lundi 6 décembre 2021

De choses et d’autres – De la bande dessinée aux urnes

Enfin ! La campagne des présidentielles semble définitivement lancée avec la désignation de Valérie Pécresse par Les Républicains. Connaître ses concurrents permet à certains de peaufiner leurs arguments.

Jean-Luc Mélenchon par exemple a intégré la candidate de droite à un de ses discours en la comparant à « Ma Dalton parce qu’elle avait réussi à venir à bout d’Averell Barnier et de Joe Ciotti. » L’image est jolie. Mais il en faut plus pour déstabiliser celle qui se voit plutôt en « Calamity Jane ».

Elle a rétorqué que Jean-Luc Mélenchon lui faisait penser au Général Salazar des aventures de Tintin. En expert des albums de l’intrépide reporter, je rigole comme une baleine. Espérons que Valérie Pécresse maîtrise mieux la politique que ses références BD. Le seul Salazar connu, c’est le véritable dictateur portugais.

Par contre le général Alcazar, c’est vrai, notamment dans sa période chef des rebelles retranché dans la jungle (Tintin et les Picaros), a bien des airs de Mélenchon.

Enfin jouons au petit jeu des ressemblances avec les autres candidats. Emmanuel Macron me fait penser à Michel Vaillant, trop beau, trop droit, trop carré. Et puis ce n'est pas marrant, c'est toujours lui qui gagne à la fin.

Le cas de Marine Le Pen est complexe. Elle est blonde comme Natacha mais a la délicatesse d’Obélix quand il charge les Romains et la duplicité d’Iznogoud, celui qui veut « être calife à la place du calife ».

Anne Hidalgo, d’une façon plus générale ressemble à l’homme invisible et Yannick Jadot au Schtroumpf à lunettes, mais qui aurait déteint en vert.

Reste le plus facile à trouver, celui qui avant même de s’être déclaré était affublé de deux surnoms tirés de l’univers de la BD : Gargamel, le sorcier qui veut capturer les gentils Schtroumpfs ou Zorglub, le fou mégalomane désirant dominer le monde dans les aventures de Spirou. Alors, vous avez trouvé ? Un indice, comme Zorglub, il signe ses méfaits d’un simple Z.  

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le mardi 7 décembre 2021

dimanche 5 décembre 2021

Cinéma - Matrix résurrections, 4e service


18 ans après la sortie du 3e et a priori dernier volet de la saga Matrix, alors que le héros, Néo est laissé pour mort, revoilà la Matrice sur les grands écrans de la planète. Keanu Reeves, 57 ans, reprend le rôle du hacker Thomas Anderson devenu sauveur de l’Humanité. Matrix Résurrections remet également en selle Trinity (Carrie-Anne Moss), par contre le grand méchant, l’agent Smith, est absent de ce quatrième opus. Autre comédien qui ne revient pas, Laurence Fishburne. Par contre son personnage, Morpheus, est de nouveau utilisé. Une version plus jeune, interprétée par Yahya Abdul-Mateen déjà remarqué dans le remake de Candyman

Dans Matrix Résurrections, Néo n’existe quasiment plus. Il ne reste que Thomas Anderson devenu un simple créateur de jeux vidéos respecté. Il vit en Californie et semble vivre une vie des plus paisibles. Pourtant, la nuit, il est aux prises avec des redoutables cauchemars. La Matrice n’a pas dit son dernier mot. Si les trois premiers films ont été réalisés par les frères Wachowski, cette nouveauté n’est mise en scène que par Lana. Car entre-temps, les deux frères ont changé de sexe et sont devenus sœurs. Mais que les fans se rassurent, on retrouve dans Résurrections des combats superbement chorégraphiés, des rappels permanents des grands moments de la saga et de nombreux « déjà-vu » qui guident l’intrigue.

Film américain de Lana Wachowski avec Keanu Reeves, Carrie-Anne Moss

De choses et d’autres - Jean Lassalle tutoie les sommets

Suite des chroniques à la mode uchronie. Avec un postulat de départ : il y a cinq ans, un autre candidat a remporté la présidentielle. Aujourd’hui Jean Lassalle.

« Le montagnard au sommet. Difficile d’aller plus haut pour Jean Lassalle, parti de très bas et qui finalement l’emporte au second tour de la présidentielle. Il a su, en bon grimpeur, gérer son effort. Notamment dans la dernière ligne droite, multipliant les idées originales lui permettant de se distinguer de tous les autres candidats, tellement tristes et formalistes. Une fois au pouvoir, il a continué à être partout où on ne l’attend pas. Rapidement il décide de déménager. 


