lundi 30 avril 2007

BD - Kim, informatique du passé

Cela ressemble à une BD d'action et d'espionnage, c'est en fait un bijou de science-fiction, de voyage temporel exactement. Kim Giffers, le meilleur élément de la « Division », unité d'élite et secrète de l'armée suisse, est réquisitionnée pour une mission très risquée. La confédération helvétique est victime d'une nouvelle attaque de cyberterrotistes. Ils en ont après le secret bancaire des grands groupes.

 Kim part donc à Paris neutraliser un des hackers à l'origine de l'attaque. Une fois capturé, il ne doit révéler qu'une seule et unique chose, quand et où a commencé le complot. Une fois cette information connue, la « Division » n'a plus que trois jours pour permettre à Kim de remonter dans le temps et de faire échouer cette première rencontre. 

L'action, imaginée par Christophe Pernoud et dessinée par Beb Zanat, se partage entre deux lieux : dans les laboratoires de la Division, avec une Kim inconsciente bloquée sur une chaise bourrée de capteurs et à Hong Kong, dans le passé, là où Kim découvre pour la première fois qu'elle va devoir effectuer une mission... venue du futur. (Bamboo, 12,90 €)

dimanche 29 avril 2007

BD - Mary Céleste, pauvre orpheline

Mary Céleste a douze ans. Jeune orpheline, elle débarque un soir d'hiver en compagnie de sa gouvernante chez son oncle, habitant dans un château gothique. En cette fin du XIXe siècle, l'homme fait tout pour mettre la main sur l'héritage de la fillette. Mais cette dernière a un atout insoupçonné dans sa manche : elle communique avec les fantômes. 

C'est ainsi qu'elle fait la connaissance de Georges, un enfant, mort enfermé il y a 150 ans dans une cave du château. Les deux enfants deviennent complices, Mary Céleste acceptant même d'enterrer le squelette de Georges. Mais un jour, l'oncle annonce à la jeune fille qu'elle partira le lendemain pour une école en ville. Georges, la nuit, réveille Mary Céleste et lui annonce qu'il a découvert les véritables desseins de l'oncle : la tuer. Mary Céleste fuira, de nuit, dans la forêt, en compagnie de Georges qui disparaîtra définitivement. 

Elle ne devra son salut qu'à la découverte d'une bande de jeunes brigands vivant au fond des bois. Une nouvelle famille pour Mary Céleste ? Ce serait trop simple, Rodolphe et Marc Rénier ont prévu des péripéties beaucoup plus compliquées pour leur héroïne. (Albin Michel, 13,90 €)

samedi 28 avril 2007

BD - Les dérivantes, entre fantastique et Moyen Age

Papille, une fillette, vit dans le souvenir de son père disparu depuis un an. Elle aide sa mère dans une taverne. Le rôle du chef de famille a été récupéré par le frère du mari absent, ivrogne invétéré. Quand il se met en tête d'épouser la mère de Papille, cette dernière décide de fuir vers la grande ville pour demander la protection du seigneur.

 Mais là aussi, un frère a pris la place... Première série de Laurand, « Les dérivantes » présente un univers proche du Moyen âge, avec un soupçon de fantastique. La taverne est en bord de mer. Quelques scènes racontent comment le pêcheurs récoltent l'obsinte ou rejoignent la haute mer pour traquer leur terrible gibier, le basilque cuirassé. Tout un monde imaginaire et poétique, aux couleurs chaudes, méditerranéennes. 

La petite fille pourrait trouver que ce pays est un paradis. L'absence du père et la violence de l'oncle gâche tout. Il va maintenant falloir à Laurand transformer ce premier essai pour donner toute sa mesure à cet univers charmeur. (Les Humanoïdes Associés, 10,40 €)

vendredi 27 avril 2007

Thriller - Jour de paie à New York

Pour payer un canapé à crédit, Winston Malone va aller crescendo dans la délinquance. Tout ça pour les beaux yeux de Cordelia, sa femme.

Elvin Post, l'auteur de ce thriller typiquement américain, est Néerlandais... Mais il a longuement travaillé à New York pour un agent littéraire et visiblement il s'est parfaitement imprégné des moeurs locales. Le héros, Winston Malone, est un peu au bout du rouleau. Ce noir américain travaillant dans une banque ne supporte plus les remontrances de son patron Higley. Et ses ultimatums. Qu'il se permet en plus de délivrer en téléphonant directement à Cordélia, la femme de Winston.

