Pas folichons ces Jeux olympiques de Rio. Du moins pour les plus cocardiers des supporters tricolores. Après trois jours de compétition, la France plafonne à la 27e place avec seulement une médaille d'argent obtenue par les nageurs. Au même niveau que l'Azerbaïdjan, la Mongolie ou la Corée du Nord. Et loin derrière des nations pourtant beaucoup moins peuplées comme le Kosovo, la Hongrie ou la Belgique qui a déjà deux médailles, dont une en or, à son tableau d'affichage. Un bilan pas fameux, même s'il va forcément évoluer. Reste que certaines nations sont d'ores et déjà inatteignables. Je ne parle pas de la Chine ou des USA mais des rivaux européens classiques comme l'Italie qui capitalise déjà 9 trophées. Tout demeure cependant relatif. Le français râleur va s'en donner à cœur joie contre cette délégation qui cherche de fausses excuses pour expliquer ses défaites (mauvais maillots en tennis, concurrents dopés en natation, arbitres partiaux au judo...). Mais alors que doivent penser nos voisins allemands ? La première puissance économique et sportive de l'union européenne, au bout de trois jours de compétition, n'est pas monté une seule fois sur le podium. Il semble loin le temps des deux nations séparées par un mur, remportant titres sur titres. Car à l'heure où j'écris ces lignes (mardi 14 h), l'Allemagne affiche un zéro pointé qui, s'il avait été d'actualité en France, aurait pour le moins provoqué la démission du gouvernement. Ainsi va la vie. Du pain et des jeux. Mais surtout des victoires pour flatter l'orgueil national.
A plus de 50 ans, François d'Epenoux se retrouve de nouveau papa. Le romancier semble avoir fait de la vie de famille son fond de commerce après le succès des « Papas du dimanche ». Cette fois il parle son bébé, encore larve chaude à peine sortie du ventre de la mère nourricière. Cela se veut poétique, c'est trop souvent « gnan-gnan » pour reprendre une expression enfantine. Est-il bien nécessaire d'écrire des pages et des pages sur la meilleure façon de donner le biberon ? Si l'enfant apprécie le repas, le lecteur se lasse rapidement et aurait tendance à s'endormir sans la moindre berceuse... « Le jours areuh » de François d'Epenoux, Anne Carrière, 15 euros
Méfiez vous des apparences. Ce clodo qui baratine ivre au comptoir du bar de Bobby cache des secrets inavouables. Mais l'heure du jugement est venu. Un épouvantail armé d'une immense épée fait irruption dans le magasin et découpe un bras du vieillard. Bobby, d'un coup de batte de base-ball, assomme l'apparition et récupère l'arme. Mal lui en prend. Des monstres vont se lancer à sa poursuite pour la récupérer. Écrite par John Arcudi et dessinée par James Harden, cette série entre fantastique et époque contemporaine, raconte comment Rathraq, l'épouvantail vengeur, va s'allier à Bobby et son pote Del, geek dégénéré, pour terminer sa mission. Un premier tome de 160 pages entre humour et horreur. « Rumble » (tome 1), Glénat Comics, 15,95 €
Dans le registre déception, qu'y a-t-il de pire : se blesser une semaine avant le départ vers Rio ou pendant la compétition ? La première mésaventure est arrivée à une pongiste française, qualifiée pour le tournoi féminin mais qui a eu la mauvaise idée de se casser le coude en faisant du VTT. Les accidents pendant l'épreuve font partie de l'enjeu. Rien à dire après la chute de la cycliste néerlandaise Van Vleuten. En pleine descente finale, elle fonce en tête vers la victoire. Un virage mal négocié et la voilà à terre, assommée net après un soleil. Mais en réalité la pire déception reste de terminer quatrième. La « médaille en chocolat » qui n'existe pas. Julian Alaphilippe, cycliste français, est le premier des tricolores à avoir dû se contenter de cette place invisible. Chez les femmes, après la chute de Van Vleuten, l'Américaine Abbott a cru à la victoire jusqu'à 150 m de l'arrivée. Doublée par trois boulets, elle a tout perdu... Pas d'honneur ni de médaille sur le moment, mais par le passé certains ont récupéré des breloques de bronze après enquête de la patrouille antidopage. En 2000 à Sydney, Marion Jones remporte trois médailles d'or en sprint. Mais sur les tablettes, après avoir avoué s'être dopée aux stéroïdes, elle a dû rendre ses trophées. Deux Jamaïcaines, classées quatrièmes du 100 et 200 m, ont officiellement remporté, des années plus tard, des médailles de bronze méritées. Donc si on a raison d'être déçu de terminer quatrième, il subsiste toujours un petit espoir de monter sur le podium. Il suffit d'être patient.
