Quelques chroniques de livres et BD qui méritent d'être lus et les critiques cinéma des dernières nouveautés. Par Michel et Fabienne Litout
mardi 21 mars 2017
DE CHOSES ET D'AUTRES : Bonheur printanier
lundi 20 mars 2017
Livres de poche : les auteurs français de polar en vedette
Une Vénus vieille de 15 000 ans vient d’être découverte dans la grotte de Combéjac, proche du village de Mont-Rouquel. Skander Corsaro, jeune journaliste au Courrier du Sud-Ouest imaginé par François-Henri Soulié, s’y rend pour un reportage. Au bout d’une journée, Skander craint d’y mourir d’ennui. Mais le lendemain, une enfant disparaît. Une aventure « anarcoleptique » sur fond de drames shakespeariens où l’on s’interroge sur la nature de l’Homme et son devenir.
➤ « Un futur plus que parfait », Editions du Masque (inédit), 7,90 €
En ce mois de janvier de l’an de grâce 1423, la capitale du royaume de France est vouée au dé- mon. Les Armagnacs ont pris la forteresse du pont de Meulan, la famine règne. Pire, la Mort en personne rôde dans Paris, revêtue d’une pèlerine à chaperon : un être au visage effroyable, sans nez ni yeux. Quiconque s’en approche perd aussitôt la vie. Après plusieurs crimes inexplicables, Edward Holmes est convaincu de l’existence d’une puissance occulte régnant sur la capitale du royaume. Un très grand roman policier historique signé Jean d’Aillon.
➤ « La ville de la peur », 10/18 (inédit), 8,80 €
Patagonie. Dans la steppe balayée par des vents glacés, Rafael est le dernier enfant d’une fratrie de quatre garçons. Depuis toujours, il est martyrisé par ses frères aînés. Alors, incroyablement seul, Rafael se réfugie auprès de son cheval et de son chien. Dans ce monde qui meurt, l’espoir semble hors de portée. Et pourtant, un jour, quelque chose va changer pour Rafael. Sandrine Collette s’impose titre après titre parmi les grandes romancières françaises du genre policier.
➤ « Il reste la poussière », Le Livre de Poche, 7,90 €
De choses et d'autres : Initiales et slogans
La semaine dernière, Florian Philippot du Front national a osé cette étrange analyse politique : « Ce slogan En Marche est aussi ses initiales personnelles. C’est un petit côté mégalo. EM, Emmanuel Macron, En Marche. » On est loin des programmes, tout dans l’ego. Si on va au bout de l’idée, les autres candidats auraient peut-être intérêt à se montrer un peu plus « mégalos » et nommer aussi leur mouvement en s’appuyant sur leurs initiales. Pour Florian Philippot, il me vient bien une idée mais il devrait se faire anoblir...
Marine Le Pen, au lieu du Bleu Marine (qui au passage est lui aussi un peu mégalo) aurait dû opter pour le Mouvement de Libération du Peuple. Ou, plus hard et annonciateur de son action si elle est élue : Marine Les Punira. Jean-Luc Mélenchon au lieu d’Insoumis aurait pu taper dans Jeunes en Lutte pour le Marxisme. Benoît Hamon, vainqueur surprise de la primaire, peut se contenter d’un seul mot : « BienHeureux ».
Reste le cas François Fillon et ses initiales FF. Les plus patriotiques se souviendront des Forces Françaises (libres) chères aux Gaullistes. Ceux qui ne voient que l’homme suspecté de détournement d’argent public pensent immédiatement à Fédé- ration du Fric ou Fondation pour ma Famille. Mais ce qui lui irait comme un gant est à trouver dans le cinéma américain. François Fillon, FF comme Fast and Furious. Des films avec de grosses bagnoles (il adore) et des gangsters (il connaît déjà les juges). Fast and Furious comme sa campagne, attention au carambolage.
En bonus, FF dans un bolide :
Fillon pilote la Peugeot 908 par FrancoisFillon
dimanche 19 mars 2017
BD : Tamara assume et devient célèbre
Tamara, l’ado un peu grosse bourrée de complexes mais qui parvient de plus en plus à assumer, après un joli succès au cinéma, revient sous forme d’album de BD avec toujours Darasse au dessin et Zidrou au scénario, aidé par Lou. La jeune lycéenne se fait toujours autant chambrer par ses camarades pour ses rondeurs. Pourtant, être grosse peut devenir un atout dans notre société où les modes se fabriquent au gré des hashtags et autres selfies sur Instagramme (le réseau pour les femmes fortes). Tamara rencontre Miette, un mannequin XXXL qui la pousse à assumer ses formes et sa féminité. La jeune héroïne va vite devenir célèbre. Mais être aimée par certains cela veut dire aussi que d’autres vous détestent.