Terminé l’Élysée et Paris, il investit le château de Pau, sur les traces d’Henri IV. De même tous les ministères sont dispatchés hors de la capitale. Les armées à Toulon, l’Agriculture à Rodez, l’Industrie à Lille. Il n’oublie pas ses racines en implantant le ministère de la cohésion des territoires dans sa ville de Lourdios-Ichère (138 habitants) où il est devenu maire à 21 ans. Cette décentralisation à marche forcée passe très bien dans la population, moins chez les hauts fonctionnaires. Par contre, il ne parvient pas à changer l’hymne du pays. Les Français restent attachés à la Marseillaise et peu séduits par l’interprétation d’Aqueros Mountagnos par le président. Une performance a cappella qui est quand même devenue une des vidéos les plus vues de 2020 dans le monde entier. »

Dans notre réalité indéniable, Jean Lassalle, toujours aussi déterminé, laboure le pays pour trouver ses 500 signatures. Le chemin est long, mais le montagnard, très résistant, aime marcher.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le jeudi 30 décembre 2021

De choses et d’autres - Elle remporte le titre de Miss Covid 2021

Le mois de décembre, en plus des fêtes, de la grippe et du froid, c’est aussi le moment où l’on parle le plus de miss. Ce samedi, on connaîtra la nouvelle Miss France. Et le lendemain, place à l’élection de Miss Univers, en direct depuis Tel Aviv, en Israël.

La France a, bien évidemment, envoyé une représentante en la personne de Clémence Botino, Miss France 2020. Élue, quelques semaines avant que le coronavirus ne bloque tout le pays, cette charmante Guadeloupéenne a doublement gagné le titre, peu enviable, de Miss Covid.

Bien avant de participer au concours de Miss Univers, elle s’est fait vacciner. Et testée, la veille du départ. Négative au décollage de Roissy, elle est de nouveau testée à sa descente d’avion... Et là, catastrophe, elle est positive. Immédiatement, elle est placée à l’isolement durant 10 jours.

Bref, elle a peu de chance de pouvoir participer au show qui sera regardé par des milliards d’humains… Privée de répétitions, pour passer le temps, elle a publié des vidéos sur les réseaux sociaux. Notamment, d’essayage de tenues, ponctuant chacun de ces petits défilés de de commentaire : « cette tenue, je l’adore, mais je n’ai pas pu la porter ». Notre jolie Miss Covid va beaucoup mieux, aux dernières nouvelles.

Reste à comprendre comment elle a pu développer la maladie durant le trajet en avion. À moins que les tests réalisés, en France, au départ, soient un peu moins efficaces que ceux déployés sur le sol israélien. 

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le lundi 6 décembre 2021

samedi 4 décembre 2021

Cinéma - “Madeleine Collins”, l’inconnue du quotidien

Une femme, deux identités et deux familles. Virginie Efira sublime ce thriller psychologique qui joue avec la folie

Judith (Virginie Efira), une double vie et de nombreuses bouffées d’angoisse.  Paname Distribution / UFO

Le thème de la double vie est souvent utilisé en littérature ou au cinéma. Comme s’il était impossible de se contenter d’une famille, d’un boulot, d’une femme… Car la plupart du temps, ce sont des hommes qui se démultiplient. Comme dans ce film sorti récemment où une femme découvrait que son mari, un marin, était marié à une autre femme en France avec qui il avait eu un enfant (After Love d’Aleem Khan). Dans Madeleine Collins d’Antoine Barraud, c’est une femme qui mène une double vie. Judith (Virginie Efira), est mariée à Melvil (Bruno Salomone). Ils ont deux garçons et vivent en France. Mais pour son boulot d’interprète, Judith doit se rendre très souvent à l’étranger pour des périodes de 5 à 10 jours. En réalité elle ne quitte jamais la Suisse où elle élève une petite Ninon avec le père Abdel (Quim Gutiérrez). 

