vendredi 27 avril 2007

Thriller - Jour de paie à New York

Pour payer un canapé à crédit, Winston Malone va aller crescendo dans la délinquance. Tout ça pour les beaux yeux de Cordelia, sa femme.

Elvin Post, l'auteur de ce thriller typiquement américain, est Néerlandais... Mais il a longuement travaillé à New York pour un agent littéraire et visiblement il s'est parfaitement imprégné des moeurs locales. Le héros, Winston Malone, est un peu au bout du rouleau. Ce noir américain travaillant dans une banque ne supporte plus les remontrances de son patron Higley. Et ses ultimatums. Qu'il se permet en plus de délivrer en téléphonant directement à Cordélia, la femme de Winston.

Or c'est pour Cordélia et lui acheter un superbe canapé en cuir que Winston s'est endetté auprès de Léo Roma, officiellement vendeur de glaces, officieusement préteur sur gages et vendeur d'armes. Une somme qu'il comptait rembourser avec l'augmentation promise depuis plusieurs mois.

La haine des petits chefs

Quand Higley remet en cause cette promesse, Winston décide de s'émanciper. Suivant le conseil de son père, disparu au Vietnam, il décide de prendre son destin en main. En plus de l'argent, il achète à Léo Roma un revolver et va braquer son patron, un jour de paie. Cela donne une scène succulente, où toute la haine des petits chefs tyranniques est mise en valeur.

Quand Winston pointe son arme vers son chef, il veut faire profiter à tous ses collègues de la scène et lui demande donc d'aller dans la pièce principale : « L'homme qu'il haïssait plus que tout au monde s'exécuta. Winston jouissait de l'indifférence affectée sur le visage de Higley. Il savait qu'il était tout sauf impassible avec ce flingue pointé sur lui. Il jouait la froideur pour que les employés croient qu'il contrôlait tout, comme d'habitude. C'était loin d'être le cas. En réalité, Higley, en ce moment, faisait presque dans son froc de trouille. Il avait la tremblote. Winston avait hâte d'offrir ce spectacle à tout le personnel réuni. Aujourd'hui il leur ferait voir ce que valait réellement leur patron ». Résultat plusieurs milliers de dollars en poche, mais l'obligation de quitter la ville rapidement.

Remboursement en nature

Quand il raconte son « exploit » à sa femme, elle pique une crise, consciente que leur quiétude passée est terminée. Leur salut viendra avec Léo Roma. Quand Winston va lui rendre la somme empruntée, le marchand de glaces, par ailleurs obsédé sexuel, flashe sur Cordélia. Il va offrir sa protection au couple avec la ferme intention de se faire remercier en nature...

Ce roman, à l'intrigue fouillée et bien rodée, vaut surtout par sa galerie de personnages. On appréciera donc le veule et pleutre Jimmy, fils de Léo Roma, Caesar, le garde ce corps de Léo, nain ayant connu la gloire sur les rings de catch avant de se faire massacrer par un géant n'ayant pas compris que les combats étaient truqués et puis Jack Gardner, comédien moyen, héros d'un soap opéra à la télévision, en instance de divorce et bien malgré lui tête de turc de Jimmy. Sans oublier quelques Mexicains rancuniers et la femme de Jack, prototype de la femme moderne américaine dont l'occupation principale consiste à extorquer le maximum d'argent à ses époux successifs...

« Jour de paie », Elvin Post, Seuil, 19 €

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