mardi 9 novembre 2021

Streaming - Les affres (et espoirs) du confinement racontés par Dany Boon


Dany Boon, champion français du box-office, décide de se passer des salles et de sortir sa nouvelle création directement en streaming sur Netflix. Drôle de décision en cette période de crise de la fréquentation. Un peu plus compréhensible une fois qu’on a visionné ces deux heures bricolées autour de quelques clichés ayant alimenté les réseaux sociaux durant le premier confinement. Pas véritablement un film (les décors sont quasi inexistants), plus proche d’une émission télé réalisée dans un studio avec une équipe de copains qui ont parfois l’impression d’improviser. 

Bref, « 8, rue de l’Humanité » est loin du chef-d’œuvre du cinéma populaire qui a fait la renommée de Dany Boon. Il a écrit le scénario, réalisé et interprété l’histoire de ces locataires d’un immeuble parisien pris dans la nasse du confinement. Il reprend son personnage d’hypocondriaque absolu, aspergeant de gel hydroalcoolique les vigiles et caissières des supermarchés et obligeant sa femme à dormir sur le palier car elle a osé aller s’entretenir avec un de ses clients (elle est avocate) dans une prison. Il est clairement abject, niant toute humanité. 

Les autres personnages ne sont guère mieux. Le patron d’un laboratoire d’analyses cherche un virus et ose l’expérimentation sur des cobayes humains qui ne sont pas au courant, une patronne de bistrot transforme son stock d’alcool de prune en désinfectant qu’elle vend au noir. Le seul qui semble sympa reste le concierge d’origine portugaise. 

C’est pourtant lui qui sera le plus affecté par la pandémie. Et même si dans les 5 dernières minutes tout le monde se rachète et célèbre cette Humanité si précieuse, tout le reste du film a tendance à nous mettre mal à l’aise en constatant que malheureusement, oui, c’est la mentalité qui domine actuellement en France…

De choses et d’autres - Une très chère envie de coquillettes

On trouve tout sur internet. Et grâce à l’ubérisation de notre société, en zone urbaine, non seulement on trouve tout, mais on peut se le faire livrer illico presto. Voilà pourquoi un jeune youtubeur s’est retrouvé, récemment, sous le feu des critiques. Habitué à partager son quotidien avec ses milliers d’abonnés, il publie de courtes vidéos de ses journées plus ou moins occupées.

Ce soir-là, debout dans sa cuisine, la bouche pleine, il avoue qu’il a eu une envie folle de coquillettes. Vous savez ces pâtes toutes simples qu’on peut cuire vite fait bien fait, simplement accommodées d’un peu de beurre et de fromage râpé. Mais, le jeune, très actif sur les réseaux sociaux, un peu moins dans sa cuisine, choisit la solution de facilité. Et s’en vante sur le petit film révélant le prix du plat de coquillettes livrées à domicile : 20 €.

Un peu cher pour un repas qui, concocté à la maison ne dépasse pas les 50 centimes, prix de l’électricité ou du gaz compris. Car, quand on est jeune et étudiant, les repas à base de pâtes restent souvent la seule solution pour ne pas crever la dalle en fin de mois, vu qu’on n’a même plus assez d’argent pour s’acheter des tickets de Resto U.

Le pire dans cette histoire, qui a conduit le youtubeur à effacer sa vidéo, il avait été invité, peu de temps auparavant, par le président Macron, à l’Élysée, pour aborder un sujet d’actualité : la difficulté financière des étudiants.

Visiblement, les services de l’Élysée planent tellement dans leurs hautes sphères que je les soupçonne même d’ignorer comment fonctionnent les Restos du Cœur. Alors la précarité, vous pensez.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le jeudi 11 novembre 2021

De choses et d’autres - La France moche

Si la France est depuis de nombreuses années la première destination touristique mondiale, force est de constater qu’il existe de graves inégalités entre certaines communes. Dans l’ensemble, les paysages français sont beaux et préservés. La carte postale si chère aux appareils photos des visiteurs étrangers est omniprésente.