Dans la vie, il y a les gens normaux (la grande majorité), un petit nombre de chanceux à qui tout réussi et quelques rebuts de la société. Le héros de « Big Man Plans » d'Eric Powell est un nain. Orphelin, abandonné par sa tante, il est tyrannisé dans un dispensaire. A sa majorité, il veut servir son pays, mais l'armée US le rejette. Il est cependant repêché par un service secret. En pleine guerre du Vietnam, il faut des petits gabarits capables d'explorer les tunnels des Viets. Il y apprend à tuer à main nue, sans pitié. De retour à la vie civile, il devient alcoolique. Mais son art de la guerre lui permet de ne plus se faire harceler. Au contraire, c'est lui qui fait peur un marteau à la main. Sombre et pessimiste, ultra violente et sans morale, cette BD de l'auteur du « Goon » est réservée à un public averti. « Big man plans », Delcourt Comics, 15,50 €
Débutés la semaine dernière, les Jeux olympiques devraient être la grande fête du sport et de l'amitié. En réalité, la compétition sportive est aussi l'endroit où il se passe des choses pas très nettes. A chaque jour son lot de piques olympiques. Les femmes, selon la croyance populaire, seraient particulièrement attentives à leurs tenues vestimentaires. La tenniswoman nordiste Kristina Mladenovic s'est lâchée sur Twitter après sa défaite en double féminin dès le premier tour. La faute à "l'incompétence" de la fédération française de tennis. Une bête histoire de liquette. Les maillots fournis par le staff n'étaient pas de la même couleur. Interdit par le règlement. Mladenovic a puisé dans sa réserve personnelle pour rhabiller sa partenaire. Mais pour cacher les sponsors, elle a dû le porter à l'envers. De quoi déstabiliser les sportives les moins coquettes. Des petites anecdotes de ce type, il y en aura des dizaines, chaque athlète a son histoire et celle de son pays, difficile à porter parfois. Qui génère par exemple des tensions entre Libanais et Israéliens pour une histoire de bus à prendre ensemble. La paix se rétablit sur les stades, pas encore dans les transports publics. Mais le pire de ces JO, pour l'instant, ne vient pas des sportifs. Ce sont les sites internet à l'affût de sensationnel qui méritent un carton rouge. A grand renfort d'adjectifs (horrible, terrible, affreuse) pour qualifier la blessure et attirer les clics, ils passent en boucle la double fracture ouverte tibia péroné du gymnaste françaisSamir Aït-Saïd. Des images choc dont on se serait bien passé.
Quand un personnage de légende tombe dans le domaine public, certains éditeurs se précipitent pour lui faire vivre de nouvelles aventures à moindre coût. James Robinson, scénariste renommé aux USA, n'a pas le choix. Il doit trouver des idées pour relancer la carrière d'Airboy, un super héros américain, pilote d'avion combattant les nazis. Peu enthousiaste, Robinson décline puis pose ses conditions : il choisit son dessinateur (Greg Hinkle) et raconte en parallèle leur collaboration. Résultat un comics de 160 pages avec de l'action, du sexe et de la réflexion. Incapables de se concentrer dans un motel, les deux compères vont en virée dans une boîte de nuit. Alcool, drogues, prostituées : il se font la totale et au pire moment sont rejoint par Airboy en personne. Choc des générations et des cultures, interrogations métaphysiques, transfert des auteurs dans le monde du héros : Robinson explore avec une invention de tous les instants tous les possibles de cette reprise loin de ses classiques Batman et autres 4 Fantastiques. « Airboy », Jungle comics, 17 €
Et si on profitait des vacances pour rattraper son retard en séries ? Les sorties en coffrets sont nombreuses. Petite sélection de tous les horizons, du meilleur de la production française en passant par le suspense anglais et la série B américano-mexicaine.
