jeudi 2 décembre 2021

BD - Ces gens vous feront rire


Best-seller surprise, ces gags de Reuzé reviennent pour une 3e fournée toujours aussi absurde et délirante. Les scènes semblent normales, mais les dialogues dérapent systématiquement. Exemple avec ce couple mécontent car l’arbre où ils abandonnent leur chien chaque année est déjà occupé.


Ou ce SDF qui refuse l’obole car il est en grève. Le plus incroyable : les Chinois ont acheté le second étage de la Tour Eiffel. Le plus marrant : le gigot intelligent qui vous donne des conseils pour sa cuisson…

« Faut pas prendre les cons pour des gens » (tome 3), Fluide Glacial, 12,90 €


De choses et d’autres - Le (presque) Tsar

Pour cette dernière semaine de chroniques de l’année 2021, pourquoi ne pas s’essayer à l’uchronie. Avec un postulat de départ : il y a cinq ans, un autre candidat a remporté la présidentielle. 

« Comme tous les sondages l’avaient annoncé, François Fillon a largement remporté le second tour avec 53 % des voix. Première mesure du candidat des Républicains, la nomination de son épouse, Pénélope, au poste de secrétaire générale de l’Élysée. Côté diplomatie, coup de théâtre. La première visite du président élu n’est pas pour la chancelière allemande mais pour Vladimir Poutine. Et dans la foulée, la France annonce qu’elle s’approvisionnera désormais en majorité avec du gaz russe. Quand les premiers cas de Covid sont apparus en 2020, toujours dans le cadre de cette collaboration de plus en plus active, France et Russie ont mis leurs moyens de recherche en commun pour trouver un vaccin. Depuis, 100 % de la population est vaccinée et protégée. Même si les derniers médias encore indépendants doutent de la réalité de cette propagande gouvernementale et diffusent des images d’hôpitaux débordés après la grande réforme du service public qui s’est soldée par la suppression de 180 000 postes de fonctionnaires. »

Dans notre réalité indéniable, François Fillon n’est plus homme politique, risque la prison ferme mais vient aussi d’intégrer le conseil d’administration du géant russe de la pétrochimie, Sibur.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le lundi 27 décembre 2021

De choses et d’autres - Joue-t-on encore aux cowboys et aux Indiens ?

Quand l’information a fuité en début de semaine, tout le monde a cru à un vieux poisson d’avril : les restaurants Buffalo Grill vont changer de nom pour être renommés Napaqaro. Submergé de discours contre le wokisme, j’ai dans un premier temps pensé que ces restos qui ont fait du western et de la cuisine américaine une spécialité, montraient là une volonté de rendre hommage aux peuples indigènes massacrés par les colons.

Peut-être que Napaqaro est le nom original d’un chef indien puisqu’il y a des totems à l’entrée de tous les restaurants. N’oublions pas que le véritable nom de Sitting Bull est Tataka Iyotake et que Blueberry chez les Apaches répond au nom de Tsi-na-Pah, traduction de Nez-Cassé.

En fait j’avais tout faux, les propriétaires de la chaîne de restauration, qui détient également Courtepaille, ont simplement décidé de renommer non pas les restaurants mais le groupe de ce mot qui n’est que la traduction phonétique de « nappe à carreaux », tissu bien français présent sur toutes les tables. Il reste que Buffalo Grill va un peu s’éloigner de la culture américaine. Car, selon un des responsables du groupe, « Les cowboys et les Indiens, ça ne parle plus à mes enfants qui sont jeunes, il n’y a plus de westerns qui passent à la télé… »

Alors là je m’inscris en faux. Hier soir sur C8 les amateurs ont pu voir La rivière rouge avec John Wayne. Hier encore, Jane Campion a dévoilé son nouveau film sur Netflix, The power of the dog, un western, le premier de cette grande réalisatrice primée à Cannes.

