mercredi 28 juillet 2010

BD - Vengeance épique pour Marie des Dragons


Marie, petite fille privilégiée, était éduquée dans une famille pauvre mais aimante. Un bonheur de courte durée. Un jour, elle revient chez elle et retrouve ses parents assassinés. Ses frères et sœurs ont été enlevés par les sbires de Georges d'Aiscelin. 

Nous sommes en France au Moyen Age. Quelques années plus tard, Marie est devenue une jeune femme vivant de son épée. Suspectée de sorcellerie, elle est pourchassée par un prêtre soldat, Jean de Clermont. 

Mais ce dernier a un faible pour cette courageuse Marie à la recherche de ses frères et sœurs. Le second tome de cette série entre fantastique et aventure voit Marie s'allier à Jean pour convoyer l'or du pape. Sur leur chemin, ils retrouveront l'ignoble Georges d'Aiscelin et ses créatures diaboliques. Et la famille commencera à se reformer... Ce scénario solide et plein d'action est signé par le couple Ange. Il est illustré par Thierry Démarez. Ce dessinateur réaliste talentueux ne vit pourtant pas de la BD. Il est décorateur à la Comédie française.

« Marie des dragons » (tome 2), Soleil, 13,95 € 

mardi 27 juillet 2010

BD - Amour multiple avec Philippe Djian et Jean-Philippe Peyraud


Pas évident d'adapter en bande dessinée une pièce de théâtre. La BD aime les grand espaces et permet, à moindre coût, de présenter des scènes gigantesques ne lésinant pas sur le figurant. Le théâtre c'est plus limité, surtout quand il s'agit d'une pièce minimaliste de Philippe Djian : quatre personnages et un seul décor. 

Dans le salon d'une luxueuse villa, un homme se dispute avec une femme. On comprend que c'était son infirmière, elle est devenue sa maîtresse. Elle l'a soigné, lui permettant de remonter la pente. Il souffre psychologiquement. A cause de son ancienne femme. Elle vient souvent le hanter. Il y a deux ans, il s'est mal comporté avec elle. Adaptée par Jean-Philippe Peyraud, cette pièce peut être considérée par certains comme la longue prise de tête d'un homme aimant les femmes mais trop lâche pour en assumer les conséquences. 

En fait, en se laissant prendre à ces dialogues incisifs, on pénètre l'âme humaine. Attention, cela chamboule. Mention spéciale aux portraits de Peyraud : lui aussi semble aimer les femmes...

« Lui », Futuropolis, 24 € 

lundi 26 juillet 2010

Roman - Des effets secondaires du mariage pour les témoins

Quand le leader d'une bande de cinq amis décide de se marier, l'heureuse élue a toutes les chances de briser l'entente du groupe. Sauf si...


L'amitié face à la fatalité : tel est le match qui se déroule dans ce roman de Didier van Cauwelaert. Le romancier aime plus que tout ces personnages nécessitant beaucoup d'amour ou d'amitié pour tenir debout. Il en décrit carrément toute une bande dans « Les témoins de la mariée ». Quatre personnes qui se connaissent depuis l'adolescence et qui ont un unique centre de gravité : Marc. Marc le photographe des stars, celui transforme en or tout ce qu'il touche. Ses livres best-sellers lui ont donné l'aisance financière. Cette fortune lui a permis d'aider ses amis de toujours. Hermann Banyuls d'abord, son chauffeur, aide de camp, mécanicien, homme de confiance. Banyuls est également chargé par Marc de dégoûter ses multiples conquêtes. Ce grand séducteur ne supporte pas les histoires qui durent. Banyuls n'a pas son pareil, à la demande de son ami, pour le faire passer pour « un pervers en série ne songeant qu'à tuer sa mère en détruisant les autres femmes ». Marlène, la seule fille du groupe, est galeriste. Une galerie d'art moderne qui survit grâce à l'argent frais de Marc. Jean-Claude, en plein divorce compliqué, gère un hôtel dans Paris. Hôtel appartenant à Marc. Lucas, le dernier de la bande, est peut-être le moins dépendant de Marc. Du moins financièrement. Cet ancien journaliste, cloué dans un fauteuil roulant depuis un accident, broie du noir. Sans la joie de vivre de Marc il aurait certainement fait le grand saut.