Or c'est pour Cordélia et lui acheter un superbe canapé en cuir que Winston s'est endetté auprès de Léo Roma, officiellement vendeur de glaces, officieusement préteur sur gages et vendeur d'armes. Une somme qu'il comptait rembourser avec l'augmentation promise depuis plusieurs mois.

La haine des petits chefs

Quand Higley remet en cause cette promesse, Winston décide de s'émanciper. Suivant le conseil de son père, disparu au Vietnam, il décide de prendre son destin en main. En plus de l'argent, il achète à Léo Roma un revolver et va braquer son patron, un jour de paie. Cela donne une scène succulente, où toute la haine des petits chefs tyranniques est mise en valeur.

Quand Winston pointe son arme vers son chef, il veut faire profiter à tous ses collègues de la scène et lui demande donc d'aller dans la pièce principale : « L'homme qu'il haïssait plus que tout au monde s'exécuta. Winston jouissait de l'indifférence affectée sur le visage de Higley. Il savait qu'il était tout sauf impassible avec ce flingue pointé sur lui. Il jouait la froideur pour que les employés croient qu'il contrôlait tout, comme d'habitude. C'était loin d'être le cas. En réalité, Higley, en ce moment, faisait presque dans son froc de trouille. Il avait la tremblote. Winston avait hâte d'offrir ce spectacle à tout le personnel réuni. Aujourd'hui il leur ferait voir ce que valait réellement leur patron ». Résultat plusieurs milliers de dollars en poche, mais l'obligation de quitter la ville rapidement.

Remboursement en nature

Quand il raconte son « exploit » à sa femme, elle pique une crise, consciente que leur quiétude passée est terminée. Leur salut viendra avec Léo Roma. Quand Winston va lui rendre la somme empruntée, le marchand de glaces, par ailleurs obsédé sexuel, flashe sur Cordélia. Il va offrir sa protection au couple avec la ferme intention de se faire remercier en nature...

Ce roman, à l'intrigue fouillée et bien rodée, vaut surtout par sa galerie de personnages. On appréciera donc le veule et pleutre Jimmy, fils de Léo Roma, Caesar, le garde ce corps de Léo, nain ayant connu la gloire sur les rings de catch avant de se faire massacrer par un géant n'ayant pas compris que les combats étaient truqués et puis Jack Gardner, comédien moyen, héros d'un soap opéra à la télévision, en instance de divorce et bien malgré lui tête de turc de Jimmy. Sans oublier quelques Mexicains rancuniers et la femme de Jack, prototype de la femme moderne américaine dont l'occupation principale consiste à extorquer le maximum d'argent à ses époux successifs...

« Jour de paie », Elvin Post, Seuil, 19 €

jeudi 26 avril 2007

Roman - La descente aux enfers d'une famille

Les Jensen ont « tout pour être heureux » jusqu'au jour où leur fille aînée entre dans l'adolescence et que le bébé fait une chute dans l'escalier.


La petite Kate s'est envolée pour laisser place à une adolescente de 13 ans, avec tout ce qu'implique cet âge qualifié d'ingrat. Rares sont les ados qui n'entrent pas en conflit avec leurs parents et Kate ne fait pas exception à la règle. De sa mère dont elle était très proche, elle s'éloigne comme une marée descendante, lentement mais sûrement. Quant aux rapports avec son père, ils se brisent tout net le jour où elle l'accuse d'attouchements sexuels auprès du psychiatre que ses parents l'ont emmenée consulter. Invention pour attirer l'attention sur elle, qui se considère comme délaissée depuis l'arrivée de son petit frère Joshua ou réalité ? Rachel, la mère, même si elle ne peut croire en de tels actes venant de Ned, son mari adoré, se laisse petit à petit envahir par le doute.

Une école spécialisée

Cette « confidence » de Kate à son psy marque le début de la dégringolade d'une famille auparavant très soudée. Cela, plus l'accident qui va marquer au fer rouge parents et enfants. Un soir, Liza et Tommy Mendel, de grands amis de Rachel et Ned, invitent ceux-ci à dîner au restaurant en leur compagnie. Dans un premier temps, Rachel refuse parce qu'elle ne peut laisser Joshua seul avec son imprévisible et impossible mère, qui passe un court séjour chez eux, jusqu'à ce que Kate se propose pour garder son petit frère. Et la catastrophe survient au beau milieu du repas : la jeune fille, hystérique, téléphone à ses parents et hurle en sanglotant qu'elle a laissé tomber le bébé dans l'escalier et que c'est un accident. Tout le monde se retrouve à l'hôpital, où l'on fait passer à Joshua toute une batterie de tests. Il s'avère que le petit garçon souffre d'une grave commotion et les médecins restent réservés sur les conséquences possibles du choc sur ses facultés mentales.

