jeudi 15 décembre 2022

BD - 1629 en mer


En 1629, la compagnie maritime néerlandaise domine le commerce mondial. 

Ses navires sillonnent les océans. Le plus moderne, le Jakarta, va partir pour les Indes. C’est ce périple dramatique que Xavier Dorison raconte dans cet album de BD de luxe dessiné par Thimothée Montaigne.

Plus de 130 pages pour un huis clos à bord, avec complot, meurtres, tentative de mutinerie et justice expéditive. Finalement c’est la mer qui aura le dernier mot avec un naufrage dans les mers du Sud. Sans doute le meilleur album (et le plus beau) de cette fin d’année 2022.

« 1629 » (tome 1), Glénat, 35 €

mercredi 14 décembre 2022

De choses et d’autres - La raclette et le black-out

Je vous ai déjà expliqué précédemment dans ces lignes l’effet toujours bénéfique sur le moral de l’ajout de fromage fondu sur nos aliments. Un principe qui connaît son summum, le 13 décembre, la journée mondiale de la raclette.

Et certains prennent cela très au sérieux, puisque, ce jour-là, mardi prochain, la marque RicheMonts ouvrira les portes de son premier Hot Spots à Paris : « le spot le plus fondu de France ! » selon le slogan officiel. Jusqu’au dimanche 18 décembre, ce restaurant éphémère proposera des menus originaux à base de… raclette.

Le tout dans une ambiance conviviale avec set de DJ, le soir, pour éliminer les milliers de calories ingurgitées auparavant. Car le fromage fondu, c’est peut-être bon pour le moral, mais côté santé physique, cela laisse à désirer, dès qu’on en abuse.

Seul avantage pour la danse, cela amplifie les poignées d’amour si pratiques pour bien s’agripper à son ou sa partenaire. La raclette est un classique des fêtes de fin d’année et d’une façon générale de l’hiver. Seul problème, cette année, les appareils qui permettent de griller la charcuterie et fondre le fromage sont particulièrement énergivore.

Si 100 000 Français décident de déguster une raclette, en même temps, entre 19 h et 20 heures, les deux centrales nucléaires relancées dans la semaine ne suffiront pas pour alimenter tout le pays. On risque le délestage ou, carrément, le black-out. Voilà pourquoi je vous conseille, à l’avenir, de n’organiser des raclettes qu’aux chevets de malades hospitalisés, en compagnie d’une brigade de gendarmerie ou chez les pompiers. Au moins, vous serez assuré de ne pas devoir manger la coppa crue et le fromage dur.

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le samedi 10 décembre 2022

mardi 13 décembre 2022

De choses et d’autres - Ultime fiction

Si le réseau Twitter est en train de filer un mauvais coton, il reste une mine de créativité pour certains membres imaginatifs. Parmi mes plaisirs coupables quasi quotidiens, la lecture des fictions courtes de François Houste de la série Mikrodystopies.

En quelques caractères, il imagine un futur perturbé par les intelligences artificielles. J’avais beaucoup aimé celle, assez mignonne, du four hacké : « Les pirates avaient pris le contrôle du four connecté. La demande était claire : Si vous ne payez pas 5 000 €, nous saboterons la cuisson de tous vos cookies. » On peut sourire, mais souvent, c’est un peu plus pessimiste.


Beaucoup pour celle qui a été publiée le 5 décembre : « C’est inutile, lui dit l’Intelligence Artificielle. J’ai déjà imaginé tous les futurs possibles, et il n’y a pas d’issue. Maintenant asseyez-vous, reposez-vous et profitez des quelques heures qu’il reste encore à l’humanité. »

J’ai parfois l’impression que cette fiction est notre réalité. À peine remis du Covid (qui revient au galop), la guerre en Ukraine a laissé planer la crainte de l’hiver nucléaire sur l’Europe. Les Russes semblaient prêts à raser Londres et les autres capitales en représailles. Les ogives sont restées dans leurs silos. Mais d’autres silos sont vides, ceux des réserves alimentaires. La famine nous guette avec des prix qui explosent.

Et de toute manière, si une vague de froid s’abat sur le pays, nous serons des milliers à mourir de froid, sans électricité.

Face à toutes ces probabilités, j’aimerais maintenant qu’une véritable intelligence artificielle me donne la véritable date de la fin du monde. Ou mieux, qu’elle prenne le pouvoir et sauve l’Humanité. Même si ce n’est certainement pas dans son intérêt.