Le début du film, après une scène d’introduction énigmatique mais d’une rare tension, montre Judith s’occuper parfaitement de la petite fille. Jeux dans un parc, repas du soir, coucher et lecture d’une histoire. Pourtant l’enfant est malheureuse. Elle sait que le lendemain elle se retrouvera seule avec son père. Judith, elle, change de vie en un clin d’œil. Terminée la petite vie modeste de la Suisse, elle est dans le grand monde en France. Melvil, chef d’orchestre renommé, aime monter cette femme si belle, si brillante. Seul problème, ses longues absences. 

Le nom du film, Madeleine Collins, reste longtemps un mystère pour le spectateur. Mais c’est anecdotique car plus le temps passe, plus on sent Judith prise dans cet engrenage de mensonges et de faux-semblants. Elle est prise de bouffées d’angoisse, commence à se demander si elle n’est pas réellement folle. Mais pourquoi ces deux vies, ces deux facettes ? Toute la virtuosité du film est de donner une explication crédible à une situation qui paraît totalement improbable. Judith est aussi Margot et pourrait devenir aussi une autre femme, différente, pour embrasser une troisième vie. Comme si elle n’était jamais satisfaite de son quotidien. 

Un thriller qui tutoie la folie, porté par une Virginie Efira exceptionnelle dans ce jeu de rôles de tous les jours. Elle donne la réplique à deux comédiens connus dans des registres comiques, Bruno Salomone et Quim Gutiérrez (vu dans Le voisin sur Netflix), qui prouvent que leur talent aussi est à double facette.

Film français d’Antoine Barraud avec Virginie Efira, Bruno Salomone, Quim Gutiérrez



De choses et d’autres - Marine Le Pen mise tout sur ses chats

Troisième épisode des chroniques à la mode uchronie. Avec un postulat de départ : il y a cinq ans, un autre candidat a remporté la présidentielle. Après François Fillon et Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen.

« Le Pen à l’Élysée : il aura fallu sept candidatures d’affilée, cinq du père et deux de sa fille pour que l’extrême droite accède au pouvoir en France. Malgré une forte mobilisation dans la rue, le Front National remporte les législatives. Un boulevard s’ouvre à la première femme élue présidente de la République.

Pourtant, rien ne se passe comme prévu. L’amateurisme des députés transforme les travaux de l’Assemblée en chaos complet. Sans relais dans les forces économiques ni au niveau européen (excepté la Hongrie d’Orban), Marine Le Pen se sent impuissante. Sortant de moins en moins du palais présidentiel, elle trouve réconfort et espoir auprès de ses chats qui profitent du grand parc de la République.

Des chats qui prennent de plus en plus d’importance au point que la France se retrouve à la pointe du combat pour reconnaître le fait que les animaux sont doués de sensibilité. Il a même été un temps envisagé la création d’un ministère chargé du bien-être des animaux, mais le lobby des chasseurs a usé de son influence pour tuer dans l’œuf le projet.

Reste que depuis qu’elle publie de nouveau des photos d’elle en compagnie de ses matous, la cote de Marine Le Pen a grimpé de 15 points. »

Dans la réalité indéniable, Marine Le Pen a toujours des chats, mais elle se montre beaucoup plus discrète, craignant une image de « mémère à chats » qui nuirait à sa stature internationale.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le mercredi 29 décembre 2021

De choses et d’autres - Voyage silencieux

Avez-vous remarqué combien les voitures de nos jours sont moins bruyantes qu’il y a dix ou vingt ans ? Parfois, dans la rue, si comme ces derniers jours la tramontane est impétueuse, on n’entend quasiment pas un véhicule qui arrive par-derrière. Excepté les excités de l’accélérateur qui ne peuvent s’empêcher de faire ronfler leur moteur, comme s’ils prouvaient ainsi à la face du monde entier leur extrême virilité.

Voilà pourquoi ces paradeurs à essence ne seront jamais des adeptes des véhicules électriques. Trop discrets, quasi invisibles acoustiquement parlant. Quand une voiture électrique passe près de vous, elle ne fait pas plus de bruit que, dirait Bérurier l’adjoint graveleux de San-Antonio, « un pet glissant sur une toile cirée ».

Au volant, personnellement, j’aime que le moteur soit discret. Mais ce n’est pas le cas de tout le monde. Les constructeurs ont visiblement reçu plus de critiques que de compliments puisque certaines marques ont décidé de proposer en option des amplificateurs du bruit du moteur.

