mardi 31 mai 2022

BD - Mai 68 dans le Beaujolais en compagnie de "Ce garçon"


Maby, avocat, a décidé de raconter un pan de son enfance sous forme d’une bande dessinée illustrée par Valentin Maréchal. En plein Mai 68, le jeune Jean-Jean fuit Paris paralysé avec sa mère et ses deux sœurs. Réfugiés dans la grande maison de campagne du Beaujolais. 


L’occasion de découvrir les secrets de cette maman qui a perdu une jambe, fervente gaulliste et fumeuse invétérée. Le petit Jean, privé de ses amis qui eux vont toujours à l’école, surprend une nuit un géant dans la cuisine. Qui est cet ogre recherché par la police. Une belle histoire de solidarité et de résilience. .

« Ce garçon », Steinkis, 19 €

BD - Danse salvatrice pour aller "Au-delà des étoiles"

Troisième et dernier tome du premier cycle des aventures d’un groupe de hip-hop dans une ville qui ressemble fort à Carcassonne. Normal, la scénariste, CeeCee Mia réside dans la préfecture audoise. 

Dans ces 60 dernières pages dessinées par Lesdeuxpareilles (des sœurs jumelles canadiennes), le crew des Étoiles va sauver le quartier populaire où ils évoluent de promoteurs immobiliers avides. 

Les histoires d’amour vont se conclure ou naître et on espère que la petite bande de danseurs reviendra dans un second cycle. 

« Au-delà des étoiles » (tome 3), Dupuis, 12,50 €

lundi 30 mai 2022

BD - Quand la Mort se retrouve au chômage

Très intrigante histoire que ce comics de Ram V et Filipe Andrade. Toutes les morts de Laila Starr  se déroule dans un futur proche en Inde. Le jour où une jeune étudiante, Laila Starr meurt défenestrée, la déesse de la Mort apprend son licenciement. 

Dieu a décidé de tester l’immortalité pour les Humains.  Exactement c’est un certain Darius qui va découvrir un remède miracle. La Mort, redescend sur Terre, prend le corps de Laila et va tenter d’empêcher Darius de lui enlever son job. Un thriller qui glisse vers le conte philosophique. 

« Toutes les morts de Laila Starr », Urban Comics, 19 €


BD - Petites nouvelles de l’espace


El Diablo et Romain Baudy s’essaient à la SF courte et délirante. Ce Space Connexion propose quatre histoires complètes de rencontres entre humains et extraterrestres. Sans déflorer les fins, sachez que cela ne se termine jamais bien pour les premiers. 

La première histoire, Abduction, raconte l’enlèvement de brillants scientifiques par des aliens. Ils sont testés et malgré leur savoir immense, se trouvent finalement catalogués comme primates agressifs, justes bons à être dégustés au repas du soir.   

« Space connexion » (tome 1), Glénat, 15,50 €

dimanche 29 mai 2022

Roman - Duchess, la petite hors-la-loi

Entre thriller, polar et roman social, Duchess de Chris Whitaker est avant un grand roman américain, de ceux qui vous prennent aux tripes avec des personnages qui longtemps vont hanter votre mémoire. Il y a bien évidemment Duchess, l’adolescente qui donne son nom au livre, son frère, Robin et puis Walt, le flic qui tente d’avoir raison contre tout le monde, impuissant dans un monde qui ne tourne plus rond.

L’action se déroule à Cape Haven, une petite station balnéaire de Californie, perchée au bord du Pacifique. Premier drame : une petite fille disparaît. Son corps est retrouvé par Walt, encore enfant. Sissy est morte par la faute de Vincent King, le meilleur ami de Walt et amoureux de Star, la sœur de Sissy. Dans ce petit paradis, ce drame va durablement marquer les esprits. La suite du roman se déroule 30 ans plus tard. Vincent va sortir de prison. Walt est devenu le policier municipal de Cape Haven et Star, alcoolique, a deux enfants, Robin et Duchess. Cette dernière fait office de maman de substitution. Dure au mal, déterminée, elle s’accroche à une certitude : ses ancêtres étaient des hors-la-loi. 

