mardi 11 janvier 2022

DVD - Attention au départ, sympathique galère ferroviaire

 

Souvenez-vous la joie des départs en vacances en train de nuit. Le film « Attention au départ ! » de Benjamin Euvrard agit un peu comme une madeleine pour ceux qui ont eu la chance de dormir dans une couchette, heureux de se réveiller en vacances loin de chez soi. 

Mais dans cette comédie qui vient de sortir en DVD chez M6 Vidéo, la nuit en question est très agitée. Normal, au moment du départ, les six enfants sont seuls dans le train, les deux adultes chargés de les accompagner restant sur le quai. Ces deux grands idiots sont interprétés par Jérôme Commandeur (père d’un des gamins) et André Dussollier (grand-père de deux autres).

 Pendant que les jeunes font les 400 coups dans le wagon et tournent en bourrique le contrôleur (Jonathan Lambert), les adultes traversent la France en voiture, ambulance et… pédalo. 

Une excellente comédie, rythmée et truffée de gags.

De choses et d’autres - Le fondement de la recherche médicale

 


Après le retard annoncé du vaccin français de Sanofi contre le Covid, c’est une autre société tricolore qui a dû reculer le mois dernier face à la pandémie. L’Institut Pasteur menait un test pour déterminer si le médicament clofoctol avait un pouvoir d’inhibiteur de la réplication du Sars.

 

Un budget avait été voté pour un essai clinique sur la durée. Il fallait trouver entre 350 et 700 patients, âgés de plus de 50 ans, non-vaccinés et présentant au moins un symptôme du Covid-19. Mais après de longues démarches et recherches tous azimuts, l’Institut Pasteur n’avait recruté qu’une douzaine de patients volontaires. Une première raison de ce fiasco s’explique peut-être par la forme du médicament : un suppositoire. Un traitement de deux suppositoires par jour à prendre durant cinq jours. D’accord, ce n’est jamais très agréable le suppositoire, pas au niveau de la piqûre, mais plus que le comprimé à avaler.

Cependant, à bien regarder le profil des cobayes recherchés, on s’aperçoit que des Français de plus de 50 ans non-vaccinés, en décembre dernier, ce ne peut être que des personnes qui ont délibérément fait le choix de sauter la case Pfizer ou Moderna.

Alors vous pensez bien que trouver parmi les antivax des volontaires pour que la science s’immisce en eux par la voie basse, c’était peine perdue.

Persuadés sans doute, comme le prétend une des fake news qui tourne en boucle depuis des mois, que le suppositoire est plus pratique pour enrober et cacher la fameuse puce de géolocalisation que les géants d’Internet cherchent à implanter à l’ensemble de la population mondiale.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le mercredi 12 janvier 2022

De choses et d’autres - Les deux mondes d‘après

 


Il y a un peu plus d’un an est apparu partout le concept de monde d’après face au monde d’avant. On était persuadé, il y a quelques mois, que l’épreuve de ce premier confinement et de cette pandémie allait nous permettre de resserrer les liens avec nos proches, d’avoir plus d’empathie, de modifier nos modes de vie. Que de ce malheur sortirait un monde d’après forcément meilleur.

 

On est en 2022 et on déchante.

Le monde d’après se limite à constater qu’il y a en fait deux pôles totalement opposés. D’un côté ceux qui font confiance à la science, persuadés que les vaccins contre le Covid nous protège du pire, de l’autre ceux qui refusent ces traitements forcément suspects car trop vite mis au point.

Dans l’absolu, dans le monde d’après des premiers, toute la population étant vaccinée, le Covid serait redevenu ce qu’il était dans l’esprit de certains au tout début : une « grippette ». Plus de classes fermées, plus de services de réanimation débordés, plus de contraintes liées à un passe vaccinal.

À l’opposé, le monde d’après des seconds serait redevenu sûr grâce à l’immunité collective naturelle. Tout le monde aurait déjà attrapé le Covid qui ne serait donc qu’un mauvais souvenir.

Le problème de notre société clivante, c’est que les deux mondes sont obligés de coexister. Conséquence, les avantages des deux possibilités s’annulent. Ne restent que les inconvénients. Dans le premier, malgré la vaccination, le virus circule toujours. Dans le second, seul le virus circule en toute liberté, les non-vaccinés ne pouvant plus voyager ou aller au restaurant.

Deux mondes d’après totalement incompatibles et parfaitement irréconciliables.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le mardi 11 janvier 2022

lundi 10 janvier 2022

Les hautes herbes, mini-série sur Arte


Streaming. Arte ne cesse de rajouter du contenu inédit à son offre de streaming gratuit. La chaîne culturelle offre ses nombreuses productions comme cette mini-série signée Jérôme Bonnell. Le cinéaste, qui vient de sortir au cinéma « Chère Léa », propose dans trois épisodes de 50 minutes une plongée dans les méandres de la vie de province. 