Un bureau qui se bonifie
La saison 1 du "Bureau des légendes" a enthousiasmé un important public. La vie de ce service du contre-espionnage français, en plus d'apprendre beaucoup de choses sur le travail de fond mené à l'étranger pour défendre les intérêts du pays, est une galerie de personnages impressionnante. Comment faire mieux avec la suite ? Surtout ne pas essayer de refaire la même chose semble répondre Eric Rochant, le réalisateur et scénariste. Donc il garde les principaux personnages mais complique encore la situation. Malotru (Mathieu Kassovitz) doit désormais jouer l'agent double, donnant toutes ses informations à la CIA pour tenter de faire libérer sa maîtresse, prisonnière des Syriens. Son chef, Duflot (Jean-Pierre Darroussin) a des soupçons et décide de surveiller toute son équipe. Notamment Marie-Jeanne (Florence Loiret-Caille). Il y a deux arcs narratifs principaux dans cette saison deux. Les premiers pas de Marina Loiseau (Sara Giraudeau) en Iran sous sa couverture de jeune sismologue et la traque d'un jeune Français djihadiste, bourreau d'otages occidentaux en Syrie. La série est donc très contemporaine, avec lutte contre l'État islamique et intérêts économiques émergents dans un Iran de nouveau fréquentable. Le timing est magistralement maîtrisé, avec rebondissements et coups de théâtre. Certainement ce qui se fait de mieux en ce moment dans les séries françaises. Et logiquement une troisième saison est en pleine production.
Vampires à base de serpents
Si Eric Rochant, avant de se lancer dans la production de séries, a beaucoup travaillé dans le cinéma (Un monde sans pitié, Patriotes), Robert Rodriguez a suivi le même cheminement. Il a tout simplement décidé de prolonger en série son film le plus célèbre : "Une nuit en enfer". Impossible de reprendre les mêmes acteurs qu'en 1996 tant la distribution était prestigieuse (George Clooney, Salma Hayek, Harvey Keitel). Il s'appuie donc sur un nouveau casting, plus jeune, avec surtout la possibilité de mieux développer la personnalité des héros. Une saison 1, assez comparable au film, se prolonge avec dix nouveaux épisodes plus centrés sur la légende des Culebras, ces vampires mexicains descendants de serpents. Un peu dans la veine de "True Blood", il y est question de lutte de pouvoir entre "seigneurs" par ailleurs "saigneurs" d'innocents. Deux fils conducteurs relient les épisodes : la réconciliation lente et difficile des frères Gecko (D.J. Cotrona et Zane Holtz) et la soif de vengeance de la belle Satanico Pandemonium (Eiza Gonzalez, l'atout charme indéniable de la série). On a également la joie de revoir Jeff Fahey dans le rôle d'Eddie, l'oncle des frères Gecko. Ce vieux routier de la télévision américaine multiplie les apparitions depuis plus de 40 ans, notamment en tant que pilote d'hélicoptère dans la saison 4 de "Lost". A relever, les très nombreux bonus contenus dans le coffret.
Romancier aux tirages astronomiques, Harlan Coben a un nouveau cheval de bataille : le scénario de série télé. Il multiplie les expériences, d'après ses thrillers (Une chance de trop pour TF1 avec Alexandra Lamy) ou d'histoires originales. "The Five", écrit pour la télévision anglaise, parle de culpabilité. Quatre jeunes amis, partent jouer dans les bois. Ils ne veulent pas s'encombrer de la présence de Jesse, le jeune frère de l'un d'eux. Ils lui demandent de retourner à maison. Seul dans les bois. On ne le retrouvera jamais. 20 ans plus tard, l'ADN de Jesse est découvert sur une scène de crime. Les quatre amis vont se réunir et tenter de comprendre comment c'est possible. La série est un peu tirée par les cheveux. Le dénouement déçoit et on regrette les trop nombreuses fausses pistes lancées pour égarer les spectateurs. Ou rallonger la sauce... Cela n'a pas découragé Harlan Coben qui s'est lancé dans un nouveau projet intitulé "The Four". "Le bureau des légendes" (saison 2), Studiocanal, coffret quatre DVD. "Une nuit en enfer" (saison 2), Wild Side Vidéo, coffret trois DVD "The Five", Studiocanal, coffret quatre DVD.