Elle aussi sort du cadre, provoque, dynamite tout ce qui l’approche : « Duchess préférait Cape Haven en hiver, quand une certaine honnêteté décapait le vernis et laissait apparaître une petite ville ordinaire. Elle détestait les étés, longs, beaux, affreux. » Ce roman propose le meilleur portrait d’une adolescente depuis très longtemps. À la psychologie compliquée. « Le bruit flottait jusqu’à elle et lui glissait dessus. Elle avait cette capacité à se sentir complètement seule sur une plage noire de monde ou dans une classe remplie d’élèves. » 

Duchess qu’on aimerait pouvoir aider, protéger. Mais c’est une boule de nerfs qui n’a plus confiance en personne.  Duchess, qui tente de sauver sa mère du naufrage et de préserver son petit frère. Mais le retour de Vincent King va provoquer un nouveau drame. Le roman prend alors une dimension supplémentaire dans la douleur.

« Duchess » de Chris Whitaker, Sonatine, 23 €

Roman - Espions made in Gallimard

Les histoires d’espionnage ont lentement mais sûrement disparu du paysage littéraire français une fois la Guerre froide morte et enterrée. Pourtant le genre n’est pas totalement tombé dans l’oubli et connaît même une jolie renaissance chez Gallimard dans une collection dirigée par Marc Dugain. Un premier titre très actuel, sur la lutte des services secrets français contre les terroristes islamistes de Daech, avec un clin d’œil à l’Ukraine, l’un des personnages principaux étant originaire de ce pays, carrefour européen de tous les espions depuis des décennies. 

Des hommes sans nom est signé Hubert Maury et Marc Victor. Deux plumes qui connaissent particulièrement leur sujet. Le premier a longtemps été militaire puis diplomate, le second, journaliste, a longtemps été en reportage en Afghanistan et au Pakistan. Pour comprendre les enjeux de cette guerre secrète menée par ces « hommes sans nom », les auteurs imaginent les débuts dans la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure) d’une jeune Française, Victoire Le Lidec. Une analyste qui sera formée par Nikolaï Kozel, ancien légionnaire intransigeant, son aîné de 20 ans. Ayant fui l’Ukraine avec sa mère, Nikolaï après quelques bêtises, s’est engagé dans la Légion. Il a servi son nouveau pays, est devenu Français et a intégré les services secrets. Une brillante carrière d’officier traitant, ternie par sa dernière affectation en Tunisie. Son meilleur agent infiltré est mort accidentellement en Libye. Depuis il végète à Paris, suspecté par sa hiérarchie d’avoir provoqué cet accident. Nikolaï va accepter d’aller avec sa mère en pèlerinage en Ukraine.

Nous sommes en 2017, le pays redevenu libre est bouillonnant. Il le redécouvre : « Ce qui pourrait définir cet univers physique, ce territoire, ce pays, se dit-il, ce serait une tonalité, une qualité de lumière, une couleur plus ressentie que réelle : une illumination, intense mais subtile, une noblesse sans afféterie, brute, bienveillante, un air, dans tous les sens du terme, l’atmosphère, le climat affectif… qui lui ferait éprouver par l’âme et par la peau, par le cœur et par les yeux, qu’il était bine d’ici. » Mais Kiev n’est qu’une étape vers Kaboul. 

Nikolaï est la pièce maîtresse d’une manipulation compliquée mise en place par Victoire. Il va devoir persuader un jihadiste repenti de permettre à une espionne française d’infiltrer une école coranique du Pakistan qui forme des kamikazes femmes. Sur le terrain, l’action s’accélère et se complique car, Victoire le constate à ses dépens, « Le facteur humain n’était pas un mythe. Une bombe à retardement aussi instable que de la nitroglycérine. » Les 50 dernières pages offrent un dénouement plein d’action et de retournements de situations. 

Un roman très réaliste, loin de James Bond ou d’OSS 117, beaucoup plus proche de l’excellente série télé du Bureau des légendes.

« Des hommes sans nom » d’Hubert Maury et Marc Victor, Gallimard, 18 €

samedi 28 mai 2022

BD - Austin en Écosse


Kathy Austin, héroïne imaginée par Léo et Rodolphe et dessinée par Marchal, poursuit son exploration de l’inexpliqué. Après des phénomènes observés en Afrique et en Amérique du Sud, la belle anglaise revient sur ses terres natales d’Écosse. 