Et toujours sur Netflix, le créateur de la série Son of Anarchy (sur les bisbilles dans des bandes de Hells Angels) a révélé travailler sur un projet se déroulant dans l’ouest américain vers 1850. Non, le western n’est pas mort. Au contraire, en ces temps où tout le monde se réfère avec beaucoup de nostalgie au passé, même si on ne l’a pas directement vécu, l’épopée de la conquête américaine n’est pas prête à cesser de faire rêver partout dans le monde, même dans nos assiettes.

Chronique parue (en partie) en dernière page de l’Indépendant le jeudi 2 décembre 2021

mercredi 1 décembre 2021

De choses et d’autres - La double peine des réveillons en prison

Claude Guéant « vit très mal » son incarcération à la prison de la Santé. Cette déclaration de son avocat est tout sauf étonnante. Vous pensez qu’ils sont nombreux les détenus qui se réjouissent de passer Noël et le Premier de l’an enfermés entre quatre murs ?

Pour l’ancien ministre de l’Intérieur de Nicolas Sarkozy, il y aura également dans le lot son anniversaire, 77 ans. Pourtant il avait tout fait pour ressortir rapidement. Sa mise en cellule découlait du non-paiement de fortes amendes. Du coup, le sursis a été transformé par les juges en prison ferme. Il pensait avoir fait le plus dur en versant 115 000 euros, soit, selon son avocat, l’intégralité de la somme due.

Mais la Justice, comme beaucoup d’administrations et d’entreprises durant les fêtes, n’assure qu’un service minimum puisque sa demande de remise en liberté ne sera examinée que le… 19 janvier.

En attendant, il devra se contenter du menu de Noël des prisonniers, qui, j’imagine, doit être un peu moins sélect et goûteux qu’au Fouquets. Mais qui sait, en sortant de cette expérience, il va peut-être se transformer en défenseur des libertés. Car lors de la primaire de son parti, les Républicains, ils ont été plusieurs à regretter ce laxisme qui ferait que désormais les séjours en prison sont comparables à des vacances à l’hôtel.

Certes, la télé est accrochée au mur, mais le confort de la salle de bains et des toilettes correspond plutôt à du « moins 4 étoiles ». Le seul spa proposé c’est quand les canalisations fuient. Du moins quand c’est l’eau chaude. Tiède exactement.

Claude Guéant est donc très éloigné d’un séjour dans un Palace. Mais c’est normal, une prison reste une prison.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le jeudi 23 décembre 2021

BD - Paris en vert


Dans un futur proche, les plantes se sont rebellées. Une poussée forte d’un coup qui a submergé les villes. Quelques années plus tard, dans une ville de Paris recouverte d’une jungle sauvage, la société s’est écroulée. Les gens vivent dans des camps, sous la coupe d’une armée de plus en plus agressive. 


Dans ce monde compliqué, deux jeunes filles que tout oppose, vont devoir s’unir pour conserver un peu d’Humanité. Scénario très réussi de Sébastien Voizat illustré par Kmixe, dessinatrice de Montpellier au trait particulièrement lisible. 

« Jungle urbaine », Jungle, 12,95 €

De choses et d’autres - Suis-je un umarell ?

Depuis quelques semaines, je marche beaucoup. Je me promène, exactement, tôt le matin pour améliorer ma condition physique. Et parfois, je me surprends à progresser, pensif, les deux mains jointes dans le dos.

Exactement comme mon père qui, lui aussi, marchait beaucoup. Cette position, caractéristique des personnes âgées, m’est revenue à l’esprit, quand j’ai découvert le mot « umarell ». Dérivé d’un dialecte typique de Bologne, en Italie, il désigne « les hommes à l’âge de la retraite, qui passent le temps à regarder les chantiers de construction, en particulier les travaux routiers, leurs mains jointes dans le dos. » Même si je ne suis pas un fan de travaux, suis-je un umarell ?