Rongée par la culpabilité, Kate devient de plus en plus infernale avec ses parents, au point que son psychiatre leur conseille une école de « redressement », où Kate pourra poursuivre sa scolarité en étant suivie en même temps sur le plan psychiatrique. Les parents de Kate sont également pris dans une tempête au cours de laquelle Ned perd son travail et décide de louer un appartement seul « pour réfléchir » et échapper à une atmosphère familiale devenue irrespirable.

Dani Shapiro nous entraîne bien malgré nous dans une descente aux enfers à laquelle n'importe quelle famille peut s'identifier d'une manière ou d'une autre. Elle aborde les problèmes de l'adolescence de façon tellement juste qu'on ne peut s'empêcher de songer qu'elle a dû passer par là ! Elle décortique également au scalpel le mal que peuvent causer la culpabilité, le doute et les hésitations des parents face aux problèmes d'éducation et de couple.

Bien écrit, bien ficelé, « Plus jamais comme avant » de Dani Shapiro, ne dément pas ses précédents succès de librairie.

« Plus jamais comme avant », Dani Shapiro, JC Lattès, 20 euros.

mardi 24 avril 2007

BD - Capitalistes chinois


En tête des ventes depuis quelques semaines (toute catégorie confondue), ce quinzième épisode de Largo Winch donne l'occasion au héros imaginé par Jean Van Hamme et Philippe Francq de revenir dans une région qui ne lui réussit pas : l'Asie. Son entreprise est sur le point de signer un accord avec un groupe chinois pour construire des jets d'affaires près de Hong Kong. La présence de Largo est vivement souhaitée par le partenaire chinois Tsai Huang. Après quelques scènes d'actions dans les rues ensoleillées de Saint-Tropez, Largo et Simon vont tomber dans la gueule du loup. Largo a une dette envers une triade et va devoir prendre d'énormes risques pour sauver un ami. Un album efficace, sans grande surprise, au suspense soutenu et qui donne envie de relire les épisodes précédents.

Largo Winch, tome 15, Dupuis, 9,80 euros

BD - Fille perdue sous le pinceau de Manara

Manara est de retour. Manara, le dessinateur réaliste au trait magique quand il s'agit de représenter des femmes, court vêtues, aux poses lascives... Dans cette histoire complète de 60 pages, sans surprise, son personnage principal est une femme. 

Pandora, tout juste 18 ans, brune volcanique qui verra son existence basculer en une instant. En rentrant, de nuit, d'une soirée chez des amis, elle est enlevée par deux hommes. Conduite en avion vers la Turquie, elle est enfermée dans une maison où une femme lui explique que c'est son vrai père, un certain Castex, qui veut la rencontrer avant de mourir. 

Castex qui règne en maître sur la pègre d'Ankara. Ankara où elle est conduite pour une rencontre qui n'aura pas lieu. La jeune fille réussira à s'enfuir. Une cavale qui se transforme en cauchemar.

Les yeux de Pandora, Humanoïdes Associés, 12,90 euros

lundi 23 avril 2007

BD - "Quatre ?" et le Monstre de Bilal

Ultime tome du "Sommeil du Monstre", série d'Enki Bilal débutée en 1995, "Quatre ?" achève de manière très interrogative et elliptique cette histoire de science-fiction où Bilal laisse libre cours à ses ambiances cinématographiques glacées. Les trois personnages principaux, Nike, Leyla et Amir, se retrouvent enfin pour un repas hors du commun, au-dessus des toits de Paris, en présence d'Optus Warhole, incarnation du Mal ayant décidé de changer de personnalité et de faire le Bien en devenant créateur. De l'art très étonnant, à base de mouches rouges et de répliques synthétiques. Il détourne ainsi une expédition sur Mars et fait vivre à la planète, en direct, le peuplement express de la planète rouge dans une mission scientifique transformée en orgie procréatrice.

Quatre, Casterman, 13,95 euros

dimanche 22 avril 2007

Thriller - Le réveil du Chirurgien


Intelligente, certes, acharnée du boulot et du travail bien fait, il ne manque à Jane Rizzoli, inspecteur de la brigade criminelle de Boston, que la beauté qui fait se retourner les hommes sur son passage. En tant que femme dans un univers d'hommes, elle ne s'entend qu'avec peu de ses collègues mais apprend à faire confiance à Thomas Moore, son équipier. Depuis plusieurs semaines, les inspecteurs de la brigade sont sur les dents. Des jeunes femmes sont retrouvées torturées et tuées à leur domicile et le meurtrier, surnommé très vite le chirurgien, prélève l'utérus de chacune d'entre elles.

