jeudi 7 novembre 2013

NET ET SANS BAVURE - Vertige

Au gré de mes déambulations d'internaute, il arrive parfois que l'intitulé de ce que je trouve n'ait rien à voir avec la réalité. Interloqué par un « La fin du monde en direct », je clique sur l'adresse indiquée. Une prophétie alambiquée ? Un site publicitaire ?
Rien de tout cela. Juste une page de « data » - des données chiffrées, expliquées et animées. Au centre, la planisphère. A gauche, une colonne recense les naissances. A droite les décès. En fonction des données connues, on assiste effectivement à ce qui ressemble diablement à l'inéluctable fin de notre espèce. Hypnotisé par les chiffres qui défilent, je prends conscience qu'en moins de 4 minutes, soit le temps de fumer une cigarette, la population a augmenté de 1000 unités. Simultanément, 450 personnes sont mortes. En tête l'Inde avec 182 naissances, suivie par la Chine (128), le Nigeria, les États-Unis et l'Indonésie. Côté décès, les mêmes pays.
Et nous alors, pauvres petits Français ? On est foutus. Quatre naissances, cinq décès. Mieux que l'Allemagne (3 naissances, 12 décès) mais les chiffres ne mentent pas, notre avenir est en pointillé.
Plus on reste sur cette page, plus l'effet en est déstabilisant. Impossible d'arrêter ce mouvement, le sentiment de vertige est absolu. Il existe bien un bouton pour figer la page, stopper la simulation virtuelle. Mais dans la vie, la vraie, notre planète s'est emballée depuis longtemps et plus personne ne maîtrise rien.

Chronique "Net et sans bavure" parue ce jeudi en dernière page de l'Indépendant.

mercredi 6 novembre 2013

NET ET SANS BAVURE - Merci Craypion !


Ils sont de retour. Les nominés aux Craypion d'or 2013 attendent vos votes depuis le début de la semaine. Un petit coup de mou en ce début d'hiver triste et déprimant ? Rendez-vous sur ce site. La vie vous paraîtra plus... plus... En fait, je ne suis pas sûr que cette sélection des pires vidéos, chansons ou tweets parvienne à remonter le moral. Le côté « Il existe toujours pire ailleurs » peut jouer. Mais ce pire conduit aussi au désespoir.
Florilège dans la catégorie artistes en ligne : Georgine Brion est au top. Cette quinquagénaire à lunettes entonne « Pau, Pau, Paulette tu pollues ». Un ersatz de chanson (intégralité des paroles dans le titre) illustré par un clip à la Benny Hill agrémenté de pets et de danse en sous-vêtements. 240 000 vues sur YouTube quand même...

Encore plus radical le rap de Micko Black sur « Ma bite, son histoire ». De sa circoncision à sa première éjaculation (« je fais tomber la neige... »), il arrive à placer « et tralali, et tralala » dans le texte. Un vrai poète des temps modernes.

A côté, les petits minets du boys band Three4ever ne font pas le poids. Enfin, côté paroles -pour ce qui est de l'interprétation, personne ne leur arrive à la cheville. Réussir à chanter faux pendant plus de quatre minutes, même les pires candidats de La Nouvelle Star n'y parviennent pas.

Finalement, mieux vaut en rire. C'est toute la philosophie des Craypion d'or. Alors, après avoir bien rigolé, faites votre devoir de citoyen du net : votez... (et éliminez !)

Chronique "Net et sans bavure" parue ce mercredi en dernière page de l'Indépendant.

mardi 5 novembre 2013

NET ET SANS BAVURE - Les tubes de YouTube, d'Arcade Fire à... PSY

Arcade Fire, Lady Gaga (sans maquillage), ou Eminem : il y avait du beau monde dimanche soir sur la scène du Pier 36 de New York pour la première cérémonie des YouTube Music Awards. Le site de partage de vidéos en ligne, en diffusant cette soirée en direct sur sa plateforme, marche ouvertement sur les platebandes de MTV, la chaîne musicale mondiale.
La « consommation » de musique change. Il est loin le temps des scopitones, presque autant que celui des clips des débuts de MTV. Aux USA, selon un sondage de l'été dernier, 64% des adolescents américains utilisent YouTube comme canal pour écouter leur musique. Ils ne sont plus que 56% à citer la radio. MTV, à peine s'ils connaissent...
Le modèle économique mis en place par cette filiale du géant Google a fait ses preuves. Les publicités, avant et après la séquence sélectionnée, rapportent des millions de dollars. L'industrie musicale a ainsi encaissé un demi-milliard sur les deux dernières années en recettes publicitaires.