Car il ne fait pas le moindre doute que j’aime avoir les mains jointes dans le dos. Cela me permet de repenser à mon père et je n’ai pas à me demander quoi faire de mes bras (mains dans les poches, simplement ballants…).

En prolongeant un peu les recherches sur les umarells de Bologne, je découvre qu’ils forment, presque, un clan et qu’il existe un titre de seigneur. Certains sont devenus tellement célèbres qu’ils ont fait de la pub et ont même eu droit à des BD racontant leurs exploits. Moins réjouissant, la véritable raison de leur présence quotidienne devant les chantiers : généralement, ils sont chassés de la maison par leurs femmes qui ne désirent pas les avoir, en permanence, dans leurs pieds.

Et, dans la région aussi, on a nos umarells. Ce ne sont pas les chantiers qu’ils squattent, mais les bancs des villages, les mains appuyées sur leur canne. De l’umarell au sénateur, il n’y a qu’un pas. 

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le mercredi 1er décembre 2021

jeudi 4 novembre 2021

De choses et d’autres - La drague verte

En pleine COP26, l’écologie est partout. Même sur les sites de rencontres en ligne qui ont constaté qu’une des principales qualités recherchées par les célibataires est de trouver un partenaire écoresponsable, voire adepte du bio ou même vegan. Il en  existe carrément de spécialisés comme Amours Bio ou GreenLovers.

Étonnant comme les modes poussent les gens à accepter des pratiques qu’ils auraient réprouvées avec véhémence il y a trois ans à peine. Car mesdames, sortir avec un écolo, c’est prendre le risque de vous retrouver en tête à tête avec un homme qui n’utilise pas de déodorant (à part celui fabriqué maison à base de fécule de maïs et d’huile de coco) et ne se brosse les dents qu’avec un dentifrice composé de clou de girofle, de bicarbonate de soude et d’argile verte.

J’imagine le premier baiser après une chaude après-midi d’été passée à sauver des animaux de l’abattoir.

Vous me direz, la dame du rendez-vous pourrait faire mieux dans le genre « Je sauve la planète à moi toute seule ». Par exemple économiser l’eau devenue si précieuse en ne se lavant que tous les deux ou trois jours.

Je caricature un peu et grossis le trait, mais si ce sont de véritables amoureux de la nature qui veulent trouver chaussure à leur pied, ils ne devraient pas se contenter, comme à Glasgow, de vœux pieux mais d’actions concrètes.

Au risque d’être rapidement déçus et de voir, étrange paradoxe, la température dramatiquement chuter lors de leurs ébats enflammés.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le jeudi 4 novembre

mercredi 3 novembre 2021

De choses et d’autres - Netflix sur grand écran

Quand Netflix n’était qu’une plateforme diffusant des séries, le pas encore géant de la culture mondiale était royalement dédaigné par les autres acteurs de la profession. Les grandes maisons de productions comme les chaînes de télé. Il a fallu attendre que Netflix ait plus de 100 millions d’abonnés et que tout le monde parle de ses « coups » à la machine à café (La casa de papel ou Lupin) pour que certains comprennent que le danger était là.


Tout a changé quand Netflix a décidé de produire et de diffuser en exclusivité des films de cinéma. Un paradoxe puisqu’une production audiovisuelle, pour être considérée comme cinématographique, doit être diffusée dans une salle, sur grand écran. Quelques dizaines de films plus tard, dont de remarquables comme Roma, The Irishman ou Marriage Story, Netflix négocie avec quelques salles la possibilité d’organiser un festival en décembre pour permettre de voir quelques-uns de ces films dans des conditions optimales. Et là, Netflix devient du jour au lendemain l’ennemi absolu, la pire peste qui risque de tuer le cinéma français, de la production la distribution.

Pourtant il est envisagé de sortir dans ce cadre The Power of the Dog de Jane Campion, film salué par tous les critiques. Œuvre qui, tiens c’est bizarre, a été présentée en avant-première sur grand écran, en présence de la réalisatrice, ovationnée au festival Lumière de Lyon.

