebidouille était contre toute attente une adorable princesse qui obtenait tout de ses parents. Mais une malédiction de sa tante Cracrabidouiulle la transforme à son tour en sorcière. 

Elle va terroriser les enfants. Tous ont peur et mangent leur soupe. Sauf Pierre. C’est cette première rencontre savoureuse qui est racontée dans cet album de 48 pages.

« Quand Cornebidouille était petite », L’École des Loisirs, 14 €

Beau livre - Vin et château d’exception


De tous les vins du Bordelais, celui de Sauternes est le plus délicat. Ce superbe livre sur le Château de Fargues raconte « la folle ambition des Lur Saluces à Sauternes ». Histoire d’un cru, d’une famille, d’un domaine et d’une vinification : on trouve tout cela dans ces pages signées Hélène Farnault, richement illustrées de photos de François Poincet. Véritable nectar des dieux, le sauternes, dont les raisins sont cueillis grain par grain à la main, reste le plus grand des vins liquoreux. Vous pouvez le déguster pour les fêtes ou l’accommoder dans les recettes présentées dans l’ouvrage. Elles sont signées, entre autres, par Guy Savoy ou Eric Briffard.

« Château de Fargues », Glénat, 39,95 €  

mercredi 23 novembre 2022

Cinéma - L’âpreté de la justice dans “Saint Omer”

Ce film d’Alice Diop est la reconstitution méticuleuse et parfois glaciale du procès d’un infanticide. 

Gusladie Malanda, époustouflante dans le rôle très compliqué de Laurence, la mère meurtrière.  Laurent Le Crabe

Avant de se lancer dans la réalisation de son premier long-métrage de fiction, Alice Diop a beaucoup tourné de documentaires. La cinéaste a donc tous les codes pour retranscrire la réalité avec une acuité absolue. On retrouve cette dextérité dans toutes les scènes du procès, constituant une grosse moitié de Saint Omer, film revenu primé de la Mostra de Venise et qui représentera la France aux prochains Oscars. 

Tiré d’un véritable fait divers, cette histoire d’infanticide a secoué la France en 2013. Le procès qui a suivi a, lui aussi, fait les grands titres. Une jeune femme noire s’est rendue sur une plage de la mer du Nord et a abandonné son bébé de 18 mois sur le sable. La fillette est morte, noyée par la marée montante. Un fait divers qui interpelle, après les déclarations de la mère aux enquêteurs. Elle a abandonné son bébé, car « c’était plus simple comme ça ». Une décision longuement réfléchie par cette jeune Sénégalaise, brillante étudiante en philosophie, vivant avec un artiste beaucoup plus âgé qu’elle. 

Tel un miroir

Toute l’âpreté du procès est reconstituée, avec des comédiens qui ne jouent pas, mais incarnent les véritables personnages et paroles. Une partie poignante, avec la froideur de la mère (Gusladie Malanda), l’empathie de la présidente (Valérie Dréville) et la combativité et l’humanité de l’avocate (Aurélia Petit). En contrepoint de cette réalité connue, Alice Diop raconte comment Rama (Kayije Kagame), jeune chercheuse et romancière, assiste à ce procès, découvrant toutes les résonances à ce drame dans sa situation personnelle. Elle aussi vit avec un Blanc, elle aussi est brillante intellectuellement, elle aussi attend un bébé… Pourquoi se passionner pour ce fait divers ? Quel miroir de sa propre histoire croit-elle deviner dans ce procès, ce crime, cet abandon ? Saint Omer ne donne pas de solutions, d’explications toutes faites, comme autant de bonnes paroles pour excuser ou condamner. C’est au spectateur de se forger une opinion, un avis, de tenter de comprendre, avec son propre vécu, cet enchaînement de faits. Là réside sans doute la plus grande force de ce film dont personne ne peut sortir indemne. Car en filmant, tel un documentaire, cette histoire en partie romancée (on retrouve Marie Ndiaye au scénario), Alice Diop nous donne les clés pour appréhender la grande violence de notre société. Violence, mais aussi humanité et rédemption. 

Film d’Alice Diop avec Kayije Kagame, Guslagie Malanda, Valérie Dréville