Quelques chroniques de livres et BD qui méritent d'être lus et les critiques cinéma des dernières nouveautés. Par Michel et Fabienne Litout
dimanche 11 juin 2017
Roman : Souvenirs des Cornouailles
Deux belles histoires, émouvantes et prenantes, rythment ce roman de Sarah Vaughan. Deux drames de la vie ordinaire, espacées d’un demi-siècle. De nos jours, Lucy, trompée par son mari, va trouver refuge dans la ferme de sa grand-mère Maggie. Une exploitation agricole doublée de chambres d’hôtes. Lucy va se rapprocher de cette vieille dame et découvrir le grand secret de sa vie. Elle aussi, très jeune, a aimé. Un amour de jeunesse dans les années 40, en pleine guerre. Le récit actuel alterne avec l’histoire de Maggie jeune et se rejoint au final grâce à Lucy, consolée de ses chagrins amoureux et revigorée par la belle conclusion de la tragique histoire de Maggie. Un texte addictif entre drames du passé, déceptions du quotidien et futur désirable.
➤ « La ferme du bout du monde », Sarah Vaughan, Préludes, 16,90 €
De choses et d'autres : âme sœur
La parité, imposée en politique, était vraie à 100 % en matière matrimoniale. Enfin jusqu’à la décision de voter une loi pour le mariage pour tous. De ce jour,pour se marier, il suffisait d’être deux. Quel que soit le sexe des deux amoureux ou amoureuses. Une grande évolution de mentalité mais qui ne va suffisamment pas assez loin pour les adeptes de la sologamie. Tout est expliqué dans les deux premières syllabes. Solo. Comme seul. Ou comment décider de se marier avec soi-même.
Le concept paraît complètement idiot mais existe pourtant dans certains pays comme le Japon ou les États-Unis. Le principe même du mariage est de montrer à sa famille, ses amis, que l’on a décidé de partager sa vie avec l’être aimé. Vivre avec soi-même, a priori, on le fait naturellement. Et pas par choix parfois. Celui ou celle qui décide de s’automarier est suspecté, au choix, d’être très égocentrique, schizophrène ou bipolaire.
J’imagine bien la scène devant le maire. « Mme Sophie Pétoncule, acceptez-vous de prendre pour épouse Sophie Pétoncule ? ». « Oui, nous le voulons » répond la fameuse Sophie d’une seule et même voix… S’il existait des associations d’adeptes de sologamie, ils se retrouveraient le soir et parleraient de leurs difficultés de couples isolés. Mais attention au coup de foudre. Si Sophie tombe amoureuse de Marcel, marié avec lui-même depuis 5 ans, ils devront avant de convoler, entamer une procédure de divorce avec eux-mêmes. Et ils seront obligés de prendre chacun deux avocats pour trouver un terrain d’entente avec eux-mêmes.
Un peu compliquée cette sologamie. Et je n’ai même pas osé imaginer la question de la garde d’enfants, si elle se posait.
Le concept paraît complètement idiot mais existe pourtant dans certains pays comme le Japon ou les États-Unis. Le principe même du mariage est de montrer à sa famille, ses amis, que l’on a décidé de partager sa vie avec l’être aimé. Vivre avec soi-même, a priori, on le fait naturellement. Et pas par choix parfois. Celui ou celle qui décide de s’automarier est suspecté, au choix, d’être très égocentrique, schizophrène ou bipolaire.
J’imagine bien la scène devant le maire. « Mme Sophie Pétoncule, acceptez-vous de prendre pour épouse Sophie Pétoncule ? ». « Oui, nous le voulons » répond la fameuse Sophie d’une seule et même voix… S’il existait des associations d’adeptes de sologamie, ils se retrouveraient le soir et parleraient de leurs difficultés de couples isolés. Mais attention au coup de foudre. Si Sophie tombe amoureuse de Marcel, marié avec lui-même depuis 5 ans, ils devront avant de convoler, entamer une procédure de divorce avec eux-mêmes. Et ils seront obligés de prendre chacun deux avocats pour trouver un terrain d’entente avec eux-mêmes.
Un peu compliquée cette sologamie. Et je n’ai même pas osé imaginer la question de la garde d’enfants, si elle se posait.
samedi 10 juin 2017
BD : Mais qui a imaginé la Sainte-Chapelle ?