En fait, les films de Netflix dans les salles de cinéma c’est mal, sauf quand ils sont réservés à une petite élite du milieu qui peut en profiter avant tout le monde.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le mercredi 3 novembre

mardi 2 novembre 2021

De choses et d’autres - Cinq emplois… pour la frime

Si l’on en croit certains leaders politiques, les Français sont des fainéants qui ne travaillent pas assez. Non seulement il faut mettre fin à ces honteuses 35 heures, mais on doit aussi repousser l’âge de la retraite au-delà de 65 ans.

Un discours de droite qui doit dans doute plaire à ce jeune de 20 ans seulement qui s’est fait une sacrée réputation en diffusant un petit film résumant sa journée : « Boulangerie de 4 h à 8 h, agent laborantin de 9 h à 12 h, pizzeria de 12 h à 15 h, matelot sur un catamaran de luxe de 16 h à 21 h, agent d’entretien de 21 h à minuit. »

Cela représente selon lui 120 heures de travail par semaine. En voilà un de Français qui aime bosser. Sans doute qu’il est animé par un besoin impérieux de nourrir sa famille nombreuse ou de rembourser les dettes de ses parents. Mais en réalité, ce jeune se tue à la tâche (il n’y a pas d’autre mot) juste pour faire le beau à la fin de son clip et de se vanter de s’être acheté une Audi RS3 à 20 ans. Tout ça pour une voiture de sport. Pour la frime…

Avec en plus les risques de mélange de boulot : il analyse un croissant au labo puis garni sa pizza avec des souches de virus…

Finalement, en voyant ce montage, je me dis qu’à choisir entre travailler 120 heures par semaine ou me retrouver bénéficiaire du RSA, je choisis sans hésiter la seconde solution. Certes je ne pourrais jamais m’acheter de voiture de sport, mais au moins j’aurais du temps pour mes proches et profiter de la vie, la vraie. 

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le mardi 2 novembre 2021
 

lundi 1 novembre 2021

De choses et d’autres - Revenu d’entre les morts

 

Le titre de la chronique du jour est certainement excessif. Mais pour un retour, après un mois d’absence quand même, je me dois de frapper les esprits. D’autant qu’on est le 1er novembre, jour des morts. Par ailleurs date anniversaire des débuts de mes scribouillages en dernière page de l’Indépendant. Dix ans que je squatte cet emplacement pour le pire et le meilleur, doublé d’un podcast depuis trois ans.

Et pourtant je ne pensais pas revenir frais et dispo. A la base, l’intervention chirurgicale programmée n’est pas spécialement dangereuse, même si j’ai dû signer un document précisant que j’avais bien compris tous les risques, dont l’ultime : la mort. 

Le matin de l’opération, dans la salle d’anesthésie, harnaché par une myriade d’infirmières, un homme masqué apparaît dans mon champ de vision et me demande : « Bonjour je suis l’anesthésiste. Je vais vous endormir. Vous êtes le Litout qui écrit des billets dans l’Indépendant ? » Obligé de répondre oui.

Et immédiatement de gamberger. Mince, et si cet anesthésiste est un des lecteurs qui ne m’apprécient pas et me le fait savoir avec des lettres anonymes pleines de sous-entendus sur mon inutilité et ma nullité ? Et s’il n’avait pas apprécié que je me moque de Jean Castex, Mélenchon ou Zemmour ? Et s’il en profitait pour mettre juste ce qu’il faut de produit en plus pour que je ne me réveille pas.

Voilà comment j’ai cru, durant quelques secondes, ma dernière heure venue. Quelques secondes seulement car avant de sombrer dans le grand sommeil j’ai eu le temps de l’entendre dire « J’aime bien ce que vous faites, je vous écoute aussi parfois en pod… » Bonne nuit tout le monde

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le lundi 1er novembre