mercredi 3 août 2011

BD - "Drakka" de Brrémaud et De Felici chez Ankama : vampirique

Drakka, nouvelle série écrite par Frédéric Brrémaud et dessinée par Lorenzo de Felici est un subtil mélange de deux genres très particulier : monde mafieux et univers vampirique. Dans un futur proche et apocalyptique, un chef de gang est en train de mourir. Avant de passer l'arme à gauche, il prévient son fils, la Hyène : il n'est pas le seul héritier de l'empire. Il a eu un bâtard, Drakka, avec une femme-vampire. Il devra partager. 

Hors de question pour la Hyène bien décidé à trucider son demi-frère. Ce dernier survit dans une ville en ruine, cherchant vainement de la nourriture. 

Une fois mis en place les personnage, place à la bagarre. Si Drakka n'a pas encore tous ses pouvoirs de vampires, il est aidé par les derniers représentants de son espèce et ce qui s'annonçait comme une promenade de santé pour la Hyène se révèle beaucoup plus périlleux. Les amateurs de baston se réjouiront de 20 pages d'anthologie.

« Drakka » de Brrémaud et De Felici, Le sang du vioque, tome 1. Ankama. 14,90 €

mardi 2 août 2011

BD - "La belle image" de Cyril Bonin d'après Marcel Aymé : classique

« Lorsque j'ai découvert de roman de Marcel Aymé, j'eus le sentiment d'une rencontre. » Cyril Bonin, dessinateur de Fog, grand amateur des années folles, a tout fait pour adapter ce récit entre chronique sociale et fantastique.

Les éditions Futuropolis lui ont fait confiance et à l'arrivée cet album a le double avantage de faire découvrir aux jeunes générations un univers romanesque et de prouver que la BD peut s'émanciper de certains clichés qui lui collent encore à la peau. Raoul Cérusier, publicitaire anodin, marié, père de famille, change de visage du jour au lendemain. 

Même s'il y gagne au change (devenu beau, les femmes se retournent sur son passage), il perd tout d'un coup, travail, amis et femme. C'est cette dernière qui lui manque le plus. Il essaie donc de la séduire. Problème, si elle cède, il est l'amant qui le transforme en mari trompé... Une subtile réflexion sur l'amour, la fidélité et la passion.

« La belle image » de Cyril Bonin d'après Marcel Aymé. Futuropolis. 16 € 

lundi 1 août 2011

BD - Andy et Gina de Relom : subversif

Andy et Gina, frère et sœur, ne sont pas gâtés côté famille. Le père, alcoolique radin n'a gardé de sa femme que la tête. Sans maison ni revenus, vivant dans une voiture volée, ils ont mangé la peau du visage de la pauvre femme.

Par chance, ils trouvent dans le véhicule un sac de billets et un pistolet. Un nouveau départ. Avec cette fortune, le père paie un corps de rêve à sa femme. 

Devenue jeune et accorte, elle garde cependant quelques cicatrices la faisant un peu ressembler à la créature de Frankeinstein. 

Relom, dans ces histoires courtes, pousse l'horreur au maximum, la petite Gina, peste sadique, en faisant toujours autant baver à Andy, petit garçon naïf (aimant se déguiser en fillette...). Savant fou, licorne, quéquettes volantes, dealer de crack, biche carnivore et scolopendre géant viennent donner encore plus de sel à cette série qui révèle enfin qui est le véritable père d'Andy et Gina.

« Andy et Gina » de Relom, No speed limit, tome 5. Fluide Glacial. 10,40 € 

samedi 30 juillet 2011

BD - Un héros au sang froid : Synchrone de Delmas et Crosa au Lombard

Policier américain en mission à Paris, Ian Mallory perd sa jeune femme dans un attentat. Alors qu'il vient de monter dans sa voiture qu'elle conduit, un motard s'approche et tire une balle à bout portant sur la conductrice. Elle meurt et la balle finit dans le crâne de Ian qui restera dans le coma plusieurs mois avant de récupérer difficilement tous ses moyens. 