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le mercredi 7 décembre 2022

lundi 12 décembre 2022

De choses et d’autres - L’âge de ses artères

Hier vendredi, j’aurais peut-être dû jouer à l’EuroMillions. Comme pour tenter de contrecarrer ma malchance du jour. Car en dévoilant les premières mesures et le calendrier de sa réforme des retraites, la Première ministre, Élisabeth Borne, a dévoilé qui seraient les premiers touchés par cet allongement de la durée du travail.

Pas de bol pour votre serviteur, je suis en plein dedans. « La réforme s’appliquera à partir de l’été 2023, donc à partir de la génération née au deuxième semestre 1961 » a-t-elle déclaré au Parisien. Étant de fin septembre 1961, je serai, sans doute, obligé de travailler quelques mois supplémentaires avant de pouvoir dire bye-bye aux collègues et bénéficier d’une retraite complète. A quoi ça sert d’être parmi les fameux boomers, méprisés par les jeunes, si on n’en a plus les avantages sociaux ?


Sauf, bien sûr, si je remporte le jackpot de l’EuroMillions. 130 millions sont en jeu, largement de quoi me placer, d’autorité, en préretraite. Voire en retraite complète, avec pension mensuelle multipliée par 100, avant même la réforme tant décriée.

Ces histoires d’âge, de retraite et de revenus, passent très largement au-dessus de la tête d’Harrison Ford. L’interprète d’Indiana Jones, 80 ans, sera à l’affiche, le 28 juin prochain d’un 5e volet des aventures de l’archéologue au fouet. Et lui, ne fait pas l’âge de ses artères, puisqu’il semble avoir, littéralement, à peine trente ans, dans la scène d’ouverture du film d’action. Miracle des effets spéciaux numériques capables de rajeunir à la palette graphique un vieux croûton tout ridé.

Certaines anciennes stars du cinéma, français et mondial, vont regretter les millions investis dans des opérations de chirurgie esthétique, très rarement concluantes.

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le samedi 3 décembre 2022

dimanche 11 décembre 2022

De choses et d’autres - Patrimoine croustillant

Il y a les ours du Vallespir, passés inaperçus, en dehors de notre région, et puis la baguette, à la une de tous les médias. Tous les deux sont entrés, ce mardi, au patrimoine immatériel de l’Humanité. Le premier est partagé avec l’Andorre, mais le second est spécifiquement français. Longtemps, avec le béret, la baguette a caricaturé le Français moyen qui la porte coincée sous le bras.

Pourtant, ce pain si particulier est assez récent. La baguette correspond surtout à une industrialisation de la boulangerie. Et une baisse des prix. Les plus anciens des lecteurs se souviennent des campagnes de publicité pour la baguette à un franc, menée par une grande chaîne de supermarchés. Pas chère, mais certainement moins bonne. Beaucoup d’artisans ont résisté. Finalement, le marché et la concurrence ont fait qu’eux aussi ont proposé des baguettes industrielles à bas prix.

Franchement, cette baguette-là ne mérite pas son inscription au patrimoine universel. Ce n’est qu’une pâle copie d’un produit beaucoup plus intéressant dans ses nouvelles formes. Ce n’est pas la baguette qui aurait dû être protégée, mais tout l’art de la boulange à la française. Car, entre un gros pain rond au levain, à la farine d’épeautre bio et une baguette issue d’une pâte surgelée fabriquée à la chaîne, il n’y a pas photo.

Par chance, il reste encore quelques boulangers qui fabriquent de véritables baguettes. Généralement, les clients connaisseurs savent exactement à quelle heure elles sortent du four. Car, il est vrai qu’une baguette tradition, encore tiède, tartinée de beurre et de confiture, reste le meilleur moyen de profiter du café ou chocolat matinal et de débuter une journée, peut-être un peu franchouillarde, mais que le monde entier nous envie.

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le vendredi 2 décembre 2022

samedi 10 décembre 2022

De choses et d’autres - Climatisation et neige stockée

Il y a quelques jours, mieux valait ne pas être dans le camp de ceux (j’en fais partie, honte à moi !) qui ont fustigé les organisateurs de la coupe du monde de football, au Qatar, coupables d’avoir climatisé les stades. D’abord, parce que la compétition passionne les foules, visiblement plus sensibles aux dribbles des joueurs qu’à l’avenir climatique de la planète. Ensuite, et surtout, car on ne fait pas mieux, en France.

