jeudi 6 octobre 2022

BD - Ultra baston

Les amateurs de combats entre superhéros et monstres malfaisants seront comblés avec ces 216 premières pages de la série UltraMéga de James Harren. Dans ce monde futuriste, un fléau cosmique a bouleversé la vie de milliers de personnes. 

Des gens ordinaires se transforment en Kaijus, êtres hybrides horribles et violents. Pour contrer cette malédiction, ils ne sont que trois à avoir des pouvoirs, les UltraMegas. Le talent graphique de James Harren explose dans ces pages de baston hyperréalistes.

« UltraMega » (tome 1), Delcourt, 17,95 €

De choses et d’autres - Découverte routière

Cette semaine, j’ai du faire des centaines de kilomètres en voiture. Le genre mauvais karma. Pile au moment où tout le monde se rue sur les stations service et que le carburant devient plus rare qu’une augmentation de salaire, je dois faire de multiples allers-retours vers l’est, l’ouest et même le nord. Je ne suis jamais tombé en panne, le réservoir à sec, mais je me suis fait quelques frayeurs.

Pour retrouver quelques adresses peu fréquentées, j’ai sollicité les applications de guidage. En récupérant quelqu’un de la famille à l’aéroport de Toulouse pour la conduire dans le Tarn, puis revenir sur Perpignan, elle m’a fait l’article sur une application très en vogue en Belgique.


Waze permet de trouver les bons itinéraires, de découvrir des raccourcis et d’être informé, en temps réel, par la communauté, des soucis sur le chemin (voiture arrêtée, bouchon, contrôle radar inopiné). La difficulté, pour moi, c’est de taper sur l’écran tactile tout en conduisant.

J’évite, car c’est l’assurance de provoquer un suraccident. Je suis un homme incapable de faire deux choses en même temps, contrairement à vous mesdames, selon la légende urbaine.

Par contre, j’ai bien rigolé en testant les voix disponibles dans l’application. Si Vanessa est la seule, en français, à « comprendre les noms de rues », j’ai un faible pour Mireille qui a un accent provençal. Respect pour le plus près de chez nous, un certain Antonin, prétendument toulousain.

Dépaysement assuré avec Biloute qui parle comme un ch’ti. Beaucoup plus inquiétant, les voix à la mode zombie ou survivaliste.

Le risque c’est de ne plus faire attention au fond : « tournez à droite », au détriment de la forme : « Tournez à droite ou vous allez vous faire attaquer ! » (voix d’outre-tombe).

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le samedi 15 octobre 2022

mercredi 5 octobre 2022

Série télé - Divan, bis


Après une première saison absolument passionnante, En thérapie (Arte), série d’Eric Toledano et Olivier Nakache revient pour une seconde saison. Nouveaux patients mais toujours le même psy, Frédéric Dayan, interprété par un Frédéric Pierrot de plus ne plus émouvant et humain. Il se retrouve cette fois face à quatre patients et est lui même en difficulté, obligé de consulter. Les faits se déroulent cinq ans après les attentats du Bataclan. Au cours des 35 épisodes, il reçoit dans son cabinet un adolescent harcelé en raison de son surpoids, un chef d’entreprise en plein scandale médiatique, une étudiante  malade et une avocate solitaire à la vie trop lisse. Des tranches de vie passionnantes;, interprétées par Jacques Weber, Suzanne Lindon, Eye Haidara et Aliocha Delmotte. 

La nouveauté dans cette saison deux c’est la mise à nue du psy. Attaqué en justice, mis en difficulté, il se retrouve obligé de demander de l’aide à Claire, une consœur célèbre dans les médias. La confrontation entre Frédéric Pierrot et Charlotte Gainsbourg donne une direction différente à une série qui parvient ainsi à se renouveler. 

De choses et d’autres - Religions contre fantômes

Comme tous les ans, vers la mi-octobre, les histoires d’épouvante reviennent sur le devant de l’actualité. Normal, Halloween s’approche à grand pas. La tradition, débarquée des USA depuis quelques années, en dehors de son côté mercantile, est surtout une bonne occasion pour promouvoir tout un pan de notre imaginaire, celui qui nous fait frémir. Plus rares, les histoires réelles.

On rencontre beaucoup plus de fantômes sur grand écran, dans les séries ou les livres que dans la vraie vie. Peut-être parce qu’ ils n’existent pas, tout simplement.

