samedi 22 septembre 2012

BD - Séduisantes voleuses dans la "Grande odalisque" de Vivès, Ruppert et Mulot

 
Trois auteurs, trois héroïnes. « La grande odalisque », grand récit d'aventure paru dans la prestigieuse collection Aire Libre de chez Dupuis marque la première collaboration de trois jeunes pousses de la BD indépendante. Ruppert et Mulot sont des piliers de l'Association, Bastien Vivès a percé avec des récits intimistes. 
Ensemble, ils racontent les aventures de Carole et Alex, deux voleuses, renforcée par Sam, une motarde virtuose. 
Elles sont spécialisées dans le vol des œuvres d'art. Première opération au musée d'Orsay, seconde, plus problématique, au Louvre. Elles sont jeunes, sexy, libérées et téméraires. Le dessin est juste ce qu'il faut de réaliste, laissant quand même une large place à l'imaginaire du lecteur. Totalement décalée, c'est la BD la plus étonnante de la rentrée.
« La grande odalisque », Dupuis, 20,50 €


vendredi 21 septembre 2012

Billet - Les optimistes associés débarquent le 12 octobre

« Le 12-10-2012, ce n’est pas la fin du monde, c’est le début de l’optimisme ! » Cette révélation fracassante est de Ludovic Beuzeron, fondateur de Génération Optimiste, « le réseau francophone des gens positifs ». En voilà une belle profession de foi. Dans 100 ans, la méthode Beuzeron aura peut-être détrôné la méthode Coué. Car dans le fond, il n'y a pas grande différence. Éviter toute pensée négative, voir la vie du bon côté, ne retenir que les bonnes choses et votre enfer terrestre se transforme en félicité infinie. J'ai essayé. Ça marche pas... La fluoxétine par contre...
Sans vouloir porter la poisse à Ludovic Beuzeron, je crains que ses bonnes intentions ne se heurtent à une situation générale peu propice à l'optimisme. Partout les signaux sont rouges.
Quant au réseau social du bonheur, il s'appuiera sur « l’apprentissage du savoir sur internet ». Et d'expliquer dans une sorte de profession de foi : « Chacun pourra librement partager, échanger, découvrir ou acquérir du savoir dans des domaines aussi variés que le bien-être, la santé, la finance, les sciences humaines etc… » Le tout, gratuitement, comme de bien entendu.
Je dois admettre que Ludovic Beuzeron est parvenu à me faire sourire quelques minutes. Pour mettre en place son projet, il a fait appel à « Michel Poulaert, auteur, conférencier international et expert en optimisme ». Avec « 158 000 fans sur sa page Facebook », il est le sosie officiel de... François Hollande ! 

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce vendredi en dernière page de l'Indépendant. 

BD - Mauvaises ondes pour Jean-Claude Denis



Serge Guérin vit un enfer. Serge Guérin est électro-sensible. Téléphones portables, télévision, lignes à haute tension... les sources de son mal sont multiples et de plus en plus nombreuses. Un soir, il est enfin libéré. Une immense panne de courant plonge le quartier dans un black out total. 
C'est au cours de cette nuit particulière qu'il va rencontrer une jeune femme. Ils vont sympathiser, se comprendre et se trouver des points communs. Dans une chambre d'hôtel, à la lumière d'une bougie, ils signent un pacte, la trame complexe de cet album de Jean-Claude Denis
Entre polar noir, étude psychologique et portrait de la détresse humaine, l'histoire entraîne le lecteur vers une fin étonnante, au cœur de cette zone blanche qui donne son nom à ce roman graphique très réussi.
« Zone blanche », Futuropolis, 16 €


jeudi 20 septembre 2012

Billet - Humour britannique et tétons solidaires


On peut trouver tous les défauts possibles et imaginables aux Anglais (cuisine, climat, goût vestimentaire...) ils ont une qualité inaliénable et salvatrice : leur humour. Quand la presse people étrangère montre les rejetons royaux dans des postures équivoques (Harry fesses à l'air, Kate seins nus), plutôt que de brûler les kiosques à journaux ou profaner les tombes de Niepce (inventeur de la photographie) et Porro (téléobjectif), ils en rient.