Passionnante histoire que cette construction de la Sainte-Chapelle à Paris par Saint-Louis. Pierre-Roland Saint-Dizier (qui sera présent le week-end prochain à Leucate sur le Lydia dans le cadre du festival méditerranéen du polar) propose une version romancée de ce bijou architectural. Les maîtres d’œuvre connus de l’époque auraient spolié le travail d’un génie méconnu. Cet architecte sans visage (il est défiguré et n’apparaît que masqué), serait à l’origine de la grâce élancée d’une bâtisse construite en quatre ans et destinée à protéger et mettre en lumière, les reliques ramenées de Terre Sainte. Dessiné par Andrea Mutti, cet album entre érudition et enquête policière, transforme l’Histoire en romance palpitante.
➤ « L’architecte de la Sainte-Chapelle », Glénat, 14,50 €
De choses et d'autres : Merveilles de la francophonie
Le français est une langue merveilleuse. Compliquée selon l’avis général mais prodigue en possibilités souvent très imagées pour faire comprendre une situation, une attitude, un sentiment. Une langue vivante qui rayonne sur le monde. Loin de se contenter de notre petit Hexagone, le français a conquis de vastes territoires. Et de langue des colons, elle est devenue celle des natifs de ces pays. Pour preuve ils l’ont aménagée, accommodée et au fil des siècles certaines expressions ont gagné en popularité au point de devenir courantes. Une richesse à découvrir dans « Casse-moi l’os ! » livre-jeu inédit signé de trois passionnés.
Connaîtriez-vous par exemple la signification de faroter ? En Côte d’Ivoire, c’est frimer. Et passer la panosse ? Si vous êtes en Suisse, vous nettoyez avec une serpillière. Les exemples s’enchaînent, tous explicités car la logique est toujours à la base de ces habitudes très localisées. On se délecte des trouvailles des Québécois, (mouiller à siaux, bidous ou clavarder) aussi poétiques que celles des africains (cartouchard, chicoter ou le grivois ‘deuxième bureau’)
Et pour terminer, je me contenterai de vous demander « Boulette ou quoi ? ». Un indice, l’expression vient du Caillou.
➤ « Casse-moi l’os ! », Le Livre de Poche, 5,30 €
vendredi 9 juin 2017
BD : Cap sur Neptune à bord du Rorqual
Les albums de Valp, jeune dessinatrice suisse, se lisent à deux niveaux. Pour l’histoire, originale souvent. Mais aussi juste pour les dessins. Elle a cette grâce et cette délicatesse qui transforme la moindre case, toute attitude et moue des personnages en petit tableau dont on peut longuement se délecter. Ses femmes sont sublimes, ses méchants d’anthologie et comme le tout est à base de science-fiction steampunk, les engins, robots et autres créatures imaginaires sont tout aussi intéressants. Alors sachez que dans la suite des aventures de la jeune Meena, elle sera aux prises avec une espionne vénale, un savant fou, une créature mystérieuse et que l’essentiel de l’histoire se déroule dans le Rorqual, immense vaisseau spatial en partance pour les lunes de Saturne. Bref, de quoi voyager loin dans un imaginaire qui semble sans fin.
➤ « Les fantômes de Neptune » (tome 2), Delcourt, 12,50 €
De choses et d'autres : Il ne reste plus qu’à pleurer
Est-ce un mauvais alignement des planètes ou l’évolution normale de l’humanité mais j’ai la désagréable impression ces derniers temps que plus rien ne tourne rond. Comme si notre société était en train de virer folle en deux temps trois mouvements. Un sentiment personnel d’être largué, ne plus trop comprendre ce qui arrive. Comment, par exemple, expliquer le succès de l’émission de Cyril Hanouna ? Bête, vulgaire, humiliant : le programme est pourtant de plus en plus suivi. Qui peut trouver de l’intérêt à ces soliloques obséquieux entrelardés de blagues sexistes et autres mots d’une langue inconnue (rassrah, darka...) ? Suis-je à ce point devenu vieux, allergique aux nouveautés ?
Autre exemple, les publicités. Comment imaginer que l’on vende quoi que ce soit en diffusant des spots encore plus mauvais que les sketches tournés dans les MJC au début des années 80 lors des balbutiements de la vidéo amateur. Gifi se distingue dans le genre, si ridicule qu’on ne peut même pas en rire, il ne nous reste plus qu’à pleurer. Pour vendre un jacuzzi, la marque de magasins fait appel à deux stars françaises : Benjamin Castaldi et Loana. Un Castaldi qui surjoue ses prétentions de cinéaste et une Loana choisie uniquement pour se moquer d’elle. Castaldi, à grand renfort de gesticulations et de grimaces, prétend diriger la starlette déchue. Il lui demande de tremper un pied dans le jacuzzi. Et quand elle effleure l’eau, un trucage vidéo la transforme en pin-up jeune et longiligne.