Ce n’est pas l’avis des habitants d’un immeu
ble à Fontenay-aux-Roses, dans les Hauts-de-Seine. Au 100 de la rue Gabriel-Péri, ils sont une dizaine de locataires à demander leur relogement d’urgence, ailleurs. La cause : l’immeuble est hanté. Coupures de courant inexplicables, ombres sur les murs, bruits étranges : leur quotidien est devenu trop angoissant.

Et, comme le bailleur ne semble pas réagir assez vite, certaines des victimes de cette malédiction digne du film The conjuring, ont carrément demandé une cérémonie d’exorcisme, comme le révèle Le Parisien. Cérémonie qui sera menée conjointement par un prêtre et un imam. Preuve que, parfois, sur le dos des puissances démoniaques, deux religions qui se sont longtemps farouchement combattues parviennent tout à fait à trouver un terrain d’entente.

Mon vieux fond de mécréant pragmatique me souffle que c’est, sans doute, pour ne pas laisser à l’autre le monopole du rôle de protecteur contre l’inexpliqué.

Et en attendant, d’autres illuminés se rendent en pèlerinage à l’adresse hantée, comme pour se persuader que les fantômes, comme les différents dieux des nombreuses religions, existent véritablement.

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le jeudi 13 octobre 2022

mardi 4 octobre 2022

Série télé - Mental, série totalement dingue

A ceux qui se demandent encore à quoi sert Netflix dans le PAF (paysage audiovisuel français), l’exemple de Mental est un cas d’école. Cette série française, produite par France Télévision et diffusée exclusivement sur sa plateforme a eu de bons retours mais n’a pas explosé les audiences. Vitrine un peu étriquée pour une création qui méritait mieux. La période d’exclusivité étant terminée pour les deux saisons (toujours disponibles gratuitement sur France.tv), Mental peut migrer vers une structure plus grosse, diffusée dans des dizaines  de pays pour une exposition maximale. Mental a tout pour se faire remarquer d’un public jeune qui aime picorer sur les centaines de propositions de la plateforme mondiale. 

Encore mineur, Marvin (Constantin Vidal) échappe à la prison. Habitué des petits délits, les juges préfèrent l’envoyer se faire soigner dans une clinique psy spécialisée pour les adolescents. Son arrivée aux Primevères ne passe pas inaperçue. Marvin n’aime pas les fous. Il rue dans les brancards et cause beaucoup de problèmes aux autres patients. Qui eux pourtant sont enchantés de cette arrivée. Simon (Louis Peres), son colocataire de chambre, excentrique et hyper actif, rêve de conclure avec ce beau gosse. Mélanie (Alicia Hava) aussi, bipolaire assumée, est très sensible au charme brut de ce rebelle. Enfin Estelle (Laurena Thellier), schizophrène dans un corps d’enfant, tente de l’amadouer avec ses nombreuses peluches qui ont trop tendance à lui parler en mal. Une petite bande qui est sous la responsabilité d’une psy bienveillante, interprétée par l’humoriste Nicole Ferroni utilisée à contre emploi. Une série authentique, parfois comique, souvent grave et émouvante, qui aborde tous les problèmes de la vie en milieu fermé de façon assez cash, du sentiment d’exclusion, au harcèlement par certains soignants ou les tentations de fuir ou d’en finir. 

Après dix épisodes de 20 minutes pour une saison 1 ramassée et surprenante (malgré quelques moments manquant un peu de rythme), place à une seconde partie, toujours de dix épisodes et elle aussi disponible sur Netflix. On retrouve une partie des patients, mais le personnel soignant est totalement renouvelé. On note surtout l’arrivée de nouveaux jeunes en difficulté aux Primevères, notamment Max (Déborah Lukumuena, découverte dans Divines er vue récemment dans Robuste avec Depardieu), jeune femme victime de troubles alimentaires. Un renouvellement bienvenu pour une série qui est définitivement et complètement dingue. 

De choses et d’autres - De l’utilité des réquisitionnés

Petite démonstration par l’absurde, autour de la pénurie d’essence. Hier, la Première ministre a annoncé vouloir « réquisitionner les grévistes des raffineries d’Esso ». Ceux-là même, avec Total, qui demandent une augmentation de salaire. Que les directions de ces grands groupes pétroliers refusent, n’ayant même pas ouvert les négociations.