Faire le buzz sur YouTube, tel le Coréen PSY, est le rêve de tout artiste ancré dans son temps. Au risque parfois d'en faire trop comme la dernière prestation de Miley Cyrus. Mais un twerking (bouger les fesses de façon subjective) forcément très vulgaire vaut bien quelques millions de vues...
Pourtant on entend et on regarde de belles choses sur YouTube en cherchant un peu. Ainsi j'ai découvert la semaine dernière l'intégralité du nouvel album d'Arcade Fire avant même sa mise en vente.

Chronique "Net et sans bavure" parue ce mardi en dernière page de l'Indépendant. 

lundi 4 novembre 2013

BD - Autour de XIII, le mystère continue


Énorme succès de librairie de ces dernières années, la saga de XIII n'en finit plus de faire des petits. On croyait la série imaginée par
Van Hamme et Vance terminée, mais Yves Sente et Jigounov ont relancé le personnage dans un second cycle. Et pour les fans de la première heure, Van Hamme a proposé à différents auteurs d'imaginer les parcours de quelques personnages secondaires de la série initiale. « XIII Mystery », après des récits complets consacrés à la Mangouste, le colonel Amos ou la sculpturale Jones, se penche sur la brève et triste existence de Billy Stockton. Le blond jeune homme aide Rowland à s'évader à la fin du 3e épisode. XIII abandonne son cadavre dans le désert, Laurent-Frédéric Bollée et Steve Cuzor nous racontent son histoire. Orphelin à 4 ans, le petit Billy est confié à de lointains parents, bouseux de l'Amérique profonde. Il y sera persécuté, développant un caractère revanchard et très perturbé. Une BD beaucoup plus noire que les précédentes, servie par le dessin réaliste de Steve Cuzor, très près proche de celui de Vance.

« XIII Mystery » (tome 6), Dargaud, 11,99 €


dimanche 3 novembre 2013

BD - Very bad girl

Les super héros sauveurs de la planète ont du plomb dans l'aile. La vision manichéenne imposée durant des années dans les comics américains est totalement dépassée. Comme dans les séries télé, les méchants tirent toute la couverture à eux. « Bad Ass », série écrite par Herik Hanna et dessinée par Bruno Bessadi pour la collection « Comics Fabric » joue clairement la surenchère dans ce registre. Le second tome de la série braque ses projecteurs sur « The Voice ». Vue de l'extérieur c'est une ravissante jeune femme blonde et accorte. En réalité c'est la « chose la plus horrible qu'il m'ait été donné d'entendre » explique le psychologue chargé de la suivre.
 Sophie, à 3 ans, a poussé son père au suicide. Elle peut entendre les pensées les plus secrètes des hommes et femmes en sa présence. Elle parle, ils obéissent. Si elle avait choisi le camp du bien, elle inonderait le monde de bonheur. 
Mais Sophie est une dangereuse psychopathe. Son plaisir c'est de détruire, mutiler, faire souffrir, tuer... En 100 pages, on découvre son enfance puis son passage dans les forces armées secrètes américaines qui voient en elle une arme ultime. Problème, Sophie est aussi très individualiste... Planquez-vous, elle est de sortie !

« Bad Ass » (tome 2), Delcourt, 14,95 €


samedi 2 novembre 2013

NET ET SANS BAVURE - L'humour incompris de Natacha Polony

Il faut bien l'admettre, l'humour trash est fréquent sur Twitter. Quand il vient d'une journaliste connue, la pilule passe moins bien.