Le prince Harry, après son stripbillard perdant, a reçu l'appui de centaines de militaires anglais. Sur un compte Facebook spécialement dédié, ils saluent fièrement le prince, nus, un accessoire militaire cachant leur entrejambe, du fusil d'assaut au képi réglementaire.
Bis repetita avec l'affaire Kate. En soutien, des Anglais (exclusivement mâles) montrent leurs tétons, souvent dans des poses lascives, un masque fait avec la photo du visage souriant et grandeur nature de la princesse garantit leur anonymat. L'illusion d'optique est parfaite, si l'on oublie la grosseur des seins et la pilosité du poitrail...
Extraordinaire humour anglais. On en redemande. Et on en est presque à espérer un nouveau scandale royal pour prolonger les éclats de rire. Un peu comme cette télévision taïwanaise qui a reconstitué la scène des photos volées en images de synthèse. Et extrapolé avec une Diana en zombie et la reine mère photographiée dans son bain. Quant aux vilains journalistes français ils n'ont que ce qu'ils méritent : la guillotine.

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce mercredi en dernière page de l'Indépendant.

mercredi 19 septembre 2012

BD - Le petit commerce mortel de Jean Teulé, Olivier Ka et Domitille Collardey



La maison Tuvache est un commerce sérieux. Ses propriétaires assurent un service de qualité. Le couple accueille les désespérés et leur vend cordes, poisons, armes et autres ustensiles très efficaces pour se suicider. Tout irait pour le mieux si le dernier rejeton, Alan, n'avait pas une joie de vivre communicative. 
« Le magasin des suicides » est à la base un roman de Jean Teulé. Ce succès de librairie est adapté par Olivier Ka (scénario) et Domitille Collardey (dessin). On retrouve toute la poésie de l'histoire originale dans cet album aux dessins simples, parfois enfantins. Les auteurs ont alterné séquences classiques et dessins pleines pages comme pour mieux donner une vue d'ensemble de cette boutique hors du commun.
« Le magasin des suicides », Delcourt, 14,95 €


Billet - Le Vinvinteur, nouvelle émission sur "la vie connectée"

Le Web va-t-il tuer la télévision ? Cette question taraude les intervenants des deux médias. Nouvel exemple avec la diffusion, dimanche soir, à 20 heures sur France 5, d'une émission sur les nouvelles technologie.

« Le Vinvinteur », présenté par Vinvin, est « le premier magazine de la vie connectée », une « émission qui partage tout ». Le pilote a été diffusé... sur le web. Les prochains numéros, sans doute en octobre, seront à l'antenne de France 5. Vinvin présente l'émission avec une caméra sur le front. Il montre ainsi l'envers du décor. Il présente un « journal du Veb » (avec un V qui veut dire Vinvin...) reprenant des infos fun. Rien de bien original.

Le reste est beaucoup plus novateur. Les internautes peuvent participer de plusieurs façons. En rédigeant un sketch d'une minute joué par Vinvin et Zazon. Pour le numéro 0, plus de 60 contributeurs se sont essayés à l'exercice. Vous pouvez aussi interpréter la musique du générique et envoyer l'enregistrement sur le site de l'émission. Enfin, participer à « l'instant Andy Warlol » en postant des photos de vos animaux de compagnie. Car eux aussi ont droit à leur quart d'heure de célébrité...

D'une durée de 26 minutes, ce premier magazine ne révolutionne pas le genre. Un mélange savamment dosé de fiction et d'information, saupoudré d'une forte dose de subjectivité (la caméra de Vinvin). Il devra faire ses preuves sur le côté interactif. Mais le tour n'est pas joué car la télévision est et restera toujours une grosse machine.