Mais pourquoi réquisitionner ces « bloqueurs » de dépôt ? Peut-être, car ils sont « essentiels » (souvenez-vous de ce terme, si débattu lors des confinements), contrairement aux actionnaires. Personne n’a envisagé une seconde de les réquisitionner ces actionnaires.


Pourtant, après les records de bénéfices, les milliards leur ont été distribués sans rechigner. Le problème, c’est que ces actionnaires se révèlent, aujourd’hui, tout à fait inutiles face à la situation de crise.

Par contre, ce serait double peine pour les grévistes « réquisitionnés » : non seulement ils ne touchent pas un centime de plus à la fin du mois, malgré l’inflation, mais en plus ils se retrouvent obligés de travailler, de casser leur mouvement social. Si on avait un doute sur le déséquilibre entre actionnaires et salariés, cette sortie d’Élisabeth Borne, entre autoritarisme et indignation, démontre, une nouvelle fois, que le capital, seul, n’est pas d’un grand secours dans notre vie de tous les jours.

Ce sont, pourtant, ceux qui ont les comptes en banque les plus garnis qui vont tirer les marrons du feu. Et eux ne revendiquent rien. Ils se contentent de toucher des dividendes de plus en plus élevés, indexés sur le prix de l’essence qui tutoie de nouveaux sommets.

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le mercredi 12 octobre 2022

lundi 3 octobre 2022

Cinéma - Raymond & Ray, l’adieu au père détesté

Nouveau film d’une exceptionnelle qualité mis directement en ligne sur la plateforme Apple TV +. Raymond & Ray vaut en grande partie par les performances des deux acteurs principaux, Ewan McGregor et Ethan Hawke. Ils interprètent deux demi-frères très différents. Âge identique, mères différentes mais un même père, Ray Harris, tyran qui les a martyrisés durant toute leur enfance. 

Devenus adultes, ils ont rompu les liens. Famille éclatée. Raymond se remet difficilement de son troisième divorce, Ray vivote de petits boulots, toujours pas remis de la mort d’un cancer de sa femme aimée. Une nuit, Raymond débarque chez Ray et lui annonce que le père est mort. Les obsèques ont lieu le lendemain, Il lui demande de l’accompagner. Ce drame, sombre mais au final assez lumineux, est réalisé par Rodrigo Garcia sur son propre scénario. Ces obsèques devraient marquer dans l’histoire du cinéma tant elles se déroulent de façon surréaliste. Car une des dernières volontés du père détesté par ses deux fils est que ces derniers creusent eux-mêmes, avec une simple pelle, sa tombe. Une cérémonie qui va aller crescendo dans la folie et l’émotion. 

Un grand film porté par deux comédiens au diapason, complémentaires et étonnamment humains.

De choses et d’autres - Votre ami Linky

« On vous avait prévenu ! » Ils ne sont pas peu fiers les opposants au compteur Linky aujourd’hui. On ne sait toujours pas si les ondes dégagées par cette technologie sont dangereuses, par contre les sceptiques ont la preuve que le terme « intelligent » était bien justifié. La faute à cette information selon laquelle votre fournisseur d’électricité a la possibilité, depuis sa base de données, de vous couper l’eau chaude en cas de trop forte demande sur le réseau. Voilà ce qui arrive aux naïfs.


Ils croient à une avancée, que la technologie permet de mieux contrôler sa consommation et donc ses factures, mais qu’en réalité toute innovation va avant tout contre les libertés individuelles. Ils fanfaronnent les anti-Linky. Eux, au moins, pourront prendre des douches chaudes en journée.

Vous qui avez accepté le Linky sans comprendre que le but recherché était tout autre, vous devrez, au choix, attraper la crève sous l’eau froide ou rester dans votre crasse. Enfin, c’est ce que voudraient nous faire croire justement ceux qui sont persuadés d’avoir eu raison avant tout le monde.

Dans les faits, Linky ne pilotera pas votre ballon d’eau chaude. Il se contentera de décaler les heures creuses où il l’allumera, en fonction de l’énergie disponible. Au lieu de chauffer entre 12 h et 14 h, il privilégiera les heures au cœur de la nuit. Au pire, vous devrez changer vos habitudes : douche le matin au réveil plutôt que le soir. Mais pas de douche froide.

Pas de coupure d’électricité, pas d’ingérence dans votre vie privée. Linky reste votre ami. Surtout côté finances.