Hier matin, alors que la France se réveille à peine, Natacha Polony, une fois sa revue de presse diffusée sur Europe1, tweete une photo. Sur les marches d'une station de métro, une vieille femme, rom certainement, fait la manche, les jambes enroulées dans un plaid griffé Givenchy. Commentaire de Polony : "Leonarda de retour en France pour la fashionweek... »
Le tweet ne reste en ligne qu'une petite demi-heure car les réactions n'épargnent pas la "snipper" de l'émission de Laurent Ruquier sur France 2. "Honte", "Dérapage", "Humour beauf", "Xénophobie"... les anathèmes au premier degré déferlent. D'autres dénoncent le petit scandale avec finesse : "Twitter et l'instantanéité font beaucoup de mal aux idiots tout de même" ou le très inspiré trait de Didier Porte "Natacha Polony vient de découvrir que Twitter était un piège à surmoi... »



Face à l'ampleur du scandale, l'ancienne journaliste du Figaro tente un rétropédalage laborieux : "Bon, une photo insolite envoyée par un ami et un trait d'humour pas très drôle. C'est tout."



Oui, un moment d'égarement, quand les masques tombent...
Le paradoxe, comme le tweete Maelle & Diction, « La blague de Polony, avec plein de fautes et un avatar de Babar, ça faisait 1200 RT ». 
Mais le plus marrant, après coup, c'est de découvrir que sa revue de presse d'hier était consacrée aux "dérapages" de Marine Le Pen sur les ex-otages et de François Hollande à propos des footballeurs grassement payés...

Chronique "net et sans bavure" parue ce samedi en dernière page de l'Indépendant.

vendredi 1 novembre 2013

NET ET SANS BAVURE - Money, money...

Kristoffer Koch, ingénieur norvégien, déménage. Il vient d'acquérir un confortable appartement de trois pièces dans le centre d'Oslo. Un bel investissement immobilier pour une mise de départ ridicule : 24 dollars. Des PEL (plan épargne logement) avec un tel rendement, tout le monde en rêve. Mais cela n'existe pas, la fortune de Kristoffer est toute virtuelle.
En 2009, encore étudiant, il se passionne pour la cryptologie et découvre l'existence des bitcoins, monnaie virtuelle n'ayant cours que sur internet.
Pour mieux en comprendre le fonctionnement, il en achète 5000. Valeur : 24 dollars quasi symboliques. Et puis les oublie. La roue tourne, Kristoffer achève ses études, s'installe. La vraie vie quoi, avec ses fins de mois difficiles et ses projets remis aux calendes grecques par manque d'argent. A la différence près que le bitcoin a pris de la valeur. Beaucoup de valeur.

Kristoffer se souvient de son achat passé, fait un rapide calcul et arrive à la conclusion que son petit pactole vaut aujourd'hui 500 000 euros ! Il convertit donc la monnaie électronique en coupures sonnantes et trébuchantes (des couronnes en l'occurrence) et en investit une bonne partie dans la pierre. Solution pragmatique compréhensible : une connexion internet n'est rien s'il n'y a pas quatre murs et un toit pour l'héberger.
Kristoffer a pourtant failli tout perdre. Au moment de récupérer ses bitcoins, le site lui demandée un mot de passe. Il a cogité toute une journée pour se souvenir de ce fichu code. Le comble pour un spécialiste en cryptologie.

Chronique "NET ET SANS BAVURE" parue ce vendredi en dernière page de l'Indépendant

jeudi 31 octobre 2013

NET ET SANS BAVURE - Horreur trop mignonne au pays de Mickey


Petit avec de grandes oreilles. Et méchant. Très méchant ! Le mythe Disney est méticuleusement dézingué dans un petit film indépendant américain tourné à la sauvette en noir et blanc. Mickey en personnage d'un film d'horreur, il fallait oser. « Escape from tomorrow » réussit le double exploit d'être célèbre sans le moindre budget promotionnel et de tirer profit de l'univers Disney sans reverser un seul centime à la multinationale du divertissement.