Car Loana, selon l’expression populaire, a mal vieilli et pris des rondeurs.
Jouée de manière exécrable, idiote, stigmatisant les gros, cette pub est un ultime signe dans une société en décrépitude.
Je serais dépressif, je me flinguerais dans la minute.
jeudi 8 juin 2017
Série télé : un "Ennemi public" belge de qualité
Contrairement à une image trompeuse, la Belgique n’est pas uniquement un plat pays. On y trouve aussi une région vallonnée recouverte de forêts sombres et humides. Les Ardennes sont au centre de cette série policière en 10 épisodes produite par la RTBF. La Belgique, célèbre aussi pour ses tueurs en série d’enfants. Un des personnages principaux, Guy Béranger, ressemble un peu à Marc Dutroux. Béranger est un tueur d’enfant qui vient de terminer sa peine de prison. Il veut devenir moine et intègre l’abbaye de Vielsart, dans une petite commune. Les habitants sont hostiles. Chloé Muller, policière taciturne au passé violent, est chargée de le convoyer et de le surveiller. Le protéger aussi, bien malgré elle. Quand une fillette est retrouvée assassinée,tous les soupçons se portent vers Béranger.
Ambiance trouble et suspicieuse, fêlures, secrets et vestiges de vieilles croyances transforment ce polar en quête initiatique pour tous les personnages. Le tout dans des décors superbes de noirceur, porteurs d’une angoisse sourde qui prend aux tripes.
➤ « Ennemi Public », Universal Vidéo, coffret quatre DVD, 24,99 €
De choses et d'autres : La méchanceté n’attend pas les années
Question méchanceté, je ne suis certainement pas le mieux placé pour critiquer. Parfois je m’emballe et oublie un peu la portée des mots. Au risque de blesser les égratignés. Mais je ne m’attaque pas à n’importe qui. J’estime qu’ils l’ont mérité les Morandini, Hanouna, Depardieu et autres célébrités à l’égo surdimentionné. Ce n’est visiblement pas la ligne de conduite d’une journaliste du site de Madame Figaro. Elle a publié mardi sur le site un papier incendiaire sur une certaine Blue Ivy, « la ballerine qui en faisait trop ». Petit résumé, la danseuse, « Blue Ivy a donné dans le gloubi-boulga d’entrechats et de port de bras, au point de presque assommer ses voisines en tutus. » Et la journaliste de continuer : « On la voit (trop) confiante, (trop) envahissante. Seule à avoir les cheveux détachés, alors que ses consœurs portent toutes le sacro-saint chignon. »
Une sacrée critique pour un premier gala de danse. Car Blu-Ivy est débutante, comme les autres.
Une très jeune débutante de 5 ans et demi. Oui, vous avez bien lu, même pas 6 ans et déjà démolie dans la presse nationale. Mais qui est cette Blue Ivy ? Tout simplement la petite fille de Beyoncé et Jay-Z. On se permet de critiquer les parents, alors pourquoi pas les enfants ? En réalité Blue Ivy, sur scène, dansait comme une fillette de 5 ans, un peu maladroite,fofolle et désordonnée. Un spectacle de fin d’année pour les parents, pas les critiques de danse.
Rapidement l’article a été repris et dénoncé sur les réseaux sociaux. Résultat une note a été rajoutée. Des excuses mais aussi une justification : la vie des enfants de stars peut être commentée comme celle des parents. Dès 5 ans et demi ?
Une très jeune débutante de 5 ans et demi. Oui, vous avez bien lu, même pas 6 ans et déjà démolie dans la presse nationale. Mais qui est cette Blue Ivy ? Tout simplement la petite fille de Beyoncé et Jay-Z. On se permet de critiquer les parents, alors pourquoi pas les enfants ? En réalité Blue Ivy, sur scène, dansait comme une fillette de 5 ans, un peu maladroite,fofolle et désordonnée. Un spectacle de fin d’année pour les parents, pas les critiques de danse.