Pas partout cependant. Pour preuve l’association Paysages de France vient de publier son traditionnel palmarès de la « France moche ». Quatre localités remportent le titre cette année dans les différentes catégories. Si ces villages sont moches, ce n’est pas à cause d’architecture ratée où de prolifération d’éoliennes (ou de fils électriques). Non, ce qui massacre un paysage selon le jury de l’association, ce sont essentiellement les panneaux publicitaires.

Quatre communes au banc des accusés et par chance pas une seule de la région, même si objectivement, certaines périphéries des grandes villes de l’Aude et des Pyrénées-Orientales auraient tout à fait pu l’emporter haut la main. Effectivement en voyant une photo prise à l’entrée de Migné-Auxances dans le département de la Vienne, on se demande qui peut s’y retrouver dans ce fouillis de publicités qui se recouvrent toutes les unes sur les autres. Idem pour l’entrée de Dambach-la-Ville dans le Bas-Rhin, distinguée dans la catégorie « Mise en valeur du patrimoine ». Le porche gothique est du plus bel effet (un peu comme une des entrées de la Cité de Carcassonne ou du Castillet de Perpignan). Mais alors pourquoi avoir placé un panneau publicitaire à moins de 10 mètres de ce petit chef-d’œuvre architectural ?

Ces prix peu reluisants de la « France moche » auront peut-être le mérite d’alerter les élus des quatre communes visées. Car ils ont tout à fait le pouvoir de diminuer le nombre de panneaux à l’entrée de leurs villes. Seul problème en ces temps de contraintes budgétaires, chaque panneau rapporte à la collectivité.

Un choix compliqué pour certaines collectivités qui ne savent plus comment faire pour maintenir leurs finance à flot.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le mercredi 10 novembre  

lundi 8 novembre 2021

Série télé - L’absente ne laisse pas indifférent


Diffusée en septembre dernier sur France 2, la série L’absente de Delinda Jacobs sort dans un coffret de 3 DVD de fort belle facture. Ces huit épisodes de 52 minutes racontent comment une famille va de nouveau être bouleversée 11 ans après une première déflagration. Sur la côte d’Opale, de toute beauté malgré l’absence de soleil, Laurent (Thibault de Montalembert) et Hélène (Clotilde Courau) sont divorcés. Leur couple n’a pas survécu à la disparition, il y a 11 ans, de leur petite fille Marina.

Si Laurent s’est remarié et a eu un petit garçon avec sa nouvelle épouse, Hélène est restée seule à élever ses deux autres enfants. 

Leur vie bascule quand Paul (Olivier Rabourdin), ami d’enfance et policier chargé de l’enquête leur annonce qu’il a peut-être retrouvé Marina. Une jeune fille vient d’être renversée par un camion. Son portrait correspond à celui de Marina. Des analyses ADN viennent confirmer. Marina est revenue. Mais elle a perdu la mémoire dans l’accident. C’est comme si elle redécouvrait sa vie d’avant sans le moindre souvenir. 

Enquêtrice peu banale

Pas de traces non plus de son séjour en captivité si ce n’est des traces de brûlures de cigarettes partout sur le corps. Très rapidement, des doutes sur la véritable identité de Marina apparaissent. Et dès lors la scénariste sème les petits cailloux pour rendre l’intrigue de plus en plus tortueuse. 

Pour tenter de démêler le vrai du faux, une policière (Marie Denarnaud, vue aussi dans HPI) est envoyée en renfort. Enceinte de 8 mois, elle n’a que quelques jours pour tenter de retrouver le présumé kidnappeur et découvrir qui a assassiné un des suspects de l’époque. Ce personnage amène beaucoup dans l’originalité de la série, même s’il n’est pas 100 % crédible. 

Reste un suspense habilement mené. Seul regret, un dernier épisode qui est presque de trop dans le récit, comme une sorte d’épilogue moralisateur dont L’absente aurait tout à fait pu se passer. 