Un enterrement et un mariage

A quelques jours de Noël, au cours d'un traditionnel repas à cinq, Marc annonce la grande nouvelle à ses amis : il va se marier avant la fin de l'année. Et il présente à la bande, sur photo, Yun-Xiang ce qui veut dire « Senteur de nuage ». Cette jeune Chinoise travaillait dans un atelier de copie de tableaux de maîtres. « Il nous a montré la photo de l'élue. Nous avons échangé un regard où la perplexité le disputait à la consternation. Le portrait en noir et blanc était superbement contrasté, comme tout ce que faisait Marc, mais la fille était l'incarnation parfaite de la banalité. Silhouette plate en blouse grise, sourire de commande, cheveux raides, regard droit, avec une expression de désarroi qui s'excuse. » Pour Marc elle est « magique ». Et il demande à ses amis d'être les témoins de son mariage. Deux pour lui, les deux autres pour la mariée.

« Créature de rêve »

Une fois le décor planté, Didier van Cauwelaert va lâcher les chevaux de son imagination. La veille de l'arrivée de la future mariée, Marc se tue en voiture. La bande des quatre se retrouve à Roissy pour accueillir Yun-Xiang et lui annoncer la mauvaise nouvelle. Mais il ont un tel choc en la découvrant qu'ils décident de mentir, prétendant que Marc a du partir en urgence en reportage, loin de Paris. « On avait devant nous une créature de rêve à mi-chemin entre Jackie Kennedy et une geisha de Playboy relookée haute couture. Tout ce qui restait de la petite ouvrière d'art à la chaîne que j'avais rangée dans ma poche, c'était le regard noisette à peine bridé sous le maquillage de scène. » Rapidement, ils vont simultanément tomber amoureux de la jeune Chinoise, impatiente de retrouver son futur époux.

 Une situation semblant inextricable et se compliquant quand le frère de Marc prend les choses en mains et met des scellés sur la fortune du défunt. Un roman vivifiant, entre glamour, amour et amitié. Même si la fin est convenue, on apprécie quand même cette belle histoire tant les personnages, les témoins et la mariée, sont attachants.

"Les témoins de la mariée", Didier van Cauwelaert, Albin Michel, 19 € 

dimanche 25 juillet 2010

Roman - Rosario Ferré noue des « Liens excentriques »

La petite Elvirita n'oubliera jamais qu'elle est avant tout une Rivas de Santillana, une des plus vieilles familles de planteurs de canne de Porto Rico. Et qu'en tant que telle, elle se doit d'observer une conduite exemplaire, digne de l'aristocratie insulaire. Bien que sa mère, Clarissa, lui ait toujours préféré son frère Alvaro et n'arrête pas de lui seriner que vraiment, quel dommage, elle n'a aucun des traits d'une finesse patricienne qui distingue la branche maternelle de la famille. Elle est pleine de contradictions, Clarissa, souvent à la limite de l'hystérie.

Elle a beau reprocher à Elvirita de ressembler à son père Aurélio comme s'il s'agissait d'une tare, elle voue cependant à son mari un amour passionné, pimenté par une jalousie féroce. Le fait qu'il se lance dans la politique, avec toute la cohorte de jolies filles qui papillonnent autour de ce candidat plus que séduisant n'arrange certes pas la situation.

Portraits de famille

Elvirita a du caractère, il faut dire qu'entre les personnalités plutôt fortes de grand-père Alvaro et de grand-mère Valeria.- ses grands-parents maternels, elle a été à bonne école, Et commence une immense fresque, saga familiale racontée par Elvira. Impossible de résumer cette histoire foisonnante de personnages, tantes, oncles, cousins, mais aussi d'anecdotes. Elvira interroge un à un tous les membres de sa famille du côté maternel et paternel. Respectivement les Rivas de Santillana et les Vernet. Et trace ainsi le portrait de chacun d'entre eux, depuis la nourrice Mina, qui a sauvé la vie de Clarissa en lui donnant son lait jusqu'à la tante Lakhmé, qui collectionne les maris et les belles toilettes. Elle raconte aussi par le menu l'ascension des quatre frères Vernet, qui deviennent immensément riches en développant au bon moment leur cimenterie.

La vie politique de l'île. n'est pas oubliée, Elvira en raconte les mouvances au travers de l'activité politique de son père Aurélio et du mari d'une de ses tantes. Rapprochement avec les Etats-Unis, indépendance, misère du petit peuple, lent déclin de la culture de la canne. En somme, toute la vie d'une petite île des Caraïbes et de ses habitants marqués par une immense fracture sociale.