Et si vous craignez quand même que Big-Linky-Brother fouille dans votre vie privée - genre il inspecte vos culottes dans la machine à laver ou détaille le contenu de votre frigo (pour connaître les sites internet que vous visitez, pas la peine, Google et Facebook savent déjà tout) - vous avez toujours la possibilité de le faire disjoncter. Vous serez rassurés. Et personne ne saura que vous vivez dans le noir et le froid.

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le mardi 11 octobre 2022

dimanche 2 octobre 2022

De choses et d'autres - On vit une époque formidable

Chaque jour qui passe depuis quelques mois nous apporte une raison supplémentaire de constater, un peu éberlué, entre étonnement, sidération et énervement, que sans conteste, On vit une époque formidable. Le grand Reiser, qui avait transformé cette expression en titre d’albums de dessin d’humour, aurait sans doute eu beaucoup à dire (et surtout à rire) sur ce qui nous arrive actuellement.

Même s’il n’y a rien de bien nouveau. Un feuilletant ce vieil album paru la première fois en 1976, dans une de ses histoires, un 31 décembre au soir, Reiser dessine une tablée qui fait la fête à l’excès car « on ne sait pas ce que va nous apporter la nouvelle année : une guerre, une catastrophe, une crise économique ? » Réponse d’un des convives tout en trinquant : « L’an prochain, à cette date, on sera mort, enfermé dans un camp ou chômeur ! » Et un autre, tout en se déshabillant juché sur la table hurle : « Cette année sera placée sous le signe de la pénurie… et du sexe. »

Un dialogue qu’on pourrait tout à fait tenir dans notre contexte, à la différence que le sexe est beaucoup moins débridé aujourd’hui comparé à la période à laquelle cette BD a été publiée dans Charlie ou Hara-Kiri.

La pénurie elle est partout, dans toutes les têtes. Mais elle aurait au moins eu l’avantage de faire plaisir à Reiser, un des premiers à prôner une écologie politique assez radicale. La décroissance, il devait en rêver avant même que le terme ne soit inventé. Plus d’essence dans les stations-service ? Parfait, ça fera moins de pollution et de « gros cons » sur les routes ! L’électricité est coupée ? Idéal pour redécouvrir les charmes de La vie au grand air, autre titre d’une de ses œuvres et ce qui ressemble de plus en plus à notre destin dans les prochaines décennies.

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le lundi 10 octobre 2022

samedi 1 octobre 2022

De choses et d’autres - Trois fois 61

Il arrive parfois des concordances de chiffres étonnantes. Personnellement, cette semaine a été placée sous le signe du 61. Je ne fais plus mystère de mon âge avancé.

Pour vous donner une idée, quand je dois remplir un formulaire sur internet où il est nécessaire de donner sa date de naissance, je suis obligé de scroller loin, très loin, vers les profondeurs pour trouver mon année de naissance. En l’occurrence, 1961. Le premier 61 de la trilogie.


Le second est évident, puisque justement, mon anniversaire tombait cette semaine. Et comme tout bon mathématicien peut le confirmer, si l’on est né en 1961, en 2022 on fête son 61e anniversaire. Voilà mon second 61 de la série.

Reste le troisième, le plus remarquable, le plus intrigant aussi. Il arrive le lendemain de mon anniversaire, par l’intermédiaire d’un mail envoyé par la Carac, une mutuelle d’épargne. Il y est question d’un sondage réalisé par OpinionWay sur la retraite. Et selon les réponses des 1 005 Français de 55 à 75 ans retraités, « 61 ans est le bon âge pour la retraite ». Il est agréable ce troisième 61. Et parfois, j’aimerais bien qu’il devienne réalité.

Donc, dans un monde où les sondages feraient la loi, je ne serais plus en train d’écrire ce billet pour mériter mon salaire, mais déjà en train de profiter de mon nouveau temps libre. Selon le sondage, la retraite est positive à 89 % et représente, en priorité, du « temps libre, la décompression, et du repos ».

Mais il se trouve aussi que cette bascule de vie est mal vécue par certains, notamment en raison de la perte du pouvoir d’achat. Personnellement, c’est l’ennui qui m’angoisse le plus. Alors je vais envisager un quatrième 61 : 61 mois, soit un peu plus de 5 ans, la durée nécessaire pour valider tous mes trimestres, synonyme d’une retraite à taux plein.

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le samedi 1er octobre 2022