De choses et d’autres - Amants et âmes fantômes

Étrange polémique que celle qui a fait réagir, sur divers réseaux sociaux, des centaines de féministes, opposées à quelques machos. A la base, un post d’un homme qui s’offusque qu’une femme ait plusieurs partenaires dans sa vie. Et de prétendre que chaque fois que vous faites l’amour avec ce genre de demoiselle, vous vous retrouvez dans son vagin en compagnie de l’âme de tous les amants précédents. Dans son sabir cela se résume à « Si tu couches avec elle, tu couches avec ses 30 partenaires. Leurs âmes sont en elle. »

Mai 68 et la libération des mœurs, c’était il y a plus de 50 ans et il y a pourtant des hommes encore capables d’avoir des raisonnements dignes de la pire inquisition.

Les féministes ont bien évidemment mal pris cette sortie. Mais, au lieu de fustiger l’idiot qui croit aux captures sexuelles d’âmes d’amants, elles se sont copieusement moquées de lui et des quelques soutiens qui ont osé sortir du bois. Certaines, réalistes ou ambitieuses, ont relevé qu’elles devaient entretenir un sacré embouteillage en leur sein. Plus sarcastique, cette réponse d’un humour très féminin : « Les hommes ? Une âme ? Et pourquoi pas une conscience aussi ? »

Une autre de signaler que vu le bruit en provenance de la chambre de sa voisine, cette dernière aura demain une nouvelle âme stockée en elle.

La discussion a ensuite vrillé sur la cohabitation maximale d’âmes. Et de savoir comment les libérer. Je vous épargne les détails, c’est pourtant marrant, mais vraiment trop scabreux.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le mardi 9 novembre 2021

dimanche 7 novembre 2021

VOD - Très difficile vie sur Mars

Sorti directement en vidéo à la demande, le film de science-fiction « Life on Mars » est particulièrement d’actualité. Cette histoire de ferme perdue sur la surface de Mars contient en filigrane le scénario catastrophe de la COP26. Sur cette ferme, un couple vit en compagnie de sa petite fille. Légumes sous serre, quelques animaux : les journées dans le paysage rouge de la planète sont monotones. Et pas sans danger. Des rebelles tentent de les expulser. Car le couple vient de la Terre devenue invivable. 

Finalement une cohabitation va s’imposer. Mais pas sans arrière-pensées. La violence est latente. Tourné en Afrique du Sud, ce film de SF assez lent et métaphysique permet de retrouver la comédienne française faisant carrière outre-Atlantique, Sofia Boutella et de découvrir la jeune Brooklynn Prince, parfaite dans un rôle pourtant complexe.


DVD - La tumultueuse nuit d’un médecin


Film court, nerveux et tendu, sans artifices, qui va droit au but, « Médecin de nuit » (Diaphana) est une pierre de plus dans les ruines du système médical français. Elie Wajeman, le réalisateur, a longuement suivi un véritable médecin de nuit avant se finaliser son scénario. Mickael (Vincent Macaigne) travaille toutes les nuits. Il enchaîne les visites chez les particuliers. Il reçoit aussi dans sa voiture, notamment les toxicomanes. Il délivre quantité d’ordonnances de subutex

Un médecin au bout du rouleau. Il se détache de son épouse, entretient une relation avec la petite amie (Sara Giraudeau) de son cousin (Pio Marmai), pharmacien. Ce dernier, en plus fait un trafic d’ordonnances pour les dealers. Un engrenage qui va mener le spectateur jusqu’au petit matin de cette nuit peu banale. Un très grand film, avec de sublimes images du Paris nocturne


De choses et d’autres - Animer ou aimer, il faut choisir

En prévision de l’élection présidentielle, les chaînes de télévision ont décidé de sortir le grand jeu pour tenter de grappiller quelques points d’audience. Hier soir sur M6, Karine Le Marchand  a repris son émission Une ambition intime mais en ne se consacrant qu’aux femmes politiques. On a pu en savoir un peu plus sur les vies de trois des candidates à la présidentielle : Anne Hidalgo, Valérie Pécresse (qui doit d’abord remporter la primaire LR) et Marine Le Pen.