➤ « Tamara » (tome 15), Dupuis, 10,95 €
DVD et blu-ray : Ce Ciel ressemble à l'Enfer
Sonia (Noémie Merlant) et Mélanie (Naomi Amarger) n’ont absolument rien en commun. La première a un père d’origine maghrébine. L’islam elle en a beaucoup parlé avec son grand-père quand elle était enfant. La seconde est élève en seconde S, brillante, investie dans une association humanitaire, musicienne dans l’âme (le violoncelle). Toutes les deux tombent dans filets des recruteurs de l’État islamique. Deux parcours différents pour au final une seule et unique ligne d’arrivée : l’enfer de la Syrie, chair fraîche pour de pseudos combattants pour un monde plus religieux. « Le ciel attendra » est un film à montrer à tous les jeunes Français. Sans exception. Marie-Castille Mention-Schaar a monté ce film dans l’urgence.
■ Un mal profond
Car le mal est profond dans notre société. Aidée d’Emilie Frèche au scénario, elle a imaginé le parcours de deux jeunes filles, embrigadées dans les rangs de Daech. Une œuvre de fiction inspirée de parcours réels. Dans le DVD, on trouve en bonus quelques scènes coupées mais surtout un long entretien de la réalisatrice. Marie-Castille Mention-Schaar raconte la genèse du film.
Ses interrogations puis son travail de terrain avec Dounia Bouzaar pour avoir une matière véridique avant l’écriture du scénario en collaboration avec Emilie Frèche. Une fois le projet monté, à trois jours du dé- but du tournage, le 13 novembre 2015 a failli tout remettre en question. Mais après un week-end d’interrogations et une large concertation de l’équipe (et notamment des jeunes actrices), la décision a été prise de continuer. Comme un devoir pour expliquer les dérives de ces adolescentes, comme la jeune fille héraultaise, interpellée il y a quelques jours après avoir épousé un djihadiste avec qui elle comptait commettre un attentat contre la Tour Eiffel. Un nouveau télescopage entre ce film essentiel et l’actualité.
➤ « Le ciel attendra », UGC, 19,99 € le DVD et le blu-ray
samedi 18 mars 2017
BD : A l’école de la déduction
Vive les nouveaux rythmes scolaires permettant aux enfants de participer à des ateliers ludiques tout en restant éducatifs. Certains choisissent couture, d’autres danse classique ou rugby ; Isidore, Lola et Jules ont choisi détectives. Armés de leur loupe, de lampes torches et de leur esprit de déduction ils vont tenter de résoudre des énigmes du quotidien. Le premier album de leurs enquêtes est composé de trois histoires courtes. Ils démasqueront ainsi une famille de zombies, les agissements d’un T-Rex dans la cave du grand-père d’un copain et tenteront de sauver des enfants empoisonnés par une sorcière. Cela a l’air affreux décrit comme ça mais c’est véritablement tout public. Goalec au dessin et Béka, au scénario, savent se couler à merveille dans l’esprit de ces Sherlock Holmes en culottes courtes.
➤ « L’atelier détectives » (tome 1), Bamboo, 10,60 €
De choses et d'autres : Salch, prince du look
Parfois dans cette chronique je me demande si je ne vais pas trop loin en étrillant certaines de mes victimes. Je ne suis pas foncièrement méchant. Enfin si, parfois, mais je refrène mes ardeurs sarcastiques.
À l’opposé, Salch, dessinateur humoriste, ne se donne absolument aucune limite dans l’outrance. Il vient de sortir son second Look Book chez Fluide Glacial. Il dessine en pied des individus (de CRS à hipster en passant par joueur de Pokemon Go) et détaille leurs habitudes vestimentaires par des flèches et de petits textes. Sa particularité, manier l’insulte sans modération. Cela donne un nombre considérable de « fils de pute » pour désigner au choix, des baskets, un pantalon de velours, un tatouage ou une coupe de cheveux qui peut aussi parfois être « de merde ». Bref, Salch n’aime personne. Des caricatures odieuses mais qui souvent font mouche. On peut même se reconnaître au gré des 100 pages.
Et l’auteur devient carrément visionnaire quand il présente le « look primaire de droite » dont le « costard sombre de fils de pute qui veut appauvrir les pauvres ». Il aurait pu ajouter « offert par un ami, et alors ? »
vendredi 17 mars 2017
De choses et d'autres : cuisine au poste
Plus que tendance depuis quelques années, les émissions culinaires deviennent carrément incontournables. Top Chef a ouvert la voie. Toutes les autres chaînes s’y sont engouffrées. France 2, pour remplacer ses talkshow intelligents et insolents de l’après-midi dé- gaine tous les concepts possibles et imaginables autour de la bouffe. « Un chef à l’oreillette » ou « Chérie c’est moi le chef ! » tentent de remonter la pente d’une audience en berne. Mais ailleurs aussi les casseroles sont de sortie (non, je ne vais pas encore vous casser les pieds avec François Fillon).
M6 vient de mettre à l’antenne « Ma mère cuisine mieux que la tienne ». Le principe : une mère donne des conseils à un de ses enfants pour réaliser une recette. Ce genre de programme fonctionne quand les candidats se montrent peu doués. Voire complètement nuls telle cette jeune candidate qui ne sait même pas à quoi ressemblent des pommes de terre et ignore que les oignons s’épluchent. Encore une qui doit fréquenter assidûment les fast-foods et qui est persuadée que les poissons sont tous carrés et sans arêtes.