Ce n’est plus de foot dont il est question, mais de biathlon, sport particulièrement prisé, en France, depuis les exploits de Martin Fourcade. La station du Grand Bornand, en Haute-Savoie, organise une étape de la coupe du monde, du 15 au 18 décembre. Hiver doux oblige, la station manque cruellement de neige. Alors, les organisateurs ont décidé d’utiliser les grands moyens, comme à Doha.


Quand il fait trop chaud, au Qatar, on allume la clim’, quand il ne fait pas assez froid, au Grand Bornand, on sort les camions.

Des dizaines de camions, roulant au diesel, très polluant, utilisés pour charrier 24 000 m3 de neige stockés, depuis l’hiver précédent, dans des silos spécialement aménagés. Les images sont assez incongrues. Dans une campagne encore verte, ces camions déposent de gros tas de neige, immédiatement étalée et damée, selon le parcours de l’épreuve.

Vu d’en haut, cela donne un serpent blanc qui chemine entre les arbres. La magie du blanc. Mais avec beaucoup moins de blanc que d’ordinaire. Donc, Qatar et France, mêmes défauts, en ce qui concerne l’urgence climatique.

On fait quand même un peu mieux, en ce qui concerne les droits humains. Les biathlètes pourront skier dans des combinaisons arc-en-ciel, sans risquer de terminer l’épreuve en prison.

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le mardi 6 décembre 2022

vendredi 9 décembre 2022

De choses et d’autres - Des cadeaux au poil !

Dans un mois, il sera trop tard. C’est maintenant que vous devez réfléchir aux cadeaux que vous envisagez d’offrir, à vos proches, pour les fêtes de fin d’année. Surtout en cette période d’inflation. Mais peut-être faites-vous partie des 17 % de Français qui ont avoué, dans un sondage commandé par une marque d’aliment pour animaux, penser en priorité au cadeau destiné à leur ami à poil par rapport aux membres de la famille.

Cela montre l’importance qu’ont ces compagnons de tous les jours, souvent dévoués, dépendants et peu avares de signes de reconnaissance. Même les chats, réputés indépendants, ont tendance, en hiver, à être plus proches de leurs prétendus maîtres. Pas en raison de l’amour inconditionnel qu’ils vous portent. Juste car vous avez suivi les directives du gouvernement et avez baissé le chauffage. Désormais, ils préfèrent dormir collé-serré contre vous. Double avantage. Une petite bouillotte naturelle pour l’humain, une grosse pour le minou.

Toujours selon les résultats de cette étude (auprès d’un échantillon de 2 667 possesseurs de chiens et/ou de chats, faisant partie de la base client de la marque commanditaire), 69 % des chats et chiens vont recevoir un jouet à Noël et 64 % une friandise. Mais certains propriétaires vont faire beaucoup mieux. Ils sont 19 % à envisager le collier personnalisé et 9 % prévoient l’achat d’un objet connecté comme un distributeur de croquettes.

Reste les esthètes, les 4 % qui vont offrir un shooting photo à leur animal. Comme si la déferlante de mignons chatons, de gentils toutous et autres adorables bestioles sur les réseaux sociaux ne suffisait pas en temps normal.

Billet paru en dernière page de l’Indépendant du 1er décembre 2022

jeudi 8 décembre 2022

De choses et d’autres - Location ministérielle

Il paraît qu’être ministre ne rapporte pas tant que cela d’argent. Le salaire est sans doute important, mais le boulot harassant. On s’aperçoit d’ailleurs que plusieurs membres du gouvernement actuel ont des fonctions au sommet de l’Etat mais n’attendent pas le début du mois pour sortir la tête de l’eau et leurs finances d’un découvert problématique comme une grande majorité des Français. Ils sont quand même près d’une vingtaine à déclarer un patrimoine de plus d’un million d’euros.

Champion toute catégorie Franck Riester, ministre des relations avec le Parlement. Sa fortune dépasse plus de 10 millions d’euros.

Par contre, le plus à plaindre semble Sébastien Lecornu, ministre des Armées. Certes, il possède une maison estimée à 500 000 €, mais n’a que 1 201 € sur ses trois comptes en banque et livrets. De plus, il n’a pas de voiture et doit rembourser tous les mois 3 510 € pour deux prêts (immobilier et à la consommation). Et il n’a ni montre de luxe comme Éric Dupond-Moretti ni tableaux à l’image d’Agnès Pannier-Runacher…


Ce classement rendu public le 1er décembre est la cause de la démission de Caroline Cayeux. Elle était en désaccord avec l’estimation de plusieurs de ses biens immobiliers : un immeuble parisien avec vue sur la tour Eiffel et une grande villa à Dinard, avec « accès direct et privatif à la plage de l’Écluse » selon la petite annonce publiée par l’ex-ministre.