Face à la concurrence de La Jonquère, le Perthus a dû s'adapter. Côté restaurant, le fameux buffet libre a essaimé un peu partout. Il n'est que 10 heures du matin ce 3 août dans les rues intérieures du village franco-espagnol, mais les distributeurs de prospectus sont déjà à pied d'œuvre. Ayant juré à ma femme de ne pas aller bâfrer dans ces temples de la malbouffe, je m'abstiens, même si je repère une adresse qui assure un "service continu". Je me contente de mes rares souvenirs. Mitigés. Mon problème : je ne sais pas me contenter de peu. Et depuis mon plus jeune âge, mes parents m'ont appris à terminer mon assiette. Plus gourmand que gourmet, face à cette profusion de nourriture, je m'emballe. Une première entrée uniquement composée de charcuteries (avec une tranche de tomate) suffirait à assurer mon apport en calories pour les deux prochains jours. Ensuite, comment ne pas goûter à ces fruits de mer si diversifiés. Passons aux choses sérieuses. Friture de poissons, paëlla, tranches de thon : je fais le plein de protéines. D'huile aussi. On est en Espagne. Quatrième assiette, celle des viandes. Des joues de porc ! J'adore la joue de porc. Allez, j'en prends deux. Et puis ces petits chorizos, ces saucisses et autres ragoûts de pieds de porc. Légumes ? Pas la place. Ou pour la cinquième assiette. Arrivé au moment du dessert, je sens que j'ai abusé. Mais ce flan a l'air si moelleux... Je termine toujours un repas buffet libre à moitié malade. Alors je quitte vite Le Perthus avant que mon estomac ne phagocyte ma volonté.
Plus cinéastes qu'auteurs dans "Ave, César", les frères Coen ont surtout décidé de se faire plaisir en signant ce grand film sur le Hollywood des années 50. Un luxe de décors et de costumes, des acteurs toujours dans l'ironie, une intrigue sur fond de guerre froide, même si le tout semble un peu décousu, on est devant un grand film comme seuls savent les réaliser des Américains entre modernité et fascination du passé. Sous prétexte de montrer le travail de "fixer" d'Eddie Mannix (Josh Brolin), "Ave, César" raconte une journée ordinaire de cet homme, employé par un grand studio pour surveiller les stars du moment. Il commence par rattraper la bévue d'une charmante starlette sur le point de se faire photographier dans des tenues et poses très compromettantes. Depuis son bureau, il gère tout ce qui se dit et fait sur les nombreux plateaux. Avec la volonté que tout se passe pour le mieux. En clair que les caprices des stars soient peu nombreux et l'investissement des actionnaires très rentable. Entre une charmante naïade spécialisée en comédie musicale aquatique (Scarlett Johansson) enceinte et incapable de savoir qui est le père, un acteur de légende cible de kidnappeurs, reconverti dans le péplum religieux (George Clooney) et un gentil cowboy obligé de tourner dans un vrai film avec de vraies répliques, les difficultés s'accumulent. D'autant qu'il vient de recevoir une proposition d'emploi dans une tout autre branche : l'aviation. Un secteur en plein développement contrairement au cinéma qui risque de disparaître à brève échéance avec la montée en puissance de la télévision.
L'ensemble donne des impressions de film à sketches, avec quelques moments de bravoure comme la scène où un cinéaste lettré et distingué (Ralph Fiennes) tente d'apprendre à articuler au garçon vacher (Alden Ehrenreich) grimé en dandy portant le smoking. Moins convaincantes les scènes du complot communiste dans la demeure hyperluxueuse du danseur vedette Burt Gurney, interprété par Channing Tatum. De plus, l'idée d'un film sur la foi semble assez éloignée du résultat final. Car Eddie Mannix, qui se confesse chaque jour, est bien le seul véritable croyant au royaume du fric et des apparences. Pour preuve la scène finale de George Clooney, prouesse d'émotion, se terminant par un gag totalement inattendu. "Ave César !", Universal, 17,99 € le DVD, 19,99 € le blu-ray.