Bizarrement, Nathalie Artaud de Lutte Ouvrière n’a pas été invitée. Pas certain cependant qu’elle ait accepté que les caméras de M6 vienne chez elle filmer son quotidien pour parler de son chéri ou du petit dernier.

Uniquement des femmes donc pour cette émission, conséquence le plus en vogue des postulants au poste suprême n’a pas eu droit à la parole. De toute manière sa conseillère en communication l’aurait sans doute dissuadé de participer à ce genre de show. Trop peur que l’animatrice lui demande des détails sur cette baignade à La Seyne-sur-Mer très collé serré en compagnie de la fameuse conseillère...

Ces femmes de l’ombre ont souvent plus de pouvoir qu’on ne le croit. Pour preuve un des meilleurs journalistes du service public, Thomas Sotto, a annoncé ce week-end qu’il se retirait de la présentation de l’émission Élysée 2022. Co-présentateur avec Léa Salamé, il a révélé à sa hiérarchie être en couple avec Mayada Boulos.

Ce nom ne vous dit peut-être rien, pourtant c’est la directrice de communication du Premier ministre Jean Castex. Alors, entre animer un rendez-vous phare de la campagne électorale ou tout simplement aimer, Thomas Sotto a choisi. Il préfère quitter les feux de la rampe.

Et qu’on ne me dise plus qu’il n’y a que les femmes qui sacrifient leur carrière pour leur mari ou compagnon.  

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le lundi 8 novembre 2021

samedi 6 novembre 2021

De choses et d’autres - Un sondage sur l’utilité des sondages

S’il est bien un milieu qui ne redoute jamais la crise, c’est bien celui des sondeurs. Ils savent parfaitement qu’à tout moment des hommes, femmes ou organismes vont vouloir savoir ce que pensent les Français d’eux.

Les sondages c’est un peu comme l’alcool : on sait que ce n’est pas bon pour la santé si l’on abuse, mais très compliqué de ne pas dépasser les limites. Il existe pourtant dans ce monde dominé par les chiffres et les tendances une tribu d’irréductibles. Le journal Ouest France (plus gros tirage de la presse quotidienne) a décidé de ne pas commander de sondages pour la prochaine présidentielle.

Le quotidien de l’Ouest préfère parler projet et faire des reportages.

Les sondeurs perdent un marché ? Pas sûr car en fait ils en gagnent un. Le Huffington Post vient de publier un sondage de YouGov sur… l’influence des sondages sur les électeurs. Selon les réponses des 1 000 personnes représentatives, ces fameuses enquêtes d’opinion qui font les gros titres à la Une et permettent aux professionnels des plateaux télés de tenir le crachoir durant des heures durant, ne servent pas à grand-chose. 71 % des sondés affirment que leur vote n’est pas influencé par les résultats d’un sondage.

Et ils sont aussi 72 % à approuver la décision de Ouest France qui reste quand même un peu seul sur le coup.

Et si au lieu d’interdire les sondages une semaine avant le scrutin les sondés décidaient plus simplement de ne pas répondre. Ou de dire tout et n’importe quoi pour obtenir des résultats incohérents ? Il existe énormément de façons pour prouver que quelques chiffres ne font pas une élection.

Mais là aussi, gare à la récupération. Un institut de sondage est capable d’interroger un panel pour déterminer quelles sont les meilleures méthodes pour fausser un sondage.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le samedi 6 novembre

vendredi 5 novembre 2021

BD - Calamity Jane enfant


Elle est unique dans l’histoire de la conquête de l’Ouest américain. Calamity Jane a vécu comme un homme, libre et sans limite. Mais quelle a été l’enfance de cette légende ? Adeline Avril tente d’y répondre dans le premier tome de cette série aux couleurs pastels très lumineuses. 


Jane a traversé la moitié est USA dans une carriole. Sa maman est morte, son père s’est absenté. Aînée de la famille, elle doit s’occuper des petits. Dont la dernière qui est fiévreuse…    

« Calamity Jane » (tome 1), Delcourt, 10,95 €