Deux possibilités : le bruit est plus fort dans l’habitacle. Cela passe simplement par les haut-parleurs qui normalement servent à diffuser de la musique ou la radio. Ou, plus rare, le bruit plus fort du moteur est destiné aux passants par des haut-parleurs extérieurs supplémentaires. Étrange paradoxe quand on sait que certaines associations militent pour l’installation en ville de radars contre la pollution sonore.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le samedi 4 décembre 2021 

vendredi 3 décembre 2021

BD- Vaccin contre zombies


Enfin une bonne idée dans les histoires de zombies : les scientifiques ont mis au point un vaccin ! Dès lors, des hommes et des femmes sillonnent les USA pour ramener à la vie normale les mangeurs de cervelles pas trop abîmés. 

Peru, après sa première série très remarquée sur les Zombies, récidive dans un univers qu’il maîtrise à la perfection. Il a confié son scénario à Dellac qui l’a converti en story-board. Le dessin final, très élégant malgré les massacres, est signé Bornyakov, un Russe dont c’est la première collaboration en France.   

« No Zombies » (tome 1), Soleil, 15,50 €

De choses et d’autres - Mélenchon fait le buzz

Suite des chroniques à la mode uchronie. Avec un postulat de départ : il y a cinq ans, un autre candidat a remporté la présidentielle.

« Mélenchon président. L’Europe en a tremblé durant deux mois. Mais rapidement la France rouge a ressoudé les autres nations autour de l’Allemagne. Négociations impossibles à mener, comme promis, des référendums ont été organisés pour sortir de l’Union. La fin de l’état de grâce pour le président puisque les Français, visiblement versatiles, ont refusé de quitter le cocon douillet de l’Europe. Dans une impasse, Jean-Luc Mélenchon a fait le grand écart, abandonnant son projet de VIe république et endossant pleinement les habits de président de la République omnipotent.

Sa fragile majorité à l’Assemblée l’oblige à gouverner à coup de 49.3 pour imposer un smic à 1 400 € et le maintien de la retraite à 62 ans. Une mue qui lui a permis de relancer sa carrière de tribun. Tel un Castro du vieux continent, il a multiplié les interventions, en France comme à l’étranger.

Sur les antennes, de France Télévisions (société dirigée par François Ruffin), il a son émission tous les samedis soir où tel une résurrection de Michel Polac, il multiplie les clashes et les buzz qui font parler le lundi au bureau lui permettant chaque semaine de grimper dans les études d’opinion. »

Dans la réalité indéniable, Jean-Luc Mélenchon est de nouveau candidat à la présidentielle. Selon les derniers sondages, il est à 10 %, soit 9 % de moins qu’en 2017.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le mardi 28 décembre 2022

De choses et d’autres - Patates et célébrités

Les Parisiens résidant dans le XXe arrondissement, s’ils ont une subite envie de frites ou de purée, ne seront jamais à court de patates. Pas grâce aux épiceries de nuit ni aux supermarchés mais tout simplement car ils sont à proximité du cimetière du Père-Lachaise.

Un lieu qui abrite la tombe d’Antoine Parmentier, le promoteur de la pomme de terre. Depuis ses obsèques, des fans de ces tubercules en déposent quotidiennement sur le rebord de la tombe de Parmentier. Avec des petits mots gentils, comme « Merci pour les frites ! », gravés dans la patate.

Cette habitude pourrait être étendue à d’autres tombes de personnalités inhumées au Père-Lachaise. Je me vois bien déposer mon vieux transistor sur la tombe de Pierre Bellemare que j’ai tant écouté, enfant, à la radio. Envie d’une petite douceur ? Il suffirait que les amateurs de littérature déposent sur la tombe de Marcel Proust des madeleines. Si possible emballées individuellement…

Une célébrité originaire des Pyrénées-Orientales, François Arago, pourrait voir sa tombe servir de réceptacle pour des lunettes, lui qui a tant fait pour les progrès de l’optique.

Moins utile, mais plus symbolique en ces temps peu riants, on pourrait recouvrir la tombe d’Achille Zavatta de milliers de nez rouge pour conserver une âme d’enfant. D’autres petits rigolos auront sans doute l’idée de fleurir la tombe de Maurice Thorez, célèbre responsable communiste, de bouquets confectionnés avec des faucilles et des marteaux.

Mais la plus utile des tombes restera celle de Jean-Pierre Bacri. En hommage au plus bougon des comédiens français, il suffira d’y déposer sa mauvaise humeur et repartir l’esprit léger.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le vendredi 3 décembre 2021