« Les hautes herbes » débutent par une chute. Au mois d’août, Eve (Emmanuelle Devos), tombe d’une échelle en ramassant des prunes. Mounir, ouvrier agricole, de la route, voit l’accident et vole à son secours. Deux jours plus tard, pour le remercier, Eve décide de lui donner un pot de confiture. Mais Mounir a disparu. Elle va dès lors tout faire pour découvrir ce qui est arrivé à son sauveur. 

Construite comme un thriller, avec fausses pistes et victimes innocents, cette série est également portée par les interprétations de Louise Chevillotte, Jonathan Couzinié et India Hair.

Cinéma - On lève la tête pour Don’t look up


Attendu par nombre de fans, le nouveau film d’Adam McKay s’est révélé être un parfait cadeau de Noël. Mis en ligne au niveau mondial le 24 décembre sur Netflix, la société productrice, Don’t look up bénéficie d’un casting cinq étoiles, de Leonardo DiCaprio à Cate Blanchett en passant par Jennifer Lawrence et Meryl Streep. 

Le top du cinéma américain pour une histoire moins marrante qu’il n’y paraît. Pourtant Adam McKay est connu pour ses comédies parfois un peu potaches. Mais en écrivant cette fantaisie apocalyptique, il franchit un cap. Certes on rit souvent, les situations sont cocasses et la critique de la société US féroce, mais le fond du récit a tendance à faire froid dans le dos. Certains y ont vu une façon de vilipender l’inaction des USA face au réchauffement climatique ou la pandémie. 

Tout commence par une belle découverte. La jeune doctorante Dibiasky, un peu gothique, sans doute gauchiste et écolo, identifie une comète. C’est la fête dans l’observatoire. Son professeur, le Dr Randall Mindy ouvre le champagne. Ça se gâte quand il calcule la trajectoire de cet objet spatial mesurant plus de 10 km de diamètre. Dans six mois exactement, il va s’écraser sur terre et détruire toute vie de la surface. Il faut réagir. Alors ils tentent de prévenir l’État, la présidente US, l’armée. Pas une bonne idée : avant de sauver la planète, il faut gagner les élections… 

Les scènes dans la Maison Blanche sont sans doute les plus corrosives. Reste la solution des médias. Mais là aussi, comment la fin du monde peut-elle faire le poids face à la réconciliation, en direct, entre une chanteuse pop et son mari infidèle, rappeur ? Le film constate qu’en fait, apocalypse ou pas, les Humains restent fascinés par les minuscules tracas et informations insignifiantes de leurs tristes petites vies.

 Et quand la comète est si près de la terre qu’elle en devient visible à l’œil nu, le mot d’ordre le plus suivi est « Don’t look up », soit « Ne levez pas les yeux » pour continuer de ne pas voir l’inéluctable catastrophe.  

De choses et d’autres - Un sondage en mauvaise santé


 

Si certains journaux comme Ouest France par exemple ont décidé de se passer de sondages pour cette présidentielle, d’autres vont profiter des créneaux laissés libres pour multiplier les enquêtes d’opinion. Avec parfois des questions assez déconcertantes comme celle posée pour le Journal du Dimanche paru hier : « Quel est le candidat à la présidentielle, selon vous, qui ferait mieux qu’Emmanuel Macron en matière de gestion de la pandémie s’il était au pouvoir ? ». La réponse majoritaire est bien évidemment « Aucun ».

 

Pas si étonnant tant la santé est affaire de spécialistes. Pour trouver meilleur que le banquier Macron, ce n’est pas chez l’avocate Marine Le Pen, le polémiste (quelle drôle de profession, pas très positive et peu constructive) Zemmour, encore moins l’inspectrice du travail Anne Hidalgo qu’il faut chercher des lumières. Qu’auraient-ils pu faire de mieux quand la France était en pleine pénurie de masques et face à l’absence de vaccin en 2020 ? Ils n’auraient même pas pu dénoncer cet état de fait puisqu’en tant que simples candidats, ils n’ont pas accès aux dernières études des scientifiques.

Non, face à cette question légèrement orientée, les Français sont obligés de répondre que personne n’aurait pu mieux gérer la crise sanitaire que le président actuel. Pour avoir une chance de trouver mieux il aurait fallu taper un peu plus haut, du genre De Gaulle ou Mitterrand.

Ou chercher des figures médicales d’envergure comme Pasteur. Le risque bien évidemment c’est que certains aient la tentation de ressortir le dr Douste-Blazy de la naphtaline. Ou pire, de proposer le nom du professeur Raoult à la primaire citoyenne.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le lundi 10 janvier 2022

dimanche 9 janvier 2022

Série Télé - « The Witcher », ce père qui s’ignore


Seconde saison de la série ambitieuse de Netflix The Witcher. La plateforme cherche à marcher dans les traces de Game of Thrones en lançant un univers de fantasy peuplé de magiciens et de monstres. Trois personnages émergent de cette histoire inspirée des romans de l’auteur polonais Andrzej Sapkowski. Celui qui donne son nom à la série, The Witcher (le sorceleur en français), Geralt de Riv (Henry Cavill), la femme qu’il aime, la sorcière Yennefer (Anya Chalotra) et une jeune princesse, sa fille adoptive, Ciri (Freya Alan, photo ci-dessus). 