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce mardi en dernière page de l'Indépendant.

mardi 18 septembre 2012

Une paire de seins qui n'a pas fini de faire parler

THE scandale ! Une paire de seins à la une de Closer, le magazine people, et c'en est fini de l'Entente cordiale. Jolis seins au demeurant. Certes ils manquent un peu de relief, mais ils sont charmants. Princiers aussi. Là est le problème.
Kate et William, héritiers de la couronne britannique, en vacances en Provence, ont profité du soleil sur leur terrasse. « Nus, au soleil » comme le chante leur voisine, Brigitte Bardot. Un paparazzi a immortalisé ces jeunes corps en vacances. Shocking ! Les ventes explosent, les visites sur le site internet de Closer aussi.
Et les commentaires vont bon train sur les blogs et réseaux sociaux. « Peut être faut-il s'attendre après ce nouveau blasphème à ce que les Britanniques assiègent les ambassades françaises a travers le monde » fait remarquer avec malice un lecteur sur le site TF1News. Un autre site people, certainement jaloux, fait de la surenchère : « Kate et William : leur drôle de façon de s'envoyer en l'air ». On imagine tomber sur une sextape sulfureuse, de quoi faire mourir d'infarctus la reine mère. Mais il s'agit d'un titre racoleur... sur leur escalade d'un arbre de 42 mètres en Indonésie.
Un scandale pour deux seins anglais. Pourtant, tout touriste en vacances une semaine sur les plages audoises ou catalanes a statistiquement eu la possibilité de voir 389 paires de seins britanniques. Personne n'en a fait tout un plat.
Et ceux qui parlent « d’œufs sur le plat » seront écartelés pour crime de lèse-majesté !
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue en dernière page de l'Indépendant ce lundi.

lundi 17 septembre 2012

Roman - Le mystère du père dans "Les Patriarches" d'Anne Berest

Denise, 22 ans, cherche à mieux connaître son père. Un acteur, mort à 40 ans après avoir brûlé sa vie et oublié de s'intéresser à sa petite fille.

Découpé en trois parties égales, le roman « Les Patriarches » d'Anne Berest, est une étude clinique sur la quête d'une jeune fille mal dans sa peau, taraudée par des souvenirs enfuis. Obstinément, elle cherche à savoir où son père a passé l'année 1985. Et pourquoi personne ne veut lui parler de ce qui s'est passé après son retour. Roman sur les secrets, les non-dits et l'oubli, on ne sort pas indemne de ce texte parfois très dur.
Denise, le personnage pivot de ce roman, est dans un premier temps très attendrissante. Âgée de 22 ans, elle va devenir, durant un mois, l'assistante d'un photographe huppé. Il a pour projet de faire un tour de France des ronds-points. Denise est chargée de conduire la voiture, assurer l'intendance, enregistrer les considérations du maître et transmettre, au quotidien, la bonne parole à la maison d'édition qui mettra le tout au propre pour en faire un de ces beaux livres si plaisants à offrir aux fêtes de fin d'années.
Touchante, Denise tente tant bien que mal de satisfaire les caprices de la star. Durant cinquante pages, ce duo sur les routes ferait presque rire le lecteur. Mais Anne Berest, dans son roman, n'accorde que peu de respiration à Denise. La jeune fille, provinciale, profite de sa présence à Paris pour rencontrer Gérard Rambert. Ce dandy, un peu galeriste et marchand d'art, serait le seul à avoir croisé le chemin de Patrice Maisse en 1985, le père de Denise. Elle l'interroge, enregistre la conversation et par erreur envoie la bande à la maison d'édition. Virée avec pertes et fracas, Denise décide de profiter de son temps libre forcé pour relancer Rambert. Un autre face-à-face se met en place, beaucoup plus tendu et lourd de secrets.