La balle est toujours logée dans son cerveau. Elle a détruit une zone qui empêche désormais Ian d'avoir des émotions. Cinq années plus tard, Ian a changé de vie. Il est devenu écrivain et tente d'oublier. Il retrouve ses réflexes de policier imperturbable quand il découvre la fille adolescente de sa nouvelle compagne dans sa chambre un couteau à la main, son petit ami mort poignardé en plein cœur. 

Ce premier tome d'une série semblant mystérieuse permet également de présenter les différents protagonistes imaginés par Delmas et dessinés par Crosa. Ian en premier lieu mais également une journaliste fouineuse, l'ado rebelle, le flic manipulateur. Un cocktail digne d'un thriller d'Hollywood.

« Trauma » (tome 1), Le Lombard, 11,95 €

vendredi 29 juillet 2011

BD - Anneau magique et comique pour Walter le loup de Munuera chez Dargaud

Si vous avez aimé « Le seigneur des anneaux », cette BD devrait vous faire sourire. Une parodie très décalée avec Walter le loup en héros, le tout signé Jose Luis Munuera. Walter a fait ses premiers pas de héros de BD dans Merlin, imaginé par Sfar avec déjà Munuera au dessin. L'auteur espagnol a décidé de prolonger l'existence de ce loup atypique dans une série propre. Walter est loin d'être la terreur des forêts. Quand il se promène dans les bois, ce n'est pas pour croquer les petites filles mais pour admirer les fleurs... Dans « L'anneau magique », le troisième volet de ses péripéties, il va aider, malgré lui, deux Hochets, des êtres minuscules poursuivis par des méchants, sous les ordres de Sardineman, bien décidés à les tuer. Ils ont pour mission de détruire un anneau magique.

Un humour omniprésent, pas toujours de bon goût mais très efficace, transforme cet album en une franche rigolade idéale pour les coincés des zygomatiques.

« Walter le loup » (tome 3), Dargaud, 10,45 € 

jeudi 28 juillet 2011

BD - Les larmes de l'Autre-Monde, cauchemar des Enfants d'ailleurs

Changement de ton dans la série « Les enfants d'ailleurs ». Si au début cette histoire fantastique de Bannister et Nykko pouvait être lue par les plus jeunes, le tour dramatique des derniers événements la classe presque dans la catégorie des récits d'horreur. Dans le précédent épisode, Rébecca, atteinte d'une maladie mortelle, franchit une nouvelle fois les frontières de l'Autre-Monde en compagnie de Théo et Noé. Maxime se lance à sa recherche. En compagnie du grand-père de Rébecca, le premier à avoir découvert ce monde parallèle, il tombe sur une tribu de zombies dont font partie ses trois amis. Il va tenter de les délivrer.

Le monde imaginé par Nykko est de plus en plus complexe, noir aussi. Baleine des sables avaleuse d'hommes, fleurs mortelles, marais putrides... Un véritable cauchemar où l'esprit d'équipe des enfants est mis à rude épreuve. Certains vont craquer, devenir agressifs, penser que la vengeance peut soulager. Bref une superbe leçon de vie qui permettra aux adolescents de réfléchir sur une morale subtile et pas trop ostentatoire.

« Les Enfants d'ailleurs » (tome 5), Dupuis, 10,45 € 

mercredi 27 juillet 2011

BD - Le Burger ultime selon Arleston et Barbucci

Pour sa première infidélité aux éditions Soleil (Lanfeust, Trolls de Troy...) Arleston n'a pas pris n'importe qui comme dessinateur. Il s'est associé à Barbucci (Monster Allergy, WITCH) pour lancer une série sur la gastronomie aux éditions Glénat. Les deux premiers tomes de Lord of Burger, parus en 2009, ont été redécoupés et réédités pour en faire des albums de 48 pages. 