Randy Moore, le réalisateur, n'a pas les moyens de se payer des décors gigantesques. Il a l'idée de tourner son histoire directement dans Disneyland, avec des téléphones portables, des acteurs professionnels et les milliers de figurants gratuits. Présenté au festival de Sundance, le film enthousiasme le jury et la bande annonce se propage sur le net.
Avant même sa sortie en salle, l'histoire de cette famille modèle prise au piège d'une machine à broyer l'imaginaire est devenue culte. En ce jour d'Halloween, rendons grâce à Randy Moore. Si son « Escape from tomorrow » connaît la même carrière que « Le projet Blair Witch », plus la peine d'engager des frais en déguisements horribles et coûteux (zombies, vampires, sorcières...) pour nos mômes chasseurs de bonbons. Un simple masque de Mickey ou de Donald et vos voisins videront leurs réserves pour éloigner le Mal absolu de leur demeure.
La BD Walking Dead sera prépubliée dans le journal de Mickey et les petites filles gothiques s'habilleront comme Minnie. Du monde des rêves à celui du cauchemar...

Chronique "Net et sans bavure" parue ce jeudi en dernière page de l'Indépendant. 


mercredi 30 octobre 2013

NET ET SANS BAVURE - Tablette anti-crise

"La crise ? Quelle crise ?"
Si les États ne vont pas bien, certaines entreprises s'en tirent parfaitement. Attention cependant à l'excès de confiance. On se croit beau, intouchable, porté au pinacle par les utilisateurs-consommateurs et puis patatras, la dégringolade arrive sans crier gare.
Dernier exemple en date, Apple. Rassurez-vous, l'entreprise fondée par Steve Jobs est encore loin de la faillite. Reste que pour la première fois depuis 11 ans, la firme à la pomme enregistre un recul de son bénéfice. En cause le fléchissement des ventes de l'iPad. L'excédent est "tombé" à 37 milliards de dollars, en baisse de 11 %. Quel malheur pour les actionnaires ! Arriveront-ils à payer leurs impôts ? Là aussi, ne paniquez pas, société capitaliste oblige, ces rentiers des nouvelles technologies demeurent la priorité de l'entreprise. Le bénéfice trimestriel par action s'établit à 8,26 dollars, en hausse par rapport aux meilleures prévisions.
De toute manière ce petit coup de mou sera vite oublié. La semaine prochaine, Apple commercialise son nouvel iPad Air, plus fin, plus léger... plus rémunérateur aussi, n'en doutons pas. Les tablettes, déjà en vogue l'an dernier, s'érigeront en stars des cadeaux de Noël. La première d'entre elles, version améliorée, va s'octroyer comme toujours une jolie part de marché. D'autant que les geeks équipés depuis quelques années ne résisteront pas à l'envie d'être à la pointe de la technologie.
"La crise ? Quelle crise ?" reprennent en chœur les actionnaires...

Chronique "Net et sans bavure" parue ce mercredi en dernière page de l'Indépendant.

mardi 29 octobre 2013

Encore et toujours Stefan Wul adapté en BD par Lapière et Reynès

Après Niourk, Oms et Piège sur Zarkass, nouvelle adaptation BD d'un de des romans SF de Stefan Wul. « La peur géante » est revisitée par Denis Lapière et Mathieu Reynès. Pas de voyage dans l'espace dans cette aventure survitaminée, mais une belle réflexion sur l'avenir de la planète. Tout commence par une anomalie physique : l'eau ne se transforme plus en glace à zéro degré celsius mais à une température beaucoup plus basse. Le phénomène, localisé dans quelques points de la planète au début, se généralise en une journée. Conséquence immédiate, neige des montagnes et glace des pôles fondent d'un coup provoquant une immense vague submergeant toutes les côtes. Ce monde apocalyptique est décrit dans la première partie de l'album. Heureusement il reste quelques survivants dont le héros, un militaire expert en plongée sous-marine et une jeune chercheuse en langues anciennes. Ils sont rapidement persuadés qu'il ne s'agit pas d'un dérèglement climatique mais d'une attaque. Et la menace se trouve sous cette eau envahissante. Grand spectacle assuré avec les dessins de Reynès, déjà remarqué avec la série Alter Ego. Quant aux « envahisseurs », ils seront au centre de la seconde partie, même si les yeux acérés les devinent en couverture du tome 1.

« La peur géante » (tome 1), Ankama, 13,90 €