Rosario Ferré réussit le tour de force de trouver un côté attachant à chacun de ses personnages, les descriptions ne sont jamais ennuyeuses et certaines anecdotes sont carrément jubilatoires. L'écriture enlevée est encore enrichie par les interventions des personnages qui racontent leur propre histoire. On pourrait craindre de se perdre dans cette multitude de tranches de vie qui s'entrecroisent, il n'en est rien. Le livre est parfaitement construit et d'une clarté exemplaire. On ne peut s'empêcher de songer à Gabriel Garcia Marquez, tant dans la forme que dans le fond. Un roman passionnant, exubérant, attachant, vous l'aimerez, c'est sûr !

Fabienne HUART

« Liens excentriques » de Rosario Ferré, Stock (Chronique datant de septembre 2000) 

samedi 24 juillet 2010

Roman - Une "Peau dure" futile et légère


Critique cinéma sur Paris Première et dans le journal Elle, Elisabeth Quin signe "La peau dure", un premier roman léger et au ton très Parisien.

Son héroïne, Kéké Wu, est l’agent de quelques acteurs et actrices du 7e art. Kéké rencontre le grand amour un matin dans le métro. En quelques heures elle fait la conquête de Gustave et lui passe la bague au doigt au bout de deux mois. Kéké, libertine invétérée, passait de mâle en mâle. Aujourd’hui, elle est persuadée que ce mariage va stopper son penchant pour le batifolage. Mais il est difficile d’aller contre son naturel et rapidement Gustave se retrouve être le plus beau cocu de la capitale. Il ne se doutera de rien jusqu’à ce qu’il tombe dans la presse sur une photo de la nouvelle conquête d’une star italienne : sa propre femme !

Elisabeth Quin semble avoir pris beaucoup de plaisir à décrire les errements de Kéké. Une écriture moderne et rapide, réflexion au niveau minimal, futilité omniprésente : ce roman est dans l’air du temps.

Le passage le plus intéressant reste la description de la soirée officielle après la distribution des Césars. La journaliste a retrouvé toute sa verve pour brocarder ce monde superficiel et faux.

« La peau dure », Elisabeth Quin, Grasset, 15 €, roman paru en 2002 (également au Livre de Poche, 5 €)

vendredi 23 juillet 2010

BD - Magouilles au nom du président malade


Larry B. Max, agent spécial de l'IRS, Internal Revenue Service, est un fonctionnaire du fisc américain à mille lieues des contrôleurs des impôts français. Mais parfois, on se dit qu'un Larry B. Max serait certainement très efficace pour démêler l'écheveau Woerth-Bettencourt. Mais ne rêvons pas. La France n'est pas les USA. 

Dans cette 12e aventure, le héros s'attaque pourtant à un ancien président de la République, conservateur et parangon de vertu. Problème, il est en train de mourir du sida, virus contracté du temps de son mandat en entretenant une liaison avec une jeune actrice. Pour sa femme, gardienne du temple, il combat un cancer. Une épouse qui n'hésite pas à faire éliminer toute personne s'approchant de trop près de la vérité. 

Larry va se retrouver au cœur du scandale en apprenant que son père, mort dans un accident d'avion, a en fait été exécuté par ce président malade voulant préserver son secret. 

L'efficacité du scénario de Desberg est magnifiée par des dessins de Vrancken s'appuyant sur une solide documentation photographique.

« IRS » (tome 12), Le Lombard, 10,95 € 

jeudi 22 juillet 2010

BD - "Les enfants de Salamanca", du bon Bec


Salamanca, petite ville forestière perdue dans les montagnes américaines. David vient d'être nommé au poste de garde forestier. Son épouse, Sarah, le suit, abandonnant son travail mais pas ses névroses. Une fois l'ambiance plantée dans le premier tome, Christophe Bec développe l'intrigue de ce thriller aux limites de la folie. Sarah découvre dans sa cave des tunnels, utilisés par un être inquiétant et frustre. 

David, au cœur de la forêt, est attaqué par des êtres, mi hommes mi loups, vivant en horde dans une mine désaffecté. A ces deux intrigues s'ajoute l'étrange attitude des habitants de Salamanca. Il y a des années, ils ont éliminé tous les enfants du village. Depuis l'école est désaffectée. Un thriller fantastique angoissant, où les péripéties s'enchaînent sans temps mort sous la plume réaliste et précise de Stefano Raffaele. 