La nouveauté, le tome 3, entièrement dessiné par Barbucci, raconte la suite des aventures d'Ambre et Arthur, obligés de reprendre le restaurant gastronomique de leur père, Alessandro Caprese, mort après avoir été enfermé dans la chambre froide. Une reprise catastrophique car Ambre se désintéresse de la cuisine et Arthur s'est spécialisé dans les... hamburgers. Ce sont ces derniers pourtant qui vont les sauver. Sélectionnés pour une émission culinaire, ils remportent le gros lot avec une recette de burger au canard qui relance le restaurant. 

Humour très présent, quelques recettes en prime, une intrigue au long cours : ce Lord of Burger a tout pour devenir un succès de librairie.

« Lord of Burger » (tome 3), Glénat, 9,95 € 

mardi 26 juillet 2011

Roman - Dragon, magie, tueuse : trio gagnant

Tueuse de dragons n'est pas une sinécure. Jennifer Strange, la dernière en activité, a des problèmes pour assurer sa charge.

Dans ce monde imaginaire, les dragons ne font plus peur, pas plus que les magiciens ne font rêver. L'univers fantastique mis en place par Jasper Fforde dans ce roman est assez déroutant. Dans les premières pages on suit Jennifer Strange, 16 ans seulement, directrice de l'agence Kazam, dans une intervention de magie pratique. Crise aidant, trois magiciens sont réquisitionnés pour changer, en quelques secondes grâce à quelques passes et formules magiques, toute la plomberie d'une maison. Une intervention éclair qui permettra de remplir les caisses de plus en plus vide de Kazam. Jennifer n'est pas magicienne. Elle supplée la disparition du directeur, M. Zambini. Jennifer est une enfant trouvée confiée à l'agence. Elle est nourrie et logée contre neuf années de « servitude ». On pourrait penser que c'est de l'exploitation, mais comparé aux dortoirs de l'orphelinat, c'est très agréable.

Quarkon et Grizz Crevettes

Par petites touches, en multipliant les portraits de magiciens (Dame Mawgon l'irascible, le Mage Moobin, Plein Tariff, Nasil, spécialiste du tapis volant) ou de personnages secondaires, Jasper Fforde plante ce décor qui fait parfois penser à la folie douce d'Alice aux pays des merveilles. On découvre tout ce petit monde par l'intermédiaire de Jennifer, la narratrice. Elle est en permanence accompagnée de son quarkon, un petit animal fidèle et dissuasif. « D'accord, on dirait un tiroir à couteau, explique-t-elle au nouvel enfant trouvé, Grizz Crevettes, et il a l'air d'avoir envie de te réduire en charpie mais, en fait, il est très gentil. Il ne mange pratiquement jamais de chats. » Grizz Crevettes est un peu le poil à gratter de l'histoire. Encore très jeune, il est cependant supérieurement intelligent et comprend tout, très vite. Notamment que Kazam a des problèmes financiers ou que Jennifer est contestée par certains magiciens.

La sagesse du dragon

La magie, dans ce roman, est décrite comme un talent que tout le monde a plus ou moins. Une seule certitude, elle est en régression, de moins en moins forte. Pourtant, d'un seul coup, elle s'élève vertigineusement. Cela correspond à une prédiction formulée par plusieurs clairvoyants : le dernier dragon, Maltcassion, sera tué dimanche prochain à midi par une certaine Jennifer Strange, dernière tueuse de dragons en activité.

En moins d'une semaine la vie de la jeune héroïne va basculer. Devenant effectivement tueuse, sa curiosité la poussera à discuter avec le dragon. Elle aura d'abord bien du mal à le localiser le confondant dans un premier temps avec un tas de pierres : « le tas de gravats s'est déplacé et j'ai senti le sol frémir. Le dragon a déroulé sa queue, l'a étirée, puis, s'en servant comme d'une brosse, s'est gratté le dos juste au-dessus des ailes repliées contre son épine dorsale. » Maltcassion, malgré son gigantisme, est loin d'être un monstre assoiffé de chair humaine comme le prétend la rumeur populaire. Le dragon se révèle être un sage plein de bon sens. Pourtant lui aussi admet que Jennifer le tuera dimanche à midi. Une chose que la jeune fille n'envisage pas. Et pourtant...