Rapidement l’article a été repris et dénoncé sur les réseaux sociaux. Résultat une note a été rajoutée. Des excuses mais aussi une justification : la vie des enfants de stars peut être commentée comme celle des parents. Dès 5 ans et demi ?
mercredi 7 juin 2017
DVD et blu-ray : la quête du jeune Chiron dans « Moonlight »
Oscar du meilleur film en début d’année, la seconde réalisation de Barry Jenkis est de ces histoires qui marquent durablement le spectateur. Pour sa simplicité, sa violence et sa beauté. Une œuvre très forte, servie par des comédiens tous au diapason d’un metteur en scène en état de grâce. De plus, le message porté par ce parcours initiatique dans l’Amérique de Trump donne une puissance encore plus importante à ce manifeste pour la tolérance et les différences. L’histoire de Chiron, jeune noir américain vivant dans le ghetto de Miami avec sa mère droguée (Naomie Harris), est racontée dans trois parties différentes. Quand il a 11 ans (Alex R. Hibbert),14 ans (Ashton Sanders) et 24 ans (Trevante Rhodes). Trois acteurs pour un même personnage qui change de nom au fil des époques.
Jeune, il est surnommé Little par ses camarades. Souffre-douleur des petits caïds, il ne trouve du réconfort qu’auprès de Juan (Mahershala Ali, Oscar du Meilleur acteur dans un second rôle), le dealer de sa mère. Ce dernier devient un peu son père de substitution. Il est attentif, aimant, protecteur. Pourtant il gagne sa vie en propageant dans ce quart monde la pire saloperie qui puisse exister: le crack.
Adolescent, le jeune garçon retrouve son prénom, Chiron. Il comprend qu’il est différent. Effacé, maigre, timide et surtout homosexuel. Les brimades s’enchaînent. Pour s’en sortir il n’a plus qu’une solution : être encore plus méchant que les autres. Un passage à l’acte violent qui le conduit droit en prison.
On le retrouve 10 années plus tard. Nouveau prénom, nouvelle apparence. Black, dealer intransigeant, est taillé comme un rock. Il a totalement occulté son adolescence souffreteuse et ses attirances masculines. Jusqu’à l’appel, en pleine nuit, de Kevin (Andre Holland),le seul copain qui savait,le seul qu’il a aimé. La troisième partie, extraordinaire d’intensité, filme ces retrouvailles dans un petit restaurant miteux. A côté, « Love Story » fait figure de film comique. Car l’exploit de ce film réside bien dans le romantisme omniprésent, malgré la violence, la drogue, la misère sociale.
Dans le bonus, le réalisateur explique combien ce texte original l’a touché car il comportait de nombreux points communs avec sa propre histoire. Les acteurs témoignent aussi, notamment Andre Holland, exceptionnel dans son rôle de révélateur d’émotion et qui lui aussi aurait mérité un oscar du meilleur second rôle.
➤ « Moonlight », Studiocanal, 19,99 €
De choses et d'autres : Mariage, ce n’est qu’un début
Je vous préviens, il va souvent être question de mariage ces prochaines semaines dans cette chronique. J’ai l’honneur et l’immense privilège d’être invité fin juillet à celui de quelqu’un qui m’est cher. Au point que je dois en partie l’organiser. Alors forcément, cela va un peu m’obséder et risque d’avoir des conséquences sur ces lignes ancrées dans le quotidien. Je reviendrai sur la quête d’un traiteur un peu particulier - capable de griller deux cochons - en plein été en Aveyron. Il y aura un épisode sur les toilettes sèches car les mariés se soucient de la protection de la nature et de l’économie de l’eau. Sans compter les recherches d’amuse-gueules aussi originaux que faciles à réaliser pour l’apéro.
En fait avant le mariage, nombre d’étapes s’avèrent plus ou moins incontournables. Oublions l’enterrement de vie de jeune fille, non seulement je n’étais pas invité mais en plus je n’ai pas le droit de savoir ce qui s’y est passé.
Avant la cérémonie, il y a la rencontre. Et la semaine dernière j’ai découvert par l’intermédiaire d’une amie Facebook la tradition du goûter matrimonial d’Ecaussinnes. Cette petite ville belge organise depuis 104 ans une grande fête au cours de laquelle les filles célibataires de la région vont à la rencontre de possibles prétendants. Modernité oblige, elles passent désormais par un speed-dating mais le côté convivial et festif est resté. On y danse sur de la musique groove et électronique, on boit beaucoup (de bière) et mange de la porchetta. Le week-end se termine par un bal folk, la plantation de l’arbre de mai et une balade aux flambeaux. Il y a même un marché steampunk. Par contre, aucune statistique sur le nombre de mariages issus du goûter. Encore moins sur celui des enfants conçus lors de cette sympathique fête traditionnelle.
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