Christophe Bec multiplie les séries mais Sarah est certainement une des plus abouties avec « Prométhée » aux éditions Soleil.

« Sarah » (tome 2), Dupuis, 13,50 € 

mercredi 21 juillet 2010

BD - La loi des monstres dans la « Caravane »


Dans une masse d'albums de plus en plus uniformes, aux dessins certes talentueux mais un peu trop impersonnels, cette « Caravane » d'Olivier Milhiet sort du lot. Un univers de monstres, un peu à la Freaks, donne une première impression d'originalité. Ensuite, en se penchant sur le dessin, on est frappé par un côté un peu trop appliqué, presque écolier. Mais c'est tout ce qui fait son charme à cette histoire d'honneur qui se termine dans un bain de sang. Dans ce futur improbable, des monstres, humains difformes parfois aux pouvoirs surnaturels redoutables, ne cessent d'apparaître. 

Ils sont mis au ban de la société, rejetés des villes. Ils se regroupent donc dans des caravanes allant de cité en cité, s'exhibant pour gagner de quoi survivre. Des monstres souvent plus humains que les « normaux ». Ils recueillent une fillette, Mila, dont le père vient d'être assassiné. Sa mère va tenter de la récupérer, alors que les membres d'une autre caravane viennent grossir celle de Mila. 

Ce second opus marque la fin de la série. Dommage, cet univers si personnel aurait mérité d'être développé et bonifié.

« Caravane » (tome 2), Delcourt, 12,90 € 

mardi 20 juillet 2010

Fantôme élyséen raconté par Raphaëlle Bacqué

Raphaëlle Bacqué revient sur l'énigme François de Grossouvre, conseiller de François Mitterrand s'étant donné la mort dans son bureau à l'Elysée.


Un coup de feu retentit dans le palais de l'Elysée. Nous sommes le 7 avril 1994, François de Grossouvre est retrouvé mort dans son bureau. Selon toute vraisemblance, cet homme passionné par les armes à feu, ami intime du président Mitterrand dont il est encore un conseiller malgré une disgrâce de plusieurs années, vient de se suicider. Raphaëlle Bacqué, journaliste politique au Monde, a enquêté sur ce personnage ambigu, dernier représentant d'une certaine France. Elle ne remet pas en cause la thèse du suicide. La mort de Grossouvre semblait inéluctable.

Un lieu hautement symbolique

Vieil homme aigri, il avait évoqué ses envies suicidaires avec plusieurs de ses proches. Tout le problème est le lieu. Pourquoi est-il passé à l'acte à l'Elysée ? Un début d'explication est vite avancé parmi proches collaborateurs de François Mitterrand : « Les esprits les plus subtils ont déjà compris. Les Japonais ont un nom pour ces suicides accusateurs où l'on se tue dans un lieu qui désigne le vrai fautif : le seppuku. Avant que le scandale n'éclate, il faut détourner ce doigt que le suicide de Grossouvre paraît avoir pointé vers François Mitterrand. » Celui qui était encore président des chasses présidentielles a donc décidé de partir au plus près de cet homme qu'il admirait tant. Mais ce n'était plus réciproque. Presque une rupture amoureuse. Grossouvre n'a pas supporté ce revirement.

Raphaëlle Bacqué a rencontré des dizaines de personnes pour aller au fond de cette relation. Elle connaissait bien le président Mitterrand, elle a du batailler pour avoir la version du côté de Grossouvre. Ce livre, qui se lit comme un polar doublé d'une relation amicale totale et romantique, met en lumière cet homme qui n'a pas supporté la disgrâce. En fait, François de Grossouvre, sans être du premier cercle, avait un avantage sur les autres conseillers : il était devenu le « ministre de la vie privée » de Mitterrand. Grossouvre est un des premiers à avoir eu connaissance de la liaison de François Mitterrand avec Anne Pingeot. Il habitait l'appartement au-dessus de celui de la maîtresse cachée. Il était même le parrain de Mazarine... Lui-même grand amateur de jolies femmes, il avait une double vie. Dans l'Allier, femme et enfants vivaient calmement dans un château qui servait souvent de base de repli à Mitterrand, sa maîtresse et sa fille. Mais à Paris, Grossouvre vivait depuis une quinzaine d'années avec Nicole, une superbe femme, de 20 ans sa cadette. Une maîtresse qui a disparu dès l'annonce du suicide de l'homme de sa vie.