Fait troublant, trois ans auparavant, un serial killer observait le même modus operandi. Mais il y a un bug, et de taille, puisque la dernière victime de l'assassin, le docteur Cordell, a abattu celui-ci alors qu'il s'apprêtait à « l'opérer ».

L'étau se resserre autour du tueur, les inspecteurs de la brigade ayant plusieurs meurtres similaires à examiner afin de débusquer celui qui terrorise Catherine Cordell en lui envoyant des « messages » de très mauvais goût. Rizzoli, écartée de l'enquête à cause d'une « bavure » qu'elle aurait commise fait cavalier seul pour affronter le tueur. Son équipier Thomas Moore ne ménage pas sa peine, lui non plus, d'autant qu'il ne peut s'empêcher d'être troublé par le charme du Docteur Cordell. Un triller haletant, effrayant, bref, passionnant !

« Le Chirurgien », Tess Gerritsen, Pocket, 7 euros.

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samedi 21 avril 2007

Roman - La vie au bout du tunnel

Kate, atteinte d'une forme particulièrement aiguë de leucémie, survit, de traitements en rémissions jusqu'au jour où ses reins cessent de fonctionner.


Anna est « spéciale ». Non contente d'être un bébé-éprouvette, elle a été conçue « sur mesure » pour devenir une donneuse parfaitement compatible avec sa soeur Kate, atteinte d'une leucémie d'une forme particulièrement virulente décelée à l'âge de deux ans. Dès sa naissance, elle est mise à contribution avec le prélèvement du sang de son cordon ombilical qui permet à Kate d'entrer en rémission quelques années. Mais la maladie finit toujours par la rattraper et Anna, de dons de lymphocytes en prélèvements de moelle devient une véritable « enfant médicament ».

L'état de Kate ne cesse de se détériorer jusqu'à ce que ses reins refusent dorénavant de faire leur travail de filtration. Une seule chose pourrait la sauver, pour un temps du moins, c'est une greffe. Mais les donneurs compatibles ne sont pas légion, d'autant plus que Kate est devenue tellement faible qu'un greffon anonyme ne prendrait probablement pas.

Sara, la mère de Kate et d'Anna, ne voit qu'une solution : Anna devra donner un rein à sa sœur.

La rebellion.

Mais Anna a treize ans, l'âge de réfléchir à son rôle depuis sa naissance. Elle n'a l'impression d'exister que pour sauver sa sœur et que ses parents ne voient en elle que ce côté. Leur frère aîné Jesse, non compatible, essaie lui d'attirer l'attention de ses parents en faisant bêtise sur bêtise, jusqu'à la délinquance. En fait, le problème de cette famille est que toute leur vie est régie par l'état de santé de Kate, ce qui laisse peu de temps à Sara et son mari Brian pour vraiment se préoccuper de leurs autres enfants.

Au moment où la greffe de rein devient urgente, Anna n'y va pas par quatre chemins et engage un avocat réputé, Campbell Alexander, qui accepte de défendre gratuitement Anna qui réclame la libre disposition de son corps. Pour l'obtenir, maître Alexander devra demander son émancipation sur le plan médical. Pour ce faire, une « tutrice », Julia Romano, est désignée pour démêler ce qui est le mieux pour Anna et sa famille. Mais Sara, ancienne avocate, monte au créneau pour défendre son point de vue, à savoir qu'Anna doit donner un rein à sa sœur.

Au-delà du roman, inspiré d'un fait réel, se pose tout un problème d'éthique médicale. A-t'on le droit de « fabriquer » des enfants sur mesure?

Et que reste-t-il après de l'intégrité, tant physique que morale de ces mêmes enfants?

Jodi Picoult se positionne avec « Ma vie pour la tienne » au cœur de l'actualité puisqu'un décret a été voté en France le 23 décembre dernier, autorisant la conception des « enfants-médicaments ».

Mais plus encore que de coller à la réalité, Jodi Picoult nous fait vivre, vibrer, espérer au même rythme que la famille d'Anna. Avec beaucoup de délicatesse, elle pose les questions essentielles et laisse au lecteur le libre choix de son opinion, en restant parfaitement objective, ce qui représente une sacrée gageure dans ce genre de récit. Un récit qui ne peut qu'interpeller et nous toucher profondément.

« Ma vie pour la tienne », Jodi Picoult, Presses de la Cité, 20,50 €