Icône transgenre
Tout en dévoilant quelques pans de la vie de Denise, en conflit avec sa mère, dominée par son frère, Anne Berest raconte la vie de bohème de Patrice Maisse, acteur génial à la carrière aussi courte que foudroyante. Pour son premier film, en 1979, il a fait la une des Cahiers du cinéma  : « on peut y admirer le torse nu d'un jeune homme à qui l'on donnerait treize comme vingt ans. Beau, mais d'une lumière froide et silencieuse, il surgit d'un buisson, dans sa main droite levée on distingue un animal mort. » A l'intérieur, les critiques lui tressent des louanges : « Patrice Maisse, érigé au rang d’icône transgenre, était déclaré capable de balayer par sa mutique fantaisie, toutes les idoles caricaturales d'une jeunesse lénifiée par le changement de décennie. » En réalité, Patrice est rapidement tombé dans la drogue. Carrière interrompue, il délaisse sa famille et survit en devenant l'amant de riches excentriques.
Reste l'énigme de l'année 1985. Elle est racontée dans la troisième partie. C'est dans un centre de désintoxication du Patriarche qu'il a rencontré Gérard Rambert. Le roman prend alors un air de documentaire, décrivant sans concession le dur sevrage, l'endoctrinement et les dérives de l'association créée par Lucien Engelmajer. Les dernières pages donnent les clés du roman. Pourquoi tout le monde cachait à Denise cette période de la vie de son père. De la sienne aussi. Elle avait 6 ans.

« Les Patriarches », Anne Berest, Grasset, 18,50 € (sorti en poche chez Points)


dimanche 16 septembre 2012

BD - "La sueur du soleil" ou la malédiction de l'or



A la fin des années 80, la BD historique avait le vent en poupe. La collection Vécu, appuyée sur la revue du même nom, permettait au lecteur de visiter toutes les époques de notre bonne vieille terre. « La sueur du soleil » de Harriet (scénario) et Mata (dessin) retraçait le destin de conquistadors en plein conflit avec les Indiens d'Amazonie. Cinq albums repris dans une intégrale petit format à petit prix. Quitos, un soldat espagnol, chargé de communiquer avec les Indiens, tombe éperdument amoureux d'une belle indigène, Orocomay. Il devra choisir entre son camp et l'amour. 
Prenant fait et cause pour les locaux, il devra déjouer les plans de l'armée espagnole en vue de voler l'or d'une cité légendaire et retirée. Sorte de « Temple du soleil » moderne, cette saga est bourrée de rebondissements. Les décors sont somptueux et les différents protagonistes ont des psychologies très élaborées et complexes. Regrettons que de telles BD deviennent de plus en plus rares.
« La sueur du soleil » (intégrale), Glénat, 20 €

samedi 15 septembre 2012

Billet - Roupie de sansonnet et monnaie électronique

Jeux en ligne et réseaux sociaux ont inventé leurs propres monnaies. De l'argent totalement virtuel que l'on peut qualifier de roupie de sansonnet. Pourtant l'e-monnaie pourrait être une des solutions pour sauver l'économie mondiale. A l'heure où la valeur de l'argent a de moins en moins de réalité à cause des spéculateurs, basculer au tout virtuel pourrait assainir une partie du marché.
Facebook, comme souvent, est à la pointe dans ce domaine. Les Facebook Credits datent de 2009. On peut les acheter via sa carte bancaire mais aussi en gagner grâce à des opérations de partage publicitaire. Avec votre pécule vous pouvez vous offrir quantité de marchandises dématérialisées : livres numériques, location de films en ligne, logiciels... Et l'ambition de la société de Mark Zuckerberg est de généraliser cette nouvelle monnaie dans toutes les transactions en ligne, de l'achat de places de concert au billet d'avion. Problème, Facebook prélève au passage 30 % sur la transaction. Un peu chérot le mégabit...
Alors, pourquoi ne pas généraliser une version électronique de chaque monnaie ? Le e-€ ou e-$ auraient une cotation propre et seraient réservés aux biens immatériels, de votre abonnement internet à la facture d'électricité en passant par la place de cinéma. Certains économistes travaillent déjà sur ce schéma. Reste à convaincre la majorité des consommateurs que les billets et les pièces ont fait leur temps. Un combat autrement plus compliqué que le passage à l'euro...

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue en dernière page de l'Indépendant ce samedi.