Jasper Fforde, en truffant son récit d'humour, british ou absurde, tient le lecteur sous son charme. Les amateurs de pure fantasy pourraient être déçus car il n'y a pas de grands combats ni d'exploits légendaires, mais il y gagnent au change car les aventures de Jennifer Strange se révèlent plus profondes, humaines et pleines de sens. Et une fois la dernière page tournée on n'a qu'une envie : retrouver Jennifer et Grizz Crevettes pour de nouvelles aventures. Et les pistes sont multiples, de l'origine de Jennifer, l'enfant trouvée, au mystère de la disparition de M. Zambini.

« Moi, Jennifer Strange, dernière tueuse de dragons », Jasper Fforde (traduction de Michel Pagel), Fleuve Noir collection Territoires, 15,90 € 

samedi 23 juillet 2011

BD - Le Tueur devient capitaliste

Le Tueur voudrait bien prendre sa retraite. Fatigué d'assassiner sur commande, il a envie de vivre paisiblement près de la femme qu'il aime et de son enfant. Mais pas facile de décrocher. Notamment quand on se retrouve catalogué agent cubain par les « Étasuniens ». Tuer des affreux pour des clients encore plus mauvais, cela forge une conscience politique. 

Dans le précédent album, il semblait avoir choisi son camp. Mais finalement un nouveau contrat (et une entourloupe des Cubains) le pousse à accepter une proposition d'un ancien de la CIA et du lieutenant d'un cartel colombien : créer une société pour exploiter le pétrole cubain. Matz, le scénariste, inverse radicalement le parcours du héros. Même s'il n'était pas spécialement sympathique, il semble devenir ouvertement détestable. Mais cela ne pourrait être qu'une impression.

Cette série, complexe et prenante, n'a jamais été politiquement correcte et encore moins simpliste. Niveau dessin, Jacamon se permet de plus en plus de très grandes cases pour une mise en page dépouillée. On admirera plus spécialement cette fois ses décors désertiques à la chaleur implacable très bien rendue par les couleurs.

« Le Tueur » (tome 9), Casterman, 10,40 € 

vendredi 22 juillet 2011

BD - Séquelles d'expérience dans le tome 2 de "Phoenix" de Gaudin et Peynet

Parfois, dans une série, le tome 2 est l'occasion de livrer quelques clés au lecteur pour qu'il ait envie de d'acheter le titre suivant. Dans Phœnix, Gaudin le scénariste prend tout le monde à contrepied en amenant encore plus d'interrogations. Et paradoxalement, comme dans « Lost », l'excellente série télé, ça marche. 

On est toujours aussi perdu et intrigué, mais loin de vouloir décroché, ces interrogations supplémentaires donnant une furieuse envie de découvrir la suite. 

Il y a des années, un groupe de gamins a été victime d'une expérience alors qu'ils séjournaient sur une île du Pacifique. De nos jours, ils en subissent les conséquences, comme s'ils passaient dans un monde parallèle très comparable à l'enfer. En plus se suivre Jon, un des enfants devenu adulte, cette seconde partie se consacre en grande partie au cas de Mr Fincher. 

Ce vieillard semble dérangé. Il vit d'ailleurs dans un asile. Mais il semble véritablement affolé par les « autres » et craint qu'ils ne prennent sa place. Est-il fou ou victime d'une de ses inventions ? Une psychologue, en creusant dans son passé, découvre que ce scientifique a travaillé pour l'armée américaine. 

Magistralement écrit, dessiné avec brio par Peynet, c'est une des séries les plus prometteuse du catalogue Soleil.

« Phœnix » (tome 2), Soleil, 13,50 €