Dans les premiers épisodes de cette seconde saison, Yennefer a utilisé tous ses pouvoirs pour sauver une ville. Geralt, qui protège Ciri, est persuadé que sa belle sorcière est morte. L’essentiel de l’intrigue porte sur la relation entre le sorceleur, sorte de mercenaire chargé de tuer les monstres qui errent dans le pays, et la jolie blonde, princesse orpheline mais aussi dotée de pouvoirs sans doute plus puissants que toutes les sorcières réunies. Ciri, à l’image de son mentor, veut intégrer l’ordre des sorceleurs. 

Elle va s’entraîner dur pour manier épée avec dextérité. Pendant ce temps, Yennefer, est enlevée par des elfes. Un peuple de déplacés, subissant le racisme des humains et qui fomente une révolte. 

En huit épisodes, on suit les aventures des uns et des autres, avec rebondissements et réunion pour le final. Les paysages sont à couper le souffle et les effets spéciaux dignes des meilleurs films. Seul bémol, certains comédiens manquent cruellement de charisme et de talent. Par chance, ceux qui assurent permettent de faire oublier cette petite faiblesse de l’ensemble.  

BD - Amour divin à Lore Olympus



La bande dessinée s’adapte aux nouvelles technologies. Les jeunes ne lisent plus que sur leur smartphone. Donc des auteurs ont totalement déstructuré leurs récits pour s’adapter à ce mode de consommation différent. Cela donne des histoires ou le lecteur découvre l’intrigue image par image. Rachel Smythe, autrice néo-zélandaise, est devenue la championne de cette mode. 



Ses dessins, très stylisés et colorés, s’adaptent parfaitement à ce format. Sa série Lore Olympus est numéro 1 sur la principale plateforme, Webtoon, et compte déjà 175 épisodes. Logiquement ce succès planétaire est adapté pour retrouver un format plus classique de roman graphique sur support papier. 

Le volume 1 de 360 pages vient de paraître et raconte la version très moderne de l’enlèvement de Perséphone par Hadès, souverain des Enfers. 

« Lore Olympus » (tome 1), Hugo, 24,95 €

samedi 8 janvier 2022

De choses et d’autres - Gare à la crevette brésilienne

 


Au Brésil, le 5 janvier est désormais célébré comme le « jour national de la crevette antifasciste ». Une crevette élevée au rang de guerrière intransigeante contre la politique de droite très dure du gouvernement de Jair Bolsonaro. Un phénomène totalement délirant et pourtant sur les réseaux sociaux la crevette est devenue un symbole brandi par tous les démocrates. L’histoire est assez croquignolesque.

 

Le 2 janvier, les Brésiliens apprenaient que leur président venait d’être hospitalisé après des douleurs à l’abdomen. Blessé d’un coup de couteau lors de la campagne électorale de 2018, il a subi plusieurs opérations. Mais finalement, pour une fois, ce ne sont pas les séquelles de l’attentat mais une bête occlusion intestinale. Le président est ressorti le lendemain et les toubibs ont donné les vraies raisons de l’hospitalisation.

Et c’est là qu’on retrouve la fameuse crevette. Car Bolsonaro a mangé des crevettes avant le déclenchement de l’occlusion. Notamment une qui n’aurait pas été assez mastiquée et qui donc a bloqué toute la machinerie.

Voilà pourquoi cette petite crevette se retrouve élevée au rang de guerrière antifasciste par tous les démocrates brésiliens. Car Bolsonaro, déjà en campagne, espère être réélu. Il va devoir cependant se méfier des crevettes.

Et d’un calamar. Mais celui-là, sera plus compliqué à avaler et à digérer. Calamar en brésilien se dit Lula, comme le nom de l’ancien président et leader syndicaliste qui a retrouvé la liberté et brigue de nouveau le poste suprême.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le samedi 8 janvier 2022

BD - U4 : un virus sélectif


Encore une histoire de virus. Mais U4 est apparu bien avant notre Covid-19. Par contre il est beaucoup plus dangereux. Une grande partie de la population a été décimée en quelques jours. Ne restent en vie dans une société en totale déliquescence, comme immunisés, les jeunes âgés de 15 à 18 ans. La parution simultanée des quatre albums permet de suivre la trajectoire de quatre d’entre eux : Stéphane, Jules, Yannis et la Bretonne Koridwen. 


Adaptée d’un roman, cette BD est écrite par Lapière et Renders est dessinée par Huelva. Un Espagnol qui ne rechigne pas à la tâche : chaque titre compte plus de 120 pages. Construite comme un puzzle, l’histoire est composée de ces quatre titres qui peuvent être lus dans n’importe quel ordre. Par contre pour connaître le dénouement, commun, il faudra attendre la parution du 5e titre, Chronos. 

« U4 » (tomes 1 à 4), Dupuis, 14,50 €