Lundi prochain à 11 h 45 sur M6, une famille de Perpignan se mesure à une autre d’Aix-en-Provence. Espérons que Françoise et son fils Kevin, 22 ans, donneront une meilleure image de la gastronomie catalane. On ne leur demande pas de réussir une ollada parfaite. Juste de ne pas être trop ridicule...
(Chronique parue le 17 mars en dernière page de l'Indépendant)
BD : L’enfant derrière les barreaux
Série écrite et dessinée par Run, « Mutafukaz », avant d’être bientôt adaptée au cinéma, se décline sous forme de comics mensuel. Dans « Puta Madre », Run imagine le passé d’un des personnages de la série, Jésus. Ce jeune latino de Los Angeles a 13 ans quand sa vie bascule. Condamné à 7 ans de réclusion, il passe de la case école à celle, moins glorieuse, de prison. Car aux USA, les enfants peuvent être condamnés et emprisonnés. La vie de Jésus est inspirée d’un véritable fait divers. Le premier fascicule de 32 pages, dessiné par Neyef, est paru en février, le second vient d’arriver la semaine dernière dans les bacs des librairies. On ne dira pas pourquoi Jésus est emprisonné. Sachez simplement qu’il est innocent et que d’enfant aimant il va se transformer en redoutable tueur. Réservée à un public averti, cette série a tout pour passionner les amateurs de films noirs américains, de séries télé transgressives et de faits divers sordides.
➤ « Puta Madre » (tomes 1 et 2), Ankama, 3,90 €
jeudi 16 mars 2017
DVD et blu-ray : L’électro-choc de Wes Craven
On retrouve tout l’univers de Wes Craven dans « Shocker », film d’horreur sorti en 1989 et qui semble la somme de toutes ses obsessions. La version remastérisée proposée en DVD et blu-ray réhabilite ce film culte un peu oublié entre les immenses succès que sont « Les griffes de la nuit » et « Scream ». Son originalité tient surtout à la seconde partie, dans le duel entre Jonathan (Peter Berg) le jeune rugbyman et Pinker (Mitch Pileggi) le tueur en série qui boite. Dans un délire d’effets spéciaux, ils se battent en passant de chaîne en chaîne de télévision. On assiste à une scène hilarante, débarquant sur le plateau d’un télévangéliste récoltant des dons pour contrer « La Bête », ce dernier est balancé sans ménagement dans le public par un Pinker énervé ne pouvant s’empêcher de lui hurler, en plus, de la fermer...
Pourtant tout commence comme un classique teen movie d’horreur. Jonathan, sportif pas futé, aime la belle Alison (Cami Cooper). Ils se bécotent au bord du terrain. Il est maladroit, presque touchant. Mais son passé d’enfant adopté le rattrape. Le « tueur des familles » terrorise la ville. C’est son véritable père et un lien existe toujours entre Pinker et son fils. Ce dernier rêve des futurs crimes du papa démoniaque. Un don de divination qui lui permet d’arrêter le méchant. Mais après qu’il ait sauvagement assassiné Allison. Quelques mois plus tard, Pinker est conduit sur la chaise électrique. Mais cet adepte de la magie noire profite des 100 000 volts pour transporter son esprit démoniaque de corps en corps. Avec un seul et unique but : faire souffrir Jonathan.
■ Comme « Hidden »
L’idée de changer de corps n’est pas nouvelle, on la retrouve dans « Le témoin du mal » (angoissant) ou « Hidden » (chef-d’œuvre dès la scène d’ouverture), mais Wes Craven en profite pour y glisser quelques scènes d’anthologies comme le crachat lancé par une petite fille possédée sur le corps de l’homme quelle vient d’assassiner. Si les effets spé- ciaux numériques ont mal vieilli, on admire quand même la folie finale.
Côté bonus, on apprécie particulièrement les entretiens de deux des acteurs principaux. Mitch Pileggi, excellent en psychopathe violent, a bien changé. Le colosse au crâne rasé a fait carrière dans les séries télé. Il est Skinner, le patron des deux agents de X-Files. Et il a un rôle récurrent aussi dans Supernatural. Camille Cooper, après quelques apparitions dénudées dans des séries B qui n’ont pas franchi l’Atlantique, a tourné le dos à ce milieu pour recentrer sa vie sur des choses plus essentielles. Elle a notamment créé une association pour aider les enfants violés.
Manque Peter Berg, l’acteur principal. Il a longtemps tenté de s’imposer comme un jeune premier. Mais son jeu, déjà limite dans Shocker, ne s’est pas amélioré avec le temps. Il est finalement passé de l’autre côté de la caméra et réalise désormais des blockbusters comme « Traque à Boston » actuellement à l’affiche ou des séries à succès comme « The Leftovers ».
➤ « Shocker », Studiocanal, 10 € le DVD, 14,99 € le blu-ray (sortie le 17 mars)
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