Des amitiés à droite

François de Grossouvre, riche industriel de province, dès qu'il est tombé sous le charme du candidat François Mitterrand, a financé sans compter sa campagne. Et sa vie privée, achetant une maison pour Anne Pingeot. Une fois élu, François Mitterrand a gardé François de Grossouvre dans son équipe, tout en se méfiant de sa paranoïa et de ses amitiés de droite. Il a cependant été très utile quand la gauche a décidé de toucher sa part du gâteau des anciennes colonies, notamment le Gabon et la Maroc. Grossouvre, simplement par son réseau, a longtemps été un pion essentiel dans la politique étrangère de Mitterrand.

Mais le temps faisant son office, l'ami et conseiller a été de moins en moins écouté. Jusqu'à devenir un traitre quand il a commencé à raconter dans tout Paris la double vie du président et sa maladie. Pourtant, il a gardé son bureau. « Mais c'est bien la façon mitterrandienne. Le président ne rompt pas. Il préfère laisser s'installer l'indifférence. Aux autres d'avoir la force de s'en aller. » François de Grossouvre a choisi sa sortie. Elle fut grandiloquente et pleine de symbole.

« Le dernier mort de Mitterrand », Grasset et Albin Michel, 18 € 

lundi 19 juillet 2010

Edition : des couples à la page

Ecrire est souvent considéré comme une activité profondément individuelle. Il existe pourtant des couples d'écrivains alliant vie et romans en commun.


Partager une passion et un mode de vie. Quand un couple se lance dans l'écriture à deux, c'est souvent pour renforcer des liens déjà très forts. Danièle Gil, corrigeait les romans de son compagnon, Gérard Raynal depuis de nombreuses années. Ce dernier l'a poussée à aller plus loin, à écrire un roman avec lui. Nathalie Hug a déclaré son amour-admiration à Jérôme Camut en lui dédiant un poème. Rapidement, Jérôme Camut a compris que ce double au féminin ne demandait qu'à enrichir son univers romanesque.

Amour, partage, création : les couples écrivains ont un ton unique dans la production romanesque, un accord, une harmonie laissant leurs collègues, foncièrement solitaires, interrogateurs.

La curiosité des lecteurs

Les lecteurs, eux, sont particulièrement intrigués par cette alchimie particulière. « Quand nous sommes en séance de dédicaces, remarque Jérôme Camut, c'est l'interrogation principale de nos lecteurs. » Camut et Hug, une signature qui en quelques années s'est imposée dans la littérature de genre. La trilogie « Les voies de l'ombre » puis « Trois fois plus loin » et « Les yeux d'Harry » en mars dernier : le couple a multiplié les thrillers et romans d'aventures.

La rencontre coup de foudre entre Jérôme Camut et Nathalie Hug a débouché sur la naissance d’un nouvel auteur. « Très rapidement, on a eu envie de vivre et d’écrire ensemble, se souvient Jérôme Camut. Mais Nathalie ne s'en sentait pas l'envergure. Elle n'avait écrit que des nouvelles ou des poèmes. Elle prétendait ne pas avoir d'imagination. Et puis un jour, alors que je bloquais sur un scénario, elle m'a raconté la fin de l'histoire, naturellement. Et c’était très bien pour quelqu’un qui prétendait ne pas avoir d’imagination… »

L’accord entre Jérôme et Nathalie semble aller tout seul. Ils ont pris leurs marques, trouvé un terrain d’entente idéal. « On est arrivé maintenant à ne plus savoir qui écrit quoi » explique Jérôme Camut. Dans la pratique, les règles se sont imposée d’elles-mêmes : « Après avoir travaillé sur l'intrigue et les personnages, un des deux écrit les vingt premières pages. L'autre continue tout en corrigeant. On s'échange les fichiers en permanence. »

Un roman en solitaire pour Nathalie

Un des avantages de travailler à deux : « quand on bloque, une simple discussion règle souvent le problème alors que seul, c'est parfois long. » Le revers de la médaille c'est que l'on « double les tics d'écriture. »

L’entité "Camug" n’a pourtant pas éliminé les deux personnalités qui la composent. Chacun trouve le temps pour mener à bien des projets en solitaire car, selon Jérôme Camut, « la limite c'est l'univers personnel. Nathalie vient d'écrire un roman seule. Elle m'avait proposé de travailler dessus, mais mes idées ne l'emballaient pas. Et moi aussi je vais signer une histoire fantastique en solitaire. Nous avons expliqué à nos éditeurs que 1 + 1 = 3… »