Cette espionne d’un genre un peu particulier de la fin des années 40, est officiellement à Kilwood pour prendre possession d’un manoir légué par sa grand-mère. Mais très vite elle va être intriguée par des mystères attirant quelques espions dans les parages. 

Une aventure moins mouvementée, plus psychologique, qui lève un peu le voile sur la jeunesse de Kathy. Étonnamment il ne se passe pas grand-chose durant ces 46 pages, mais c’est passionnant et palpitant. Vivement la suite.

« Scotland » (tome 1), Dargaud, 12 €

BD - Campagne électorale dessinée au jour le jour


Véritable exploit des six dessinateurs qui ont suivi la campagne présidentielle de 2022 : ils ont sorti leur BD de 240 pages avant même la nomination du nouveau gouvernement d’Élisabeth Borne. C’est Mathieu Sapin, habitué du reportage politique qui a lancé et coordonné le projet. Mais au lieu d’y aller en solo, il s’est entouré de cinq collègues. Louison pour Anne Hidalgo et Christine Taubira, Dorothée de Monfreid pour Yannick Jadot, Kokopello pour Valérie Pécresse et Jean Lasalle, Lara pour Jean-Luc Mélenchon et Fabien Roussel et Morgan Navarro pour Marine Le Pen et Éric Zemmour. 

Le patron s’est réservé le président sortant, Emmanuel Macron. Le tout, raconté chronologiquement, permet de comprendre une campagne du début à la fin. On commence avec les parrainages (au salon des maires), mais aussi les primaires quand il y en a. Kokopello, au passage, a eu chaud car Xavier Bertrand, le favori chez Les Républicains, semblait très hostile au projet. On revit les hauts et les bas de ces six mois, avec crise sanitaire et surtout guerre en Ukraine. On rit parfois, on comprend aussi ces artistes un peu perdus dans un monde politique impitoyable. Mais au final, on en apprend beaucoup plus sur l’élection qu’en visionnant des heures de débat langue de bois sur les plateaux des télés en continu.  

« Carnets de campagne », Dargaud - Seuil, 22.50 €

vendredi 27 mai 2022

BD - Rires historiques sous l'égide des Profs de Pica et Sti


Bien que son dessin ait un peu perdu de sa fluidité, c’est toujours un grand plaisir de retrouver un album dessiné par Pica. Celui qui a débuté sous le nom de Pierre Tranchand a connu le succès avec Les Profs. 

Un AVC l’a empêché de dessiner durant de longues années. Il a récupéré et peut de nouveau se mettre devant sa planche à dessin. Il a laissé la série originelle à Léturgie mais continue de raconter l’Histoire de France sous le prisme de l’éducation. 

Ce 2e volume propose des histoires écrites par Sti. On retrouve nos chers profs dans des versions préhistoriques, du temps de Charlemagne (l’inventeur de l’école, ne l’oublions pas), avec des Mousquetaires ou dans les tranchées. Jamais l’Histoire n’aura été aussi divertissante. 

« Les profs refont l’Histoire » (tome 2), Bamboo, 11,90 €

BD - Yoko Tsuno, toujours


Immense carrière que celle de Roger Leloup. A près de 90 ans il signe le 30e tome des aventures de Yoko Tsuno après avoir débuté dans les années 50 avec Jacques Martin (Alix) et Hergé. Si le trait est moins précis, les visages un peu modifiés, l’esprit de la série reste le même. 

La jeune japonaise reçoit un cadeau de ses amis Vinéens, les extraterrestres à peau bleue. Un vaisseau spatial avec lequel elle rejoint les anneaux de Saturne. Là, elle fera une découverte qui remettra en cause le passé des Vinéens. En plus d’explications techniques très précises et de vaisseaux d’une exceptionnelle beauté, on retrouve au sein de cette histoire le thème de la famille, toujours aussi cher à Roger Leloup. 

« Yoko Tsuno » (tome 30), Dupuis, 10,95 €