Car cette villa, elle la loue régulièrement. Mais attention, on est loin du Airbnb bon marché. Il vous faudra débourser 1 150 € pour y passer une nuit. Certains fustigent Emmanuel Macron, président des riches. Je ne sais pas si c’est justifié, par contre, son gouvernement est riche. Tout court !

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le lundi 5 décembre 2022

mercredi 7 décembre 2022

De choses et d’autres - Mariage discount

Aux USA, un couple s’est marié, un dimanche, dans son magasin préféré, un supermarché discount, nous apprend un article paru sur le site lindependant.fr. Un sacré message pour tous ceux qui doutent que la consommation à tout prix est devenue une véritable religion. Se marier, entre les raviolis premiers prix et les batavias fanées, c’est un concept comme un autre. Même si la réalité est tout autre.

Ce couple est en fait le gagnant d’un concours. Le magasin l’a désigné et lui a payé son mariage de A à Z. Vivant ensemble, depuis quelques années, Mike et Jessica, collègues, mais avec des horaires décalés, ne se voyaient que rarement, en semaine. Leur plaisir hebdomadaire était de faire, ensemble, les courses, le dimanche matin, dans ce magasin. Voilà pourquoi ils se sont retrouvés, toujours le dimanche matin, entre les surgelés et les friandises, mais cette fois pour se dire « oui ».

L’homélie, selon le journal local du Michigan, a été prononcée par le directeur marketing de l’enseigne. Très humoristique, si l’on en croit le compte rendu. Mais surtout, truffée de noms de produits de la marque discount. Il n’y a pas de petits profits. Et pour couronner le tout, le couple a gagné un an de courses gratuites.

À ce compte, Mike et Jessica auraient dû tenter de se faire inviter ailleurs. Une bijouterie, un restaurant trois étoiles ou une enseigne de meubles suédois. Même si, pour ce dernier exemple, un repas de noces à base de korv (saucisses surgelées) et de kafferep (biscuits à l’avoine) arrosés de vintersaga chaude (boisson à base de vin rouge), ce n’est pas un menu qui fera rêver les invités. Mais, pour la nuit de noces, ils auraient eu un large choix en ce qui concerne la literie.

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le vendredi 18 novembre 2022

mardi 6 décembre 2022

De choses et d’autres - Tous en orbite

Enfin, elle a décollé. La super fusée Artémis 1 a pris son envol, hier matin, pour son premier vol d’essai. Cloué au sol, à plusieurs reprises, pour des dysfonctionnements, le lanceur servira, dans les prochaines années, à rejoindre la Lune et y implanter une base permanente. Avec, à terme, l’ambition de rejoindre Mars. Mercredi matin, Artemis 1 était à vide. Pas de charge ni d’astronaute.

Un premier test de fiabilité, mené à bien, pour la Nasa de retour dans la course aux étoiles. Un événement qu’on aurait pu relier à un autre, lancé quelques heures plus tôt, de Floride aussi. Donald Trump a annoncé, grandiloquent, qu’il allait se lancer, une nouvelle fois, dans la course à la Maison Blanche.

A choisir, mieux aurait valu qu’il vise la Lune et monte, par anticipation, dans Artemis 1. On serait débarrassé, pour quelque temps, du milliardaire à la mèche jaune ; la démocratie, partout dans le monde, ne pouvant que mieux s’en porter.

Et tant qu’à faire, autant faire monter aussi, à bord d’Artémis 1, Elon Musk. Lui, rêve ouvertement de coloniser Mars. Autant qu’il prenne les devants et laisse, quelques mois, le petit oiseau bleu de Twitter tranquille.

Et pour les accompagner, afin de compléter l’équipage, je suggère d’enrôler cette Japonaise un peu niaise. Elle a répondu aux appels à l’aide d’un astronaute bloqué à bord de la station spatiale. Ce dernier (un escroc qui n’a jamais quitté le plancher des vaches), est parvenu à lui soutirer 30 000 €, pour payer son prétendu billet de retour. A ce prix, on peut bien offrir à la victime un petit tour dans l’espace.

Donc, tous en orbite et cap sur les étoiles !

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le jeudi 17 novembre 2022